Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.
Conservatrice au service Patrimoines et inventaire d'Ile-de-France
- patrimoine de la villégiature, villégiature en Île-de-France
- (c) Laurent Kruszyk, Région Île-de-France
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Ile-de-France
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Commune
Taverny
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Lieu-dit
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Adresse
allée des marronniers
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Cadastre
1832
E
4821, 4823
;
2022
BH
2
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Dénominationsmaison
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Précision dénominationmaison de villégiature
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Appellationschâteau de Boissy
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Parties constituantes non étudiéesferme, glacière, parc
L'existence de la ferme de Boissy est attestée dès la fin du XVIe siècle[1]. Plusieurs actes notariés permettent de retracer la succession des différents propriétaires au fil du XVIIe siècle[2] et fournissent quelques descriptions, dont la plus complète est celle du 2 février 1657, établie à l’occasion de la vente par Adrian Lecousse, contrôleur général des décimes en la généralité de Paris, à Jean Dubus, escuyer, gentilhomme ordinaire de la chambre de Monsieur : « une maison et ferme […] consistant en un grand corps de logis, gallerie en retour sur la fasse où il y a chapelle et une chambre, grange sur la porte de laquelle il y a vollière à pigeons, escuries, estables et bergeries, court, jardin, bois taillis derrière, clos de murs qui contient environ dix arpents. »[3].
Le plan d’intendance dressé en 1784[4] donne la première représentation de la ferme, composée de plusieurs corps formant un quasi-quadrilatère. Un acte de vente du 20 novembre 1788[5] mentionne l’existence, au sein de la ferme, d'une « maison bourgeoise appelée Boissy (...) précédée d'une longue allée d'arbres formant avenue », que l’on voit sur le plan d’intendance. L'acquéreur, Pierre Michel Broutin, chevalier commissaire du Roi pour la liquidation de la compagnie des Indes, réside à Paris et la ferme de Boissy est sa maison des champs, associée à un vaste terrain agricole.
Le domaine est à nouveau vendu en 1792 à deux prête-noms, l'un maçon, l'autre menuisier, qui l'acquièrent pour le compte de Jean Bruyère, négociant résidant à Paris[6]. Il en confie la construction à son frère, Louis Bruyère, ingénieur-architecte, formé à l'École des Ponts-et Chaussées. La maison est décrite par Louis Bruyère comme la première de ses maisons de plaisance dans son ouvrage Etudes relatives à l'art des constructions[7]. La date de la construction n'y est pas précisée. La maison a été réalisée entre 1804, date de l'établissement du plan par masses de culture par la Direction départementale des contributions directes et le cadastre de la Seine-et-Oise, et décembre 1816, date de sa mise aux enchères.
Louis Henri Joseph de Bourbon, prince de Condé, achète le domaine en 1816 et y séjourne pendant la restauration de son château de Chantilly. Il aime venir y chasser et il en modifie en partie les aménagements intérieurs. A sa mort, en 1830, il lègue ses propriétés de Saint-Leu et Boissy à Sophie Dawes, baronne de Feuchères, qui les met en vente dès 1833. C'est à cette occasion que, pour la première fois, Boissy est nommé château. Il est toujours accompagné de ses bâtiments agricoles et agrémenté d'un jardin anglais, d'un potager et d'un verger ainsi que d'un parc à l'anglaise.
Le domaine est acheté par un notaire parisien, Ferdinand Domain Lefèvre. Ses descendants, les Lefèvre-Pontalis, le conserve jusqu'en 2016.
[1] Cette notice doit tout au travail de Marianne Mercier, chargée de protection à la Conservation régionale des monuments historiques d’Île-de-France. Voir dossier de protection du domaine de Boissy, Direction régionale des affaires culturelles, 2019, p. 4. Un bail daté du 4 février 1594 pour la « maison et ferme de Boissy » au nom du sieur Terrier, laboureur à Taverny, est mentionné dans les notes de travail de Germain Lefèvre-Pontalis, ancien propriétaire de Boissy et éminent érudit. Ce document serait conservé aux archives des Condé à Chantilly.
