• enquête thématique régionale, Architectures du sport en Ile-de-France
Piscine de la Butte-aux-Cailles
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Île-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune Paris
  • Adresse 5 place Paul-Verlaine
  • Cadastre 2023 ED 113Informations d'accès en transport en commun : Métro 6 - Corvisart / Métro 7 - Tolbiac / Bus 57, 67 - Verlaine

À la faveur de la présence d’un puits artésien foré dès 1866 et fournissant une eau à 28 degrés jaillissant au sommet de la Butte-aux-Cailles, la Ville de Paris envisage en 1898 la création d’un établissement balnéaire. En 1909, sont inaugurées 30 cabines de bains-douches. Dix ans plus tard, face au manque de piscine dans la capitale, l’architecte-voyer de la ville et architecte du Salon de l’Art nouveau de 1895, Louis Bonnier (1856-1946) est chargé d’agrandir les bains-douches et d’y adjoindre un bassin de natation.

Pour ce faire, Bonnier s’appuie sur des études réalisées sur les dernières piscines aménagées dans l’est de la France, en Belgique et en Allemagne. Tenant compte de leurs observations, il remodèle son projet et agrandit la taille du bassin à 33,33 m. De nombreux problèmes sont à résoudre, à l’instar de l’étroitesse de la parcelle ou encore du bâtiment de bains-douches auquel celui de la piscine doit s’accoler. La piètre qualité du terrain également requiert des fondations spéciales. Il faut en outre parer à l’indiscipline des baigneurs et disposer cabines, douches et pédiluves – dans lesquels ils rechignent au début à se rendre – de manière à rendre leur passage obligatoire et inévitable. Le nouvel établissement de la Butte-aux-Cailles est inauguré le 4 mai 1924, après trois ans de travaux. Inscrit au titre des Monuments historiques en 1990, réhabilité en 1991, il est restauré en 2014.

Dans la revue L’architecte, Bonnier s’explique en 1925 sur sa construction : « deux entrées distinctes ont été prévues : une pour le service des douches, l’autre pour la piscine ; elles sont séparées par un contrôle commun ». L’organisation de la façade principale doit rendre visible ce plan. Côté piscine, deux circuits indépendants mènent, l’un à la tribune des spectateurs située à l’extrémité du bâtiment ; l’autre, aux vestiaires, douches et bassins. À droite de la grande nef de natation, le « hall de déshabillage » avec cabines ; à gauche, les douches. Côté bains-douches, se trouvent la « salle de propreté », celle des groupements sportifs et scolaires et le service médical.

Premier exemple de ce type et déterminant la norme des piscines à venir, le bassin de natation est une cuve indépendante du reste de la construction, portée par une soixantaine de piliers. Le bassin est couvert par une voûte portée par sept arcs en plein cintre de béton armé et éclairé par la lumière du jour arrivant par les coupoles en dalles de verre, les fenêtres percées au-dessus des arcs et les grands tympans vitrés.

Afin de « donner une sensation de netteté et de propreté », le sol et les murs sont recouverts de céramique blanche, avec quelques rehauts de couleur. La céramique bleue du bassin doit permettre de détacher « en blanc le corps des nageurs ». Comme le pédiluve n’est guère apprécié des utilisateurs, Bonnier fait inscrire dans la mosaïque : « salaud qui salit l’eau ». À l’extérieur, le bâtiment est reconnaissable à son parement de briques rouges. Économie, résistance, facilité d’usage, expression artistique sobre : voilà à quoi répondent les matériaux choisis pour cette construction.  

Au début pointée du doigt par certains comme étant la « risée du monde architectural et sportif », la piscine de la Butte-aux-Cailles demeure finalement le chef-d’œuvre de Louis Bonnier. Il met ici en place, pour la première fois en France, la séparation des cabines de l’entrée du bassin par la « salle de propreté ». La facilité d’entretien et la solidité des matériaux, l’aération abondante du bâtiment, l’isolation efficace et la distribution font de cet établissement un modèle de commodité. À cela s’ajoute le style particulier de Bonnier, subtil mélange entre rationalisme constructif faisant la part belle à l’Art Nouveau, goût régionaliste et fantaisie imaginative.

  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Protections
    inscrit MH, 1990/07/31
  • Précisions sur la protection

    En totalité.

MH ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024
(c) La Manufacture du Patrimoine
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel