Dossier d’œuvre architecture IA95000427 | Réalisé par
Ville Louis (Contributeur)
Ville Louis

Stagiaire au service Patrimoines et Inventaire (2016)

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Förstel Judith (Contributeur)
Förstel Judith

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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  • inventaire topographique
Eglise Saint-Acceul
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ecouen
  • Commune Écouen
  • Adresse Place de l'Eglise
  • Cadastre 2014 AI 54
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Acceul

L'église Saint-Acceul est étroitement liée au château qui la surplombe, car ce sont les seigneurs d'Ecouen qui en ont financé la construction. Elle est particulièrement célèbre pour l'ensemble de ses vitraux du XVIe siècle, dont plusieurs abritent des portraits de la famille de Montmorency.

Une église est attestée à Écouen dès le XIe siècle (acte passé entre 1067 et 1095, édité par Joseph Depoin, 1912, t. I, n° 58). Elle était déjà dédiée à saint Acceul, un saint amiénois dont on ignore à peu près tout, sinon qu’il fut martyrisé le 1er mai en compagnie de saint Ache. Il semble avoir été confondu avec saint Andéol, l’évangélisateur du Vivarais, lui aussi fêté le 1er mai, et dont les Montmorency avaient rapporté des reliques au XIIIe siècle. L’église conserve encore une clavicule de saint Andéol apportée en grande pompe à Écouen en 1710, en présence de la Princesse Palatine (voir dossier IM95000561).

Il ne reste rien de l'église primitive. Au cours des travaux de restauration menés en 2008, on a découvert dans les fondations du premier pilier nord du choeur un élément lapidaire pouvant remonter à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, probable vestige de l'édifice précédent. Mais le choeur a été entièrement réédifié en style gothique flamboyant dans les années 1540 sous l'égide des Montmorency, représentés en donateurs dans les verrières. Les armes du connétable, abondamment répétées dans les vitraux, sont également peintes sur la voûte de l'abside, et elles figuraient aussi sur la clé de voûte mais celle-ci a été bûchée à la Révolution. Le choix d’un style gothique peut surprendre, à une date aussi avancée ; mais jusqu’au milieu du XVIe siècle, il est très fréquent de recourir au gothique pour des édifices religieux, ainsi qu’en témoigne, à Écouen même, la chapelle du château, commandée au même moment par Anne de Montmorency.

Les archives relatives au chantier ont malheureusement disparu. Les maçons et les architectes qui ont œuvré sur cet édifice demeurent donc anonymes même si l'on a avancé, à titre d'hypothèse, les noms de Charles Billard (pour le choeur) et de Jean Bullant (pour le clocher), alors employés par le connétable pour la construction du château ; mais on peut suivre l'évolution des travaux grâce à quelques dates et à l'analyse du monument.

En 1536, l’évêque de Paris donna l’autorisation de déplacer l’autel, condition préalable à l’ouverture du chantier. Les dates inscrites sur les vitraux de l’abside et de la chapelle de la Vierge indiquent que l’extrémité orientale de l’église était achevée en 1544-1545. La cloche « Anne », offerte en 1554 par le connétable et toujours en place aujourd’hui, marque quant à elle vraisemblablement la fin de la construction du clocher. On avait sans doute l’intention de poursuivre les travaux vers l’ouest, si l’on en croit les pierres d’attente et le départ des voûtes encore en place à la jonction du chœur et de la nef, mais le chantier s’est arrêté pour des raisons que l’on ne peut expliciter, faute de documentation.

Plusieurs détails révèlent une évolution en cours de chantier, peut-être liée à un changement d’architecte : les remplages qui découpent les baies adoptent des formes plus rondes ; les clés pendantes ornant les voûtes du vaisseau central laissent place à un décor d’inspiration plus classique ; les colonnes séparant le bas-côté du vaisseau central, entièrement lisses dans la première travée, accueillent ensuite, sinon un chapiteau, du moins une bague marquant la division entre le support et la voûte ; les culots sculptés qui reçoivent la retombée des ogives troquent leur décor figuré pour un répertoire ornemental, fondé sur l’acanthe ; enfin, l’arcade ouvrant sur le collatéral prend une forme cintrée dans la quatrième travée, donnant vers le clocher. Ce dernier, édifié sur le côté nord de l’église, adopte quant à lui pleinement l’architecture de la Renaissance : son premier niveau est percé de fenêtres en plein cintre, son second, qui abrite les cloches, présente des abat-son géminés surmontés d’un fronton triangulaire.

