Dossier d’œuvre architecture IA92000570 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, lieux de spectacle 1910-1940
Hôtel de ville (Puteaux), salle des fêtes de l'
Œuvre monographiée
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune Puteaux
  • Adresse 131 rue de la République
  • Cadastre 2022 T 100
  • Dénominations
    salle des fêtes
  • Genre
    communal
  • Destinations
    salle de spectacle

En 1931, confrontée à l’exiguïté et à la vétusté de la mairie, la municipalité de Puteaux lance un concours pour l’avenir : un hôtel de ville regroupant les services d’une cité d’alors 38 000 habitants, dont la population devait doubler[1]. Jean Niermans, grand prix de Rome (1929), encore pensionnaire à la villa Médicis, obtient le chantier pour lequel il s’associe avec son frère Édouard, alors jeune étudiant aux Beaux-Arts.

Les deux frères tirent habilement parti des contraintes de la commande, en installant les locaux administratifs côté rue, pour laisser aux salles d’apparat toute l’envergure de la façade donnant sur l’esplanade de la place du Marché. La salle des fêtes adopte ainsi une position éminente au sein du bâtiment. Les architectes soulignent sa présence d’une colonnade surélevée, au-dessus du rez-de-chaussée donnant accès à un magnifique vestibule d’honneur. Si certaines références sont empruntées à l’architecture classique, telles la monumentalité et la colonnade, d’autres, comme le jeu des volumes, les lignes horizontales puissantes, la présence des oculi, inscrivent résolument le bâtiment dans son époque (le mouvement moderne) : « Cette colonnade nous ramène aux temps classiques, à l’art grec dont elle a le rythme, mais ce n’est qu’apparence : le classicisme n’existe qu’en esprit, les moyens d’expression sont modernes[2] ». À l’intérieur, l’escalier d’honneur aboutit à une large galerie desservant la salle des fêtes, encadrée par la salle des mariages et la salle du conseil. Cependant, pour conserver une certaine flexibilité d’usage, l’espace ne dispose ni de scène ni de balcon aménagé. Mais l’enfilade traditionnelle de salons, les séquences successives d’accès confirment, comme en façade, sa place d’élément pivot comme lieu de rassemblement et de fête.

Les architectes confient les décors aux plus grands artistes de l’époque. Outre Raymond Subes pour les ferronneries, le peintre Louis Bouquet réalise la fresque de l’escalier d’honneur dédiée à l’histoire de Puteaux. Les parquets à mosaïques et motifs géométriques sont l’œuvre de la maison Noël, qui signe également le mobilier d’inspiration Art déco. Enfin, le sculpteur Alfred Janniot, grand prix de Rome en 1919, réalise les bas-reliefs allégoriques animant les façades de la rue de la République. L’ensemble forme une œuvre d’art totale emblématique de la décennie 1930 : « les architectes ont poussé l’étude jusqu’au moindre détail, jusqu’à la quincaillerie, aux meubles, aux mosaïques du sol, aux couleurs, aux inscriptions des portes de bureaux[3]. »

Témoin-clé d’une tendance contemporaine combinant formes classiques et intentions modernes, l’hôtel de ville de Puteaux, « mairie modèle[4] », et sa salle des fêtes portent en filigrane une nouvelle conception de l’espace, « point de mire majestueux dans la cité où un peuple assemblé peut constater sa force et ses prérogatives[5] ». Largement salué par la presse lors de son inauguration, l’édifice obtient en 1937 le prix Bailly d’architecture attribué tous les deux ans à la plus belle construction du département de la Seine et reste aujourd’hui exemplaire par ses qualités techniques, esthétiques et fonctionnelles. Il vaudra aux frères Niermans d’être choisis la même année pour édifier la vaste salle de théâtre du palais de Chaillot.

[1] Repris de l’énoncé du concours : « L’Hôtel de Ville comprendra les locaux suivants, devant répondre aux besoins d’une ville de 70 à 90 000 habitants ». Voir HOURLIER, J.-B. (rapporteur), « Les Concours Publics n° 2 - Concours de la Ville de Puteaux (Seine) pour la construction d’un nouvel hôtel de ville et de ses dépendances », La Construction moderne [supplément], 10 avril 1932, p. 459.

[2] BRUNET, Gaspard, « Hôtel de ville de Puteaux », Le Bâtiment illustré, septembre 1934 [repris par Les Chantiers nord-africains, octobre 1934, p. 767].

[3] VAGO, Pierre, in « L’hôtel de ville de Puteaux », L’Architecture d’aujourd’hui, n° 8, octobre 1934, p. 19.

[4] RAMBUSSON, Yvanhoé, « Nouvelle beauté – Aux portes de Paris vous pouvez admirer un chef-d’œuvre d’architecture », Comœdia, 11 juin 1934.

[5] ZAHAR, Marcel, op. cit.

La façade monumentale donnant sur l'esplanade de la place du Marché déploie son caractère classique que renforce la colonnade signalant la salle des fêtes. A l'intérieur, l'escalier d'honneur magnifie l'accès à cet espace, via une galerie formant promenoir. Cette disposition se retrouve dans d'autres salles du même type (Boulogne, Vincennes, Poissy...). Les ferronneries de R. Subes à motifs de chevrons et volutes stylisées renforcent l'impression de magnificence. L'architecture de la salle des fêtes est conçue par les frères Niermans comme une mise en abyme : les miroirs des portes répondent aux baies de la façade, dilatant l'espace. Les parquets marquetés à motifs géométriques du sol, œuvres des entreprises Noël, viennent en contrepoint des lustres.

  • Murs
    • béton pan de béton armé
    • pierre moyen appareil
  • Toits
    zinc en couverture, verre en couverture
  • Plans
    plan centré
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • charpente en béton armé apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • extrados de voûte toit à longs pans
    • extrados de voûte toit en pavillon
    • extrados de voûte toit en carène lanterneau
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour cage ouverte
    • escalier hors-oeuvre : escalier droit
  • Jardins
    plate-bande
  • Typologies
    salle rectangulaire sans scène délimitée ni balcon (1ère moitié 20e siècle)
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • décor stuqué
    • mosaïque
  • Représentations
    • représentation figurative, sujet profane, scène profane symbole républicain,
    • ornement architectural, balustre, colonne, ordre colossal, pilastre
    • ornement géométrique, carré, denticule, damier, entrelacs
    • ornement végétal, arbre, blé, laurier, vigne, couronne végétale
    • ornement figuré, enfant, femme, homme
    • ornement animal, cheval, chèvre, chien, lapin, mouton, oiseau
    • ornement en forme d'objet, balance, burin, équerre, instrument de musique, livre, outil agricole, panier, tonneau
    • ornement a chiffre, raison sociale
  • Précision représentations

    En façade rue de la République, bas-reliefs de Janniot, La ville de Puteaux, sous l'égide des Vertus républicaines, protège le travail, les lettres, les sciences et les Arts, et Les Postes, télégraphes, téléphones, relient l'ancien et le nouveau continent.

    Sur le mur de l'escalier d'honneur menant à la salle des fêtes, représentation allégorique de la commune par Bouquet.

  • Mesures
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public communal
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    élévation, escalier, salle des fêtes, élévation intérieure, pavement

Bâtiment signalé par l'Inventaire général en 1994 (BOULMER, Catherine, fiche Mérimée IA00118691).

Bibliographie

  • PINCHON, Jean-François, « II. L’hôtel de ville de Puteaux », Edouard et Jean Niermans – Du Trocadéro à la Maison de la Radio. Liège : Mardaga, 1985

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris

Périodiques

  • « Hôtel de ville de Puteaux (Seine) (1934) », L’Architecte. Paris, août 1934, p. 85-93 ; pl. 45-46

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • B. (de), G., « Une mairie modèle sera inaugurée aujourd’hui à Puteaux », Paris-Midi. Paris, 24 juin 1934

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • BRUNET, Gaspard, « Hôtel de ville de Puteaux », Le Bâtiment Illustré. Paris, septembre 1934 [repris par Les Chantiers Nord-africains, p. 767-774]

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • BRUNON-GUARDIA, G., « Le nouvel hôtel de ville de Puteaux », Art et Industrie. Paris, janvier 1934, p. 7-11

    Bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art, Paris
  • CHAVANCE, René, « Nouvelle mairie à Puteaux », Art et Décoration. Paris, janvier-juin 1934, p. 317-326

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • FAVIER, Jean, « Le nouvel hôtel de ville de Puteaux », La Construction Moderne. Paris, 9 septembre 1934, p. 870-888

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • HOURLIER, J.-B. (rapporteur), « Les Concours Publics n°2  - Concours de la Ville de Puteaux (Seine) pour la construction d’un nouvel hôtel de ville et de ses dépendances », La Construction Moderne [supplément]. Paris, 10 avril 1932, p. 445-460

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • IMBERT, Charles, « Ville de Puteaux (Seine). Construction d’un nouvel hôtel de ville », L’Architecture. Paris, février 1932, p. 69-72

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • RAMBUSSON, Yvanhoé, « Nouvelle beauté – Aux portes de Paris vous pouvez admirer un chef-d’œuvre d’architecture », Comoedia. Paris, 11 juin 1934

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • V., P. [VAGO, Pierre], « L’hôtel de ville de Puteaux », L’Architecture d’Aujourd’hui. Boulogne-Billancourt, octobre 1934, n°8, p. 18-29

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • ZAHAR, Marcel, « L’hôtel de ville de Puteaux », L’Art Vivant. Paris, 1934, p. 337-339

    Bibliothèque nationale de France, Paris
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2021
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