• enquête thématique régionale, Architectures du sport en Ile-de-France
Palais omnisports de Paris-Bercy, aujourd'hui Accor hôtels Arena
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton aire d'étude de la région Ile-de-France - Paris
  • Commune Paris 12e arrondissement
  • Adresse Boulevard de Bercy
  • Dénominations
    complexe sportif, salle de spectacle

Dans les années 1970, la Ville de Paris entame des réflexions quant à l’avenir du quartier de Paris-Bercy, consacré à l’acheminement, au stockage et au négoce du vin depuis le milieu du XIXe siècle et dont l’activité a totalement périclité dans les années 1950. Parmi les projets qui doivent voir le jour à la place des anciens entrepôts, la municipalité souhaite la construction d’un vaste complexe sportif polyvalent qui permettrait d’équiper le centre de Paris et qui puisse recevoir une importante piste cycliste afin de remplacer celle du Vélodrome d’Hiver, détruit en 1959. Un concours d’architecture est ainsi organisé en 1979. Son programme est relativement complexe : l’édifice doit pouvoir abriter 24 disciplines sportives (dont une patinoire et une piste cycliste) mais également des concerts de variétés et des opéras. La salle doit être modulable au gré des évènements, variant d’une capacité de 3 500 à 17 000 spectateurs. Seize équipes d’architectes sont mises en concurrence avant que ne soit désignée lauréate l’agence ANPAR, constituée par Michel Andrault, Pierre Parat et Aydin Guvan. Ces derniers s’adjoignent la collaboration de l’ingénieur Jean Prouvé, spécialiste des structures métalliques, qui conçoit la charpente. La construction du complexe sportif s’étale de 1980 à 1984, le projet étant modifié à de nombreuses reprises en raison de la multiplicité des intervenants (bureaux d’études techniques, entrepreneurs, scénographes, etc.) Le palais omnisports de Paris-Bercy (actuel Accor Arena) est inauguré le 3 février 1984 par le maire de Paris Jacques Chirac, à l’occasion de la course cycliste des Six Jours de Paris, course mythique qui n’avait plus eu lieu depuis la destruction du Vélodrome d’Hiver. L’édifice constitue ainsi le premier jalon du réaménagement du quartier de Bercy, suivi de près par la construction du bâtiment Colbert du ministère de l’Economie et des Finances (Paul Chemetov et Borja Huidobro arch., 1982-1989) et le chantier du parc de Bercy par Bernard Huet à partir de 1993.

Les architectes du palais omnisports de Paris-Bercy ont eu à cœur de s’intégrer dans le paysage du futur parc et affiche une monumentalité mesurée face à l’horizontalité de la Seine. Sur un parvis situé à 9 m au-dessus du sol et agrémenté d’un Canyoneaustrate, fontaines de Gérard Singer, l’édifice prend la forme d’une pyramide tronquée à la silhouette talutée, dont les façades inclinées sont recouvertes d’un tapis végétal. Cette solution horizontale permet de loger les services annexes autour de la salle omnisports sans trop élever l’édifice tout en évitant la construction de sous-sols, incompatible avec la nature du terrain et sa proximité avec la Seine. Ainsi, le palais omnisports couvre une emprise de 230 x 200 m et s’élève à 30 m de hauteur pour une superficie totale de 56 000 m². L’édifice est particulièrement remarquable pour la structure de sa charpente métallique en treillis bidimensionnel. Cette charpente est composée de poutres longues de 120 m et hautes de 4,80 m, dont la portée de 80 m constitue une prouesse technique. Les poutres sont portées par des consoles et se prolongent à l’extérieur de l’édifice, leur porte-à-faux servant de contrepoids. La charpente est portée par quatre piles circulaires de 6 m de diamètre et 30 m de haut en béton armé cannelé, espacées de 80 m. Outre son record de portée, cette charpente se distingue par son usage. Dans son épaisseur, le treillis métallique renferme tous les moyens techniques nécessaires à la manutention sur un réseau de 1,3 km, ainsi que les passerelles dédiées aux machinistes. Au sol, la salle est dotée de gradins mécanisés d’une capacité de 12 000 places et de gradins escamotables de 9 000 places, répondant ainsi à l’impératif de modularité du complexe. Sous les gradins, sont logés les salles d’entraînement, les vestiaires et les salles de presse tandis que les gradins escamotables enjambent la piste cycliste qui peut ainsi être recouverte ou découverte à l’envi. Si ces caractéristiques techniques de polyvalence ont fait la renommée du palais omnisports, son esthétique extérieure a fait couler beaucoup d’encre et agit comme un signal urbain dans le quartier. Sa composition joue sur la mise en valeur de matériaux bruts et colorés : les façades inclinées à 45° plantées de pelouse alternent avec les halls d’entrée éclairés par des verrières et des structures métalliques tridimensionnelles faisant écho à la charpente bleue. Pierre Parat indique à ce sujet : « Je reste convaincu que l’architecture est là pour créer des paysages. ».

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1981, daté par source
    • 1984, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur : architecte attribution par source
    • Auteur : architecte attribution par source
    • Auteur : architecte attribution par source
    • Auteur :
      Prouvé Jean (architecte)
      Prouvé Jean (architecte)

      Ferronnier de formation, « homme d’usine » selon son expression.

      Membre fondateur de l’UAM en 1929, c’est un des pionniers de la mise en œuvre du mur-rideau en France et de l’utilisation du métal pour le mobilier. En 1936, il réalise avec les architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods le pavillon du club Roland-Garros à l’aéro-club de Buc en Île-de-France (démonté en 1940), un des premiers bâtiments doté d’un mur-rideau en France. L’expérience acquise à Buc leur sert par la suite lors de la construction de la maison du Peuple à Clichy, en banlieue parisienne (1937-1939).

      Durant la Seconde Guerre mondiale, à cause de la pénurie d’acier, il commence à travailler avec de l’aluminium. Il sera l’un des premiers à utiliser ce métal pour la construction en France. Après la guerre, en 1952, alors qu’Air France équipe son réseau d’escales d’hôtels et d’agences, Jean Prouvé reçoit la commande par la compagnie d’une unité d’habitation à Brazzaville (Congo). Il réalise celle-ci en collaboration avec Charlotte Perriand, avec qui il avait fondé l’UAM. Dans les années 1950 et 1960, il est régulièrement consulté pour la mise en œuvre de mur-rideau à grande échelle. Parmi ces projets on peut citer le Centre des nouvelles industries et technologies (CNIT, 1958) et la tour Nobel (aujourd’hui tour Initial, 1964-1966) de la Défense, le quartier d’affaire à l’ouest de Paris, ou le musée d’Art moderne André-Malraux du Havre (1958-1961).

      Jean Prouvé est une figure majeure du mouvement moderne en France. Formé dans l’esprit de l’école de Nancy, dont son père Victor était un des principaux membres, il poursuit dans son œuvre et dans sa participation à l’UAM le projet esthétique de l’école, l’art total et l’art pour tous.

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      architecte, ingénieur attribution par source
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Bibliographie

  • Mandoul, Thierry, Sports, portrait d'une métropole, Paris, Editions du pavillon de l'Arsenal, 2014.

    pp. 303-309

Périodiques

  • "Palais omnisports Paris-Bercy"' dans La Construction Moderne, 1984, pp. 9-11.

  • "Palais omnisports de Paris-Bercy", dans Techniques et Architecture, 1984, n°353, pp. 103-109.

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2022, 2024