Dans la nef, le vaisseau central est couvert par une charpente en berceau brisé, dont la forme pourrait remonter aux XVe-XVIe siècles. Mais cette partie de l’église a fait l’objet d’importants travaux au XVIIIe siècle, qui ont touché aussi bien la charpente que les murs. Les verrières portent la date "1709", qui fait référence aux travaux menés à l’occasion du transfert des reliques de saint Andéol. En 1715, la toiture de l'église a été refaite. Des documents conservés aux archives de Chantilly prouvent que les murs de la nef ont été repris en sous-œuvre en 1738, tout en conservant le plus de matériaux possible, en particulier les verrières et deux des entraits de la charpente.

Au moment de la Révolution, les vitraux échappèrent de peu à la destruction, en tant qu'emblèmes de la féodalité, en étant recouverts d'un badigeon de de lait de chaux. Trois des quatre cloches furent fondues avant que l'église ne soit fermée au culte. Elle rouvrit ses portes sous l'Empire, recouvrant alors peu à peu une partie de son mobilier.

En mauvais état, l'église fut classée en tant que Monument historique dès 1840, notamment du fait de la qualité de ses verrières du XVIe siècle. Les premiers travaux de restauration furent menés en 1845 sous la direction de l'architecte Moitié de Coulommiers. Le portail néo-Renaissance a été mis en place en 1851-1852 sur les plans de l'architecte Pierre-Joseph Garrez ; d'anciennes dalles provenant de la sacristie et du cimetière désaffecté ont été reemployées lors de cette restauration. La charpente du collatéral de la nef, avec son élégant profil trilobé, a été réalisée en 1894 sur les plans de Louzier. En 1903, des travaux sur le perron de l'église ont été menés par Ruprich-Robert. Les derniers grands travaux de restauration sont ceux dirigés par Pierre-André Lablaude, d’abord dans le chœur puis dans la nef, inaugurée le 29 juin 2013.

Saint-Acceul est une église longiligne, sans transept, bâtie suivant une orientation sud-est. Elle comporte deux parties distinctes : un chœur construit dans un style gothique flamboyant, et une nef très simple, qui a fait l'objet d'une importante reconstruction au XVIIIe siècle.

En plan, l'édifice se compose d'un vaisseau central flanqué d'un collatéral unique au nord. Dans la partie orientale de l'église, ce collatéral constitue une chapelle dédiée à la Vierge. Dans son prolongement, à l'est, a été rajoutée une petite sacristie. En décrochement sur le côté nord s'élève enfin un clocher de plan carré, dont la partie basse forme une autre chapelle, dédiée au saint patron de l'église : saint Acceul ou Andéol.

Bâtis du côté de la pente, le collatéral nord et le clocher permettent notamment d'épauler la structure de l'édifice tandis que la moitié sud reste ouverte par de grandes baies très allongées, se poursuivant très bas afin de faire entrer un maximum de lumière. Des contreforts, à l'extérieur de l'édifice, permettent de contrebuter la poussée de la voûte. Au nord, le clocher s'élève sur deux niveaux, il est flanqué de contreforts massifs et couvert d'une flèche en ardoise.

La nef, plus basse que le choeur, est également plus austère. Elle se termine par une façade assez simple, ornée d'un portail néo-Renaissance. Celui-ci est constitué d'une grande porte en plein cintre, flanquée de colonnes doriques à bague supportant un entablement à triglyphes. L'ensemble est couronné par un fronton triangulaire avec, en son milieu, une niche servant d'écrin à une statue de saint Acceul. Les initiales de ce dernier, "S.A", sont sculptées dans un cartouche placé sous la niche.

L'élévation intérieure est à un seul niveau. Le vaisseau central de la nef est couvert d'un lambris de bois en carène, peint en jaune et décoré des alérions des Montmorency ainsi que de diverses armoiries lors de la dernière restauration. Le collatéral nord de la nef est lui aussi couvert d'un lambris de bois, de forme trilobée, datant du XIXe siècle. Le choeur et la chapelle de la Vierge, en revanche, sont couverts de voûtes d'ogives à liernes et tiercerons. Ces voûtes couvrent les deux travées droites du vaisseau central, l'abside à pans coupés et les quatre travées du collatéral nord (chapelle de la Vierge et travée desservant la chapelle Saint-Acceul) .

