Dossier d’œuvre architecture IA92000562 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, lieux de spectacle 1910-1940
Salle des fêtes (Issy-les-Moulineaux), actuel Palais des Arts et des Congrès Charles Aznavour
Œuvre monographiée
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France - Issy-Est
  • Commune Issy-les-Moulineaux
  • Adresse 25 avenue Victor Cresson
  • Cadastre 2022 AG 152
  • Dénominations
    salle des fêtes
  • Genre
    communal
  • Appellations
    Maison du Peuple (ancienne), Conservatoire municipal de musique et d'art dramatique (ancien)
  • Destinations
    salle de spectacle

En 1893, le quartier des Moulineaux, à l'Ouest d'Issy, vient compléter le nom de la commune. Affirmant ainsi son étendue territoriale le long de la rive gauche de la Seine, la jeune municipalité connait un développement rapide avec l’essor de l’industrie. Verrerie, briqueteries, brasserie, cartoucherie, manufacture de tabac, blanchisseries, imprimerie font croitre la population. Les essais des pionniers tel qu’Henry Farman attirent les foules de curieux et conduisent, au fil des années, à l’installation des premiers ateliers, puis usines, de construction aéronautique. La population double de 1921 à 1936, impliquant pour les édiles de la doter d’équipements administratifs et culturels. Ils lancent ainsi une politique de construction publique intense, à l’instar de Boulogne-Billancourt ou Courbevoie, incarnée par l’édification d’ambitieux hôtels de ville ou salles des fêtes.

En 1930, le maire Justin Oudin charge l’architecte Marcel Chappey de la construction du nouveau Théâtre municipal. Cet audacieux programme mixte (1) imbrique gymnase, salle de spectacle convertible pour les réunions et bals, « justice de Paix » (2) et douze autres espaces de réunion. La façade, quoique alignée sur l’avenue et mitoyenne, signale avec un certain faste l’échelle du projet. Percée de trois portes au rez-de-chaussée soulignées par un balcon-marquise, surmontées de grandes baies verticales à l’étage, puis terminée par un étage d’attique, elle affiche sa monumentalité. Les imposantes fenêtres en plein cintre du foyer de la salle de spectacle, ornées d’admirables grilles décoratives conçues par Raymond Subes, confèrent un aspect graphique et moderne à l’ensemble de la composition. Des mosaïques au blason de la ville, composé de petits moulins à vent surmontés d’un avion, ainsi que des motifs stylisés, allégories des arts, complètent cette façade d’inspiration classique, dont l’enduit aux tons roses, savamment élaboré « de béton coloré avec de la brique pilée » (3), imite « à la perfection le grès vosgien » (4).

La grande salle de 1500 places, « vaste agora couverte » (5), composée de quatre portiques de béton armé, a conservé sa large portée de 27 mètres et son ossature d’origine. En revanche, les panneaux en « frottis métallique brillant […] donnant l’impression de bois métallifié » (6), conçus par le décorateur Henri Rapin, ont disparu. Dans le foyer, accessible par un large escalier agrémenté d’une rampe en fer forgé signée Raymond Subes, un vitrail de dalles de verre et ciment est venu remplacer la verrière abstraite d’origine, oeuvre de l’atelier Barillet soufflée par une explosion lors d’un attentat dans les années 1960. Le sol d’origine du foyer, à damier de carreaux blanc et noirs et pointes d’or, a malheureusement été remplacé, comme les lustres Art déco de trois mètres d’envergure en métal nickelé qui l’éclairaient. Dans le hall du vestibule subsistent, de l’oeuvre du maitre-verrier, des panneaux noirs et blancs représentant des thèmes populaires et des scènes de commedia dell’arte.

Ayant connu bien des vicissitudes, devenu Palais des Arts et Congrès d’Issy (P.A.C.I.) en 1988, rénové depuis à deux reprises (en 2006 et 2018), le théâtre municipal d’Issy-les-Moulineaux, bien que remanié, constitue un jalon important dans l’évolution des salles de spectacle de petite couronne, lui valant une protection au titre des Monuments historiques.

