En 1965, dans un contexte de croissance démographique exceptionnelle, et afin de décongestionner la capitale et de maîtriser une urbanisation galopante, le Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région de Paris prévoit la création de cinq villes nouvelles en Île-de-France. La ville nouvelle de Cergy-Pontoise, au nord-ouest de Paris, doit être édifiée à l’emplacement de terres agricoles et intégrer la ville ancienne de Pontoise et le village de Cergy. La Mission d’aménagement de Cergy-Pontoise, dirigée par l’urbaniste et ingénieur Bernard Hirsch est chargée de l’établissement du plan directeur de la future ville dont l’urbaniste principal est Clément-Noël Douady. Les orientations principales du plan d’urbanisme sont dictées par une volonté de maîtrise de la croissance urbaine, de diversification de l’offre de logements et de régénération des agglomérations par l’implantation d’équipements publics, de commerces et de bureaux. Le centre-ville de Cergy-Pontoise doit ainsi accueillir des programmes mixtes, mêlant services publics, logements, commerces et loisirs, le tout étant édifié sur dalle afin de distinguer le cheminement piétonnier des voies de circulation, et servir de modèle au reste de la cité. La préfecture du Val-d’Oise est le premier bâtiment à sortir de terre, construite par Henry Bernard entre 1967 et 1970. Éminemment symbolique, cet édifice en forme de pyramide inversé doit donner le ton aux futures constructions en matière d’audace architecturale et d’esthétique de la modernité. Dans les années 1970, plusieurs édifices sont implantés sur la dalle afin de compléter l’offre du centre-ville : le centre commercial des Trois-Fontaines (Vasconi et Georgel arch., 1973), la tour EDF (Moro arch., 1976), un programme combinant piscine, patinoire et logements (Dubuisson arch., 1979) et enfin le centre administratif et culturel (Vasconi et Pencreac’h arch., 1979).
En effet, dès les premiers schémas d’urbanisation du centre-ville, la dalle couvrant la future gare doit réunir autour d’un parvis la préfecture, un centre commercial flanqué d’une patinoire et un centre culturel ainsi que des immeubles de logement devant refermer la place. En 1970, le programme est légèrement modifié, réunissant au sein d’un même programme les logements, deux équipements sportifs (une piscine et une patinoire), des bureaux et un hall d’informations sur la ville nouvelle, devant être construit sur le flanc ouest du parvis de la préfecture. La construction de cet ensemble est confiée par le Syndicat communautaire d’aménagement de Cergy-Pontoise à Jean Dubuisson (1914-2011), architecte premier Grand Prix de Rome spécialisé dans la réalisation de logements sociaux d’ampleur en région parisienne (notamment sur dalle avec l’opération Maine-Montparnasse à Paris, 1959-1964). Les plans du bâtiment sont mis au point en 1971 et la construction commence en 1973 pour s’achever en 1976. Aujourd’hui propriété de l’agglomération de Cergy-Pontoise, les deux équipements sportifs connaissent une importante métamorphose : la patinoire, fermée depuis 2016 au profit de la nouvelle Aren’Ice doit faire l’objet de travaux en vue de sa reconversion tandis que la piscine a fait l’objet d’un chantier de réhabilitation et d’extension en 2021 comprenant notamment la construction d’un bassin olympique extérieur, désigné site d’entraînement pour la natation lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Enfin, la piscine et l’immeuble de logements qui la surmonte ont été labellisés « Architecture contemporaine remarquable » en 2023 par le ministère de la Culture.
La piscine est édifiée au niveau du parc François-Mitterrand et accessible par le biais d’un patio au niveau -1 de la dalle de la préfecture. De volume rectangulaire, elle sert de socle à la barre de logements de trois niveaux qui la surmonte. La piscine est dotée de trois bassins et d’un plongeoir, le bassin sportif étant bordé de gradins s’étageant du rez-de-jardin au rez-de-dalle. Les bassins sont éclairés naturellement grâce à de larges baies vitrées donnant sur le jardin. Entre le toit-terrasse de la piscine et le plancher des logements, un vaste espace rythmé par les murs de refend de la barre est laissé libre, permettant la circulation horizontale des habitants. Cette coursive relie et unifie les différents volumes du programme conçu par Dubuisson. En effet, elle dessert également la barre de bureaux construite en retour d’équerre et la patinoire située à l’arrière de cette dernière pour aboutir enfin au centre culturel (actuel théâtre). Cet immeuble de bureaux, comptant cinq étages et des commerces en rez-de-chaussée, est édifiée en porte-à-faux afin de reproduire ce système de circulation extérieure à couvert. A l’arrière, la patinoire est abritée dans un volume bas édifié en béton et couvert d’une charpente métallique. La piste est éclairée naturellement par des lanterneaux en toiture et une verrière colorée courant en partie supérieure sur toute la longueur du bâtiment.
Les bâtiments de la piscine et de la patinoire du Parvis font ainsi office de transition urbaine entre le parc, la voirie et la dalle de la préfecture. Mettant à profit les différences de niveaux, ces équipements font partie intégrante du cœur de la ville nouvelle, dont ils sont des édifices structurants. Les immeubles de logements et de bureaux qui les surmontent tirent avantageusement parti de ces socles en créant un nouvel espace de circulation et en ouvrant la perspective depuis le parvis. Enfin, l’ensemble conçu par Dubuisson concourt à l’harmonie plastique du centre-ville, l’inclinaison de la façade des logements répondant à l’inclinaison inversée de la façade de la préfecture.