[2] Documents rassemblés par la famille Lefèvre-Pontalis et rapportés dans le dossier de protection.
[3] Dossier de protection, p. 5.
[4] AD95, C3/10.
[5] Archives privées. Mentionné dans le dossier de protection.
[6] Régularisation du 23 janvier 1817 au nom de M. Bruyère, archives privées. Mentionné dans le dossier de protection.
[7] Louis Bruyère, Etudes relatives à l'art des constructions[7], VIIIe recueil, éditions Bance, Paris, 1828.
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Période(s)
- Principale : 1er quart 19e siècle , daté par travaux historiques
- Secondaire
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Auteur(s)
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Auteur :
Bruyère Louisingénieur des Ponts et Chaussées attribution par sourceBruyère Louis
Biographie établie par Marianne Mercier à l'occasion de l'instruction en protection Monument historique du domaine de Boissy à Taverny, novembre 2019 :
Né le 19 mars 1758, Louis Bruyère est issu d'un milieu de négociants lyonnais aisés. Il se forme à l'architecture et au génie civil en s'associant à la famille Perrache puis entre à l'École des Ponts-et-Chaussées en 1783 pour devenir ingénieur des Ponts-et-Chaussées. Nommé au Mans en 1786, il dirige des travaux routiers ainsi que la construction de ponts. En 1793, il abandonne sa carrière au sein de l'administration, il rejoint Paris et se consacre exclusivement à la peinture et à l'architecture. C'est au cours de cette période qu'il construit plusieurs maisons en périphérie parisienne. En 1798, il est nommé ingénieur ordinaire et, à partir de 1799, professeur de coupe des pierres et des bois à l'École des Ponts-et-Chaussées. À cette occasion, il fréquente Charles-François Mandar (1757-1844), qui enseigne l'architecture civile et la mécanique appliquée à l'art des constructions depuis 1796. À partir de 1802, il devient secrétaire du Conseil général des Ponts-et-Chaussées puis, en 1805, membre de la Commission mixte des travaux publics, commission chargée de se prononcer sur l'utilité des propositions de travaux en matière de génie militaire et de ponts et chaussées. En 1807, l'Empereur lui confie des recherches relatives au perfectionnement des communications navigables pour faciliter l'approvisionnement de Paris. Ces dernières aboutissent, entre autres, à l'étude du canal de dérivation de l'Ourcq et à la réalisation du canal de Saint-Maur, achevé en 1811. Il est décoré comme Officier de la légion d'honneur en 1808, puis nommé inspecteur divisionnaire des ponts et chaussées en 1809, et enfin maître des requêtes au Conseil d'Etat et directeur général des travaux de Paris par décret impérial du 13 janvier 1811. Il joue un rôle important dans les grands aménagements de Paris, supervise la construction de nombreux bâtiments publics en lien avec la réorganisation de l'approvisionnement de la capitale : abattoirs, marchés, l'entrepôt général des vins ou encore la Bourse. Il veille surtout à la distribution en s'appuyant sur l'adaptation aux usages. Il défend l'idée que c'est le programme qui prime avant toute chose et que ce dernier doit être défini précisément par l'administration dont il affirme le rôle de maître d'ouvrage. Imprégné de l'enseignement rationaliste porté par Jean-Nicolas-Louis Durand (1799-1801), notamment par sa réflexion sur les bâtiments publics à vocation utilitaire, Bruyère s'attache à la place des bâtiments publics dans les plans d'aménagement des grands programmes d'urbanisme. Il contribue à l'évolution du monument vers l'équipement, fondée sur l'analyse des fonctions urbaines. En 1815, il est nommé inspecteur général des Ponts-et-Chaussées. Il démissionne de ses fonctions à cause de la maladie en 1820.
