Dans les années 1930, l’hôtel de ville de Vincennes n’est plus adapté à la taille de la population, qui a doublé depuis sa construction en 1891, atteignant 46 000 habitants. Le maire Léon Bonvoisin en entreprend donc l’agrandissement selon le projet et les plans d’Henri Quarez et de Gustave Lapostolle. Les architectes communaux ont la lourde tâche de réaliser - avec succès - la fusion du nouveau et de l’ancien bâtiment. Ils inaugurent un chantier moderne et remarqué (1) où le béton est largement utilisé tant pour les fondations que pour l’ensemble des structures intérieures. Si le respect du style de l’édifice ancien s’affiche sur les nouvelles façades, le parti adopté pour les décors s’inscrit résolument dans le mouvement Art déco alors à la mode.
Au sein de ce nouveau complexe, une salle des fêtes est créée, comprise et conçue dans un vaste ensemble qui inclut le majestueux escalier d’honneur, à deux volées droites, et la monumentale coupole vitrée, pièce maîtresse du bâtiment. Au deuxième étage, une « galerie de pourtour [pouvant] former promenoir » (2) achève la création d’un espace de transition digne d’un grand théâtre. Les revêtements au sol, richement colorés, à l’emblème de la ville, sont dus à aux établissements Gentil et Bourdet, dont les créations ornent nombre de théâtres.
Ce nouvel espace d’apparat aux dimensions imposantes impressionne les visiteurs dès le palier. Les trois grandes portes d’entrée, surmontées de magnifiques impostes en bronze réalisées par les ateliers Brandt, célèbrent la Poésie, la Danse et la Musique et rappellent l’usage des lieux. A l’intérieur de la salle des fêtes le sculpteur Georges Saupique orne les dessus de portes et fenêtres d’allégories du Commerce et de l’Industrie encadrant les armes de la ville. L’Instruction et le Travail sont représentés par des scènes de calculs, de lecture et d’apprentissage. Les portes d’entrée sont magnifiées par trois loggias qui dominent l’espace, formant tribunes pour accueillir musiciens et invités de prestige. A cette profusion de décors sculptés s’ajoutent, sur les retombées du plafond, des peintures sur toiles marouflées, évoquant l’histoire de Vincennes et de son château. Ce riche programme décoratif orchestré par Alexandre Urbain, maître d’oeuvre, est le fruit d’un concours organisé en 1937 (3) Pour ce lourd chantier, achevé en 1942, le peintre s’adjoint la collaboration de quatre artistes de renom, Georges d’Espagnat, Fernande Cormier, Paul Delormoz et Jean-Jacques Rigal. Un éclairage, composé de rampes indirectes dissimulées dans les corniches et de douze grands lustres en cristal réalisés par les cristalleries de Baccarat permet une diffusion subtile de la lumière électrique et la mise en valeur de l’ensemble des décors.
Depuis 1999, la salle des fêtes est protégée au titre des Monuments Historiques.
(1) GOISSAUD, Antony, « Agrandissement de l’hôtel de ville de Vincennes », La Construction moderne, 5 mai 1935, p. 688
(2) Ibid., p. 691
(3) Pour le détail des résultats de ce concours, voir notamment 2°- Salle des fêtes. S. l., n.d., in Archives départementales de Paris, fonds de la direction des Beaux-Arts et de l’Architecture, cote VR 570