Dossier collectif IA93000591 | Réalisé par
Pierrot Nicolas
Pierrot Nicolas

Conservateur en chef du patrimoine, en charge du patrimoine industriel, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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  • patrimoine industriel
Les Lilas - Patrimoine industriel - Présentation générale de l'étude : dossier collectif "usines"
Auteur
Copyright
  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
  • (c) Département de la Seine-Saint-Denis

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    usine
  • Aires d'études
    Seine-Saint-Denis
  • Adresse
    • Commune : Les Lilas

L'inventaire du patrimoine industriel et artisanal de la commune des Lilas a été réalisé en 2004-2005 par le service régional de l'Inventaire général du patrimoine culturel (DRAC Île-de-France puis Région Île-de-France suite à la loi de décentralisation du 14 août 2004) dans le cadre du Protocole de décentralisation culturelle signé en 2001 entre l'Etat et le Département de Seine-Saint-Denis. Une convention de coopération culturelle signée en 2005 entre le Département de la Seine-Saint-Denis et la Commune des Lilas a permis de mobiliser les résultats de cette étude pour informer le volet patrimonial du Plan local d'urbanisme de la commune (PLU), dans le cadre du "Diagnostic patrimoniale des Lilas" coordonné par le Département de la Seine-Saint-Denis, service de la culture, bureau du patrimoine (voir le lien web ci-dessous).

La rareté des grandes emprises industrielles sur le territoire communal a orienté la recherche vers l'étude des PME et TPE. Le dépouillement systématique des annuaires commerciaux et des dossiers des établissements classés dangereux, incommodes ou insalubres, conservés aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, a révélé que plus de 869 entreprises artisanales ou industrielles se sont implantées aux Lilas entre 1870 et 1980. Soit plus de 634 lieux de production, certains bâtiments - ou ensemble de bâtiments signalés à la même adresse - ayant pu accueillir jusqu’à 5 entreprises conjointement, et 9 consécutivement. Lors de l'enquête de terrain, 110 sites on été repérés, et 32 ont été sélectionnés pour étude.

La confrontation des archives au terrain, dont le résultat est détaillé ci-dessous (parties Historique et Description), permet de dégager les quelques clés de lecture d'un tissu productif original :

    • D'une part, les usines et les ateliers artisanaux repérés sur le territoire de la commune des Lilas appartiennent au patrimoine du XXe siècle ;
    • D'autre part, à la différence de La Plaine-Saint-Denis, de ses industries lourdes, notamment chimiques et métallurgiques, à fortes emprises et génératrices d'emplois exigeant peu de qualification, le territoire des Lilas a accueilli à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, à l'image des autres communes bordant Paris à l’est, des activités diversifiées recourant souvent à une main-d'œuvre qualifiée.
    • Enfin, les entreprises, installées en grand nombre, sont ici disséminées en ateliers discrets : l'activité de production s'affirme peu, aux Lilas, par le décor. L’étude morphologique et architecturale permet de suivre l’évolution des ateliers et des usines, au fond des cours, le long des sentes, parfois sur la rue, et de comprendre les modalités de leur inscription dans le tissu urbain.

En janvier 2005, dans le cadre du projet d'aménagement de l'Espace vert du Centre ville, la municipalité - en partenariat avec la Région Île-de-France - a lancé un "appel à témoins" dans le Journal municipal afin de mieux connaître l'histoire de trois entreprises situées à l'entrée du futur Parc et ainsi d'étayer leur patrimonialisation : l’ancienne fonderie d’aluminium Piattino (28 rue Romain Rolland), l'entrepôt Leroux et Lotz (17 rue de Romainville) et l’ancienne bonneterie Goldschmidt (22 rue Romain Rolland). Les attendus en étaient les suivants : "Comment la production s’organisait-elle ? Que produisait-on et de quelle manière ? Comment s’y déroulait la vie quotidienne ? La mise en valeur de ces bâtiments suppose un recours à la mémoire du travail, pour une connaissance approfondie des lieux. Tout document et tout souvenir nous serait ainsi des plus utiles". Trois témoins ont répondu à l'appel, et deux ont pu être enregistrés : les retranscriptions de ces témoignages sont consignés dans le dossier relatif à la bonneterie Goldschmidt. D'autres témoignages ont été recueillis au gré des besoins de l'enquête (explicitation des installations et des gestes du travail) et des opportunités, en particulier auprès des propriétaires de l'ancien atelier de tapisserie Eberlin et des salariés de l'atelier de réparation RATP de la ligne 11.

