Si le choix d’une salle des fêtes modulable est amorcé dans la mairie du 5e, il se concrétise réellement dans le 14e arrondissement[1]. Suite à un premier projet qui fait polémique[2], les édiles optent en 1930 pour un équipement annexe intégrant bibliothèque, « justice de paix », bureaux d’état civil et espaces de réunion convertibles en salle des fêtes.
L’architecte Georges Sébille compose avec ces contraintes, érigeant l’imposant édifice en brique. La façade principale est dominée par un corps central flanqué de deux ailes plus basses dont les portes sont mises en valeur par deux panneaux sculptés de Raymond Delamarre. L’étage des espaces modulables est souligné par une enfilade continue de cinq verrières de Louis Barillet, composée de vitraux en grisaille et « verre blanc », bien perceptibles de l’extérieur. Elles illustrent « les collaborateurs modestes des savants et des industriels[3] ».
Après avoir franchi des portes de Raymond Subes et de Gilbert Poillerat, un vestibule et un somptueux escalier d’honneur aux fastueux entrelacs, le visiteur atteint l’étage noble. Il comporte des cloisons coulissantes permettant de faire évoluer à loisir les espaces selon les besoins. Un buffet est installé au fond de la galerie. La plus grande salle est couronnée de peintures « honorant le 14e arrondissement dans les activités qui font son originalité : savants […], artistes, médecins[4] ». Eugène-Robert Poughéon, qui s’est illustré par la réalisation de fresques à l’église du Saint-Esprit (Paris, 12e), réalise la toile centrale de l’ensemble. Dans une composition dynamique, il s’attache à personnifier la Cité universitaire et l’Observatoire. L’œuvre voisine, côté nord de la salle, plus sereine, évoque les Âges de la Vie sous le prisme de la Santé. Jean Despujols s’y représente entouré de sa famille[5]. La troisième toile, de Fernand Heurtenberger, initialement du côté sud de cette salle (occupé aujourd’hui par une scène), a été déplacée dans le salon des Quatre Saisons. Elle est consacrée aux écrivains et artistes ayant vécu ou travaillé dans l’arrondissement. Elle se distingue par des portraits réalistes entremêlés de figures allégoriques. Les matériaux de parement, boiseries et onyx poli, renforcent le luxe de l’ensemble, toujours perceptible aujourd’hui.
[1] Voir SOL, Anne-Laure, « Hôtel de Ville annexe », dossier base Gertrude, IA75000252, Paris : service Patrimoines et Inventaire, Région Ile-de-France, 2015. URL : https://inventaire.iledefrance.fr/dossier/hotel-de-ville-annexe/36ccb8bd-65fa-4519-af20-d15439e58a7e
[2] GUICHET, Henri, « Le XIVe arrondissement va bientôt s’enrichir d’un terrain de jeux et d’une mairie annexe », Le Petit Parisien, 8 juin 1932. De nombreux articles de presse ont abordé entre 1926 et 1931 ces difficultés.
[3] SEBILLE, Georges, Note pour MM. Les Artistes appelés à présenter des esquisses pour la décoration de la Grande salle de l’Annexe de la mairie du 14e arrt., s. d., in Archives départementales de Paris, fonds de la direction des Beaux-Arts et de l’Architecture, cote VR 563.
[4] Ibid.
[5] PALARD, Nicole, « Recherches sur l’œuvre picturale de Jean Despujols (1886-1965) », Revue Archéologique de Bordeaux, 2008, tome 99, p. 179-197.
Elève de Jean-Paul Laurens à l'école des Beaux Arts de Paris, il est reçu premier Grand Prix de Rome en 1914. C'est en 1919, à la Villa Médicis, qu'il rencontre Jean Despujols. Comme Lui, il est très proche de Jean Dupas et du groupe Tradition-Evolution, qui prône une modernité contenue par les références au néo-classicisme.