Dossier d’œuvre architecture IA75000431 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, lieux de spectacle 1910-1940
Lénine (Paris, 20e arrondissement) salle, actuel espace Solaris
Œuvre monographiée
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France - Paris
  • Commune Paris 20e arrondissement
  • Adresse 25 rue Boyer
  • Cadastre 2022 BW 64
  • Dénominations
    salle des fêtes
  • Genre
    de coopérateurs
  • Appellations
    Solaris, espace
  • Destinations
    salle de spectacle

La coopérative ouvrière de La Bellevilloise, fondée en 1877 comme petit dépôt d’épicerie, devient rapidement la première coopérative de Paris. Son succès lui permet d’élever entre 1909 et 1910 une maison du Peuple, rue Boyer, pour démocratiser l’accès à la culture et à l’éducation politique. Le projet est confié à l’architecte Emmanuel Chaîne, ancien élève d’Anatole de Baudot, qui y regroupe, en plus du magasin habituel et d’un café, des bureaux, des espaces de réunion ainsi qu’une salle des fêtes (1). Cette dernière, peu propice aux représentations, va être complétée en 1927 d’un vrai cinéma-théâtre. Cette salle Lénine appartient à une extension importante réalisée pour le cinquantenaire de l’association, livrée au n° 25 de la rue Boyer par l’architecte Ferdinand Guillouet (2) : installations frigorifiques, remise, bibliothèque. De 1909 à 1939, la Bellevilloise, siège de l’université populaire de La Semaille (3), propose un programme culturel ambitieux (4) et met à disposition sa salle pour les troupes militantes (la pièce de Jacques Prévert, La Bataille de Fontenoy, y a été représentée en 1934). Parallèlement un ciné-club d’avant-garde est établi par Léon Moussinac et Pierre Vottero (5). Cette activité militante de qualité s’est poursuivie pendant quelques années après la faillite en 1936 de la coopérative. Devenu successivement après-guerre cinéma indépendant, réfectoire d’entreprise, école de théâtre, le bâtiment a été abandonné au début des années 2000 et resté sans repreneur pendant près de 20 ans. Une société d’évènementiel a aujourd’hui réinvesti la salle Lénine, y accueillant des spectacles éclectiques. Désormais nommée Solaris, cette dernière constitue un témoignage et un exemple rare, encore conservé à ce jour, des lieux de spectacle des coopératives ouvrières de la première moitié du 20e siècle.

(1) À l’origine, le projet de l'architecte, établi en 1907, envisageait un véritable « palais », dont le registre rappelle l’église Saint-Jean de Montmartre, de son maître Anatole de Baudot. Voir « Nos Planches - Paris, maison du peuple « La Bellevilloise », Les Concours publics d’Architecture. 8e année, 1907, col. 29, pi. 76-80 et « La maison du peuple de Belleville », La Construction moderne. 8 juin 1907. p. 425-428, pL 88-89. Le bâtiment actuel, au 21 rue Boyer, ne représente qu’une première tranche des travaux prévus.

(2) Cité in MEUSY, Jean-Jacques, « La Bellevilloise en ses murs », in MEUSY, Jean-Jacques (dir). La Bellevilloise (1877-1939). Une page de l’histoire de la coopération et du mouvement ouvrier français. Paris : Créaphis. 2001, p. 116; et « Coopérative de consommation La Bellevilloise », in CHEMETOV, Paul ; MARREY. Bernard et DUMONT, Marie-Jeanne. Paris-Banlieue -1919- 1939. architectures domestiques. Paris : Bordas, 1989, p. 21

(3) DEMEULENAERE-DOUYERE. Christiane, « Des sardines Suzette au Château d’Automne : les oeuvres sociales de La Bellevilloise », in MEUSY, Jean-Jacques (dir.). op. cit., p. 147-149

(4) WEBER, Alain, « Cinéma, concerts, théâtre à la salle Lénine », in MEUSY, Jean-Jacques (dir.), op. cit., p. 188