Nicolas Pierrot, 2022.

Les usines et les ateliers artisanaux (où le fabricant travaille parfois seul) repérées sur le territoire de la commune des Lilas ont été construits au cours du 20e siècle. A la différence de la Plaine-Saint-Denis, de ses industries lourdes, notamment chimiques et métallurgiques, à fortes emprises et génératrices d'emplois peu qualifiés, Les Lilas accueillent à partir de la seconde moitié du 19e siècle, à l'image des communes de Montreuil, de Bagnolet, du Pré-Saint-Gervais et de Pantin (au sud de l'actuelle RN3) , des activités diversifiées employant souvent une main d'oeuvre qualifiée. La consultation des annuaires commerciaux et des dossiers préfectoraux des établissements classés révèle, en effet, que plus de 869 entreprises industrielles ou artisanales se sont installées sur le territoire communal (126 hectares) entre 1870 et 1980, ce qui représente plus de 634 lieux de production, certains sites ayant pu accueillir jusqu'à 5 entreprises simultanément, et 9 consécutivement. Les implantations touchent l'ensemble de la commune, et plus particulièrement les quartiers des Bruyères, de l'Eglise et de Jalenclouds, à proximité de Paris. Entre 1870 et 1914, pour alimenter le marché parisien, des ateliers de petite taille travaillent le bois, fabriquent et transforment le caoutchouc, construisent des jouets et des instruments de musique (pianos) , produisent et vendent de la bière, du cidre ou de l'eau de Seltz, travaillent le verre et les cristaux, forgent et assemblent des serrures, tournent des métaux, confectionnent des articles de maroquinerie, des boutons, des chaussures, des articles de bonneterie, de passementerie et des vêtements. Au cours de l'entre-de-guerres s'affirment les activités liées au traitement de surface des métaux (polissage, chromage, nickelage). La tendance se poursuit au cours des années 1940-1960 malgré l'introduction de cartonneries, d'imprimeries, de laboratoires, d'ateliers de fabrication de produits pharmaceutiques et la construction, en 1951, de l'usine de la Société industrielle de soie à coudre, acquise au cours des années 1980 par l'entreprise Gütermann. La désindustrialisation touche la commune à partir des années 1960 : la destruction de la cheminée de l'usine Kalker en 1968 en demeure le symbole. Les entreprises en activité sont aujourd'hui peu nombreuses, à la différence des bâtiments de production convertis en logements.

  • Période(s)
    • Principale : 20e siècle

Le repérage conduit en 2002 a permis de constater la destruction de 248 sites, sur 634 documentés. 53 adresses d'entreprises disparues correspondent à 20 immeubles et 33 maisons ayant vraisemblablement accueilli une activité en rez-de-chaussée, en sous-sol ou en chambre, hypothèse qu'il ne nous a pas été possible de vérifier. 119 sites, souvent de très petite taille, ont éventuellement accueilli une activité de production, sans que l'implantation ou l'architecture des bâtiments ne permettent de l'affirmer avec exactitude. 88 établissements mentionnés par les sources, sans adresse, ou cette dernière demeurant imprécise en raison notamment des modifications de la numérotation, n'ont pu être localisés. 34 sites en cœur d'îlot nous sont demeurés inaccessibles. Enfin, 110 sites ont été repérés (92 + 18 identifiés par la seule enquête de terrain). Leur fonction de production ou de stockage est attestée avec certitude. Un groupe domine, celui des sites relevant de la petite industrie, comprenant 1 à 5 bâtiments de petite taille (80 % des sites repérés, soit 82 unités de production et 6 entrepôts). On distingue, au sein de ce groupe, deux catégories. D'une part, les bâtiments implantés à l'arrière de la parcelle (en fond de parcelle, sur le flanc ou en U, dessinant une cour centrale), dissimulés sur la rue par un bâtiment administratif d'entreprise, un immeuble ou un pavillon d'habitation. D'autre part, moins nombreux, les bâtiments alignés sur la rue, offrant parfois un décor : l'activité de production s'affirme peu, aux Lilas, par l'architecture. Un second groupe, minoritaire, est composé des sites de taille moyenne, soit 18 usines souvent dénaturées ou partiellement détruites, et 4 entrepôts (20 % des sites repérés).