Le décor rend hommage aux seigneurs d'Ecouen : les Montmorency puis les Condé, dont les armes apparaissent en abondance sur les vitraux et les voûtes (une partie de ces armoiries a été bûchée à la Révolution). S'y ajoute une litre funéraire portant les armes des Condé, qui court sur la nef et se prolonge sur certaines piles du chœur.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    2 vaisseaux
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
    • lambris de couvrement
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
    • croupe polygonale
    • flèche carrée
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 1840
  • Référence MH

Documents d'archives

  • DEPOIN, Joseph. Recueil des chartes et documents de Saint-Martin-des-Champs,monastère parisien. Ligugé-Paris, Picard, 5 vol., 1912-1921.

    tome I, n°58, p. 89-93.
  • Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, 0082/095/2004 : Reconstruction de la façade. Elévation de la façade, état actuel. Plan et élévation de la façade reconstruite. Garrez, mars 1851. Dessin aquarellé sur papier.

  • AD Val d'Oise, 2 O 58 / 4 : travaux sur l'église, 1845-1903.

  • AN, MC/ET/XXXVIII/136 (minutes de Pierre Aveline) : Marché pour faire à neuf la couverture de l'église paroissiale d'Ecouen, 1715 (janvier).

  • Chantilly, Archives des Condé, 1-BB-10 : Devis des réparations à faire à la nef de l’église, 1736.

    Ces travaux ont été exécutés par des artisans d’Écouen : le maçon Nicolas Le Turc, le charpentier Pierre La Chaussée, les couvreurs Jean Rousseau et Pierre Dupuis, le menuisier Laurent Le Noir, le serrurier Claude Charoin et le vitrier Alexandre Petré. Le paiement de ces artisans est enregistré en 1737-1739 dans le registre des comptes seigneuriaux (Chantilly, Archives des Condé, 2-AB-258).

  • Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, 0082/095/2004 : plans concernant la restauration de l'église, notamment le projet de reconstruction de la façade par Pierre-Joseph Garrez, 1851 ; et les projets de Gabriel Ruprich-Robert pour le parvis et sa grille.

  • Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, 0080/042/00226 : travaux de restauration de l'église d'Ecouen (1947-1961). Remise en état des couvertures, travaux de réparation des vitraux anciens, achèvement de la remise en place des vitraux déposés en 1939, consolidation des contreforts de l'église et du soubassement du clocher, mise hors d'eau de la nef du bas-côté et de l'abside.

  • Archives départementales du Val d'Oise, 2 O 58/4 : travaux de restauration sur l'église au XIXe siècle.

    -1845. Les travaux de restauration à l’église seront effectués sous la direction de M. Moitié de Coulommiers, architecte expert demeurant à Paris rue de la Harpe n° 64, auteur du projet de restauration.

    - 1854. Rapport de Godeboeuf, architecte chargé de continuer les travaux de restauration entrepris sous la direction de feu M. Garrez à l’église d’Ecouen. Mauvais état des murs de l’édifice et des meneaux des fenêtres, qu’on avait cru de pierre tandis qu’ils étaient en plâtre. Restauration des vitraux portée au devis de Garrez : 14000 francs, à la charge de l’administration des Monuments historiques. Les travaux concernant l’édifice devaient être payés par la commune et le ministère des Cultes.

    -1851. Lettre du maire d’Ecouen au sous-préfet : la façade de l’église est en train d’être restaurée. 9 dalles appartenant à la commune, déposées depuis près de dix ans sur la place, font partie des matériaux destinés à cette restauration. Certaines proviennent d’anciennes tombes d’un cimetière supprimé, d’autres de l’ancien dallage de la sacristie.

    - 1877. Boulogne, architecte demeurant à Gonesse, certifie que Leblond, demeurant à St Brice, entrepreneur de travaux de l’église d’Ecouen par adjudication du 6 septembre 1874, a exécuté tous les travaux prévus. Notamment, travaux à la toiture de la grande nef et de la chapelle de la Vierge.

    - 1894. Autres travaux sous la surveillance de Moncel architecte à Ezanville. Devis de 9000 francs environ dressé par Louzier, architecte, pour la restauration du bas-côté nord et des soubassements extérieurs de l’église d’Ecouen. La dépense se montera finalement, en mai 1895, à près de 10500 francs ; entrepreneurs : Antheaume (maçonnerie), Bertrand (charpente), Gliem (menuiserie), Gallois (serrurerie), Julien (couverture), Delfoc (peinture et vitrerie). Le devis de Louzier mentionne notamment : la construction d’une voûte en bois du bas-côté nord en remplacement du plafond menaçant ruine ; reprise en sous-œuvre des soubassements des contreforts.

    -1903. Réfection du perron de l’église par Ruprich-Robert, architecte des Monuments historiques.

    - Pendant la Première Guerre mondiale, les vitraux sont entreposés dans la cave du château.

    - 1918. Réfection de la toiture du clocher par Ruprich-Robert.

Bibliographie

  • AUSSEUR-DOLLEANS, Chantal, CREPIN-LEBLOND, Thierry et FÖRSTEL, Judith (avec la collaboration de : Christian Dauchel, Fanny Gosselin, Rémy Guadagnin). Ecouen. Un balcon sur la plaine de France. Collection Patrimoines d’Île-de-France. Lyon : éditions Lieux Dits, 2018. Photographies : Jean-Bernard Vialles, avec la collaboration de Laurent Kruszyk ; plan : Diane Bétored.

    p. 32-41
  • LOURS, Mathieu. Saint-Acceul d'Ecouen : Une cage de verre en pays de France, 2e édition revue et enrichie. Écouen : Association « Les amis de Saint-Acceul », 2014.

  • FOUSSARD, Dominique, HUET, Charles et LOURS, Mathieu. Églises du Val d’Oise. Pays de France, vallée de Montmorency. Dix siècles d’art sacré aux portes de Paris. Gonesse : Société d’histoire et d’archéologie de Gonesse et du Pays de France, 2008.

    p. 94-99
  • POISSON, Georges (dir). Dictionnaire des monuments d'Île-de-France. Paris : Hervas, 1999.

    p. 301-302
  • Le patrimoine des communes du Val d'Oise, Paris : Flohic éditions, 1999.

    p. 203-206.
  • PEROUSE DE MONTCLOS, Jean-Marie. Le guide du patrimoine - Île-de-France. Paris : Hachette, 1992.

    p. 234-235
  • BEDOS-REZAK, Brigitte. Anne de Montmorency, seigneur de la Renaissance. Paris, Publisud, 1990.

    p. 303-304
  • BAILLARGEAT, René. "Etude critique sur les monuments élevés par les seigneurs de Montmorency. L'église Saint-Acceul d'Ecouen". Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, 1951, p. 52-60.

  • TERRASSE, Charles. Le château d’Ecouen. « Petites monographies »,1925.

    p. 85-99
  • CHEVALIER, Jacques-Ferdinand. Ecouen : la paroisse, le château, la maison d'éducation. Versailles : Beau Jeune, 1864.

Documents figurés

  • Ecouen, église Saint-Acceul : vues extérieures (façade et chevet). Photographies de Félix Martin-Sabon. Fin XIXe-début XXe siècle. (Commission des antiquités et des arts (Seine-et-Oise). Archives départementales du Val d'Oise, 2 F 592. Consultable en ligne sur le site des AD 95 (voir rubrique "liens web").

    Archives départementales du Val d'Oise, Cergy-Pontoise : 2 F 592
  • Ecouen, église Saint-Acceul, vue intérieure, depuis l'ouest, par Félix Martin-Sabon. 30 mars 1887 (Commission des antiquités et des arts (Seine-et-Oise). Consultable en ligne sur le site des AD 95 (voir rubrique "liens web").

    Archives départementales du Val d'Oise, Cergy-Pontoise : 2 F 594
  • Ecouen, église Saint-Acceul, bas-côté nord du choeur. Fin XIXe-début XXe siècle. Consultable en ligne sur le site des AD 95 (voir rubrique "liens web").

    Archives départementales du Val d'Oise, Cergy-Pontoise : 2 F 593
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Ville Louis
Ville Louis

Stagiaire au service Patrimoines et Inventaire (2016)

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Förstel Judith
Förstel Judith

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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