Avec l'inauguration de la ligne de chemin de fer entre Paris et Rouen, en 1843 et l'implantation d'une gare sur le territoire des Mureaux, le village, quelque peu isolé, se transforme en un lieu de villégiature prisé des Parisiens en quête de vie au grand air et de loisirs nautiques, à peine à plus d'une heure de la capitale [1].

Au-delà de Triel, dans les Yvelines, la largeur de la Seine autorise la pratique de la voile. En 1893, le plan d'eau de Meulan-les Mureaux, où se dérouleront plus tard les premiers essais d'hydro-aéroplanes [2], retient l'attention du peintre Gustave Caillebotte, vice-président du Cercle de la Voile de Paris (fonction qu'il occupe depuis 1880).

Caillebotte est en effet en un yachtman passionné : dès 1879, il remporte des régates sur la Seine et devient même, à la fin de sa vie, un architecte naval réputé - cette passion finissant par prendre le dessus sur la peinture. En 1881, il acquiert une maison au Petit-Gennevilliers, sur la rive du fleuve située face à Argenteuil, où est alors implanté le Cercle de la Voile de Paris. Il en fait peu à peu sa résidence principale. Fasciné par la technologie et la vitesse, il dessine des yachts performants et élégants.

La construction du pont-aqueduc de Colombes (1893), à la fois routier mais permettant également l'évacuation des eaux usées de Paris vers la station d'épuration d'Achères, coupe le plan d'eau d'Argenteuil en deux, le rendant peu à peu impraticable. Caillebotte propose alors que le Cercle de la Voile de Paris s'installe aux Mureaux, dont la façade fluviale rectiligne courant sur plus de sept kilomètres est bien orientée dans le sens des vents d'ouest dominants [2].

Caillebotte dessine alors les plans du club-house, sur lequel est apposée la date de 1858 - c'est-dire celle de la fondation du Cercle de la Voile de Paris - mais dont la construction est entreprise en 1893 pour s'achever en 1894.

Grâce à ces installations, progressivement agrandies, le Cercle de la Voile organise aux Mureaux les épreuves de voile dédiées aux plus petits bateaux (moins de dix tonneaux) des Jeux Olympiques de 1900 et 1924.

Le site, devenu mondialement réputé, accueille en 1929 la boat-house du Yacht-Club d'Île-de-France, au style résolument Art Déco, qui abrite encore aujourd'hui des embarcations historiques, comme le "Porc Epic", monotype de Chatou construit en 1909 et classé [3].

[1] FERRET, Bruno, Les Mureaux : de la Seine à l’espace, Toulouse, éditions Privat, 2018, p. 59-60.

[2] ROOSS, Gérard, Histoire de l'aéronautique aux Mureaux, 1912-2002, Saint-Ouen-l'Aumône, 2002, p. 9.

[3] BUSSIERE, Roselyne, PIERROT, Nicolas (dir.), Terres de Seine : paysage et patrimoine au cœur des Yvelines, collection Patrimoines d’Île-de-France, Région Île-de-France / Lyon, Lieux-Dits, 2022, p. 55-56.