Il consacre sa dernière décennie à la rédaction et à la publication du fruit de ses recherches dans Études relatives à l'art des constructions, Paris, Bance, 1823-1832 en 2 tomes. La Maison Bance est un éditeur-libraire spécialisé dans les ouvrages d'art et d'architecture à partir de 1790. Bruyère y explique sa démarche systématique de rationalisation du projet, à partir de combinaisons géométriques simples dans l'agencement des parties. En cela, il prolonge et amplifie l'enseignement de Jean-Nicolas-Louis Durand, dont il a étudié les cours dispensés à l'École centrale des Arts et Manufactures et à l'École polytechnique grâce à la publication du Recueil et parallèle des édifices en tout genre, anciens et modernes (1800) et du Précis des leçons d'architecture (1802-1805).
La carrière de Bruyère prend place dans la structuration d'une administration spécialisée constituée de services d'ingénieurs et d'architectes, dont les carrières s'inscrivent dans la grande entreprise de modernisation de la capitale dans la période post-révolutionnaire et toute la première moitié du XIXe siècle. Bruyère illustre le poids grandissant de sa génération d'ingénieurs des Ponts-et-Chaussées dans le progrès des techniques et dans la conquête de la rationalité, celle des plans et celle des procédés de construction, afin de réduire les coûts. C'est également au cours de cette période que sont créées une Direction des travaux d'architecture du Département de la Seine et de la Ville de Paris, une Direction des travaux publics de Paris et une Direction des Ponts-et-Chaussées de Paris sous la tutelle du ministère de l'Intérieur. Cette dernière est dirigée par Louis Bruyère. Aussi participe-t-il à la croissance du pouvoir municipal en matière d'urbanisme réglementaire et d'architecture publique, même si ce dernier est imbriqué avec la mainmise du pouvoir central, incarné par l'Empereur qui impose ses choix d'embellissements et de grands travaux publics pour la capitale.
Sources principales de cette notice :
- discours prononcé lors du décès de Louis Bruyère par l'ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées Henri Navier27
- Notice sur M. Bruyère, par M. Henri Navier, extrait des Annales des Ponts et Chaussées,Paris, 1833
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Auteur :
Une allée plantée de marronniers, formant avenue, permet d’accéder au domaine de Boissy. La maison s’en trouve cependant à l’écart. Construite à côté de la ferme préexistante, elle se dresse au milieu du parc.
De plan rectangulaire, surmontée d’une toiture à deux versants presque plate, elle est constituée d'un rez-de-chaussée contenant le vestibule et le départ d'escalier, et les pièces dévolues au service. Au-dessus s'élèvent deux étages, le premier destiné aux espaces de réception et aux chambres des maîtres, le second aux chambres d'amis et au billard, et un étage de comble. Les façades sont composées symétriquement. Les deux façades principales à cinq travées présentent un avant corps en léger ressaut, couronné d’un fronton triangulaire. De chaque côté, trois porte-fenêtres en plein cintre ouvrent sur un perron mis en valeur par deux volées d’escalier latérales. Ces deux façades présentent quelques différences. Côté ouest, le perron repose sur une arcade unique à arc surbaissé. Par celle-ci on accède au vestibule et à l'escalier d'honneur conduisant à la salle à manger. Le fronton a conservé sa baie serlienne. La façade est ne diffère que par la triple arcade à colonnes géminées, qui porte le perron, et par son fronton, dont la serlienne a été remplacée par une baie en arc surbaissé. Les façades latérales sont constituées de trois travées percées de fenêtres rectangulaires surmontées d'un fronton pignon.
Le bâtiment est entièrement recouvert d’un enduit à bossages continus simulés, et les angles sont traités en chaînage simulé. Ce parement n'est pas celui d'origine ; seuls les avant-corps étaient enduits au plâtre, le reste présentait un décor de fausses briques. Toutes les fenêtres disposent d'un appui composé d'une simple tablette reposant sur deux consoles. Une corniche à modillons court sur les quatre côtés et sur leurs frontons.
Un belvédère, qui ne figure pas sur les plans publiés par Bruyère, occupait près de la moitié du faîte du toit. Il a disparu à une date inconnue, après 1900, de même qu'un jardin d'hiver sur le flanc sud.
Le vestibule, au rez-de-chaussée, occupe, avec l'escalier, tout le flanc ouest du bâtiment. Deux massives colonnes à chapiteaux doriques ouvrent sur l'escalier d'honneur, constitué d'une première volée centrale scindée en deux volées en retour, conduisant au palier et à la salle à manger. Celle-ci, au sobre décor architecturé, ouvre, à l'ouest, sur trois porte-fenêtres donnant sur le parc, et à l'est sur le salon. Ce-dernier est la pièce la plus ornée de la maison avec son décor de faux marbre, ses pilastres cannelés, médaillons et corniche peinte et sculptée. Une chambre attenante, côté sud, a également reçu un décor peint néo-classique à l'antique.
Les anciens bâtiments de la ferme forment une cour fermée sur trois côtés, tout à côté du château, au nord. Une autre niche, au décor de brique et pierre, est située entre la ferme et le château. L'entrée de la glacière, complètement enterrée, se trouve tout près.
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Murs
- pierre enduit d'imitation
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Toitsardoise
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Étagesrez-de-chaussée, 2 étages carrés, étage de comble
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Élévations extérieuresélévation ordonnancée
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Couvertures
- toit à longs pans
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Escaliers
- escalier de distribution extérieur : escalier symétrique sur voûte, en maçonnerie
- escalier dans-oeuvre : escalier tournant en maçonnerie, cage ouverte
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Jardinsbois de jardin, massif d'arbres, clairière ornementale
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Techniques
- peinture
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Représentations
- feuillage, gland, étoile, dieux, déesses, Muse, arc, flèche, lyre, palmette
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Précision représentations
Le salon est peint en faux marbre jaune. Chaque mur est percé de trois arcades en plein cintre ornées d'un décor peint de feuilles de chêne et glands, et encadrées de pilastres cannelés. Des personnages antiques, dieux, déesses ou muses, sont peints en trompe l’œil, imitant le bronze, dans des médaillons placés sur les trumeaux. La corniche est constituée de modillons, à palmettes peintes, et d'une alternance de lyres et figures de Méduse également peintes.
La chambre, au sud du salon, est également peinte en faux marbre. L'alcôve est encadrée de médaillons octogonaux à personnages féminins à l'antique.
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Statut de la propriétépropriété privée
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Protectionsclassé MH, 2019
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Précisions sur la protection
Sont classées par arrêté du 19 juillet 2021 les parties suivantes du domaine de Boissy, situé allée des Marronniers, sur les parcelles n° 2, 3 et 4, figurant au cadastre section BH : la maison d’habitation principale en totalité, la maison du jardinier en totalité, la niche du chien en totalité, les façades et toitures des bâtiments formant le corps de ferme.
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Référence MH
- (c) Laurent Kruszyk, Région Île-de-France
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Documents d'archives
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Marianne Mercier, Dossier de protection monument historique du domaine de Boissy, Taverny
Bibliographie
-
Louis Bruyère, Etudes relatives à l'art des constructions, VIIIe recueil, éditions Bance, Paris, 1823-1828, 2 volumes, INHA cote Fol Res 275
-
Marianne Mercier, "Le classement au titre des monuments historiques d'un ensemble remarquablement conservé : le domaine de Boissy à Taverny", in Bornet et Guidoboni (dir.), Les Maisons de plaisance des environs de Paris du Grand Siècle au Second Empire, Rome, Editoriale Artemide, 2023.
pp. 205-212 -
Roselyne Bussière, Marianne Métais, Châteaux, villas et folies, Villégiature en Ile-de-France, Région Île-de-France, lieux-dits Editions, 2024,
Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques
Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"
Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France
Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.
Conservatrice au service Patrimoines et inventaire d'Ile-de-France
Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques
Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"
Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France