Dossier d’œuvre architecture IA75000335 | Réalisé par
Sol Anne-Laure (Rédacteur)
Sol Anne-Laure

Conservateur du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Ile-de-France.

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Py-Fauvet Constance (Contributeur)
Py-Fauvet Constance

En 2019-2020, stagiaire au service Patrimoine et Inventaire auprès d'Anne Laure Sol. Étudiante en Master 2 Histoire de l'Architecture, Paris I.

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  • enquête thématique régionale, ateliers d'artistes en Ile-de-France
Immeuble d'ateliers d'artistes
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Dénominations
    immeuble à logements
  • Genre
    d'artiste

Construite dans une zone connue sous le nom de « maquis de Montmartre », l’avenue Junot, initialement « avenue de la Tempête », aurait été percée entre 1910 et 1912. Intégré dans le quartier des Grandes Carrières, ce maquis, alors occupé par une population misérable, constituée de chiffonniers, artistes ou écrivains bohèmes, constituait un îlot isolé, encore épargné au début du XXe siècle par l’expansion urbaine de Paris. (ALBOU Philippe, DELORME Jean-Claude, TEK Marie-Amélie, REGNIER-KAGAN Nathalie, 36 avenue Junot, Etude historique et diagnostic patrimonial, 2018.) Le travail entrepris pour combler et foudroyer les anciennes carrières de gypse de Montmartre à la fin du XIXe siècle a facilité le lotissement de terrains encore attachés au souvenir de la Commune de 1870. Adolphe Thiers (1878-1938), homonyme du célèbre historien et homme d'État qui fut premier président de la 3ème République française, est propriétaire de plusieurs parcelles de l’ilot de terrain délimité par une partie de l’avenue Junot et la rue Simon-Dereure. Par le biais de sa propre compagnie de construction immobilière, la « Société Nationale de Construction », il est en même temps promoteur et architecte d’une partie des immeubles construits sur ce terrain. Influencé par le courant « art déco », il construit en 1928 cet immeuble collectif présentant une densité d'habitations importante, réparties autour de trois cours intérieures, et destiné à offrir des logements à loyers modérés aux artistes, sans pour autant les déclasser.

La construction de l’immeuble de l’avenue Junot est emblématique de cette époque charnière, lors de laquelle, aux exigences sociales pouvaient répondre les exigences artistiques et architecturales du maître d’œuvre. Un grand nombre d’architectes s’inscrit dans l’esprit du temps des années 1925, et sont fortement influencés par l’Exposition des Arts décoratifs qui entend renforcer le lien entre l’art et l’industrie, à l’exemple de l’Allemagne du Werkbund. Les préoccupations esthétiques et commerciales se rejoignent et les industriels du bâtiment perfectionnent les produits économiques réclamés par la situation, à savoir les doter de caractéristiques nouvelles et étendre leur emploi à des applications artistiques inédites. (SADDY Pierre, Montmartre aux artistes, Fascicule historique, Imprimerie de l'Office Public d'Aménagement et de Construction de Paris, Paris 1995.) Toutefois, la crise économique de 1929 et de la première moitié des années 1930 freine considérablement ces projets d’envergure.

Aujourd'hui, les ateliers ont été considérablement transformés pour devenir des appartements luxueux. L'immeuble n'abrite de fait quasiment plus d'artistes.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1928, daté par travaux historiques

L’architecte obtient en 1928, après trois ans d’attente, l’autorisation de construire cet immeuble collectif à destination des artistes, qui devient alors un des chantiers les plus ambitieux de sa carrière. (Archives de Paris, VO13 285, Permis de construire, 36 avenue de Junot – 14-18 rue Simon-Dereure.) Traversant du Nord au Sud une parcelle irrégulière, le projet architectural d’Adolphe Thiers propose de dresser parallèlement quatre bâtiments, quatre ailes, abritant à l’origine une cinquantaine d’habitations-ateliers. Trois cours intérieures se dessinent en creux, suivant la forme d’un trident. L’influence des « arts décoratifs » se traduit par un souci de la composition monumentale, symétrique, homogène, qui donne une lecture immédiate des effets recherchés. Les ateliers d’artiste sont éclairés par de larges baies, orientées vers le Nord, offrant une lumière forte mais sans chaleur, constante et homogène. La géométrie du terrain obligeant même par endroits à segmenter une aile afin de conserver l’orientation au nord. Thiers reprend cette unité typologique de base, où espace de travail et espace du logement sont constitués en duplex, en la répétant spatialement et en l’adaptant à l’irrégularité de la parcelle et au terrain. À l’entrée et à la cuisine, disposées au rez-de-chaussée, répondaient la chambre et la salle de bain, installées à l’étage. Cette reproduction par juxtaposition et superposition des ateliers ordonne un développement linéaire du bâtiment, que seules les limites de la parcelle viennent clôturer. (GENSBURGER Alain, VIDAL Thierry, CHAMPELIER Jean-Pierre, « 36, av. Junot, ateliers d’artistes Paris XVIII », in A.M.C, étude réalisée dans le cadre de l’U.P.8 d’architecture, Paris, juillet 1974, p.61-68.) Ainsi, l’immeuble « épouse par pans et décrochements successifs la courbe de la voie ». (LAPIERRE, Éric, « Guide de l’architecture » in Connaissance des arts, Mai 1986.)

Documents d'archives

Bibliographie

  • Lemoine, Bertrand, Rivoirard, Philippe. L'architecture des années trente. Paris, DAAVP La Manufacture, 1987.

  • Alice Chevillard, Montmartre aux artistes, Mémoire-projet de fin d'études sous la direction de Pierre-Antoine Gatier, D.S.A Architecture et Patrimoine, Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Paris-Belleville, juin 2013, 117 pages (tapuscrit non publié)

  • Office Public d'Aménagement et de Construction de Paris, Fascicule historique réalisé par Pierre Saddy, Imprimerie de l'OPAC, Paris 1995 [conservé à la documentation du service de l'Inventaire]

Périodiques

  • AMC, 36 avenue Junot ateliers d'artistes.Paris XVIII, auteurs ? Années ?

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Sol Anne-Laure
Sol Anne-Laure

Conservateur du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Ile-de-France.

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Py-Fauvet Constance
Py-Fauvet Constance

En 2019-2020, stagiaire au service Patrimoine et Inventaire auprès d'Anne Laure Sol. Étudiante en Master 2 Histoire de l'Architecture, Paris I.

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