Dossier d’œuvre architecture IA91001013 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, lieux de spectacle 1910-1940
Bligny (Briis-sous-Forges), théâtre du centre hospitalier de
Œuvre monographiée
Auteur
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune Briis-sous-Forges
  • Lieu-dit Centre hospitalier de Bligny
  • Adresse Rue de Bligny
  • Cadastre 2022 C 167  ; 2022 C 165
  • Dénominations
    théâtre
  • Genre
    de médecin
  • Destinations
    théâtre

Destiné à « éduquer et divertir » les malades de longue durée atteints de la tuberculose, le théâtre de Bligny s’inscrit dans l’histoire de la lutte contre cette maladie. Ce sanatorium, construit en 1903 par l’architecte Lucien Magne, est la première réalisation de la « Société des sanatoriums populaires pour les tuberculeux adultes de Paris »[1]. Il se situe à Briis-sous-Forges, à 32 kilomètres de la capitale.

Peu après l’ouverture de l’établissement, les médecins de Bligny mettent au point une technique novatrice qui intègre au processus thérapeutique des activités culturelles et artistiques obligatoires, visant à entretenir un « esprit optimiste et joyeux ». À rebours de ce qui se pratiquait alors, la méthode dite « Bligny » considère en effet la prise en compte du psychisme et le moral des malades de la tuberculose aussi importants que le soin de leur corps. Face à l’engouement des patients pour les arts du spectacle et à l’amélioration de leur état, le docteur Louis Guinard, premier médecin-directeur des Œuvres des sanatoriums populaires de Paris, réussit à convaincre l’administration de mettre à disposition des artistes-pensionnaires des moyens professionnels : « Bligny jouit du privilège d’avoir un théâtre […] auquel rien ne manque […] parfois même, des troupes de comédiens professionnels n’hésitent pas à y donner des spectacles de choix[2] ». Un véritable théâtre est ainsi construit entre 1932 et 1934 au cœur du parc qui agrémente les lieux. Il est l’œuvre de l’architecte A. Colin, dont on sait peu de choses. L’édifice de 625 places, dont 189 en balcon (pouvant être réservées aux patients[3]), offre une physionomie tout à fait originale, d’inspiration baroque mâtinée de néo-mexicain, caractérisée par un fronton aux formes chantournées qui surmonte la façade principale. À l’intérieur, le hall offre des caractéristiques d’inspiration Art déco. Le plafond orné de stucs et le sol, composé de tommettes rouges, noires et jaunes, sont tous deux d’origine. Les escaliers intérieurs, constitués de granit aggloméré, donnant accès à la tribune, sont agrémentés de rampes en fer forgé et aluminium. À l’arrière du bâtiment, un espace abrite locaux techniques et loges des artistes.

À la fin des années 1930, les habitants de Briis-sous-Forges voient arriver de la capitale des files de voitures. Les Parisiens affluent pour assister à la prestation de vedettes engagées spécialement pour se produire au théâtre de Bligny, hors de la présence des pensionnaires afin d’éviter tout risque de contagion. Ces spectacles constituent le prétexte d’importantes collectes de fonds au bénéfice des sanatoriums, œuvre philanthropique privée, et bien entendu de son théâtre. Les généreux mécènes s’y pressent. Après la Seconde Guerre mondiale, les antibiotiques font reculer la tuberculose et les sanatoriums de Bligny entament leur lente transition vers le centre hospitalier que l’on connaît aujourd’hui. Grâce à Jacques Canetti, producteur d’artistes de renom, frère du célèbre professeur Georges Canetti de l’institut Pasteur (co-inventeur des trithérapies curatives de la tuberculose), Bligny devient la scène de lancement de futures stars comme Jacques Brel et Georges Brassens. L’adage veut alors que « si Bligny rit, Paris rira. Si Bligny aime, Paris aimera[4] ». Il se vérifiera à plusieurs reprises.

L’âge d’or du théâtre perdure pendant une dizaine d’années. Son activité fléchit à partir de la fin des années 1960, avec l’apparition de la télévision dans les chambres des patients. Le rideau tombe en 1971. Pendant trente ans, faisant office de débarras, le théâtre est pillé, les décors et les archives sont brûlés.

