Dossier d’œuvre architecture IA75000312 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, lieux de spectacle 1910-1940
Mogador (Paris, 9e arrondissement), théâtre
Œuvre monographiée
Auteur
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France - Paris
  • Commune Paris 9e arrondissement
  • Adresse 25 rue Mogador (de)
  • Cadastre 2022 AL 88
  • Dénominations
    théâtre
  • Genre
    d'artiste
  • Appellations
    Palace-Théâtre (ancien)
  • Destinations
    salle de spectacle

Le Palace Theatre, édifié pendant la Première Guerre mondiale à l’initiative du plus grand impresario anglais du moment, Sir Alfred Butt, constitue l’unique collaboration franco-britannique de la décennie 1910 en matière d’architecture théâtrale.

En 1913, Sir Butt, président général de la Société des music-halls parisiens et directeur de dix établissements à Londres, dont les célèbres Palace et Empire, souhaite doter Paris d’une salle spectaculaire digne des établissements d’outre-Manche (1). Il choisit une parcelle enclavée de la rue de Mogador, entre les Grands Boulevards et la rue de Clichy (2). L’ingénieur Germain Roth propose des plans qui sont refusés par le bureau prévention de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. La direction anglaise fait en conséquence appel à Bertie Crewe, ingénieur mondialement connu pour ses réalisations de salles de spectacles, ainsi qu'à Édouard-Jean Niermans. Crewe se charge des plans, et Niermans du chantier (3). Frank Matcham, architecte britannique de renom, inspire le projet. Ses réalisations comptent parmi les plus prestigieuses d’alors, et c’est naturellement que l’une d’entre elles, le Victoria Palace, que Sir Butt vient d’ouvrir à Londres, est choisie comme modèle.

« Paré des derniers perfectionnements » (4), jouissant d'une « belle ordonnance revêt[ant] l’aspect d’un véritable salon » (5), le Palace Theatre est impressionnant. La Grande Guerre retarde l’ouverture de l’établissement, qui a finalement lieu le 21 avril 1919 en présence du président américain Wilson, venu en France négocier les accords de Versailles, du Premier ministre britannique Lloyd George et d’Elie Bérard, ministre français de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Le spectacle d’inauguration « Hello Paris ! », célébrant l’Entente cordiale, rassemble sur scène des artistes internationaux et fait les gros titres. Ce succès initial se dément très vite par la suite. Sir Butt a vu trop grand : il abandonne le Palace Theatre, coûteux, difficilement rentable. Baptisée Mogador en 1920, la salle peine à trouver sa place au sein des établissements de spectacles qui se multiplient dans les Années folles. Malgré certaines parenthèses (gestion des frères Isola, puis de Varna qui en fit un des fiefs de l’opérette), les propriétaires se succèdent au fil des décennies, sans réellement considérer les lieux.

En 1981, un producteur artistique aguerri, Fernand Lumbroso, les investit, et charge l’architecte René Decaux de la rénovation totale du théâtre dans le respect de sa physionomie d’origine. En 2007, le dernier chantier de restauration d’envergure, confié à l’architecte Stéphane Millet, a permis de retrouver les couleurs et moulures d’origine. Mogador s’impose désormais comme une des salles de premier plan de la scène parisienne, s’affirmant depuis quelques années comme le temple des comédies musicales.

(1) « Le théâtre », L’Intransigeant, 28 juin 1913

(2) « Le théâtre – Un nouveau music-hall parisien », Gil Blas, 22 janvier 1914

(3) Les travaux ont connu des ralentissements. La commission supérieure des Théâtres se réunit à deux reprises et demandent des modifications. La Préfecture finit par donner son accord le 1er juillet 1914. Voir MIDANT, Jean-Paul, « Paris est une fête », Défense et illustration de l’architecture du spectacle, 1989-1990, p. 198-200