Considérant l'importance du nombre de bâtiments dénaturés, 32 sites représentatifs ou remarquables ont été sélectionnés pour étude, auxquels il faut ajouter l'ancienne usine Kalker, détruite avant inventaire, étudiée grâce aux photographies de la collection Jean Huret.

Dans cet ensemble, deux bâtiments se distinguent par la qualité de leur système de couvrement : l'usine Cuprotube, actuellement "Lilas en scène" (charpente métallique dérivée du système De Dion), et l'usine de la Société industrielle de soie à coudre, puis Gütermann (toiture suspendue par des arceaux en béton armé). Le dépôt de bus Floréal et l'atelier RATP de réparation ferroviaire de la ligne 11 (en sous-sol) constituent deux cas particuliers. ils suggèrent la forte présence de l'entreprise sur le territoire et dans l'économie de la commune.

La reprise de ce dossier en 2022, à l'occasion de son versement sur la base de données régionale, a permis d'identifier 7 bâtiments détruits sur le corpus initial de 32 : IA93000593, IA93000601, IA93000604, IA93000605, IA93000607, IA93000610, et IA93000619. Par ailleurs, les deux machines inventoriées ont été détruites peu après leur inventaire : IM93000298 et IM93000299.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérés 110
    • étudiés 32

Documents d'archives

  • Plans du cadastre napoléonien, commune des Lilas, 1839-1848.

    Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Bobigny : 2047 W 207
  • Plans du cadastre rénové, commune des Lilas, 1941.

    Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Bobigny : 2047 W 1759
  • Matrices cadastrales anciennes (1810-1960), commune des Lilas.

    Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Bobigny : matrices anciennes, vol. 318 à 321
  • Matrices cadastrales modernes (1931-1974), commune des Lilas.

    Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Bobigny : matrices modernes, vol. 185
  • Etablissements classés dangereux, insalubres ou incommodes, commune des Lilas, XIXe-XXe siècles.

    Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Bobigny : voir dépouillements en annexe.
  • Etablissements classés dangereux, insalubres ou incommodes, Les Lilas, 17 dossiers, 1924-1965.

    Ville des Lilas, service archives et documentation : voir dépouillements en annexe.
  • Permis de construire de la commune des Lilas, dossiers classés par ordre chronologique, 1937-1970.

    Ville des Lilas, services techniques : voir dépouillements en annexes.
  • Etablissements classés dangereux, insalubres ou incommodes, commune des Lilas, XIXe-XXe siècles.

    Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Bobigny : SC 7851-7852 ; 219W 35-38 ; 1322 W 82, 112, 160, 162, 226, 242, 247, 251, 261, 30 ; 1328 W 21, 77 ; 1612 W 26, 27, 127, 129, 130, 148, 212 (voir dépouillements en annexe des dossiers monographiques).

Bibliographie

  • BOURNON Fernand (dir.), Etat des communes, Les Lilas, Montévrain : Département de la Seine, 1900, 108 p.

  • DIDOT (édit.), Annuaires du commerce Bottins, 1867 à 1974.

  • HURET Jean, Quand les Lilas… Histoire de la colline des Lilas et de ses occupants au cours des âges, Les Lilas : Ville des Lilas, 1993, 332 p.

    p. 146-157.
  • Marie-Françoise Laborde et al., "Contribution au diagnostic patrimonial des Lilas, Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis", déc. 2005, en ligne.

  • Nicolas Pierrot, « Architectures de la petite industrie urbaine : l’exemple des Lilas (Seine-Saint-Denis) », In Situ [Online], 8 | 2007. URL: http://journals.openedition.org/insitu/3254; DOI: https://doi.org/10.4000/insitu.3254

Documents figurés

  • Cartes postales AD93, commune des Lilas, fin XIXe - début XXe siècle.

    Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Bobigny : 2 FI
  • Les Lilas, collection particulière Jean Huret, consultée en 2005 : tirages photographiques, cartes postales, publicités.

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2005, 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
(c) Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis
Pierrot Nicolas
Pierrot Nicolas

Conservateur en chef du patrimoine, en charge du patrimoine industriel, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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