L'inventaire du patrimoine industriel et artisanal de la commune des Lilas a été réalisé en 2004-2005 par le service régional de l'Inventaire général du patrimoine culturel (DRAC Île-de-France puis Région Île-de-France suite à la loi de décentralisation du 13 août 2004) dans le cadre du Protocole de décentralisation culturelle signé en 2001 entre l'Etat et le Département de Seine-Saint-Denis. Une convention de coopération culturelle signée en 2005 entre le Département de la Seine-Saint-Denis et la Commune des Lilas a permis de mobiliser les résultats de cette étude pour informer le volet patrimonial du Plan local d'urbanisme de la commune (PLU), dans le cadre du "Diagnostic patrimoniale des Lilas" coordonné par le Département de la Seine-Saint-Denis, service de la culture, bureau du patrimoine (voir le lien web ci-dessous).
La rareté des grandes emprises industrielles sur le territoire communal a orienté la recherche vers l'étude des PME et TPE. Le dépouillement systématique des annuaires commerciaux et des dossiers des établissements classés dangereux, incommodes ou insalubres, conservés aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, a révélé que plus de 869 entreprises artisanales ou industrielles se sont implantées aux Lilas entre 1870 et 1980. Soit plus de 634 lieux de production, certains bâtiments - ou ensemble de bâtiments signalés à la même adresse - ayant pu accueillir jusqu’à 5 entreprises conjointement, et 9 consécutivement. Lors de l'enquête de terrain, 110 sites on été repérés, et 32 ont été sélectionnés pour étude.
La confrontation des archives au terrain, dont le résultat est détaillé ci-dessous (parties Historique et Description), permet de dégager les quelques clés de lecture d'un tissu productif original :
- D'une part, les usines et les ateliers artisanaux repérés sur le territoire de la commune des Lilas appartiennent au patrimoine du XXe siècle ;
- D'autre part, à la différence de La Plaine-Saint-Denis, de ses industries lourdes, notamment chimiques et métallurgiques, à fortes emprises et génératrices d'emplois exigeant peu de qualification, le territoire des Lilas a accueilli à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, à l'image des autres communes bordant Paris à l’est, des activités diversifiées recourant souvent à une main-d'œuvre qualifiée.
- Enfin, les entreprises, installées en grand nombre, sont ici disséminées en ateliers discrets : l'activité de production s'affirme peu, aux Lilas, par le décor. L’étude morphologique et architecturale permet de suivre l’évolution des ateliers et des usines, au fond des cours, le long des sentes, parfois sur la rue, et de comprendre les modalités de leur inscription dans le tissu urbain.
En janvier 2005, dans le cadre du projet d'aménagement de l'Espace vert du Centre ville, la municipalité - en partenariat avec la Région Île-de-France - a lancé un "appel à témoins" dans le Journal municipal afin de mieux connaître l'histoire de trois entreprises situées à l'entrée du futur Parc et ainsi d'étayer leur patrimonialisation : l’ancienne fonderie d’aluminium Piattino (28 rue Romain Rolland), l'entrepôt Leroux et Lotz (17 rue de Romainville) et l’ancienne bonneterie Goldschmidt (22 rue Romain Rolland). Les attendus en étaient les suivants : "Comment la production s’organisait-elle ? Que produisait-on et de quelle manière ? Comment s’y déroulait la vie quotidienne ? La mise en valeur de ces bâtiments suppose un recours à la mémoire du travail, pour une connaissance approfondie des lieux. Tout document et tout souvenir nous serait ainsi des plus utiles". Trois témoins ont répondu à l'appel, et deux ont pu être enregistrés : les retranscriptions de ces témoignages sont consignés dans le dossier relatif à la bonneterie Goldschmidt. D'autres témoignages ont été recueillis au gré des besoins de l'enquête (explicitation des installations et des gestes du travail) et des opportunités, en particulier auprès des propriétaires de l'ancien atelier de tapisserie Eberlin et des salariés de l'atelier de réparation RATP de la ligne 11.