(1) Le vitrailiste Louis Barillet la qualifie du « type d'un programme d'urbanisme moderne ». Voir BARILLET, Louis [interview], « Le vitrail », L’Amour de l’Art, 1932, p. 361

(2) Expression d’alors désignant l’actuel tribunal de petite instance.

(3) « Salle des fêtes à Issy-les-Moulineaux », L’Architecture d’Aujourd’hui, n°7, octobre-novembre 1933, p. 113

(4) SEE, Charles-Edouard, « Salle des Fêtes à Issy-Ies-Moulineaux », La Construction Moderne, 26 juin 1933, p. 590

(5) « Salle des fêtes à Issy-les-Moulineaux », op. cit., p. 115

(6) SEE, Charles-Edouard, op. cit., p. 587

Inscrite dans le tissu urbain, cette salle des fêtes se signale par son ordonnance, avec notamment trois porches à l'étage donnant sur un balcon, garnis de luxueuses ferronneries (incorporant des attributs en mosaïque de la musique et du théâtre ainsi que les armoiries d'Issy) et un pignon en pas de moineau. Un escalier monumental donne accès à un large foyer, puis à la salle de spectacle. Cette dernière présentait un aménagement d'origine faisant alors exception (tribunes latérales et panneaux métallisés), depuis disparu.

  • Murs
    • béton béton armé enduit
    • matériau synthétique en gros oeuvre appareil mixte
    • pierre appareil en damier
  • Toits
    béton en couverture, verre en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire symétrique
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • voile mince de béton, en béton armé
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour cage ouverte
  • Typologies
    salle à balcons lateraux seuls (1ère moitié 20e siècle)
  • État de conservation
    remanié
  • Techniques
    • ferronnerie
    • vitrail
    • mosaïque
  • Représentations
    • représentation figurative, sujet profane, scène profane, scène de genre, scène de la vie sociale
    • ornement géométrique, carré, dent de scie, entrelacs
    • ornement végétal, feuillage
    • ornement figuré, femme, homme
    • ornement en forme d'objet, instrument de musique, lyre, mandoline, masque de théâtre symbole des arts,
    • armoiries symbole régional,
  • Précision représentations

    Baies de l'étage noble décorées de ferronneries par Subes, comme le balcon qui lui sont afférentes. Chacune d'entre elles comprend un médaillon orné de mosaïques, comprenant respectivement des instruments de musique, le blason de la ville et des masques de théâtre.

    A l'intérieur subsiste un fragment des vitraux de Louis Barillet, représentant une scène de fête.

  • Mesures
    • Nombre de places : 1 500 personnes ((jauge initiale))
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public communal
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    élévation, pièce
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 2011/09/26
  • Précisions sur la protection

    Façade principale et toiture du massif antérieur, ainsi que hall et foyer : inscription le 26 septembre 2011.

  • Référence MH

Intérieur de la salle de spectacle complètement remanié.

Périodiques

  • « Salle des fêtes à Issy-les-Moulineaux (Seine) », L'Architecte. Paris, novembre 1933, n°11, p.140-143, pl.66

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • « Salle des fêtes à Issy-les-Moulineaux », L'Architecture d'Aujourd'hui. Boulogne-Billancourt, septembre-octobre 1933, n°7, p.112-116

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • BARILLET, Louis [interview], « Le vitrail », L’Amour de l’Art. Paris, 1932, p. 361

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • LADOUE, Pierre, « IV - Le Salon de la société des Artistes décorateurs - Architecture et urbanisme », L'Architecture. Paris, juin 1933, n°6, p.206

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • SEE, Charles-Edouard, « Salle des fêtes à Issy-les-Moulineaux », La Construction Moderne. Paris, 25 juin 1933, n°39, p.584-592, pl.153-156

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • ZAHAR, Marcel, « Raymond Subes », Art et Décoration. Paris, 1934, p.139-140

    Bibliothèque nationale de France, Paris
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel