Alors que leur ancienne chapelle de la rue Saint-Antoine avait accueilli la paroisse Saint-Paul-Saint-Louis en 1814, les Jésuites acquirent une nouvelle maison rue de Sèvres en 1821 qui devint leur résidence parisienne. Après leur disgrâce, qui dura de 1830 à 1847, les Pères réinvestirent les lieux, prévoyant une extension des locaux sur des terrains voisins achetés en 1854-1856. Le père M. Tournesac, chanoine du Mans et architecte, devenu jésuite en 1853, adepte du gothique et très apprécié par Viollet-le-Duc, se vit confier les chantiers des chapelles de l’Ordre, à Quimper, Amiens, Issenheim et rue de Sèvres à Paris. Il réalisa les plans de la résidence et de l’église parisiennes en s’inspirant, pour cette dernière, du chœur à sept pans du milieu du XIIIe siècle de la cathédrale du Mans ; la première pierre de cet important chantier fut posée le 17 octobre 1855, la direction des travaux étant assurée par le Frère Siebert. Manquant de ressources, les Jésuites s’adressèrent à de généreux donateurs parmi lesquels l’empereur Napoléon III. Le chantier s’achèva en 1858 ; l’église, inaugurée le 31 décembre 1858 et discrètement ouverte le 1er janvier suivant, acquit la réputation d’être la plus belle construction réalisée par les Jésuites en France au XIXe siècle et un exemple remarquable de style néo-gothique. La Compagnie de Jésus fut à nouveau dissoute en 1901 et la résidence fermée. Ce n’est qu’en 1938 que les Jésuites rachetèrent l’édifice ; celui-ci devint en 1961 église paroissiale sous le vocable de Saint-Ignace, remplaçant l’appellation « Chapelle des étrangers » utilisée jusqu’alors. Les réaménagements opérés en 1961 puis en 2001 pour installer la bibliothèque des Jésuites le long de l’église côté sud, entraînèrent la fermeture du triforium et l’obstruction de ses vitraux ; une ancienne photo montre l’état d’origine du chœur, notamment les verrières mixtes du triforium, abritant de grandes figures dans des compartiments entourés de vitreries ornementales de couleur. Les vitraux de la façade furent occultés en 1972 lors de la construction d’un immeuble d’habitation donnant sur la rue de Sèvres.
Les verrières, anonymes (Lusson ?), expriment dans un style on ne peut plus archéologique, les dévotions caractéristiques de la religiosité gallicane de la première moitié du siècle : les devises « PRO DEO » et « PRO REX » en témoignent ainsi que les thèmes représentés : Bon Pasteur, Sacré-Cœur, Vie de la Vierge, Vie et Mort de saint Joseph, évocation des Sacrements… ; les verrières ornementales de couleur diffusent dans la nef une lumière atténuée sans trop assombrir l’intérieur de l’édifice.
personne ayant travaillé au service de l'inventaire