Dossier d’œuvre architecture IA91001087 | Réalisé par
Métais Marianne (Rédacteur)
Métais Marianne

Conservatrice au service Patrimoines et inventaire d'Ile-de-France

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  • patrimoine de la villégiature, villégiature en Île-de-France
Maison de villégiature dite villa les Rochettes
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Laurent Kruszyk, Région Île-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune Breuillet
  • Lieu-dit Les Rochettes
  • Adresse 5 rue des Rochettes 91650 Breuillet
  • Cadastre AT 191
  • Précisions
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de villégiature
  • Appellations
    Villa les Rochettes
  • Destinations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    kiosque

Cette villa éclectique est un archétype de la maison de villégiature francilienne 1900 avec sa meulière, ses aisseliers apparents et la combinaison d'éléments architecturaux empruntés à différents styles. Elle domine une vallée, témoignant ici encore de l'importance de la vue dans le choix de l'emplacement d'une maison de campagne.

 

Lorsque la villa des Rochettes est construite, vers 1905, Breuillet est un village essentiellement agricole de 600 habitants, qui s’étend « sur l’une des pointes du plateau de la Beauce, celle qui sépare la rivière d’Orge de son affluent de gauche, la Rémarde »[1]. Le hameau de la Badaudière domine la vallée de l’Orge et la villa des Rochettes, qui tient son nom du lieu-dit éponyme, se dresse au sommet du coteau, embrassant un vaste panorama de collines verdoyantes. C’est ce havre de tranquillité que choisissent M. et Mme Gouttes pour y construire leur maison de campagne. Tous deux sont originaires des Pyrénées orientales, lui de Perpignan, elle d’Argelès. Ces deux employés de commerce se marient à Paris, en 1893[2]. En 1896, le couple est installé à Noisy-le-Sec, où François Gouttes est devenu marchand de vin[3]. Dix ans plus tard, lorsqu’ils acquièrent 2600 m² de terres agricoles à Breuillet, en deux parcelles, pour y construire leur maison de campagne, ils sont domiciliés à Neuilly-sur-Seine, dans un bel immeuble bourgeois[4].

Offrant tous les traits d’une maison de villégiature francilienne du début du siècle, la villa des Rochettes, achevée en 1909, matérialise l’aisance acquise par ce couple de provinciaux « montés à Paris ».

Les Gouttes vendent leur maison dès 1920 mais celle-ci n’achève pas encore sa destination de villégiature. M. et Mme Quaglia, successeurs du couple Goutte sont des hôteliers de Neuilly-sur-Seine, eux aussi, qui la vendent rapidement à une veuve de Châtelet-en-Brie, Mme Sabourin. En 1926, ce sont des industriels du 13e arrondissement, les Pietracqua, qui installent leur villégiature aux Rochettes. A cette date, la villa trône au cœur d’un vaste domaine : elle est établie sur 1ha six ares 28 centiares. La propriétaire suivante, en 1952, est une Parisienne du 15e arrondissement, Mme Pajadon. C’est elle qui vend le domaine en 1992 à une société, la Montagne immobilière qui le transforme en lotissement, les « Rochettes de la Badaudière ». Avec ses derniers propriétaires, qui s’installent en 1993, la villa devient résidence principale et retrouve ses - presque - dimensions d’origine, avec 3000 m² de terrain[5].

[1] AD 91, 4T/14, monographie de l’instituteur.

[2] AM Paris, V4E 9125, acte n°673 (mariage).

[3] AD 93, E DEPOT 053/57, acte n°67 (acte de décès de leur enfant).

[4] AD 91, 3P/2171, 37 rue de Chartres.

[5] Tous nos remerciements au propriétaire de la villa dont les recherches auprès de son notaire ont permis d’établir cette généalogie.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1905, daté par travaux historiques

La villa se dresse face au midi, avec pignon et mur gouttereau en façade, sur des corps de hauteurs différentes, trois niveaux côté pignon et deux côté gouttereau. Les deux corps sont couverts en ardoise. La toiture débordante du pignon s’appuie sur des aisseliers en bois, motif emprunté à un régionalisme d’inspiration normande devenu courant. Deux lucarnes à décor trilobé ornent le corps perpendiculaire. La meulière apparente est traitée en rocaillage sur toute la surface, à l’exception du soubassement, et soulignée par des chaînages d’angle en brique.

Un florilège des matériaux préférés de l’époque anime les façades d’un discret éclectisme. Les linteaux des fenêtres sont en métal, comme on peut le voir sur des maisons contemporaines[1], mais surmontés d’un décor différent à chaque niveau. Au rez-de-chaussée, ce sont des briques en dents d’engrenage, au premier étage, la polychromie des boutisses et panneresses qui créent le décor, tandis que les allèges sont constituées de dalles de ciment postées sur de petites consoles en brique, formant un ensemble qui annonce déjà l’Art déco. Un fin bandeau de céramique vernissée court au-dessus des baies du premier en épousant leur courbe, en écho au cartouche fleuri au nom de la villa, qui couronne la plus haute fenêtre. L’indispensable balcon, qui ouvre sur le paysage, est porté par des consoles au décor très orné d’enroulements de feuilles d’acanthe, coquilles et autres volutes. Si elles contrastent avec le toit du perron, traité comme les aisseliers avec une certaine rusticité régionaliste, elles s’accordent parfaitement avec l’escalier à balustres du même perron. Il conduit vers « un hall à usage de salle à manger, salon avec cheminée, bureau avec cheminée, cuisine, salle à manger d’été en retour… »[2]. Cette salle à manger mérite un arrêt : constitutive elle aussi de la maison de campagne[3], elle forme ici une transition vers la dépendance, perpendiculaire au logis, et prolonge les pièces de réception, cantonnées au rez-de-chaussée du corps de logis. Un escalier unique, tournant, à balustres, dessert le premier niveau ainsi que l’étage sous comble. Le premier étage est traversé par un long corridor qui dessert « quatre chambres à feu, salle de bain, water closets »[4]. Au second étage se trouve une « chambre à feu », probablement celle du domestique, et un grenier[5].

Le joli kiosque du jardin conserve sa structure, charpente, poteaux et garde-corps, faite de véritables branchages, et non en béton comme ceux inventés par Tricotel[6].

 

 [1] Comme la villa de la Ferté à Chalo-Saint-Mars, IA91001081.

[2] Acte de vente du 26 mars 1921, archives notariales de Me Baudin, à Saint-Chéron (archives privées).

[3] C’est un sujet récurrent de la revue La Vie à la campagne (15 janvier 1908, 15 juin 1908, avril 1930…).

[4] Ibidem.

[5] Acte de vente du 26 mars 1921, op. cit.

[6] Voir Wood cottage au Vésinet, IA00057515.

  • Murs
    • meulière brique avec pierre en remplissage
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, 2 étages carrés, étage de comble
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • pignon couvert
    • demi-croupe
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour en charpente, cage ouverte
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Documents d'archives

  • Archives départementales de Seine-Saint-Denis, actes de naissance, 1893-1895, E DEPOT 053/60, acte n°67

    Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Bobigny : E DEPOT 053/60
  • Archives notariales, étude de Saint-Chéron, acte de vente 26 mars 1921

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Métais Marianne
Métais Marianne

Conservatrice au service Patrimoines et inventaire d'Ile-de-France

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