Dossier d’œuvre architecture IA75000320 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, lieux de spectacle 1910-1940
Eldorado (Paris, 10e arrondissement), théâtre cinématographique de l', actuel Théâtre Libre
Œuvre monographiée
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France - Paris
  • Commune Paris 10e arrondissement
  • Adresse 4 boulevard Strasbourg (de)
  • Cadastre 2022 AX 24
  • Dénominations
    cinéma, théâtre
  • Genre
    d'entrepreneur
  • Précision dénomination
    théâtre cinématographique
  • Appellations
    Eldorado (ancien), Comedia (ancien)
  • Destinations
    salle de spectacle

Dans les années 1910, l’Eldorado est le café-concert le plus populaire de Paris. Depuis sa création en 1858, les artistes les plus célèbres s’y succèdent, « amusant la foule de leur monologue et de leur chanson » (1). Mais au début des années 1920, victime du succès du cinéma, le genre n’est plus à la mode. L’Eldorado périclite et perd son public. En 1933, Paul Dubreuil, architecte du Syndicat des directeurs de cinématographes, reçoit commande (2) d’un cinéma-théâtre en lieu et place du célèbre music-hall, doté d’une petite scène permettant d’accueillir des attractions entre les films.

Paul Dubreuil réalise un tour de force en achevant l’édifice en quatre mois (3), non sans résoudre des défis techniques de taille, aidé dans cette tâche par l’entreprise Hennebique, spécialiste du béton armé. En effet, à l’exception de la légère toiture métallique couverte de zinc, l’ossature du bâtiment est constituée entièrement dans ce matériau, désormais roi, qui permet de créer un évidement maximal par la mise en place de points d’appui très espacés. L’absence de piliers, que pallient les porte-à-faux et les encorbellements audacieux, offre ainsi une visibilité totale, que renforce astucieusement la convergence des murs vers la scène. Il en résulte une harmonie esthétique générale indéniable.

A l’extérieur, une façade décorative à chevrons saillants, ouvrage d’art en verre et porcelaine, servait d’affiche publicitaire aussi bien le jour que la nuit, lorsque les titres de films se déployaient en lettres lumineuses. Au revers, ornant le monumental hall d’accueil à galeries, un grand vitrail gravé représentait l’arrivée des Espagnols au Pays de l’Or (l’Eldorado), comme un hommage à l’ancien établissement détruit. Ce témoignage original d’architecture de verre a aujourd’hui disparu, remplacé par une simple verrière vitrée.

Fort heureusement, la salle a conservé son décor d’origine, filant la métaphore d’un pays de Cocagne imaginaire. Parmi les éléments remarquables, le plafond en staff suspendu s’impose comme une prouesse technique et une oeuvre ornementale. Sa forme de pyramide inversée, destinée à répartir le son, confère à la salle une excellente acoustique et diffuse un éclairage indirect subtil (4). La cadre de scène en claustra, constitué de boucliers blanc et or en staff, évoque les armées de conquistadors et la découverte de contrées mythiques. Il sert habilement à diffuser l’air pulsé du chauffage depuis la scène vers le fond de la salle selon un parcours original horizontal, et non vertical (des faux-plafonds vers le sol) tel qu’en usage habituellement (5).

(1) SEE, Charles-Edouard, « Le cinéma de l’Eldorado », La Construction Moderne, 4 mars 1934, p. 376. Voir aussi DELINI, Jules, « L’Eldorado est mort », La Rampe, 1er octobre 1932, p.7 et SALLEE, André; CHAUVEAU, Philippe, Music-hall et Café-concert. Paris : Bordas, 1985, p. 143-146

(2) Brézillon dirige depuis 1912 le Syndicat national des Cinématographes (MEUSY, Jean-Jacques, « Palaces et bouis-bouis », 1895, revue d’histoire du cinéma, numéro hors-série, 1993, p. 95). Il a été le commanditaire du Palais des Fêtes rue Saint-Martin et du cinéma Secrétan Palace rue de Meaux, tous deux à Paris.

(3) « Un café-chantant se fait cinéma », Comoedia. Paris, 10 février 1933

(4) SEE, Charles-Edouard, op. cit., p. 377 : « Le plafond de la salle a une forme destinée à répartir les sons en même temps que pour diffuser l'éclairage »

(5) Ibidem., p. 384. La revue souligne l’intérêt du procédé pour les salles de hauteur limitée.

La façade offrait une large baie en accordéon, décorée de vitraux et de porcelaines, aujourd'hui disparue. A l'origine un vaste hall-promenoir permet d'accéder à la salle et comporte une galerie qui dessert le premier balcon. Par la suite, le volume a été divisé en deux, la partie supérieure conservant une partie de ses dispositions initiales. Le théâtre-cinématographique, présentant un plan en éventail, est richement décoré de frises en staff par Léon Binet, artiste méconnu. A la fois éléments de décors et dispositifs techniques, le plafond suspendu et le cadre de scène frappent par leur aspect monumental et la pureté de leur ligne.

  • Murs
    • béton béton armé enduit
  • Toits
    zinc en couverture
  • Plans
    plan régulier
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 6 étages carrés, comble à surcroît
  • Couvrements
    • fausse voûte de type complexe
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • extrados de voûte toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier de type complexe cage ouverte
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour cage ouverte
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en maçonnerie
  • Typologies
    Salle en éventail (1ère moitié 20e siècle)
  • État de conservation
    bon état, remanié
  • Techniques
    • décor stuqué
    • sculpture
    • vitrail
  • Représentations
    • représentation figurative, sujet profane, personnage profane, portrait d'artiste symbole des arts,
    • représentation figurative, sujet profane, représentation dont le sujet principal n'est pas l'homme, paysage, paysage d'architecture, vue de ville
    • représentation figurative, sujet profane, scène profane, scène de genre, scène de la vie sociale symbole des sciences,
    • ornement architectural, ordre colossal
    • ornement géométrique, cercle, denticule, entrelacs
    • ornement végétal, fleur
    • ornement figuré, être humain, femme, homme, soldat
    • ornement animal, animal, boeuf, cheval, éléphant, gazelle, oiseau, poisson, animal fantastique
    • ornement en forme d'objet, bateau, instrument de musique, lyre, palette, pinceau, train
    • ornement cosmique, soleil
    • ornement a chiffre, hiéroglyphe
  • Précision représentations

    De part et d'autre de la salle en éventail, bas-reliefs de Binet stylisés suivant la mode de l'égyptomanie des années 1920-1930, panorama des symboles du monde technique et culturel des Années folles.

  • Mesures
    • Nombre de places : 1 500 personnes ((jauge initiale))
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    théâtre, cinéma
  • Sites de protection
    site inscrit
  • Protections
    inscrit MH
  • Précisions sur la protection

    Hall d'entrée et salle : inscription le 5 octobre 1981.

  • Référence MH

Façade remaniée.

Périodiques

  • « Un café-chantant se fait cinéma », Comoedia. Paris, 10 février 1933

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • SEE, Charles-Edouard, « Le cinéma de l’Eldorado », La Construction Moderne, 4 mars 1934, p. 376

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • DELINI, Jules, « L’Eldorado est mort », La Rampe, 1er octobre 1932, p.7

    Bibliothèque nationale de France, Paris
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel