Dossier d’œuvre objet IM94001345 | Réalisé par
Damm Paul (Rédacteur)
Damm Paul

Conservateur en chef du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Île-de-France.

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Vidal Manon (Contributeur)
Vidal Manon

Stagiaire dans le service Patrimoines et Inventaire de la Région Île-de-France en 2015.

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Imatte Sarah (Contributeur)
Imatte Sarah

Stagiaire dans le service Patrimoines et Inventaire de la Région Île-de-France en 2016.

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  • inventaire topographique
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Dénominations
    tenture murale
  • Titres
    • Les Trois Soleils

En 1960 Lurçat se voit confier par la Direction des Études et Travaux de l’Aéroport de Paris la création d’une œuvre pour le restaurant de première classe de l’aérogare d’Orly Sud alors en construction. Longue de près de dix mètres, la tenture des Trois Soleils donne son nom au restaurant et "constituera l'unique décor à grande échelle [...] elle prendra la place d'une peinture murale dont le projet a été définitivement abandonné" (Lettre à Jean Lurçat du Président Directeur de la Crémaillère, Décoration, Meubles, Objets modernes, chargé de l'ameublement de la salle à manger de l'aéroport d'Orly, du 27 mai 1960).

Les Trois Soleils est tissée par l'atelier Tabard à Abusson. La tapisserie est dévoilée au public lors de l'inauguration de l'aérogare, le 24 février 1961, par le général de Gaulle.

Lurçat n’est guère satisfait du rendu et juge la tenture de taille trop modeste. Henri Vicariot lui commande alors une suite composée de deux tapisseries plus étroites mais d’égale hauteur, également tissées par l'atelier Tabard.

Achevés en juillet 1962, le Fragments II (2,40 x 3, 65 mètres) et le Fragment III (2,40 x 2, 35 mètres) viennent compléter le décors du restaurant.

Les trois tapisseries sont ensuite installées dans le Grand salon de deuxième pavillon d'honneur du terminal. Après la destruction du deuxième pavillon les trois pièces de la tapisserie n'ont pas été réinstallées. Elles sont toujours conservées par le Groupe ADP.

La tapisserie des Trois Soleils a été présentée lors de la rétrospective sur Jean Lurçat organisée par le Mobilier national: Jean Lurçat (1892-1966): Au seul bruit du soleil, (Paris, Mobilier national, 4 mai - 18 septembre 2016). Elle a fait l'objet d'une notice dans le catalogue de l'exposition.

Les trois pièces de la tenture ont été restauré par l'entreprise Chevalier Conservation en septembre 2002, (numéro de dossier 129674).

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle
    • Secondaire
  • Dates
    • 1961, daté par source
    • 1962, daté par source
  • Lieu d'exécution
    Commune : Aubusson
    Édifice ou site : Aubusson
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Lurçat Jean
      Lurçat Jean

      Peintre céramiste, cartonnier.

      Lorrain d’origine, Jean Lurçat est l’élève de Victor Prouvé à Nancy. Il est blessé pendant la Première Guerre mondiale. Antimilitariste et compagnon de route du parti communiste, il fréquente dans les années 1920 les cercles surréalistes. Parallèlement à son œuvre peint, il commence à réaliser des tapisseries.

      En 1937 la manufacture des Gobelins lui commande une tapisserie, Les Illusions d’Icare (2,5 m x 4,8 m, tissée de 1937 à 1939). Elle est offerte par le président de la République Vincent Auriol à la reine Juliana des Pays-Bas en 1947. En 1938 il découvre la Tenture de l’Apocalypse (6 m x 100 m ; 140 m à l’origine, tissée vers 1375, château d’Angers). C’est pour lui une révélation, à partir de cette œuvre il va renouveler la technique de la tapisserie en mettant au point un langage technique fondé sur une palette réduite et un tissage à large point. Cette technique plus simple et moins coûteuse permet de relancer la tapisserie en France.

      Après la guerre, il reçoit des commandes prestigieuses, comme Le Vin (4 m x 10 m, tissée en 1947 à l’Atelier Tabard à Aubusson, musée du Vin de Bourgogne à Beaune) commandée par la Ville de Beaune ou La Rose et le Colibri, commandée par la manufacture des Gobelins en hommage à l’amitié franco-brésilienne (4 m x 10 m, tissée de 1955 à 1957). Jean Lurçat est le « rénovateur de la tapisserie » au XXe siècle. Il a remis celle-ci au goût du jour dans les années 1950.

      Le Mobilier national lui a consacré une grande exposition monographique en 2016.

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      auteur du modèle
    • Auteur :
      Atelier Tabard (1869 - 1983)
      Atelier Tabard

      Les Tabard sont une très vieille famille de tapissiers : dès 1637, des membres de la famille se dédient à la production de tapisserie. Cependant, ce n’est qu’en 1869 que François Tabard, le grand-père, crée son atelier, duquel sort une production de second ordre. Son fils, Léon, qui reprend l’entreprise familiale, installée à La Terrade à partir de la fin du XIXe siècle, se fait déjà le porteur d’une volonté modernisatrice.

      Léon Tabard a ainsi posé les structures qui ont permis à son fils François de participer activement au renouveau de la tapisserie d’Aubusson dans la deuxième moitié du XXe siècle. En l’absence de descendance et de repreneur, l’Atelier Tabard a définitivement fermé en 1983.

      1937 constitue une année charnière pour l’Atelier Tabard : c’est le moment de la rencontre avec Jean Lurçat, qui va permettre de renouveler la production à une période où Aubusson prend conscience qu’un effort esthétique doit être fait pour relancer les ventes. Il ne suffit plus de produire des copies d’anciens mais de créer de nouveaux modèles.

      https://www.cite-tapisserie.fr/fr/ressources-th%C3%A9matiques/histoire-des-ateliers/l%E2%80%99atelier-tabard

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      atelier de fabrication

Vitrine de la France des Trente Glorieuses, la nouvelle aérogare d'Orly Sud est placée sous le signe du cosmopolitisme auquel répond la vision cosmique saturée d’or de la tapisserie élaborée par Lurçat.

La tenture Les Trois Soleils déroule sur une longueur de 9, 50 mètres une composition solaire bordée, dans sa partie inférieure, par un fleuve sinueux dans lequel nagent des poissons. Tantôt uni à un élément végétal, tantôt assailli par une nuée de papillons, tantôt accolé à la Tour Eiffel, l'astre solaire, répété trois fois, rythme l'espace pictural d'un jaune éclatant.

Macrocosme lumineux, la tenture des Trois Soleils forme un hymne à la vie où les puissances telluriques et astrales évoquent, de concert, les forces de l'univers.

Peu après son inauguration par le général de Gaulle le 24 février 1961, l'édition d'avril de La Revue de l'Ameublement consacre un article à la tenture de Lurçat. Pierre Masteau explique ainsi sa genèse:

"Pourquoi les Trois Soleils ? Orly est une plate-forme tournante, un lieu de rencontre où passent les voyageurs de toutes nationalités. C'est cela que Lurçat a voulu évoquer. Le titre primitif était Les Trois Races: la race blanche, la race jaune, la race noire." (in "Orly, Lurçat, les architectes et la propagande", La Revue de l'Ameublement, 4 avril 1961,p. 173).

Lurçat n'est guère satisfait par l'installation de la tenture jugée trop petite eu égard aux dimensions du mur. Henri Vicariot lui permet de faire réaliser une suite composée de deux tapisseries plus étroites mais d'égale hauteur: Les fragments II (2,40 x 3, 65 mètres) et III (2,40 x 2, 35 mètres), achevés en juillet 1962.

  • Structures
  • Matériaux
    • laine
  • Mesures
    • h : 240 cm
    • la : 950 cm
    • la : 235 cm
    • la : 365 cm
  • Précision dimensions

    Tenture constituée de trois tapisseries:

    - la tapisserie dite des "Trois Soleils": elle mesure 240 cm de haut par 950 cm de large.

    - la tapisserie dite Fragment II ou Orly n°2: elle mesure 240 cm de haut par 365 cm de large.

    - la tapisserie dite Fragment III ou Orly n°3: elle mesure 240 cm de haut par 235 cm de large.

  • Iconographies
    • astres, ornementation
  • Inscriptions & marques
    • marque d'atelier, sur l'oeuvre
    • inscription concernant le fabricant
    • inscription concernant le lieu d'exécution
    • inscription concernant une restauration
    • inscription concernant l'auteur
  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
  • Précision état de conservation

    Intervention par Chevalier Conservation en 2002.

Bibliographie

  • NAFFAH-BAYLE Christiane, "Les Trois Soleils", in cat. expo. : Jean Lurçat (1892-1966) : Au seul bruit du soleil, 2016, p.248-250.

  • Jean Lurçat (1892-1966) : Au seul bruit du soleil, Paris, Mobilier national, 4 mai - 18 septembre 2016.

Périodiques

  • MASTEAU Pierre, "Orly, Lurçat, les architectes et la propagande", dans Revue de l’ameublement, mars 1961, p. 173-175.

  • LURCAT Jean, "Une lettre", in Revue de l'ameublement, mai 1961, p. 147-149.

  • MASTEAU Pierre, "Jeunesse et séduction de Jean Lurçat", in Revue de l'ameublement, mai 1961, p. 151-155.

Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2015, 2020, 2021, 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Damm Paul
Damm Paul

Conservateur en chef du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Île-de-France.

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Vidal Manon
Vidal Manon

Stagiaire dans le service Patrimoines et Inventaire de la Région Île-de-France en 2015.

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Imatte Sarah
Imatte Sarah

Stagiaire dans le service Patrimoines et Inventaire de la Région Île-de-France en 2016.

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