En 2004, à l’occasion du centenaire du centre hospitalier, il est entièrement restauré et retrouve un second souffle. La troupe de comédiens qui préside depuis à sa destinée multiplie les ateliers avec les patients. Le théâtre de Bligny constitue aujourd’hui un modèle : à la fois outil thérapeutique, exception culturelle (dernier théâtre en activité au sein d’une structure hospitalière), lieu de création et patrimoine remarquable.

[1] GRANVOINNET, Philippe, Histoire des sanatoriums en France (1915-1945) Une architecture en quête de rendement thérapeutique, thèse de doctorat, Universités de Genève et de Versailles-Saint-Quentin, p. 109. URL : https://portaildocumentaire.citedelarchitecture.fr

[2] LETOURNEUR DE BELLOU, P., « Les sanatoriums de Bligny », L’Afrique du Nord illustrée, 16 août 1913, p. 9. 

[3] Description d’Urbain Guinard, d’après Anonyme, Bligny et son histoire, du sanatorium au centre hospitalier, Paris : s.e., p. 36.

[4]In Bligny et son histoire http://docplayer.fr/33309266-Bligny-et-son-histoire-au-centre-hospitalier-du-sanatorium.html

La façade à pilastres de brique et revêtement en enduit présente un caractère néo-baroque, avec son fronton couronné d'une niche incorporant une cloche. L'entrée sous porche précède le hall aux corniches et hublots d'inspiration Art déco. Le sol est composé de tomettes rouges, noires et jaunes. La salle de spectacle, remaniée, dispose d'un balcon, ce dernier relié par deux cages d'escalier. Les espaces techniques et les loges d'artistes sont installées à l’arrière du bâtiment. Les décors modestes, mais de qualité (carreaux de céramique, ferronneries Art déco, stucs...) n'ont pas été publiés. L'architecte A. Colin n'est pas référencé dans un fonds connu. Ce défaut d'information occulte en partie cette œuvre.

  • Murs
    • acier pan de métal
    • brique appareil à assises alternées crépi moucheté
  • Toits
    terre en couverture, tuile mécanique
  • Plans
    plan rectangulaire symétrique
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré, comble à surcroît
  • Couvrements
    • fausse voûte à arêtes triples
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • extrados de voûte toit à longs pans brisés croupe brisée
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour
  • Jardins
    pelouse
  • Typologies
    salle rectangulaire comprenant un seul balcon arrière (1ère moitié 20e siècle)
  • État de conservation
    remanié
  • Techniques
    • décor stuqué
    • ferronnerie
  • Représentations
    • ornement architectural, fronton, ordre colossal, pilastre
    • ornement géométrique, carré, cercle, dent de scie, losange, ove
  • Précision représentations

    En façade, fronton d'inspiration hispanique colonial, surmontant d'une niche abritant une cloche (référence aux clochers murs typiques de l'architecture de ces régions ?).

  • Mesures
    • nombre de places : 625 personnes ((jauge initiale))
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    élévation, théâtre, vestibule
  • Précisions sur la protection

    Bénéficiant de la labellisation Patrimoine d'Intérêt régional d'Ile-de-France depuis 2018.

Très rare exemple de théâtre compris dans un complexe hospitalier en place, et seul encore en fonctionnement en Ile-de-France. Intérieur de la salle de spectacle totalement remanié.

Bibliographie

  • GRANVOINNET, Philippe (REICHLIN, Bruno et CHATELET, Anne-Marie, directeurs de thèse), Histoire des sanatoriums en France (1915-1945) Une architecture en quête de rendement thérapeutique, thèse de doctorat, Universités de Genève et de Versailles-Saint-Quentin, 2010

    Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
  • Anonyme, Bligny et son histoire, du sanatorium au centre hospitalier, Paris : s.e., n.d.

Périodiques

  • « Le sanatorium de Bligny fêtera samedi le 50e anniversaire de sa fondation », Paris-Presse L’Intransigeant, 24 avril 1953

    Bibliothèque nationale de France, Paris
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel