Dossier d’œuvre architecture IA93001059 | Réalisé par
Philippe Emmanuelle (Rédacteur)
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Mercier Marianne (Rédacteur)
Mercier Marianne

Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques

Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France

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Caroux Hélène (Rédacteur)
Caroux Hélène

Docteure en histoire de l'architecture de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2004 et chercheuse au Bureau du Patrimoine contemporain du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis

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  • enquête thématique régionale
Lycée Flora-Tristan
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune Noisy-le-Grand
  • Adresse 27 rue des Hauts Roseaux
  • Cadastre 2020 CD 94
  • Dénominations
    lycée
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, cantine, préau

Le lycée dont le centre est un forum

Historique et programme

 La construction du lycée Flora-Tristan s’inscrit dans le développement considérable que connaît la ville de Noisy-le-Grand dans les années 1970 à la suite de la création de la Ville nouvelle de Marne-la-Vallée, dans laquelle elle est intégrée. En 1976, est mise en service l’autoroute de l’est, quatre ans plus tard la station de RER A Noisy-Champs, et deux ZAC sont créées, la ZAC du Mont d’est et celle du Champy. C’est au sein de cette dernière, située dans la partie est de la ville et à proximité immédiate de la voie du RER, que le lycée est édifié. Outre de nombreux logements (ensemble de La Noiseraie, Henri Ciriani, 1978-1980), elle doit comprendre cinq équipements scolaires, dont ce lycée. Celui-ci doit accueillir les lycéens des quartiers alentour, mais également ceux qui suivent les cours dans les locaux d’un ancien CEG à Noisy-le-Grand, alors annexe du lycée de Villemomble et enfin, ceux de la commune voisine de Gournay-sur-Marne. Consacré à un second cycle classique et moderne de 600 élèves et à un second cycle technique (comptabilité, secrétariat) de 324 élèves préparant au baccalauréat commercial, le lycée est prévu pour recevoir près de 1000 personnes, y compris enseignants et personnel.

Le choix du maître d’œuvre fut le fait d’une négociation par entente directe, le principe d’une mise en compétition ayant été abandonné car celle-ci risquait de retarder l’ouverture du lycée, initialement prévue pour septembre 1979. La circulaire du 22 avril 1976 relative à la réforme des rémunérations d’ingénierie et d’architecture rendait en effet possible l’allègement de la procédure en traitant de gré à gré. Trois agences ayant plusieurs expériences en matière de bâtiments scolaires industrialisés avaient donc été consultées : Adrien Fainsilber, l’Atelier de Montrouge et enfin Jacques Kalisz. Ce dernier ayant été le seul à s’engager à tenir les délais, il fut désigné par le Conseil municipal de Noisy-le-Grand le 12 juillet 1977. S’appuyant sur le programme élaboré en 1977 par l'EPAMARNE et le responsable de l’Éducation nationale, J. Kalisz privilégia un parti architectural permettant de rendre compte du regroupement de locaux sous forme d’unités spatiales et fonctionnelles ayant leur caractère propre et donc facilement identifiables de l’intérieur comme de l’extérieur. Il dresse les plans de l'avant-projet en octobre 1977 et la Commission (CROIA) en section d'architecture émet un avis favorable en séance du 21 décembre 1977. D’après les vues aériennes, le chantier ne démarre pourtant pas avant la fin de l’année 1978 et suit de peu celui des immeubles de logements qui le jouxtent sur sa partie est.  

Si le conseil municipal du 26 novembre 1982 agréa le sculpteur Agustin Cardenas (1927-2001) et son projet de sculpture dénommée la Dompteuse (marbre blanc), nous ignorons si celle-ci fut réalisée ou a été retirée. Agustin Cardenas était originaire de Cuba, où il fit ses études à l’École des Beaux-Arts de La Havane, dans l'atelier de Juan José Sicre, sculpteur officiel du régime, fortement influencé par le travail de deux maîtres imprégnés de classicisme, Bourdelle et Maillol. Cardenas s'installe en France à partir de 1955. Il réalise de nombreuses expositions personnelles (La Havane, USA, Italie, Bruxelles, Japon…) et plusieurs de ses œuvres sont conservées dans des collections publiques internationales.

Entre 1998 et 2006, la structure porteuse extérieure du lycée a été entièrement repeinte et la couleur initiale (blanc/gris) remplacée par une alternance de couleurs (rouge/violet/blanc-crème). Il semblerait que les logements de fonction aient également fait l’objet de travaux (simplification de la modénature de certaines baies). En 2006, une étude de faisabilité portant sur la restauration et le remplacement des menuiseries extérieures et des panneaux de façade contenant de l'amiante sur l'ensemble du bâtiment d'enseignement est menée, mais nous ignorons si celle-ci donna lieu à la réalisation de travaux. L'opération de restructuration du service de restauration et la mise aux normes accessibilité pour personnes à mobilité réduite ont mis en avant les problèmes posés par la pente de la rampe du hall central (pente supérieure à 5 % avec des paliers insuffisants). C'est semble-t-il à l'occasion de cette opération que la partie la plus spectaculaire du forum (portique en Y) est supprimée.

L’architecte 

Membre de l’Atelier d’Urbanisme et d’Architecture (AUA) depuis sa fondation en 1963 jusqu’à son départ en 1972, J. Kalisz (1926-2002) aura profondément marqué par son architecture le paysage des villes de banlieue. Construisant aussi bien en béton qu’en métal, il affirme les qualités structurelles et formelles de ces matériaux qu’il sait mettre en valeur (Centre national de la danse à Pantin, stade nautique à Aubervilliers) et que l’on retrouve ici à Noisy-le-Grand. Auteur de quelques logements, notamment en collaboration avec Jean Perrottet, également membre de l’AUA, J. Kalisz s’oriente davantage vers la construction d’équipements publics qu’il construira en grand nombre. Expérimenté également dans le domaine de l’architecture scolaire, il compte à son actif, seul ou en binôme avec J. Perrottet, de nombreux établissements, le lycée de Noisy-le-Grand étant le 10e après l’ensemble scolaire de Pantin (1970), les collèges de Drancy (1972), La Courneuve (1973), Trappes (1976) mais aussi la remarquable Ecole d’architecture à Nanterre (1971). Outre sa grande connaissance des procédés industrialisés (GEEP, SNIC), J. Kalisz est également attentif à répondre au mieux au programme comme il le fit pour l’ensemble scolaire Jean Lolive à Pantin (1969-1972), fruit d’une démarche expérimentale sur l’évolution du programme et du « plan-type ». Á Noisy-le-Grand, mais cette fois dans le quartier du Mont d’est, J. Kalisz assisté de Roger Salem, réalisa l’impressionnant parking régional (1975-1977).

Description

Implantation sur parcelle et plan

Le terrain de 15 000 m², situé à proximité de la voie de chemin de fer et entouré de voies de circulation, a conduit l’architecte à rassembler les bâtiments au centre de la parcelle. Composé de quatre blocs reliés entre eux par un cinquième placé au centre, il occupe la plus grande partie du terrain. De plus, bien que tracés sur un plan carré, les quatre bâtiments d’enseignement adoptent des figures géométriques différentes, souhait affirmé par J. Kalisz afin de mieux distinguer leur fonction. De faible hauteur, comme préconisé depuis le milieu des années 1970, il ne comporte qu’un sous-sol partiel, un rez-de-chaussée et un étage. Des escaliers extérieurs facilitent les entrées et sorties dans chacun des quatre bâtiments d’enseignement et des passages permettent, entre les bâtiments, d’accéder directement au forum.

En complément et regroupés dans un bâtiment indépendant, les logements de fonction (8) ont été placés dans l’angle nord-est de la parcelle, celle sud-est ayant été réservée au théâtre de plein-air et aux deux abris (garage à vélos et préau). Trois accès sont créés : une entrée de service, une à proximité des logements et enfin, l’entrée des élèves qui a été placée rue des Hauts-Roseaux afin qu’elle s’inscrive dans la continuité du cheminement piéton du secteur composé d’un ensemble important de logements construits quelques années plus tôt. Enfin, si la parcelle laisse peu de place à d’importants espaces verts, en revanche de nombreux arbres agrémentent le pourtour et participent à limiter les nuisances sonores comme visuelles. Les équipements sportifs, non prévus dans la programmation, conduisent les élèves à utiliser ceux déjà en place dans les autres établissements scolaires.

 Traitement des façades

À l’instar de ses autres réalisations, J. Kalisz fait une fois encore la démonstration de sa capacité à donner aux façades rythme, élégance et variation. Celles-ci se composent d’éléments verticaux en béton dont la hauteur varie (à rez-de-chaussée, à l’étage ou sur les deux niveaux) conférant une dynamique à l’ensemble et le dépassement de ces éléments au-delà des planchers hauts et bas rompt définitivement toute monotonie. Outre leur rôle décoratif, ces éléments ont aussi pour mission de filtrer la luminosité dont le mouvement « au travers de la structure architecturale participe à l’émergence d’une ambiance calme et dynamique » (Recherche et architecture, n°50, 1982, p. 11). Par contraste ou pour mieux distinguer les fonctions, le bâtiment abritant les logements de fonction présente à l’inverse des façades lisses. Pour l’un comme pour l’autre, les baies aux huisseries métalliques ne sont pas que de simples ouvertures, mais elles présentent un dessin quadrillé fait de pleins et de vides. Ces éléments verticaux lorsqu’ils sont situés à RDC, combinés avec le recul des façades vitrées, génèrent des passages couverts.   

 Mode constructif

Le principe de construction est basé sur une structure porteuse tramée de type poteaux/poutres, apparente en façade avec en alternance, des panneaux de remplissage et d’éléments vitrés. Si nous ignorons si J. Kalisz fit appel à un procédé industrialisé en particulier, l’ensemble de l’ossature a été préfabriquée sur place (éléments de façade porteurs, poteaux intérieurs et poutres courantes) ou en usine (escaliers extérieurs et portiques de la rampe de l’espace central). Les poutres de rives, de 6,90 m x 1,20 m correspondent à la trame, les planchers et toitures sont formés de dalles pleines en béton armé. Quant aux éléments verticaux et aux meneaux, ceux-ci ont été préfabriqués sur place, puis accrochés à la structure. Enfin, les façades comportent quelques panneaux pleins qui alternent « avec des panneaux sandwich revêtus extérieurement de Glasal teinté blanc » (Recherche et architecture, n°50, 1982, p. 16).

Répartition des espaces

Comme pour l’extérieur, J. Kalisz souhaitait éviter toute monotonie à l’intérieur, risque courant lorsque l’on regroupe des locaux sans dominante forte. Il désirait également créer un lieu important pour les adolescents et trop souvent absent au sein des bâtiments scolaires. Il mit alors l’accent sur deux éléments importants du programme.  D’une part le forum, placé au centre de la composition et à partir duquel sont assurées les liaisons entre les blocs. D’autre part, les unités spécifiques spatiales et fonctionnelles que constituent les blocs. À l’appui du programme élaboré entre EPAMARNE et le responsable de l’Éducation nationale, neuf ensembles de locaux dotés chacun d’un rôle et de caractères propres ont été identifiés, charge à l’architecte de les traduire dans l’espace et de les rendre visibles. L’entrée du lycée s’ouvre donc sur un préau couvert comportant un bassin éclairé par un puits de lumière et un mobilier fixe. Sorte de zone socio-culturelle qui peut accueillir des expositions, elle dessert l’administration, le département des arts (salles d’arts plastiques, musique) avant de rejoindre le forum placé au centre de l’établissement. Celui-ci permet de desservir les autres services à caractères généraux (enseignement professionnel et formation continue, restauration, département des sciences) ou d’accéder au premier étage, où se répartissent les unités pédagogiques (2nde, 1ere, terminale) et le CDI. Les couloirs desservant les salles de cours s’organisent autour d’un patio, allant pour le CDI jusqu’à permettre que s’ouvrent des salles de travail et de réunions pour les professeurs.  Pour les salles d’enseignement scientifique, un amphithéâtre commun a été ajouté, et la salle polyvalente utilisée pour la restauration permet également d’autres usages (débats, projections). Quant aux classes, ce serait en prévision de la réforme prévue en 1977 et de la création des lycées polyvalents que leur taille aurait été aussi diversifiée.

Dans un article publié dans La Construction moderne (n°48, 1986, p.2), J. Kalisz souligne « la primauté de l’espace intérieur sur l’extérieur dans la mémoire de l’homme », et l’importance qu’il y a à créer des ambiances pour favoriser les rapports sociaux. Les salles de cours bénéficient d’éclairages contrastés grâce aux éléments verticaux en façades qui forment brise-soleil et le forum, est « meublé de gradins où les jeunes, comme au théâtre, vivent le spectacle de leurs propres mouvements » (Idem). Ce forum, qui couvre à lui seul 600 m² sur les 7 500 m² de surface utile de l’ensemble du lycée, était jusqu’à la mise aux normes accessibilité (vers 2006) doté pour partie de portiques et formait un espace théâtralisé. En effet, face à un amphithéâtre de forme semi-hexagonale se tenaient deux plateaux soutenus par des portiques en forme de Y et des coursives permettaient de contourner l’espace du niveau haut. La forme de ces portiques n’était d’ailleurs pas sans rappeler, bien qu’inversés, ceux en métal utilisés pour la structure porteuse du groupe scolaire Jean-Lolive à Pantin.

Décor au titre du 1% artistique

L’existence d’un 1% artistique n’est pas à ce jour clairement établie. Les archives (AD de Seine-Saint-Denis 1791W16) font état d’un projet de sculpture qui aurait été confié au sculpteur cubain Agustin Cardenas. Une sculpture en marbre (2 m x 0,90 m) dite La Dompteuse, devait être placée dans l’herbe. Par sa singularité elle devait contribuer à « bouleverser les rêveries intimes des jeunes adolescents (extrait de la note de présentation, 13 juillet 1981, AD de Seine-Saint-Denis, 1791W16). Nous ignorons si elle fut réalisée ou a été enlevée depuis.

 

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Couvrements
  • Couvertures
    • terrasse
  • Énergies
  • Typologies
    ;
  • Statut de la propriété
    propriété de la région, Propriété du Conseil régional d'Île-de-France.
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections

  • Précisions sur la protection

    Label Architecture contemporaine remarquable (ACR) décerné en 2020.

Annexes

  • SOURCES
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Philippe Emmanuelle
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Mercier Marianne
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Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques

Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France

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Caroux Hélène
Caroux Hélène

Docteure en histoire de l'architecture de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2004 et chercheuse au Bureau du Patrimoine contemporain du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis

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