• enquête thématique régionale, lieux de spectacle 1910-1940
Avenir du Prolétariat (Paris 2e arrondissement), salle des fêtes de l', actuel showroom Jean-Paul Gaultier
Œuvre monographiée
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France - Paris
  • Commune Paris 3e arrondissement
  • Cadastre 2022 AB 148
  • Dénominations
    salle des fêtes
  • Genre
    de coopérateurs
  • Appellations
    Palais de la mutualité, salle des fêtes du, Palais des Arts, cinéma du
  • Destinations
    salle de spectacle

Le philanthrope Ferdinand Boire, fondateur de l’association L’Avenir du prolétariat, impose dans les années 1900 sa structure de prévoyance comme une des plus importantes de la région parisienne[1]. Constatant l’absence d’un lieu de réunion pour les différentes associations mutualistes[2], il fait ériger au cœur de la capitale, sur un terrain de 3 000 m2, un vaste complexe de salles de réunion et de fêtes.

L’inauguration, le 21 décembre 1912, met en évidence son cadre exceptionnel. La direction souhaite en effet marquer le prestige de son association. Pour ce faire, elle a confié le chantier à Bernard-Gabriel Belesta, dont le projet de théâtre à Amiens de 1908 a été remarqué par la presse.

Une fois franchie la porte d'entrée en façade, un vaste vestibule conduit à une première grande salle, précédée de l’escalier d’honneur. Traité dans un registre néo-classique luxueux, il affiche les monogrammes de l’Avenir du prolétariat. L’étage noble abrite le point d’orgue de l’ensemble, une immense salle des fêtes de 13,5 par 32 mètres, ceinte de promenoirs, « réservée aux soirées dansantes, musicales, conférences ou séances de projection[3] ». La scène comprenant « décors, frises, herses, rampes, écran, etc., pour permettre d’y donner des représentations théâtrales, cinématographiques[4] » permet d’offrir des spectacles variés. Si les baies latérales donnant sur cour, auxquelles répondaient des miroirs, n’existent plus, les ouvertures zénithales, toujours présentes, garantissent une grande luminosité. Une décoration peinte par le décorateur Paul Hannotin (aujourd’hui disparue), représentant des treillages végétaux, complétait les ferronneries et les motifs en stuc du cadre de scène toujours en place. Se succédant en enfilade, d’autres salles complètent cet ensemble.

Après avoir accueilli de nombreux meetings politiques, spectacles et expositions, le lieu devient vers 1927-1928 un cinéma de deux salles, appelé Palais des Arts. Reconverti à plusieurs reprises, il est acquis par la maison de couture Jean-Paul Gaultier en 2004. Pour le chantier de rénovation elle mandate Alain Moatti et Henri Rivière[5], dont le projet concilie ancien et contemporain, redonnant à cette salle tout son faste, désormais magnifique écrin des défilés du célèbre couturier.

[1] Les chiffres concernant l’association sont donnés dans les articles de presse évoquant l’inauguration, comme dans « L’Avenir du Prolétariat », Le Journal, 16 décembre 1912 : la société « compte deux millions d’adhérents, répartis en 1 200 comités en France et dans les colonies, et qui a réuni un capital de vingt-huit millions [de francs] ».

[2] Voir par exemple HEBRARD, Jean, « Paris aura-t-il sa Maison de la Mutualité ? », Le Journal, 12 février 1911.

[3] LAFOLLYE, Paul, op. cit., p. 122.

[4] LAFOLLYE, Paul, op. cit., p. 123.

[5] Voir par exemple « Ni tout à fait la même. Maison de couture Jean-Paul Gaultier », Techniques et Architecture, décembre 2004-janvier 2005, p. 60-63 ou encore « Siège du groupe Jean-Paul Gaultier, Paris 3e », Le Moniteur architecture A.M.C., octobre 2004, p. 72-75.

L’accès au complexe s’effectue par une façade richement décorée, se distinguant de l’immeuble voisin par de hautes baies à arc en plein cintre couronnées de mascarons, évoquant les salles municipales de la même période comme celle de Clichy. Les volutes des ferronneries délicates semblent annoncer le futur style Art déco. La salle des fêtes, de deux niveaux, a perdu ses fresques d'origine, mais conserve son beau volume, la serrurerie et les stucs anciens.

  • Murs
    • béton
    • pierre moyen appareil
  • Toits
    béton en couverture, ardoise
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 2 étages carrés, 2 étages de comble
  • Couvrements
    • voûte en berceau en anse-de-panier, en béton armé
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • terrasse
    • extrados de voûte toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour cage ouverte
  • Autres organes de circulation
    monte-charge
  • Typologies
    salle rectangulaire ceinte de trois côtés d'un balcon simple (1ère moitié 20e siècle)
  • État de conservation
    remanié
  • Techniques
    • peinture
    • décor stuqué
    • ferronnerie
  • Représentations
    • ornement architectural, agrafe
    • ornement géométrique, arabesque, carré, cercle, denticule, enroulement, entrelacs, feston, rosace, rosette, volute
    • ornement végétal, feuillage, lierre
    • ornement figuré, figure fantastique humaine ou semi-humaine, humain fabuleux, mascaron
    • ornement en forme d'objet, corbeille, guirlande, chute, urne
    • ornement a chiffre, chronogramme
  • Précision représentations

    Fresques de la voute simulant un treillage parcouru de végétaux, par Hannotin (disparues depuis).

  • Mesures
    • nombre de places : 1 500 personnes ((jauge en 1938))
  • Précision dimensions

    D'après l'annuaire Tout Cinéma 1938-1939 (p. 214).

  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    élévation, salle des fêtes, escalier, verrière en couverture
  • Sites de protection
    site inscrit
  • Protections
    protection partielle, 2006
  • Précisions sur la protection

    Signalé comme parcelle d'intérêt patrimonial dans le PLU de la capitale. Incidence sur le traitement d'un potentiel dossier auprès de la Commission du Vieux Paris.

Remanié suite aux réaffections de destinations.

Périodiques

  • « Spécial Tertiaire - Jean-Paul Gaultier Paris 3e par Moatti et Rivière », Le Moniteur AMC [Architecture Mouvement Continuité]. Paris, octobre 2004, n°146, p.68-83

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • CHAR, Edmond puis DONNERAY, Louis, « Inauguration du palais de la Mutualité » puis « Le palais de la Mutualité », Revue de la Solidarité Sociale. Paris, janvier 1913, p.6-11

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • LAFOLLYE, Paul, « L'Avenir du prolétariat et le Palais de la Mutualité », L'Architecture. Paris, 11 avril 1914, n°15, p.118-125

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2021