(4) Spectacles et concerts – Le Palace-Theatre », Le Figaro, 13 avril 1919

(5) « Au théâtre Mogador », Le Gaulois, 21 octobre 1920

La façade présente la particularité d’être revêtue de grès flammé blanc de la maison Doulton (Londres). Elle offre ainsi un étonnant chatoiement de reflets au soleil, marquant l'édifice aligné sur rue. Les étages des travées latérales sont légèrement en recul, mettant ainsi en valeur le centre de la composition, avec fenêtre monumentale et loggia. Le hall de forme allongée qui suit le porche offre un caractère néo-classique, renforcé par le décor du plafond, agrémenté de peintures. Le projet initial le reliait à un promenoir (1). Il permet d’accéder au théâtre proprement dit en fond de parcelle, et, par des escaliers latéraux, au bar-foyer de l’étage, fortement remanié. La salle est dotée d’un lanternon amovible et de deux balcons au large porte-à-faux, offrant une capacité de 1700 personnes (2). Les ornements de staff néo-classiques sont essentiellement cantonnés aux abords du cadre de scène (3) et à la coupole.

(1) Cette disposition, présente aux Folies Bergère et au Casino de Paris, a disparu lors de la destruction du promenoir, aujourd’hui transformé en salle de répétition et bureaux. Voir MIDANT, Jean-Paul, « Paris est une fête », Défense et illustration de l’architecture du spectacle, 1989-1990, p. 202

(2) Bertie Crewe y « apporte les solutions adoptées pour les très grandes salles de cinéma […] et les immenses music-halls londoniens » (ibid., p. 202-203)

(3) « Au théâtre Mogador », Le Gaulois, 21 octobre 1920

  • Murs
    • acier pan de métal
    • béton pan de béton armé
    • pierre petit appareil faïence
  • Toits
    béton en couverture, zinc en couverture, verre en couverture
  • Plans
    plan régulier en L
  • Étages
    2 étages de sous-sol, rez-de-chaussée, entresol, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • coupole
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • terrasse lanterneau
    • extrados de voûte toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • peinture
    • sculpture
    • décor stuqué
    • céramique
  • Représentations
    • représentation figurative, sujet mythologique, scène mythologique symbole des arts,
    • ornement architectural, ordre antique, ordre toscan, ordre ionique
    • ornement géométrique, grecque, postes, palmette, entrelacs, arabesque, rai de coeur
    • ornement végétal, feuillage
    • ornement figuré, figure fantastique humaine ou semi-humaine, humain fabuleux, figure engainée, cariatide, putto
    • ornement animal, animal, aigle
    • ornement en forme d'objet, trophée
  • Précision représentations

    Anges et muses ornant les peintures des plafonds et les stucs.

  • Mesures
    • nombre de places : 1 700 personnes ((jauge initiale, approximative))
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    élévation, salle de spectacle, coupole, vestibule
  • Sites de protection
    site inscrit
  • Protections
    inscrit MH, 1990/11/07
  • Précisions sur la protection

    Théâtre Mogador : inscription le 7 novembre 1990

  • Référence MH
Image non communicable

Bibliographie

  • « Théâtre Mogador », in LATOUR, Geneviève et CLAVAL, Florence. Les théâtres de Paris. Paris : Action artistique de la ville de Paris, 1991, p. 211-212

    « Théâtre Mogador (1913-1919) », in MIDANT, Jean-Paul. « Paris est une fête ». Défense et illustration de l’architecture du spectacle. Paris : Direction régionale des Affaires culturelles d’Ile-de-France, 1990, p. 198-205

    « Théâtre Mogador », in RAOULT, ?. Annuaire du théâtre. 1944-1945. Paris : Annuaires néo-techniques, 1945, p. 246-247

Périodiques

  • « Au théâtre Mogador », Le Gaulois. Paris, 21 octobre 1920

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • « Spectacles et concerts – Le Palace-théâtre ». Le Figaro. Paris, 13 avril 1919

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • SABBAH, Catherine, « La nouvelle jeunesse du théâtre Mogador », Le Moniteur des travaux publics et du bâtiment, Paris, 15 juin 2007, n° 5403, p.554

  • METTERNICH, Alain, « Théâtre Mogador », Connaissance des Arts. Paris : Société Française de Promotion Artistique, 2007, n°346 (hors-série)

    Bibliothèque nationale de France, Paris
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2022
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