Dossier d’œuvre architecture IA93001061 | Réalisé par
Philippe Emmanuelle (Rédacteur)
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Mercier Marianne (Rédacteur)
Mercier Marianne

Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques

Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France

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Caroux Hélène (Rédacteur)
Caroux Hélène

Docteure en histoire de l'architecture de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2004 et chercheuse au Bureau du Patrimoine contemporain du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis

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  • enquête thématique régionale
Lycée Wolfgang-Amadeus-Mozart
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune Le Blanc-Mesnil
  • Adresse 12 avenue Charles de Gaulle
  • Cadastre 2020 BK 0042
  • Dénominations
    lycée
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, cantine, préau

Le lycée blanc du Blanc-Mesnil

Historique et programme

 Mis en service en 1991, ce lycée est pourtant attendu depuis 1965, date à partir de laquelle la Ville de Blanc-Mesnil en fit la demande jusqu'à mener au milieu des années 1980 plusieurs campagnes de mobilisation auprès de la Région Île-de-France. A cette époque, cette commune est l'une des dernières villes de près de 50 000 habitants sans lycée d'enseignement général, les lycées Jean Moulin et Aristide Briand étant d'anciens CET. Obtenant enfin en 1989 de voir le lycée figurer dans le Programme Prévisionnel d'Investissement du Conseil régional, en juillet 1990, Paul Chemetov et Borja Huidobro associés à l'entreprise Société Auxiliaire d'entreprises de la région parisienne sont désignés pour construire l’établissement. Ils figurent parmi les 11 équipes sélectionnées pour l’année 1990 pour le concours concepteurs-constructeurs-maintenance.

Le terrain qui leur a été attribué fait partie de la ZAC Libération, secteur qui reste à urbaniser dans cette partie située au nord-est de la ville entre le tissu pavillonnaire d'avant-guerre et la zone d'activités des Coudray. En préfiguration du futur établissement, deux antennes sont créées. La première, au sein de l’École Normale du Bourget, dont le Département est à l'époque propriétaire (devenue depuis 2014 le lycée Germaine Tillon), et la seconde, au Blanc-Mesnil, au sein du lycée professionnel Jean Moulin qui se situe juste à côté du futur lycée Mozart. Le chantier démarre sans plus tarder en octobre 1990 et oblige l'équipe lauréate et l'entreprise à tenir les délais. Une première tranche est donc livrée à la rentrée 1991 et permet à 800 élèves sur les 1200 de faire leur rentrée, complétée un an plus tard par la seconde tranche. Si le nom de Wolfgang Amadeus Mozart fut donné à ce lycée par délibération du 6 avril 1993, il le fut contre l’avis de la Commune qui avait opté pour celui de Saint-Just ou d'Albert Camus.

 Les architectes  

Paul Chemetov (1928-) et Borja Huidobro (1936-) se sont rencontrés à l'atelier d'Urbanisme et d'architecture (AUA) avant de s’associer pour fonder l’agence C+H+ en 1998. Pour autant, et avant cette date, ils collaborent déjà sur différents projets, dont les plus emblématiques sont le ministère de l’Économie et des Finances (1981-1988), la réhabilitation de la Grande Galerie de l'évolution du Museum national d'histoire naturelle (1989-1994) ou encore les médiathèques d'Evreux et de Montpellier. Cette collaboration, qui prit fin en 2002, donna également lieu à la conception de plusieurs établissements scolaires comme celui-ci au Blanc-Mesnil ou quelques années auparavant, à Romainville (LEP Liberté, 1985-1989). La blancheur qui caractérise ce lycée se retrouve sur plusieurs ouvrages qu’ils réalisent durant cette période (LEP Liberté à Romainville ou ministère de l’Economie et des Finances).

Description

 Implantation sur la parcelle et plan

La parcelle d'une superficie de 14 700 m² se situe à l'extrémité nord de la ZAC Libération dans l'axe d'un long mail partant de la place éponyme. Située dans le périmètre du parc Jacques Duclos, elle est insérée entre le lycée Jean Moulin (J. Préveral, arch. 1971) et un espace non bâti qui sera aménagé en terrains de sports. En réponse à cet environnement en devenir au moment du concours, les architectes font le choix d'un bâtiment d'une grande simplicité, tant par son plan (quatre ailes cernant une cour) que par sa forme (carrée). Afin de limiter l’effet d’enfermement induit par le plan, le lycée s’élève sur deux niveaux seulement, et deux dispositifs sont adoptés pour créer un lien visuel et symbolique avec l'environnement. Tout d’abord l’environnement paysager existant, par la création d’une percée visuelle vers le parc des sports et le parc J. Duclos, grâce à l’aménagement d’un préau couvert (1000 m²) au rez-de-chaussée de l’une des ailes (nord-ouest). D’autre part, avec son environnement urbain, et plus précisément avec la place de la Libération à laquelle il est relié par un long mail. S’appuyant sur cette composition, le lycée est implanté dans l'angle le plus proche de la ZAC et son entrée placée dans l'axe du mail.  Sur le reste de la parcelle, des espaces verts ont été aménagés au nord, afin de faire le lien avec le parc J. Duclos, tandis que le tiers restant est occupé par un long parking arboré au bout duquel les logements de fonction ont été regroupés dans un bâtiment unique, rectangulaire et de deux niveaux également. 

 Les façades et toitures

 Simple dans son plan, le bâtiment l'est aussi par ses façades et toitures. Les premières, d’une extrême blancheur serait une réponse de Paul Chemetov qui lui aurait été suggérée "par la grisaille et la tristesse du quartier pavillonnaire dans lequel allait être construit le lycée" (cité dans Le Moniteur AMC, n°20, nov. 1991, p. 74) mais également celle du maître d’ouvrage, qui souhaite la meilleure protection contre les "tag". Elles se sont donc traduites par des façades recouvertes pour la plupart de grès émaillé de 2,5 x 2,5 cm de couleur blanche et des menuiseries en alu laqué également blanc. Seul, un discret liseré bleu formé de carreaux plus petits vient souligner le soubassement des façades extérieures ou distinguer une façade pour ce qu’elle a de spécifique (mur du CDI). Enfin si l'impression d'une forte horizontalité domine, due au vitrage en bandeau placé en partie haute du premier étage, à rez-de-chaussée, les ouvertures diffèrent, prenant la forme de meneaux ou de hublots. La toiture présente elle aussi des particularités. Composée de deux pentes inversées, elle se développe en spirale et en débord sur quatre façades (deux extérieures et deux intérieures) pour protéger les plus exposées des intempéries, les quatre autres étant en terrasse. Celles en débord sont de plus revêtues d'un bac laqué blanc. Enfin, la façade principale est marquée par une entrée largement vitrée et décalée sur la gauche afin de prolonger visuellement le mail jusque dans la cour, mais aussi permettre aux lycéens de bénéficier depuis le premier étage d’un « balcon » sur la ville. 

Mode constructif

La structure est composée d'un système poteaux-poutres laissé apparent dans les couloirs et partiellement visible sur les façades ne comportant pas les toits en débord. Au 1e étage, les poteaux ronds, sur lesquels vient se raccrocher la charpente en lamellé-collé, confèrent au système constructif une apparence de légèreté mais aussi de lisibilité pour les usagers. Conçues avec des éléments préfabriqués, les façades intérieures ont été peintes, tandis que celles extérieures ont été recouvertes de carrelage, comme nous l'avons vu plus haut.

