Le nouveau Cercle national des Armées, inauguré en 1928 par le président de la république Gaston Doumergue, impose place Saint-Augustin sa stature monumentale et développe sa façade massive le long du square Marcel-Pagnol. Edifié par Charles-Henri Lemaresquier (1), ce vaste immeuble « aux lignes modernes, [...] dont la sévérité a été tempérée par des ornements représentant des attributs militaires (2) » , accueille un vaste complexe comprenant, notamment, un hôtel, plusieurs salles de restaurant et de réceptions, une bibliothèque, ainsi que la plus ancienne salle d’armes de Paris.
Une fois passé le porche monumental, le grand hall aboutit à un escalier de quelques marches menant à la salle des fêtes de 700 places et son décor d’inspiration asiatique. Des laques, revêtant les murs, représentent des motifs japonisants (pagodes, lanternes...), de même que les boiseries des portes. Le plafond est orné de saynètes admirables représentant des personnages inspirés du folklore du pays du Soleil levant. On méconnaît malheureusement les différents auteurs ayant participé à ce programme décoratif original. Le marché de travaux (3), passé le 28 janvier 1928 avec le décorateur parisien J.-M. Bezier, choisi pour mettre en oeuvre la décoration de la totalité de l’édifice, n’en fait pas mention.
En revanche, un cahier des charges préalable aux travaux précise que « la salle sera prévue pour des usages multiples : petites comédies, concerts, dîners-concerts, conférences cinématographiques, réunions, bals, repas de corps ». Elle devra par ailleurs être pourvue d’une bonne acoustique, d’une ventilation et de dégagements permettant « une rapide transformation » selon le type d’évènements. Outre une loge pour les artistes et une salle pour les musiciens, le document mentionne l’installation de « deux ou trois loges pour les officiels » ainsi que « des galeries qui pourront servir à y placer des tables pour les dîners-concerts ou des sièges pour les représentations » ; une configuration réalisée et toujours actuelle.
La salle, préservée des outrages du temps, constitue ainsi un ensemble tout à fait remarquable au sein de ce corpus.
(1) Élève puis associé de Victor Laloux, il lui succédera à l’Académie des beaux-arts.
(2) Les documents d'archives cités sont conservés au service historique de la Défense. Vincennes, Centre historique des archives. Direction du Génie. Paris. Construction du Cercle National des armées de terre et de mer : rapports, avis, notes, procès-verbal, programme financier, correspondances, minutes, devis, situations descriptives, plans, brochure illustrée, journaux, petit atlas des bâtiments militaires. Paris, 1927 et Construction du Cercle Militaire à la caserne de la Pépinière : rapports, notes, avis, procès-verbaux, programmes de construction, correspondances, plans, affiche, journaux, projet de loi, minute, projet de convention. Paris, 1928. Cotes GR/9/NN/4/489 & 490
(3) Ibid.