(5) Ibidem., p. 190-191

L’édifice est en béton armé selon le système Cottancin, avec remplissage de briques bicolores. La façade à trois travées et trois niveaux du complexe marque cette structure en béton armé, tout en la décorant de ferronneries florales de cabochons en céramique et de briques vernissées bleues. Le plan est bien adapté au terrain pentu (1). Devenue communiste, la coopérative met clairement en exergue la faucille et le marteau au-dessus de l’entrée. À l’intérieur, la salle présente un balcon, un lanterneau zénithal octogonal allongé et une scène surélevée à l’ouverture complétée d’un cadre doré stylisé. Les ferronneries à motifs rayonnants sont dessineés par Emmanuel Chaîne.

(1) Voir Annexe VI patrimoniale du PLU. Paris, 2006 [régulièrement révisée]. URL : http://pluenligne.paris.fr/plu/sites-plu/site_statique_37/pages/page_783.html

  • Murs
    • béton
    • brique appareil mixte
  • Toits
    ciment en couverture, béton en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    2 étages de sous-sol, rez-de-chaussée, 2 étages carrés, comble à surcroît
  • Couvrements
    • fausse voûte de type complexe
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • terrasse
    • extrados de voûte toit à longs pans lanterneau
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours en maçonnerie
  • Typologies
    Salle rectangulaire à balcon arrière seul (1ère moitié 20e siècle)
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • ferronnerie
    • décor stuqué
  • Représentations
    • ornement architectural, balustre, ordre colossal, pilastre
    • ornement géométrique, arabesque, bâton brisé, carré, cercle, postes
    • ornement végétal, feuillage
    • ornement en forme d'objet, corbeille, marteau symbole révolutionnaire,
    • ornement a chiffre
  • Précision représentations

    Parmi les représentations végétales et de corbeilles caractéristiques des années 1920, sont inclues de nombreuses références au soleil levant (porte d'entrée, balustrades du balcon de la salle des fêtes).

    Symbole communiste au dessus de la porte d'entrée de la coopérative.

  • Mesures
    • Nombre de places : 500 personnes ((jauge référencée en 1938 (Tout-Cinéma)))
  • Statut de la propriété
    propriété d'une association cultuelle
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    élévation, salle des fêtes, garde-corps, verrière en couverture
  • Protections
    protection totale, 2006
  • Précisions sur la protection

    Inscrit dans le PLU de la capitale comme Protection Ville de Paris.

Bibliographie

  • DEMEULENAERE-DOUYERE, Christine ; MEUSY, Jean-Jacques, « La Bellevilloise », Bulletin de l'Association d'histoire et d'archéologie du XXe arrondissement. Paris, juillet-septembre 2008; n°40, p. 3-28

    Bibliothèque historique de la ville de Paris
  • HELIES, Louis, La Bellevilloise - 1877-1912 - Son historique. Paris : L'Emancipatrice, 1912

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • MEUSY, Jean-Jacques (direction), La Bellevilloise (1877-1939) - Une page de l'histoire de la coopération et du mouvement ouvrier français. Paris : Créaphis, 2001

    Bibliothèque nationale de France, Paris

Périodiques

  • « Paris, maison du peuple « La Bellevilloise » », Les Concours Publics d'Architecture. Paris, 25 septembre 1906, p.30-31, pl.76-80

    Bibliothèque historique de la ville de Paris
  • « La maison du peuple de Belleville », La Construction Moderne. Paris, 8 juin 1907, p.425-428, pl. 88-89

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • DEMEULENAERE-DOUYERE, Christine, « La coopération ouvrière parisienne : l'exemple de la Bellevilloise (1877-1936/1939)", Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France. Paris, 2002, p. 153-173

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • GIDE, Charles, « Le cinquantenaire de la Bellevilloise », L’Emancipation. Nîmes, décembre 1927

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • MARREY, Bernard, « Les cathédrales du commerce moderne. L'Alliance des travailleurs et La Bellevilloise », Profil. Architecture évolutive par le métal. Paris, novembre-décembre 1978, n°29, p.48-50

    Bibliothèque nationale de France, Paris
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel