Dossier d’œuvre architecture IA77001076 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, lieux de spectacle 1910-1940
Théâtre municipal (Fontainebleau)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Île-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France - Fontainebleau
  • Commune Fontainebleau
  • Adresse 9 rue Dénecourt
  • Cadastre 2022 AO 139
  • Dénominations
    théâtre, salle des fêtes
  • Genre
    communal
  • Destinations
    salle de spectacle

L’ancien théâtre de Fontainebleau de 1811, situé à l’angle des rues d’Avon et Marrier, était au tournant du 20e siècle vétuste et non conforme aux mesures de sécurité. Il ferme en 1904[1] et est détruit en janvier 1905. La mairie envisage alors la construction d’une autre salle près du château : soucieuse de satisfaire l’accès à la culture de la population locale tout en se préoccupant du développement économique de la ville, site de villégiature couru, elle choisit un parti hybride original[2]. Autrement dit, une salle de spectacle indépendante, en fonction toute la saison théâtrale, comprenant des annexes et extérieurs permettant des attractions estivales.

Les architectes parisiens Lucas et Marion remportent le concours lancé en 1905. Les études complémentaires demandées ont traîné en longueur et le chantier, long de deux ans, n’est achevé qu’en 1912. Une vaste terrasse surélevée ouverte sur le palais forme l’accès principal au théâtre et à la salle des fêtes, implantée en aile (en bordure de parcelle). Les façades d’ensemble en brique et en pierre, monumentales, reprennent tout un vocabulaire classique : pilastres ioniques, chutes de feuillages, cartouches, groupes sculptés en couronnement. Elles n’ont pourtant pas bénéficié de l’opulence du projet initial (vantaux de portes en ferronneries ; sculptures des tables et écoinçons[3]…). Les architectes ont cependant arboré sur le couronnement du théâtre les armes de la ville, afin de dissimuler la toiture aux passants[4].

Le vestibule articule ici le complexe : il comprend une large ouverture pouvant être fermée au besoin, séparant alors la salle des fêtes et le théâtre[5]. Seul le « buffet » (bar), initialement conçu comme un jardin d’hiver, est commun aux deux parties. Un escalier tournant à trois volées mène au foyer, à l’étage. La salle à l’italienne de 700 places déploie un décor stuqué néo-classique d’André Vermare, sculpteur reconnu pour ses monuments commémoratifs et son œuvre religieuse, assisté ici de la Société ouvrière de Paris. Ventilée naturellement par un lanterneau central, elle présente des balcons suspendus sans points d’appui : c’est une des premières à employer le béton armé[6]. Le rideau couleur « feuille morte[7] » a été réalisé par Léon Duvergée, également auteur de la machinerie et des décors initiaux de scène.

Vermare a aussi collaboré aux stucs élaborés de la salle des fêtes. L’extension du foyer la reliant au bar présente une œuvre offerte par Paul Tavernier, peintre et figure emblématique de la ville, Louis XV à la Chasse, exposée au Salon de la Société des artistes français en 1912.

Après avoir été rénové en 1950 et brièvement converti en cinéma, le théâtre, fermé en 1998 faute de répondre aux normes, a été restauré entre 2002 et 2005. Igor Hilbert et Claude Jeffroy ont repris suivant le projet de Lucas et Marion les loges et le parterre, tout en modernisant l’équipement de l'espace[8], l’un des rares exemplaires de salle à l’italienne hors de Paris. Cet établissement remarquable est inscrit aux monuments historiques depuis 1991.

[1] « Les Anciennes salles de théâtre de Fontainebleau », L’Abeille de Fontainebleau, 15 mars 1912.

[2] « Le nouveau théâtre », L’Abeille de Fontainebleau, 27 janvier 1905.

[3] Voir LEFEVRE, Charles, op. cit., pl. 74.

[4] « Au nouveau théâtre », L’Abeille de Fontainebleau, 19 janvier 1912.

[5] Condition stipulée lors du concours : « Le nouveau théâtre », op. cit.

[6] Concours : Théâtre municipal, rue Dénecourt, Fontainebleau (Seine-et-Marne), s.l., 1909 in Institut français d’Architecture, fonds des bétons Hennebique, cote 076 Ifa.

[7] « Au nouveau théâtre », L’Abeille de Fontainebleau, 15 février 1912.

[8] Voir « Fontainebleau – Fermé depuis 1998, pour des raisons de sécurité le théâtre municipal rouvrira en septembre prochain », Le Moniteur, 11 mars 2005, en ligne (consulté le 1er février 2021) : https://www.lemoniteur.fr/article/fontainebleau-ferme-depuis-1998-pour-des-raisons-de-securite-le-theatre-municipal-rouvrira-en-septembre-prochain.379874

Installée sur une terrasse ouverte sur les jardins du château de Fontainebleau, le complexe est implanté en angle, le théâtre occupant le moitié Nord du terrain, et la salle des fêtes la bordure Ouest jusqu'à la rue Dénecourt. S'inscrivant en partie dans le registre architectural du palais, les façades brique et pierre sont richement sculptées : pilastres ioniques, chutes de feuillages, cartouches, groupes sculptés en couronnement. La salle des fêtes est directement accessible après quelques marches depuis la terrasse, et consiste en un grand vaisseau vouté, sans aménagement scénique particulier. Elle est essentiellement ornée des médaillons et guirlandes néo-classiques agrémentant les voussures du plafond. Le théâtre est quant à lui précédé d'un vestibule auquel est adjoint du côté Est un escalier tournant comprenant un garde-corps en ferronnerie. La richesse décorative de cette salle à l'italienne doit beaucoup au lanternon central métallique, soutenu par une coupole peinte en trompe-l’œil simulant un ciel, et au mur de scène, dont le cadre mouluré doré luxuriant est couronné des armes de la ville. Le rideau parachève le cadre fastueux de l'ensemble. A l'étage, un foyer relativement sobre mène aux balcons du théâtre. Les portes d'accès sont surmontées de tables agrémentées de putti et angelots, suivant la rhétorique du 18e siècle.

  • Murs
    • pierre moyen appareil
    • brique pierre avec brique en remplissage
  • Toits
    zinc en couverture, béton en couverture, ardoise (incertitude)
  • Plans
    plan régulier en L
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • fausse coupole sans trompe
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • extrados de voûte toit à plusieurs pans brisés pignon
    • verrière dôme circulaire
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour cage ouverte
    • escalier hors-oeuvre : escalier droit en maçonnerie
  • Jardins
    arbre isolé, parterre
  • Typologies
    salle à l'italienne (1ère moitié 20e siècle) ; salle rectangulaire sans scène délimitée (1ère moitié 20e siècle)
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • décor stuqué
    • sculpture
    • peinture
  • Représentations
    • représentation figurative, sujet profane, scène profane, scène historique, scène de genre, scène de chasse
    • ornement architectural, agrafe, balustre, colonne, fronton, ordre antique, ordre ionique, pilastre
    • ornement géométrique, arabesque, cercle, denticule, enroulement, entrelacs, feston, ove, rinceau, volute
    • ornement végétal, arbre, couronne végétale, feuillage
    • ornement figuré, être humain, homme, roi, figure fantastique humaine ou semi-humaine, humain fabuleux, mascaron, putto, putto ailé
    • ornement animal, animal, cheval, chien, lévrier
    • ornement en forme d'objet, décoration, ruban, draperie, guirlande, instrument de musique, lyre, mandoline
    • ornement a chiffre, chronogramme, blason symbole régional,
    • armoiries symbole régional,
  • Précision représentations

    Dans le vestibule séparant le bar de la salle des fêtes, peinture de Tavernier, Louis XV à la Chasse.

  • Mesures
    • Nombre de places : 650 personnes ((jauge initiale))
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public communal
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    front bâti, salle des fêtes, élévation intérieure, lambris, théâtre, élévation intérieure, escalier, galerie, lambris, plafond, vestibule
  • Protections
    inscrit MH, 1991/04/23
  • Précisions sur la protection

    Théatre municipal, esplanade qui le précède et salle de bal : inscription le 23 avril 1991.

  • Référence MH

Périodiques

  • « Le nouveau théâtre - rue de Ferrare », L'Abeille de Fontainebleau [supplément]. Fontainebleau, 29 décembre 1911

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • COUVE, Michel, "Quel emplacement choisir pour la construction du théâtre ?", Fontainebleau : la revue d'histoire de la ville et de sa région. Fontainebleau, 2012, n°3, p. 11-15

    Bibliothèque municipale de Fontainebleau
  • DAGUENET, Patrick, "Les théâtres de Fontainebleau 1811-1939", Fontainebleau : la revue d'histoire de la ville et de sa région. Fontainebleau, 2012, n°3, p. 8-10

    Bibliothèque municipale de Fontainebleau
  • DUMONCEAU, « Conseil Municipal de Fontainebleau – Compte rendu officiel – Théâtre », L'Abeille de Fontainebleau [supplément]. Fontainebleau, 22 février 1912

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • LEFEVRE, Charles, « Programmes - Fontainebleau. Construction d'un théâtre », Les Concours Publics d'Architecture. Paris, 1904 [8e année], p. 43-44, pl. 74-80

    Bibliothèque historique de la ville de Paris
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel