Dossier d’œuvre architecture IA92002318 | Réalisé par
Philippe Emmanuelle (Rédacteur)
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Mercier Marianne (Rédacteur)
Mercier Marianne

Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques

Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France

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  • enquête thématique régionale
Lycée Galilée
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Philippe Ayrault, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune Gennevilliers
  • Adresse 79 avenue Chandon ,
  • Cadastre 2020 AM 465, 470, 472
  • Dénominations
    lycée
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, cantine

Tel un vaisseau spatial : le lycée Galilée de Gennevilliers

HISTORIQUE ET PROGRAMME

Un nouveau lycée, au cœur d’une opération de restructuration urbaine

Le 26 juin 1990, le Conseil régional d’Île-de-France adopte par délibération n° CR-26-90 un programme de rénovation concernant 302 lycées franciliens, qui intègre notamment la reconstruction du lycée Edouard Vaillant de Gennevilliers. Cette opération colossale, d’un coût total de 31 millions d’euros, mettra près de seize années à aboutir.

« Vétuste et dégradé »[1], l’établissement est en réalité une cité scolaire, comportant un CES, un lycée technique et un CET, édifiée en 1968 au lieu-dit de « l’Arbre Sec », sur l’emprise d’anciennes carrières de sable comblées[2]. Cette implantation, nécessitant l’emploi de fondations spéciales sur un sol meuble et fragile, a déterminé son aspect constructif. Aussi se compose-t-elle de quatorze bâtiments de faible hauteur, respectant la trame d’1, 75m rendue obligatoire par le Ministère de l’Education nationale en 1952 et d’une succession de préfabriqués démontables, disséminés sur une vaste parcelle de sept hectares, délimitée, au nord, par l’avenue Laurent Cély – une quatre-voies rapide conduisant à l’autoroute A86 - à l’est par la rue Paul-Vaillant Couturier et au sud, par la rue Chandon.

Cet îlot fait partie d’un ambitieux projet d’urbanisme élaboré par la Ville de Gennevilliers, « dans l’objectif de dynamiser le secteur en créant des emplois diversifiés et en accueillant des populations nouvelles »[3] : la Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) Barbusse-Chandon, instaurée en novembre 1991. Prévue pour être dotée de plus de six cents logements, de locaux d’activité, de bureaux, de services et de commerces, elle inclut dans son périmètre quelques équipements : une école maternelle et une école primaire associées à des centres de loisirs, un parc paysager à vocation sportive englobant un gymnase existant, un nouveau collège indépendant et le lycée, qui, après sa reconstruction, sera appelé à « devenir un élément important de la recomposition urbaine et de la nouvelle image du quartier »[4].

Une reconstruction soumise à de nombreuses contraintes

En 1993, l’établissement accueille 1115 lycéens, dont 794 en section polyvalente et 321 en section professionnelle. « Conçu comme un contenant » « à une époque où l’on construisait pour vingt ans »[5], les conditions de travail des élèves et des enseignants y sont particulièrement peu confortables. Ses locaux de technologie industrielle apparaissent obsolètes : « les ateliers sont de vastes halles, pensées pour permettre l’implantation de rangées de machines où chaque élève doit pouvoir s’initier aux gestes du métier. Cette conception est totalement inadaptée à l’enseignement technologique d’aujourd’hui, dont l’objectif est davantage désormais d’initier les élèves à un processus global de production et de leur faire acquérir une culture technologique où les supports de travail sont de plus en plus des machines-outils »[6]. Malgré cette inadéquation, le lycée de Gennevilliers constitue un pôle majeur de formation à la plasturgie en France – et le seul en Île-de-France. Son GRETA, fondé en 1972 en partenariat avec le lycée de Clichy, est l’un des plus performants du territoire.  

 En juin 1997, la Commission permanente du Conseil Régional autorise donc son Président, Michel Giraud, à engager la procédure de concours d’architecture et d’ingénierie pour la reconstruction du lycée.

 Celle-ci est engagée avec plusieurs contraintes :

-          L’établissement sera rebâti sur un terrain de 3, 55 hectares – soit la moitié de la surface de l’ancienne cité scolaire – libéré à l’angle de l’avenue Chandon et de la rue Paul-Vaillant Couturier, à l’est de sa localisation première.

-          Le chantier, en site occupé, devra se décomposer en trois phases : 1/ construction d’une première tranche du lycée sur cette partie libre 2/ construction d’une seconde tranche, comportant tous les autres éléments du programme, sur le reste de la parcelle, après la démolition complète des derniers bâtiments d’origine 3/ réalisation des aménagements extérieurs, devant permettre la livraison définitive de l’équipement.

-          La capacité d’accueil du lycée sera portée à 1152 élèves, répartis dans 43 sections (CAP, BEP, Baccalauréats, Baccalauréats professionnels et BTS). Outre des sections générales, il proposera des filières de formation spécialisées en chimie, plasturgie et génie des matériaux, dont les élèves représenteront près de 40 % des effectifs.

-          Les prescriptions urbanistiques émises par la commune de Gennevilliers devront être respectées : positionnement des masses bâties à l’alignement des voies, « marquage » de l’angle des rues Paul-Vaillant Couturier et Chandon, création d’une relation privilégiée entre le lycée et la coulée verte reliant l’église Saint-Jean-des-Grésillons à la nouvelle ZAC. Cette dernière se traduira par une continuité manifeste entre cet axe de composition majeur et le nouvel établissement[7].

 Après un avis d’appel à candidatures paru le 18 décembre 1997, six équipes d’architectes sont retenues pour participer au concours : Michel Rémon, Philippe Ameller-Jacques Dubois, Philippe Gazeau, Frank Hammoutène, Bical-Courcier-Martinelli et Jean-Pierre-Lott-Pierre Dubus. Ce sont ces derniers qui remportent la consultation, à l’issue d’un jury organisé le 13 février 1998[8].

Le lycée est inauguré le 10 novembre 2005 par Jean-Paul Huchon, le président du Conseil régional d’Île-de-France et Jacques Bourgoin, le maire de Gennevilliers, en présence de Jean-Pierre Lott et d’Alain Boissinot, le recteur de l’Académie de Versailles.

Il fait partie des premières expérimentations de la Région Île-de-France en matière d’écoconstruction, sur deux points : la gestion des énergies et la conduite d’un chantier vert[9].

 Héritage moderne, plaisir du dessin et variété des formes : Jean-Pierre Lott au travail

Né en 1962 à Paris, Jean-Pierre Lott se forme à l’Ecole d’Architecture de Marseille puis à l’UP8, devenue en 1986 l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville, dont il sort diplômé en 1988. De 1990 à 1999, il travaille en association avec Jean Dubus puis reprend seul la direction de l’agence, installée rue Coquillère, dans le quartier des Halles.

Elève de Jacques Lucan et d’Henri Ciriani, il partage avec eux une profonde admiration pour les maîtres modernes, en particulier Oscar Niemeyer, Alvar Aalto et Le Corbusier : « les architectures blanches marquent à jamais »[10]. C’est d’ailleurs par un hommage à Le Corbusier qu’il débute sa carrière, en édifiant avec Jean Dubus un spectaculaire immeuble-villas rue Marc Chagall, à la Porte d’Italie (13e arrondissement), à l’occasion d’un concours lancé en 1987 par la Régie Immobilière de la Ville de Paris pour fêter le centième anniversaire de la naissance de l’architecte suisse. Ce sera l’un de ses rares projets intramuros, car « décomplexée », son architecture « semble trop expressive pour Paris »[11] et peu adaptée à des programmes résidentiels. En revanche, elle s’exporte, en banlieue comme en province, où Jean-Pierre Lott développe une appétence pour les concours et la commande publique, qui lui permettent de réaliser de grands équipements, en particulier dans le domaine scolaire : université d’Evreux (1993-2002), Ecole Supérieure d’Ingénieurs en Electrotechnique et Electronique (ESIEE) d’Amiens (1993-2007), lycée international de Ferney-Voltaire (1998), CNED de Poitiers (2006), UFR de médecine et pharmacie de Nantes (2008), biopôle de Vandoeuvre-lès- Nancy (2010)…En 2003, il est nominé au prix de l’Equerre d’Argent, décerné par la revue Le Moniteur des Travaux Publics et du Bâtiment, pour la construction du collège Robert Doisneau de Clichy-sous-Bois.

Tous ces projets ont pour point commun de s’appuyer sur de nombreux croquis initiaux : « les modernes ont produit des choses incroyables. Etudiants, nous les regardions avec admiration. Ce que nous avons retenu d’eux : le plaisir du dessin. Il est important de pouvoir tracer une synthèse en quelques coups de crayon »[12]. Ces esquisses aboutissent, pas à pas, à la définition de formes complexes, qui se traduisent ensuite en plan. Cette quête formelle, « en plus de donner du grain à moudre », « décrispe le côté institutionnel de certains programmes » souligne Jean-Pierre Lott[13].

Le programme est effectivement « mis en miettes »[14], chaque bâtiment adoptant une configuration différente, qui est « généralement l’expression de sa fonction »[15] mais qui demeure géométrique et épurée. Les réalisations de Lott se reconnaissent ainsi à leurs courbes, leurs plans inclinés, leurs voûtes et leurs coques de béton immaculé. Moulé sur place, ce matériau privilégié par l’architecte lui permet de littéralement « construire ses dessins », tout en restant fidèle à leur abstraction première. Il présente également un autre avantage : « une fois la structure finie, le bâtiment est lui-même quasi achevé. Il n’y a ni bardage, ni bois, ni autre matériau dispendieux. Nous arrivons à tenir de cette façon une économie générale »[16].

« Au commencement de la réflexion, je teste d’abord le programme par rapport au site. Il y a ce qui reste, ce qu’on débloque. La deuxième phase consiste à se servir des potentialités du terrain pour développer des principes de composition qui donnent l’âme du projet »[17]. Pour Jean-Pierre Lott, chaque édifice génère son propre paysage : aussi s’attache-t-il à traiter l’environnement, afin de ménager les reculs et les respirations nécessaires pour développer les volumes souhaités et donner aux bâtiments leur pleine expansion.

C’est cette faculté à offrir des lectures différentes qui séduit le jury réuni pour la reconstruction du lycée de Gennevilliers[18] : conforme à la morphologie du lieu, qui, côté rue Chandon, présente un front urbain bâti continu et côté voie rapide, un vaste espace, le projet de Lott et Dubus oppose à des façades rectilignes, « un traitement plus libre et ouvert »[19] qui se fond dans la coulée verte.

Le programme pédagogique

 Prévu pour accueillir 1152 élèves, le lycée Galilée se compose de trois ensembles de locaux pédagogiques :

-          Une unité d’enseignement général ;

-          Un pôle scientifique, notamment pour la chimie et la biochimie, avec des laboratoires et en leur sein, des espaces aux normes ADF (anti-déflagration) exigeant des dispositifs de sécurité spécifiques ;

-          Un pôle industriel, principalement tourné vers les filières Plasturgie et Génie des matériaux, avec de vastes ateliers conçus pour accueillir des machines lourdes et encombrantes.

 A ces trois entités fonctionnelles sont associés :

-          Un CDI

-          Des locaux de vie sociale et scolaire

-          Un service de restauration

-          Des annexes

-          Neuf logements de fonction.

[1] Archives régionales, 1483 W 82-84, Hauts-de-Seine, Gennevilliers, lycée Galilée, jury de présélection des candidats architectes, note de présentation de l’opération, SEM 92, Jury du vendredi 13 février 1998, p. 1.

[2] Archives nationales, 1994 0591 20, Direction chargée des équipements, programmes industrialisés, Hauts-de-Seine,  Gennevilliers, cité scolaire, 1968. L’auteur de cette cité scolaire, réalisée dans le cadre des programmes industrialisés, était Jean-Claude Bernard, premier Grand Prix de Rome, associé à M. Auzolle, l’architecte de la commune de Gennevilliers.

[3] Archives régionales, 1403 W 159, Etude sur l’opération de reconstruction du lycée Edouard Vaillant de Gennevilliers, 2 novembre 1993, Quaternaire programmation, p. 3.

[4] Ibid., p. 4.

[5] Ibid., p. 6.

[6] Ibid., p. 7.

[7] Archives régionales, 1483 W 82-84, Hauts-de-Seine, Concours pour la reconstruction du lycée Galilée de Gennevilliers, rapport de la commission technique, juin 1998, p. 2. 

[8] Archives régionales, 1483 W 82-84, Hauts-de-Seine, Concours pour la reconstruction du lycée Galilée de Gennevilliers, rapport de la commission technique, juin 1998, p. 3. 

[9] LAURET-GREMILLET, Agnès (dir.), Ecorégion et lycées franciliens, dix ans de recherche environnementale appliquée, 1998-2008, Paris, Conseil régional d’Île-de-France, 2007, p. 18-19.

[10] HUGRON, Jean-Philippe, « Spoutniks et coques en stock », présentation de l’agence de Jean-Pierre Lott, [en ligne], consulté le 27 avril 2020. URL : http://jplott.fr/agence/jean-pierre-lott/

[11] HUGRON, Jean-Philippe, « Spoutniks et coques en stock », présentation de l’agence de Jean-Pierre Lott, [en ligne], consulté le 27 avril 2020. URL : http://jplott.fr/agence/jean-pierre-lott/

[12] Ibid.

[13] Ibid.

[14] AMOUROUX, Dominique, « Les lycées, une architecture d’intentions », 303 Arts, recherches et créations, n°62, 3e trimestre, 1999, pp.76-85.

[15] HUGRON, Jean-Philippe, « Spoutniks et coques en stock », présentation de l’agence de Jean-Pierre Lott, [en ligne], consulté le 27 avril 2020. URL : http://jplott.fr/agence/jean-pierre-lott/

[16] HUGRON, Jean-Philippe, « A l’école d’une économie des formes libres », Visite du groupe scolaire Romain Gary de Thiais (94), Le Courrier de l’Architecte, 31/10/2012 [en ligne], consulté le 27 avril 2020. URL : https://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_3715

[17] « Huit angles, huit façades », Album-photos du groupe scolaire Romain Gary de Thiais (94), Le Courrier de l’Architecte, 31/10/2012 [en ligne], consulté le 27 avril 2020. URL : https://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_3728

[18] Archives régionales, 1483 W 82-84, Hauts-de-Seine, Concours pour la reconstruction du lycée Galilée de Gennevilliers, rapport de la commission technique, juin 1998, p. 17.

[19] « Technique, par amour des formes – le lycée Galilée de Gennevilliers », La Construction moderne, n° 130, mai 2008, pp. 31-35.

DESCRIPTION

Implantation sur parcelle : « un bâtiment-paysage, à l’échelle du site »[1]

 L’établissement est implanté sur une parcelle quadrangulaire, adossée, à l’est, à la zone industrielle des Grésillons et à une quatre-voies rapide (l’avenue Laurent Cély) et à l’ouest, à un carrefour entre l’avenue Chandon, menant au centre-ville de Gennevilliers, et la coulée verte traversant la ZAC.

 Il est conçu comme un trait d’union entre la Seine, au sud, l’A86 et le parc urbain et sportif, au nord. « Lorsque j’ai visité le site, ce qui m’a le plus frappé, c’était le nombre impressionnant de fenêtres qui équipaient les bâtiments »[2] se remémore Jean-Pierre Lott, qui décide de rompre avec la morphologie typique des années 1960 - celle de barres linéaires percées d’ouvertures disposées sur une trame régulière.

Le nouveau lycée joue sur la diversité et la combinaison de formes variées et futuristes. Déployé sur 250 mètres de long, il est composé comme un véritable quartier, « alternant des immeubles discrets aux lignes épurées et des volumes monumentaux »[3] atypiques, aux échelles surdimensionnées.

Un plan lisible et délié

 Du côté des rues Paul-Vaillant Couturier et Chandon, le lycée se compose d’une succession d’immeubles implantés en équerre et à l’alignement des voies. De hauteur variable (RDC + 3, RDC + 4), leurs façades largement vitrées sont équipées de brise-soleils horizontaux en aluminium qui accentuent la linéarité de l’ouvrage. Ils abritent les classes spécialisées, les laboratoires de chimie et de biochimie (sur la rue Paul-Vaillant Couturier) et les salles de cours d’enseignements généraux (sur la rue Chandon).

L’articulation de ces bâtiments, à l’angle des deux rues, est marquée par une petite tour de logements, qui se caractérise par ses décrochements en forte saillie et ses murs-pignons quasi aveugles d’une blancheur éclatante. Sa verticalité apporte une rupture d’échelle bienvenue pour briser la trame régulière des élévations.

 L’entrée du lycée s’effectue par la rue Chandon, par un préau assurant le stationnement des cycles, précédé d’un vaste parvis et supporté par une colonnade de poteaux en forme de lys.

 Du côté de la coulée verte, une succession de volumes singuliers accueillent les fonctions communes et spécifiques :

-          Un hall demi-circulaire, pourvu de deux escaliers (l’un hélicoïdal et l’autre droit) conduisant aux bureaux de l’administration, au CDI et aux services pédagogiques, placés en mezzanine et desservis par une coursive périphérique.

-          Deux ateliers de plasturgie-génie des matériaux. Surmontés de deux voûtes-arcs en voile mince de béton, ces derniers s’apparentent à de gigantesques coques ou soucoupes posées sur le gazon. Ils donnent au nord-ouest sur des terrains de sport grâce à d’imposantes baies vitrées que rythment des menuiseries en aluminium anodisé, peintes en noir.

-          Une rue intérieure, sinueuse et ponctuée des mêmes poteaux s’évasant vers le haut.

-          Ce péristyle, dont les couleurs vives et primaires (noir, rouge, blanc) ne sont pas sans rappeler les réalisations de Le Corbusier (la villa Roche, par exemple), débouche sur le restaurant du lycée, dont la forme dynamique en éclair se développe sous un rampant de toiture à quarante-deux degrés.

Ce réfectoire vient clore l’extraordinaire paysage « onirique »[4] que constitue le lycée vu depuis la coulée verte : avec sa succession de formes géométriques en béton blanc et ses fenêtres-hublots, il se déploie tel un « paquebot »[5] ou un vaisseau spatial amarré à l’avenue Laurent Cély.

 Efficacité fonctionnelle et éclairage naturel

La clarté de l’organisation s’avère une préoccupation essentielle pour Jean-Pierre Lott et Pierre Dubus : « chacun, quand il entre dans un bâtiment, doit savoir en sortir. Il faut pouvoir appréhender du regard l’édifice dans son ensemble pour être rassuré »[6]. Les différents pôles du lycée sont très clairement identifiés, avec l’enseignement général positionné entre la partie sciences et la partie plasturgie-génie des matériaux. Les circulations sont fluides et généreuses et partent toutes du cœur névralgique de l’établissement : son hall monumental, point de passage obligé pour les élèves comme pour les enseignants et le personnel.

 " Le hall d'une école ne doit pas être le hall d'une école. Il pourrait être celui d'un musée ou d'une mairie. Il s'agit de ne jamais se restreindre à une fonctionnalité. Ces grands espaces suscitent l'intérêt visuel de ceux qui y vivent »[7].

Conçu pour créer un effet de surprise et de dilatation de l’espace, le hall du lycée Galilée happe immédiatement le visiteur à son entrée dans l’établissement grâce à sa voûte de béton armé de 90 mètres de portée, qui culmine à 20 mètres de hauteur. Si cette prouesse architecturale peut apparaître gratuite et hors de proportion pour un bâtiment scolaire, il n’en est rien : baigné de lumière naturelle - qu’elle soit zénithale (fentes verticales), latérale (baies vitrées et fenêtres-hublots) ou indirecte (coursives) - le hall permet, par effet de transparence, d’apercevoir l’ensemble du campus et d’en comprendre le fonctionnement.

