Alfred Manessier partageait sa vie d'artiste et sa vie familiale entre son atelier de la rue de Vaugirard et la maison d'Emancé, qu'il avait transformée à son idée et agrémentée d'un vaste atelier indépendant, avant de s'y installer définitivement avec sa famille. Cet atelier, resté tel que l'a laissé l'artiste au moment de sa mort soudaine en 1993, a reçu le label Patrimoine d'intérêt régional et le label Maisons des illustres.
- enquête thématique régionale, ateliers d'artistes en Ile-de-France
- (c) Laurent Kruszyk, Région Île-de-France
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Ile-de-France
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Commune
Émancé
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Lieu-dit
Moreau Voisin
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Adresse
1 rue du Haut Martin
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Cadastre
1829
D
523
;
2022
D
338
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Dénominationsmaison, atelier
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Genred'artiste
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Destinationsmaison
Un premier bâtiment correspondant au logis figure déjà sur le plan cadastral napoléonien établi en 1829. Seule sur sa parcelle, cette maison rurale de plan barlong fait partie d’un groupe de quelques maisons regroupées au hameau de Moreau-Voisins, à l’ouest du village d’Emancé. Elle est alors propriété de Charlotte Sédillot, veuve de Jacques Vassard, charretier de labour et cultivateur (1782-1826). Originaire de Gazeran, le couple vit déjà à Emancé en 1814 et s’installe dans la maison de Moreau-Voisin entre 1822 et 1826, date du décès de Vassard[1]. En 1829, la veuve possède quelques terres dans la commune. La maison doit cependant être modeste car elle ne dispose alors que de deux ouvertures imposables[2].
En 1836, le premier recensement de la commune nous apprend que la maison est habitée par la fille aînée du couple, Marie Alexandrine, mariée à Jacques Modeste Ménager, couvreur en paille. Le couple en devient propriétaire en 1862, après le décès de Charlotte Sédillot. Ce sont eux qui introduisent les premières transformations : en 1865 une nouvelle maison est construite sur la parcelle, sans doute le corps de section carrée ajouté à l’extrémité est du logis[3]. En 1867 la maison devient propriété de leur fils Philadelphe, cultivateur. Il construit un fournil en 1870. La maison reste dans la famille Ménager au moins jusqu’au premier quart du XXe s. Désiré, le fils de Philadelphe, instituteur à Port-Marly, prend sa retraite à Moreau-Voisin et en est encore propriétaire en 1916.
En 1956, Alfred et Thérèse Manessier achètent la maison, pourvue d’une grange. Le peintre, très actif et déjà très reconnu, choisit le village et la maison en raison de la proximité de Chartres et des ateliers Lorin, avec lesquels il produit ses vitraux, et du village de Houx (Eure-et-Loire), où se trouve l'atelier de tisserands Plasse Le Caisne, où est tissée une grande part de l’œuvre textile de Manessier, tapisseries mais aussi chasubles.
L'artiste transforme d'abord la grange en atelier, en la dotant notamment d'une grande verrière. Des travaux sont ensuite réalisés dans le corps de logis, avec l'aménagement de chambres à l'étage, d'une pièce à vivre dans l'écurie et la création d'une cuisine attenante. La famille a l’habitude de passer à Emancé fins de semaine et vacances. Mais lorsqu'en 1972 Manessier est exproprié de son atelier parisien, 203 rue de Vaugirard, il s'installe à Emancé de façon permanente. La propriété connaît alors de nouvelles transformations : agrandissement de l'atelier et de son bureau, construction de garages, aménagement des dépendances.
Tous les plans et détails sont conçus par l’artiste lui-même, qui avait fait des études d’architecture, et réalisés par des artisans de la région sous son contrôle. On peut y remarquer l’influence de Le Corbusier, et des voyages en Espagne de Manessier.
L'artiste crée à Emancé la majeure partie de son œuvre, jusqu'à sa mort soudaine, survenue lors d'un accident de voiture, en 1993.
Depuis son décès, l’atelier et la partie ouest du corps de logis, correspondant à la pièce à vivre et à la cuisine, sont restés en l’état. La maison a été légèrement modifiée dans la partie est de la maison (création d’une seconde salle de bain et d’une seconde cuisine). La propriété appartient toujours à la famille Manessier.
