Entre 1913 et 1916, la Société d'exploitation des appareils Rateau fait construire côté pair de la rue Lazare-Carnot (à l'est), un atelier de mécanique (n°1) pour la fabrication de pompes et de ventilateurs centrifuges. C'est toutefois le contexte de la Grande Guerre qui explique la construction rapide de l'usine. La société fondée par Auguste Rateau, théoricien et inventeur (spécialiste de mécanique des fluides, élu à l'Académie des sciences en 1918), fournit la sidérurgie française en turbo-ventilateurs, destinés dès le début du siècle à remplacer les pompes à pistons pour le soufflage des hauts fourneaux ou des cubilots. Participant à l'effort de guerre, Auguste Rateau élabore en outre un système de suralimentation interne des moteurs d'avion : ses turbo-compresseurs équipent ainsi le Bréguet XIV, utilisé pour survoler les lignes ennemies en altitude. En 1916 sont élevés, au nord de la première halle, les ateliers de mécanique (n°2, 3 et 4). De l'autre côté de la rue, le long bâtiment de l'assemblage (n° 6) et leurs magasins (n°7 et 8) sont construits en 1916-1917. Trois halles accolées abritant les opérations de chaudronnerie (ateliers n°9, 10 et 11) datent également de 1917. L'usine employait alors quelque 600 ouvriers et employés. Une extension est construite en 1930, côté ouest, en coeur d'îlot (n°12). Après la Seconde Guerre mondiale, l'entreprise décide de concentrer la production sur le site de La Courneuve (1947). L'usine est cédée à la Manufacture de quincaillerie F. Guitel et Etienne Frères réunis (ETF), qui choisit d'occuper les bâtiments situés côté pair de la rue, alors que la Société de construction de mobilier métallique (Mobilor) s'installe côté impair dès sa fondation en 1951. L'atelier d'outillage Mobilor (n°13), surmonté de bureaux, est alors élevé à la place d'une ancienne remise (n°5). Enfin, en 1954, la construction d'un vaste atelier de montage sur l'ancien parc à tôles, met un terme à la conquête des réserves foncières disponibles. D'importantes difficultés (la demande de mobilier scolaire s'épuisant) conduisent Mobilor à fusionner avec Guitel-Etienne en 1962. Dès lors, la fabrication de roulettes de Caddies assure la prospérité de l'entreprise. En 1974, l'usine emploie environ 250 ouvriers. L'activité de production cesse en 2001. Les bâtiments sont acquis par la commune du Pré-Saint-Gervais en mars 2005. Les travaux de démolition (à l'exception de quelques façades) et de construction de bâtiments neufs sont réalisés de 2012 à 2016 (voir l'introduction).
Conservateur en chef du patrimoine, en charge du patrimoine industriel, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.