Dossier d’œuvre architecture IA91001088 | Réalisé par
Damm Paul (Rédacteur)
Damm Paul

Conservateur en chef du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Île-de-France.

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Mess des officiers de Port-Aviation
Œuvre repérée
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Île-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Viry-Châtillon
  • Commune Viry-Châtillon
  • Adresse 80 avenue Baronne de Laroche
  • Précisions
  • Dénominations
    aérogare

Le début du XXe siècle voit les premiers vols d’engins à moteur, créant rapidement un contexte d’émulation entre des passionnés (aviateurs et constructeurs) partageant un rêve commun, celui de voler. Fondée en 1908, la Société d’Encouragement à l’Aviation souhaite construire le premier aérodrome complet de France (comprenant pistes et bâtiments) sur des terrains qu’elle possède à Viry-Châtillon.

Le complexe est construit par l’architecte Guillaume Tronchet (1867-1959), formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et Deuxième Second Grand Prix de Rome en 1892. Tronchet avait notamment fait sensation à l’Exposition universelle de Paris de 1900 à l’occasion de laquelle il présentait le palais des Forêts, Chasse, Pêche et Cueillette, le palais de la Navigation et du Commerce, ou encore le Cabaret, « La Belle Meunière ». Auteur de villas, pavillons ou équipements publics, le « port aérien de Juvisy » connu aussi comme Port-Aviation, peut être considéré comme l’une de ses premières réalisations, ainsi que comme le premier aérodrome du monde.

Les travaux de la piste de l’aérodrome, au bord de l’Orge, confiés à l’architecte Gabriel Voisin, s’achèvent à la fin de l’année 1908 et sont inaugurés dès le mois de novembre par l’aviateur Léon Delagrange. Ils sont suivis par celui des bâtiments du Port-Aviation dont la construction s’achève au cours de l’année 1909. Le premier meeting aérien est organisé le 23 mai 1909. L’ensemble comprenait, à l’origine, plusieurs bâtiments en plus des « champs de courses » qui ont été imaginés sur le modèle des hippodromes. L’élément central était constitué par une piste en ellipse de 4 km et la présence de gradins pouvant accueillit 7 000 spectateurs.

Bien qu’il soit le premier aérodrome de France, le lieu est malheureusement rapidement abandonné. Il est utilisé pendant la Première Guerre mondiale comme école d’aviation, mais l’instabilité du terrain contraint par des inondations régulières incite la Société à fermer Port-Aviation en 1919. Le terrain est alors divisé en parcelles, vendues à des propriétaires privés et progressivement loties dans les années 1920-1930. Aujourd’hui, il ne subsiste que le mess, édifice réservé aux officiers et sous-officiers et utilisé plus généralement en tant que salle commune. L’édifice, d’un plan irrégulier, est construit en pans de bois et possède, à l’intérieur, de vastes volumes ainsi qu’une mezzanine.

Propriété de l’Etat depuis 1983, le bâtiment était à l’abandon depuis plusieurs décennies. Labellisé « Patrimoine d’intérêt régional » (PIR) en 2019, il fait l’objet d’un programme de restauration sous l’œil protecteur de l’association de revalorisation du premier aérodrome organisé au monde de Port-Aviation.

  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1909, daté par source

Cinq ans après le premier vol des frères Wright aux Etats-Unis en 1905, la société d’encouragement à l’aviation, fondée en 1908 construit Port-Aviation à Viry-Châtillon en 1909. Ses membres font appel à un architecte, Grand Prix de Rome, Guillaume Tronchet (1867 – 1959) pour concevoir le premier port aérien organisé et pérenne du monde. Il est destiné à recevoir des aviateurs et leurs aéroplanes, des écoles de pilotage et surtout à accueillir le public à l’occasion de meetings et fêtes aériennes.

 

Port-Aviation n’était pas un aérodrome au sens moderne actuel, mais un champ de courses pour les avions, conçu sur le modèle des hippodromes. Les aéroplanes effectuaient des tours dans l’air au-dessus de ce terrain rond, devant de nombreux spectateurs, installés dans des tribunes. L’aviation naissante était alors considérée comme un sport pour « illuminés ».

En 1909, les avions ne volaient qu’à une dizaine de mètres au-dessus de sol et commençaient seulement à prendre des virages. Port-Aviation est, au temps de son apogée, un lieu d’accueil des plus grands noms de l’aviation. Après sa traversée de la Manche, Blériot est reçu en héros à Port-Aviation. Roland Garros, Védrines, Delagrange et bien d’autres s’y affrontent. C’est aussi un site de records, d’essais, d’exploits et prouesses. Adolphe Pégoud y effectue le premier renversement d’un aéroplane en plein vol, avant de réaliser le premier « looping » de l’histoire.

L’ensemble bâti appelé communément « mess des officiers » de Port-Aviation reste l’unique témoignage des activités du champ d’aviation. Le « mess des officiers », se compose de trois bâtiments historiques. De 1909 à 1918, le bâtiment principal abrite un hôtel de réception et des bureaux. Pendant la première Guerre mondial il devient un mess des officiers lorsque les militaires anglais, français et belges investissent l’aérodrome. Ces bâtiments sont constitués d’une ossature de bois apparente, avec un remplissage en carreaux de plâtre grossier recouvert d’un enduit lissé et peint. La couverture, en tuile à l’origine, a été remplacée en bac acier. Le style architectural de l’ensemble est représentatif des constructions édifiées au début du XXe siècle pour les bâtiments liés aux activités ludiques ou sportives (champs de course, etc…).

Après la première guerre, différents propriétaire s’installent successivement dans le mess. En 1983, la commune achète l’ensemble, compte-tenu de l’intérêt historique qu’elle représente. Depuis, une réflexion est mené pour conserver et faire vivre cet ensemble qui témoigne de la place prépondérante qu’a occupée la France dans la conquête de l’air.

Bibliographie

  • BEDEI Francis, JOY Max, L’histoire de Port-Aviation, 1909-1919, Le Mée-sur-Seine : Amattéis, 1993.

Périodiques

  • FERRY Vital, "De Port-Aviation à Orly, (1909-1945)", ICARE, n° 233, juin 2015.

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Damm Paul
Damm Paul

Conservateur en chef du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Île-de-France.

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