En 1967, la piscine de plein-air du lycée Michelet de Vanves est détruite. Construite entre 1876 et 1879 par Alfred Normand, il s’agissait de l’unique piscine de la commune, alors que la demande des administrés dans le domaine des équipements sportifs, en particulier aquatiques, est en constante augmentation. D’autre part, les années 1960 et 1970 connaissent une importante vague de constructions d’équipements sportifs tentant de rattraper le retard de la France en la matière, encouragée par des politiques gouvernementales ambitieuses. Alors que le secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux Sports propose, dès 1966, des plans-types agréés économiques et de mise en œuvre rapide, la municipalité vanvéenne opte pour un projet original dessiné par l’architecte parisien Pierre Bled. La piscine doit être édifiée en bordure du parc des sports André-Roche afin de compléter l’offre sportive. Sans tarder, les travaux démarrent dans le courant de l’année 1968. Pierre Bled décédant au cours du chantier, il est achevé par son collaborateur, Yves Lôtelier. En 1971, la piscine accueille ses premiers baigneurs. Depuis le début des années 2000, la piscine baptisée Roger-Aveneau a connu plusieurs phases de réhabilitation, en particulier entre 2018 et 2022 par l’atelier d’architecture Bm² (mise aux normes PMR, rénovation des vestiaires et sanitaires, rénovation des plages des bassins, ravalement des façades).

La piscine de Vanves se compose de trois bâtiments, bordant les pistes d’athlétisme du parc des sports. Le premier bâtiment, relativement bas, abrite l’accueil de la piscine, les vestiaires et les douches. Édifié en béton, il est revêtu d’un appareillage de pierres d’aspect traditionnel, contrastant avec la modernité affirmée par les baies en bandeaux en partie supérieure et le jeu géométrique de la couverture inclinée et du mur de béton débordant de la façade, marquant la séparation entre l’accueil et les vestiaires. Dans le prolongement de ce bâtiment, un second volume, plus haut, accueille le bassin d’apprentissage (15 x 10 m). Il est couvert d’une toiture mono-pente en voile de béton et mord légèrement en porte-à-faux sur le terrain du stade au nord. Deux des façades sont largement vitrées tandis qu’une troisième est élevée en remplissage de briques creuses, permettant l’absorption des sons. Le troisième bâtiment, abritant le bassin sportif (25 x 15 m), est édifié en retour d’équerre, relié au petit bain par un espace de solarium tourné vers le stade. Ce grand bassin, dont la façade ne cesse de surprendre, reçoit une couverture de poutres autoportantes à base de coques préfabriquées en béton précontraint. Ces dernières, prenant la forme d’une structure creuse en nid d’abeille, débordent de la façade afin de créer une galerie à couvert, soutenue par des piliers en sablier. A l’intérieur, le grand bain est éclairé latéralement par de généreuses baies vitrées aux menuiseries décalées. Répondant aux normes de compétition, le bassin est bordé par des tribunes sur toute la longueur, revêtues de carreaux de céramique, et par une galerie vitrée. Comme dans le bâtiment du bassin d’apprentissage, un mur en briques creuses est élevé afin de réduire la réverbération du son. Enfin, dès 1971, la piscine est dotée d’installations techniques innovantes logées dans le soubassement du bâtiment, en particulier le procédé de traitement de l'eau par ozonation limitant ainsi la quantité de chlore.

La piscine de Vanves est la plus ancienne et encore aujourd’hui la seule piscine municipale de la ville. Elle est particulièrement remarquable par sa conception technique mais également pour l’attention portée par les architectes à son originalité plastique. Les éléments préfabriqués en béton du grand bassin conférent à la façade une esthétique particulièrement graphique jouant sur les lignes brisées, les pleins et les vides, la massivité et la légèreté, qui marquent spécifiquement les recherches architecturales des années 1970.