[1] Leur dernier fils naît en 1822 dans leur première maison de Bel Air (AD78, 4E788), tout près, et Jacques décède le 7 avril 1826 dans la maison de Moreau Voisin (AD 78, 4E 788)
[2] Etats de section, AD 78, 3P3 599, p. 154.
[3] Matrice des propriétés foncières, AD 78, 3P3 600
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Période(s)
- Principale : milieu 19e siècle
- Principale : 2e moitié 20e siècle
Trois bâtiments constituent le domaine : en milieu de parcelle se trouve la maison d'habitation, tout en longueur ; en parallèle et dans son prolongement, le long de la rue du Haut Martin, l'atelier est aménagé dans une ancienne grange. Enfin, au bout de la parcelle, une petite dépendance perpendiculaire à l'atelier vient former avec lui une petite cour. Elle a été construite par Manessier en parpaings de béton et abrite un garage accessible depuis l'extérieur et l'intérieur. Les bâtiments sont environnés, sur toute la moitié nord, d'espaces boisés.
La maison d'habitation est constituée de deux corps : la maison rurale d'origine, d'un seul niveau et étage de comble à laquelle a été ajouté un corps de section carrée composé d'un étage carré et étage de comble, un peu plus haut et large. A l'arrière, deux appentis épousent la pente du terrain, l'un adossé au corps XIXe et l'autre, attenant, adossé à la première maison. L'ensemble est construit en moellons mixtes enduits. Les encadrements des baies sont en brique. Les toits à longs pans sont couverts de petites tuiles plates. Le rez-de-chaussée de la première maison est composé d'un salon qui occupe toute la partie ouest du bâtiment. Il a été aménagé par Alfred Manessier, tout comme la cuisine qui le suit. L'artiste, architecte de formation, a conçu le couvrement en petits voutains montés sur armature de fer, le sol, fait de grandes dalles irrégulières de pierre noire, la cheminée, les consoles et banquettes intégrées aux murs et présentant le même enduit qu'à l'extérieur, épais et porteur de traces d'outil. L'artiste a organisé l'éclairage de la pièce, en perçant une large baie horizontale au nord. Une autre ouverture horizontale donne vue sur la cuisine, dont la conception et les éléments, en bois et béton banché, sont dus à Manessier également.
L'atelier a été aménagé par l'artiste dans la grange, en le prolongeant côté nord par une adjonction plus basse. Le bâtiment d'origine, rectangulaire et couvert en ardoise, a été percé côté cour de larges baies. L'agrandissement, couvert en tuile plate, est muni d'une verrière d'atelier au châssis en béton armé. La lumière du nord entre ainsi pleinement dans l'atelier. Intérieurement, il est composé de trois espaces. Manessier avait aménagé son bureau dans la partie gauche ajoutée, une remise se trouve côté droit, et la grande salle de l'atelier, enfin, occupe la quasi totalité de la grange double hauteur.
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Toitstuile plate
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Étagesrez-de-chaussée, étage de comble, 1 étage carré, en rez-de-chaussée
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Couvrements
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Couvertures
- toit à longs pans pignon couvert
- appentis
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Escaliers
- escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour
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Statut de la propriétépropriété privée
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Intérêt de l'œuvreà signaler
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Éléments remarquablesatelier
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Précisions sur la protection
Labellisé Patrimoine d'intérêt régional par la Région Île-de-France le 5 juillet 2023.
Maisons des illustres en 2024.
Labellisé Patrimoine d'intérêt régional par la Région Île-de-France le 5 juillet 2023 et au titre des Maisons des illustres en 2024.
- (c) Laurent Kruszyk, Région Île-de-France
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Documents d'archives
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Archives départementales des Yvelines, Naissances, mariages, décès, 1820-1833
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Archives départementales des Yvelines, Etats de section d'Emancé, 1829
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Archives départementales des Yvelines, Matrices des propriétés foncières 1832-1914
Conservatrice au service Patrimoines et inventaire d'Ile-de-France
Conservatrice au service Patrimoines et inventaire d'Ile-de-France