En lien avec la station thermale d’Enghien-les-Bains, l’activité hippique se développe dès les années 1860 en lisière des forêts de Soisy et de Montmorency. Le premier hippodrome d’Enghien n’est toutefois inauguré qu’en 1879. Acquis en 1921 par la Société sportive d’encouragement, il est spécialisé dans la course d’obstacle et de trot. Géré depuis 1997 par Le Cheval français, il a pris, en 1999, le nom d’hippodrome d’Enghien-Soisy.
À l’instar des premiers hippodromes, la tribune est d’abord simplement constituée de gradins couverts par un toit en appentis ourlé de lambrequins de bois et porté par des colonnettes de fonte. Cette première tribune est remplacée en 1933 par deux nouvelles constructions : la « tribune du pesage » abritant salle des pas perdus et diverses commodités ; la « tribune des pelouses » – dépourvue d’auvent –, toutes deux réalisée par l’architecte Jean Papet (1889-1965). À l’étage de la tribune du pesage, salles et salons sont desservis par un imposant escalier. Dans l’élégante rotonde ouverte sur les jardins, sont installées diverses offres de restauration.
Papet opte pour une esthétique empruntée au vocabulaire du Mouvement moderne. Si la structure est en béton, en revanche le parement de brique confère une certaine originalité à la façade sur jardin. En saillie ou en défoncé, les calepinages de briques permettent de multiplier les effets décoratifs et les jeux de lumière, donnant un caractère dynamique et sculptural à cette façade. Celle-ci se distingue également par son asymétrie, néanmoins rythmée par un ordre colossal ordonnançant de larges baies.
À l’intérieur, la salle du pesage abrite une cheminée monumentale. Au-dessus, l’œuvre du peintre de chevaux Louis-Ferdinand Malespina (1874-1940), Course à Enghien : passage devant la tribune de la pelouse, contemporaine de la construction des tribunes, rappelle, avec la chute d’un jockey, la difficulté du saut d’obstacle. Dans l’un des escaliers, le triptyque Course : parieurs du peintre Jean-Louis Forain (1852-1931) évoque, dans la veine d’Henri de Toulouse-Lautrec, l’ambiance des courses où se mêlent parieurs et spectateurs. Dans le hall, le soin porté à l’exécution des moindres détails, la recherche esthétique, concourent à faire de ce lieu un véritable chef-d’œuvre.
Dès la fin de la construction des nouvelles tribunes, en 1934, la Revue moderne consacrée au sport distinguait l’hippodrome d’Enghien comme une référence en matière de procédé de construction et d’organisation spatiale.
Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.