Cette sensation de limpidité et de fluidité est décuplée par la simplicité des matériaux : ici, pas de faux-plafonds mais des sols lisses, en béton surfacé ou en résine, des murs simplement carrelés et peints en partie haute, des façades en béton brut recouvertes d’un enduit blanc.

Techniques et matériaux constructifs : le règne du béton moulé sur place

Si les bâtiments d’enseignement général et de sciences présentent une structure classique poteaux-poutres-refends porteurs, ce sont ceux à la silhouette plus singulière (comme l’accueil et les ateliers) qui ont nécessité le recours à la technique du béton moulé en place.

Le grand dôme d’entrée constitue un véritable « morceau de bravoure » : sa structure est composée d’arcs en béton, mis en œuvre selon trois rayons de courbure différents. Complétés par des poutres secondaires transversales, ils définissent l’enveloppe du volume. En cours de chantier, l’ensemble a été maintenu par un système temporaire d’étais et de haubans fixés à des tiges métalliques incorporées aux arcs[8]. La dalle de couverture finale, figeant le dôme dans ses proportions définitives, a été coulée du haut vers le bas et étanchéifiée par une résine méthacrylate de couleur blanche – une technique couramment utilisée pour parfaire le travail de finitions.

Réalisées selon un système constructif analogue, les voûtes des deux vastes ateliers constituent des ouvrages plus simples : deux-arcs voiles périphériques définissent le gabarit général de l’ouvrage. Ils supportent des poutres transversales sur lesquelles la toiture est coulée, suivant le procédé utilisé pour le hall.

Les modifications ultérieures

Facile d’entretien, le lycée n’a pas fait l’objet de modifications notables.

Au bout du terrain, du côté de l’avenue Laurent Cély, a été édifié un internat de 125 lits et de 3600 m2, qui a été livré à la rentrée 2016. Cette opération a fait l’objet d’une démarche Haute Qualité Environnementale (HQE) encadrée par la Région. Caractérisé par son bardage extérieur miroitant en panneaux de corian blanc satiné (résine acrylique + minéraux naturels dont aluminium), il a été conçu par Jean-Pierre Lott, lauréat d’un nouveau concours d’architecture lancé en 2012[9]. Ses façades changeantes reflètent le cœur de l’îlot.

 

[1] Ibid., p. 32.

[2] Ibid., p. 33.

[3] Ibid., p. 31.  

[4] « Technique, par amour des formes – le lycée Galilée de Gennevilliers », La Construction moderne, n° 130, mai 2008, p. 33.

[5] Ibid., p. 32.

[6] HUGRON, Jean-Philippe, « A l’école d’une économie des formes libres », Visite du groupe scolaire Romain Gary de Thiais (94), Le Courrier de l’Architecte, 31/10/2012 [en ligne], consulté le 27 avril 2020. URL : https://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_3715

[7] HUGRON, Jean-Philippe, « A l’école d’une économie des formes libres », Visite du groupe scolaire Romain Gary de Thiais (94), Le Courrier de l’Architecte, 31/10/2012 [en ligne], consulté le 27 avril 2020. URL : https://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_3715

[8] « Technique, par amour des formes – le lycée Galilée de Gennevilliers », La Construction moderne, n° 130, mai 2008, p. 31.

[9] Archives régionales, 3657 W 43, Hauts-de-Seine, construction d’un internat neuf au lycée Galilée de Gennevilliers, jury de concours, 1er février 2012.

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Couvrements
    • voile mince de béton
  • Couvertures
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier de type complexe en maçonnerie
  • Énergies
  • Jardins
    pelouse
  • Typologies
    ;
  • Techniques
  • Représentations
  • Statut de la propriété
    propriété de la région, Propriété du Conseil régional d'Île-de-France.
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections

  • Précisions sur la protection

    Label Architecture contemporaine remarquable (ACR) décerné en 2020.

Annexes

  • SOURCES
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Philippe Emmanuelle
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

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