Espaces intérieurs

 A la clarté des façades répond celle de la distribution, fonctionnelle voire évidente. Passé le hall d’entrée, les élèves peuvent se rendre vers les services communs (administration, foyer des élèves,) par l'intérieur ou, plus court encore, en traversant la cour pour accéder au CDI, au réfectoire et au préau couvert. Les salles de classe situées à l'étage sont organisées en enfilade de part et d’autre d’un couloir central éclairé naturellement par la disposition originale de la toiture. Aux quatre angles, sanitaires et escaliers se répètent. Un soin particulier a été apporté aux intérieurs et plus particulièrement aux finitions, tout en cherchant à réduire le coût de maintenance de l'établissement. Les sanitaires ont ainsi été entièrement faïencés et des protections placées dans la partie basse des murs de circulation. C'est également pour une meilleure surveillance que des hublots furent percés dans les portes de circulation et des châssis vitrés dans celles des recoupements. La lumière abondante dans les couloirs comme dans les salles des cours, et la présence du bois (charpente en lamellé-collé, châssis des portes) conservé dans sa couleur naturelle, contribuent à rendre chaleureux ces espaces intérieurs et qui contrastent avec la froideur des façades extérieures.  

Décor au titre du 1% artistique

 Dès l'audition au concours, Paul Chemetov souhaite confier le 1% artistique à l'artiste plasticienne Marie Orensanz qui a pour projet la réalisation d’une sculpture (stèle) mais également le chemin qui l’y mène afin de matérialiser le prolongement de la ville à l'intérieur du lycée. En effet, placée dans la cour, la stèle se situe également dans l’axe du mail. M. Orensanz a souhaité incarner cet axe dans la cour en créant un chemin formé de deux lignes parallèles en marbre blanc martelées de 3 cm d'épaisseur et de 40 cm de largeur menant à la stèle. Un double alignement d’arbres conforte ce tracé. Haute de plus de 2 mètres (2,30m x 3,50, large x 0, 40 ép), la stèle est elle aussi en marbre de carrare, matériau qu’elle affectionne et qui fait écho à la blancheur des façades. Elle est gravée de symboles de différentes disciplines, parmi lesquels figurent des symboles mathématiques, éléments plastiques à part entière qui "sont des représentations graphiques d'une pensée" (extrait de « notes explicatives », sd, arch. rég., 957W121). Sa blancheur et son matériau presque classique sont contrebalancés par l’abstraction des symboles gravés, la forme presque brute de la stèle et son expression inachevée. Un cadre formé de lignes de 15 cm de largeur en marbre de Carrare, placé en périphérie de la cour, complète la « mise en scène ». 

 Marie Orensanz, figure majeure de la scène artistique sud-américaine est née en 1936 en Argentine et partage sa vie entre ce pays et la France depuis 1975. Elève dans l'atelier d'Emilio Pettoruti (école analytique abstraite) et d'Antonio Segui (école expressionniste figurative), elle commence des voyages d'études en Europe, aux Etats-Unis ou encore au Mexique à partir des années 1950, puis multiplie les expositions personnelles et collectives. Distinguée par plusieurs prix, elle est considérée comme une pionnière de l'art conceptuel en Argentine et ses œuvres sont aujourd’hui présentes dans de nombreuses collections internationales (musée national d'Art moderne, centre Pompidou, Centre d'art à Barcelone...). Cette stèle pour le lycée Amadeus Mozart est représentative de ses thèmes de recherche autour de la géométrie ou des mathématiques, et de ses réflexions sur l'intégration de la pensée et de la matière.

 

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Plans
    plan carré régulier
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvrements
  • Couvertures
    • terrasse
  • Énergies
  • Typologies
    ;
  • Techniques
    • sculpture
  • Statut de la propriété
    propriété de la région, Propriété du Conseil régional d'Île-de-France.
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections

  • Précisions sur la protection

    Label Architecture contemporaine remarquable (ACR) décerné en 2020.

Annexes

  • SOURCES
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Philippe Emmanuelle
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Mercier Marianne
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Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques

Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France

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Caroux Hélène
Caroux Hélène

Docteure en histoire de l'architecture de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2004 et chercheuse au Bureau du Patrimoine contemporain du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis

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