Dossier d’œuvre architecture IA78002176 | Réalisé par
Bussière Roselyne (Rédacteur)
Bussière Roselyne

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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  • inventaire topographique
Collégiale Notre-Dame
Œuvre monographiée
Auteur
Copyright
  • (c) Laurent Kruszyk, Région Île-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mantes-la-Jolie
  • Commune Mantes-la-Jolie
  • Adresse place de l' Etape ,
  • Cadastre 2014 AB 225

Même si sa ressemblance avec Notre-Dame de Paris est le fruit d'une intervention des restaurateurs du XIXe siècle, la collégiale de Mantes n'est pas moins un monument insigne, symbole du passé royal de la ville.

Il existait à Mantes une église Notre-Dame qui fut cédée par le comte Simon à l'abbé de Cluny vers 1074. Elle est dénommée "abbatiam" dans cet acte et il est question des chanoines. Il y avait donc une communauté canoniale à cette date, sans que l'on sache depuis quand. Il semblerait que l'église était alors castrale. L'église fut très endommagée en 1087 par Guillaume le Conquérant. Elle était toutefois encore utilisable puisqu'on y célébra la messe pour les habitants de la paroisse de Saint-Maclou jusqu'au rétablissement de cette dernière église. Il est à noter que la Confrérie de l'Assomption de la Vierge avait son siège à Notre-Dame depuis le règne de Robert-le-Pieux (996-1031). C'est parmi cette confrérie que furent recrutés les pairs lors de l'octroi de la charte de commune par Louis VI vers 1110. La proximité avec le pouvoir royal est encore attestée par le fait que l'abbé de Mantes fut à plusieurs reprises un fils de France. Vers 1138, c'est Henri, fils du roi Louis VI, puis lui succède son frère Philippe. Cette proximité est importante pour comprendre l'ampleur de l'édifice, dénotant des ambitions et des moyens.

En l’absence de sources, la chronologie des travaux de construction ne peut être dressée que par analogies avec des bâtiments datés. Après la réalisation d'une plate-forme solide pour supporter le bâtiment en dépit de la déclivité du terrain, la construction a commencé par les parties basses de la façade occidentale. Des analogies avec la cathédrale de Senlis permettent d'envisager une datation autour des années 1150-60. Les murs extérieurs des collatéraux furent élevés dans le même temps. Et on peut penser que le niveau inférieur y compris les voûtes était en place vers 1170. La deuxième phase, construction de l'étage des tribunes, intervient dans le dernier tiers du XIIe siècle. Le modèle est désormais la cathédrale de Paris. Quant à la mise en place des voûtes hautes, elle était achevée vers 1200. En effet la datation des charpentes par dendrochronologie indique qu'elles furent mises en place juste après. La construction des voûtes fut commencée par les travées de l'abside et les deux travées de la nef qui lui sont proches. Elle fut achevée par les travées occidentales. Enfin on termina la façade occidentale, sous l'influence de la cathédrale de Laon. On trouve en effet à Mantes le principe du triplet de baies surmonté d'une rose qui a été utilisé au chevet plat de Laon vers 1205-1215. Il est probable que les travaux s'interrompirent jusque vers 1240, date attribuée à la construction des étages des tours. Par la suite, des modifications furent introduites au parti d'origine, des chapelles rayonnantes furent placées au chevet entre 1265/70 date proposée pour la chapelle axiale et 1270/80 pour les autres. Puis ce fut la chapelle de Navarre (IA78002262 ) qui fut construite en 1313 et le portail des Echevins vers 1320 (IM78002663).

Pendant la guerre de Cent ans, l'église fut installée au centre d'un dispositif fortifié par Charles de Navarre à partir de 1351. Une clôture, un pont-levis en fortifièrent l'accès et à l'intérieur un puits, des moulins et des fours furent installés. L'église redevint lieu de culte en 1432.

A partir de 1492, la tour nord fut reconstruite et achevée en 1508.

Le chapitre signale en 1789 le mauvais état de l'édifice qui de plus est malmené par les révolutionnaires de 1794. Successivement Temple de la raison, fabrique de salpêtre et forge, elle est rendue au culte en 1795 avec quelques réparations sommaires. Mais en 1804, Vivenel, architecte de l'arrondissement, fait un rapport alarmant sur son état : mauvais état des deux tours, couvertes d'un plancher percé, mauvais état du clocheton de pierre de l'escalier de la tour sud, mauvais état de la toiture de la nef, du chœur et des chapelles et de ce fait des voûtes, nécessité de refaire le pavé. Cette antienne est reprise par l'architecte Destouche en 1821. C'est l'architecte Gauthier qui est choisi par la fabrique pour diriger les travaux. Le manque de moyens limite les travaux à la réfection du dallage de la nef et à quelques travaux de maçonnerie.

Après la création des Monuments historiques en 1837, la restauration est prise en main par la commission qui impose ses architectes, un crédit de 10 000 francs ayant été alloué par l’État. L’architecte local qui dirige les travaux est Postel, mais il travaille sous le contrôle de Labrouste. Les travaux concernent la façade sud (1839) puis la façade ouest (1840-1842). Cette phase fait l'objet d'une violente critique de la Commission en 1843 qui constate le très mauvais état de la tour sud alors qu'on a réalisé des travaux d'ornementation moins urgents et, qui plus est, dans un "style douteux". Labrouste démissionne. Questel le remplace et engage des travaux urgents à la tour nord dont le hors d'aplomb est de 53 centimètres. Il est décidé de la démonter et la reconstruire après reprise des parties basses. La démolition commence en 1845 et en 1846 Alphonse Durand, architecte Mantais, remplace Questel. Cette tour était, comme le montre un dessin de Durand de l'état ancien de la façade, plus massive que la tour sud, étant destinée à contenir les cloches. Selon Durand, c'est parce qu'elle avait été refaite en 1492, mais il pense qu'à l'origine elle était semblable à la tour sud. Il propose donc de la reconstruire sur le même modèle, en application des théories de Viollet-Le-Duc. (Retour à l'état primitif du monument). Durand, avec l'accord de la Commission, effectue ces travaux achevés en 1855 et réunit les deux tours désormais jumelles par une galerie calquée sur celle de Notre-Dame de Paris. En 1858, la tour sud est consolidée et les voûtes hautes reprises de 1867 à 1870. La destruction du pont en 1870 entraîne l'effondrement de plusieurs voûtes, dégâts aggravés par un ouragan en décembre 1872. Les travaux sont financés et engagés en 1873. Le portail de droite est restauré entre 1877 et 1880, toujours par Durand. De 1888 à 1895 c'est l'architecte Simil qui dirige les travaux, notamment de consolidation de la tour sud. Au XXe siècle, les restaurations continuent sans qu'il soit possible de toutes les énumérer (voir l'annexe). Juste après la guerre ce sont les remplages qui sont restitués. Les restaurations récentes spectaculaires sont la réfection de la toiture de 1998 à 2003 et celle des portails de la façade occidentale de 1996 à 1998. Ces restaurations ont été réalisées par l'ACMH Bernard Fonquernie. Le décor en tuiles polychromes est représenté sur un dessin de Durand daté de 1850. Il a été refait à l'identique depuis. Selon Millin qui décrit la collégiale en 1791, "le toit de l'église est assez remarquable, il est couvert en tuiles de différentes couleurs qui par la manière dont elles sont placées forment les potences qu'on observe dans les armes de Champagne". Le dessin actuel est donc un héritage du XIXe siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 12e siècle, 13e siècle

La collégiale est un édifice de plan simple à nef centrale et bas-côtés sans transept. Son élévation est à trois niveaux dont un étage intermédiaire de tribunes. Les voûtes supérieures de la nef sont sexpartites reposant sur des supports alternés, piles composées et colonnes simples et sont contrebutées à l'extérieur par des arc-boutants. Le chœur comporte cinq chapelles rayonnantes, et les parties droites cinq chapelles plus la sacristie, dont la plus importante est la chapelle dite de Navarre. Cet état actuel ne correspond pas au parti d'origine qui, très proche de la cathédrale de Senlis, n'avait pas de chapelles rayonnantes. Celles-ci ont été ajoutées postérieurement. L'élément le plus original de l'église est le mode de voûtement originel des tribunes (des berceaux transversaux) et leur éclairage par de grands oculi. Ces éléments ont été modifiés dans la nef où ils ne subsistent que dans les travées 2 (nord et sud), 6 nord et dans le chœur. Les autres voûtes des tribunes sont quadripartites. Les baies extérieures qui leur correspondent sont composées de deux lancettes surmontées d'un oculus polylobé. La circulation au niveau des tribunes peut se faire sur toute l'église. Des linteaux reposant sur deux colonnettes (en délit) séparent les berceaux transversaux et un passage existe au pied du triplet de la façade occidentale. Les tours de la façade sont aujourd'hui identiques. Mais la tour nord de 1492 était beaucoup plus massive. Elle a été reconstruite à l'identique de la tour sud en 1855 et l'arcature supérieure ajoutée.

  • Murs
    • calcaire grand appareil
  • Toits
    tuile plate à glaçure plombifère
  • Étages
    3 vaisseaux
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
    • voûte en berceau
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe ronde
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • État de conservation
    restauré
  • Techniques
    • sculpture

Documents d'archives

  • Guilhermy, baron de, Notes sur diverses localités de la France classées par ordre alphabétique des communes Mâcon à Moissac, BnF, Mss, NAF 6103

    Bibliothèque nationale de France, Paris : NAF 6103
  • Rochette J.C.,Contrat d’étude pour la restauration générale de l’édifice, Tapuscrit, 1989

Bibliographie

  • BONY, Jean, "La collégiale de Mantes", in : Congrès archéologique de France, CIVe session Paris-Mantes, Paris, Société Française d'archéologie, 1947, p. 163-220

  • Mantes médiévale. La collégiale au cœur de la ville. Paris, Somogy. 2000.

  • LENIAUD, Jean-Michel, Les cathédrales au XIXe siècle. Étude du service des édifices diocésains. Economica, Paris, 1993,

    p.677-679
  • HUON, Marie, La collégiale Notre-Dame de Mantes. Milieu XIIe -début XIIIe. Mémoire de master 2 sous la direction de Dany Sandron, Université de Paris IV-Sorbonne. Juin 2016

  • Lachiver, Marcel, Histoire de Mantes et du Mantois à travers chroniques et mémoires des origines à 1792, Meulan, 1971.

Annexes

  • Etapes de la construction de la collégiale
Date d'enquête 2015 ; Date(s) de rédaction 2105
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Bussière Roselyne
Bussière Roselyne

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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