Dossier d’œuvre architecture IA75000314 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, lieux de spectacle 1910-1940
Palace (Paris, 9e arrondissement), théâtre cinématographique du
Œuvre monographiée
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France - Paris
  • Commune Paris 9e arrondissement
  • Adresse 8 rue du Faubourg-Montmartre
  • Cadastre 2022 AV 88
  • Dénominations
    théâtre
  • Genre
    d'artiste
  • Précision dénomination
    théâtre-cinématographique
  • Appellations
    Eden-théâtre (ancien), Alcazar, music-hall de l' (ancien)
  • Destinations
    salle de spectacle

En 1921, Léon Volterra, célèbre directeur de salles et producteur de spectacle, charge Marcel Oudin, architecte du Casino de Paris, de transformer l’Empire, cinéma de quartier installé depuis 1913 dans un immeuble ancien, en music-hall de 1 500 places. Mais l’affaire ne tient pas ses objectifs. Au bout de deux ans, Volterra cède l’établissement à deux rois de la nuit parisienne des Années folles : Oscar Dufrenne et Henri Varna. Déjà à la tête de plusieurs établissements parisiens comme Le Concert Mayol, L’Empire, Le Moncey Music-hall et Les Bouffes du Nord, les nouveaux propriétaires rebaptisent l’établissement « Le Palace » et entreprennent un réaménagement intégral des espaces.

Les travaux sont confiés à Paul Rabussier, architecte peu connu, qui revoit la décoration et propose en décor principal une longue frise sur toile marouflée courant le long de la salle sur le thème de la danse. Cette allégorie, cortège de danseuses et d’enfants rappelant l’iconographie des bacchanales, offre une synthèse réussie entre les styles Art nouveau et Art déco. L’unique balcon, aux formes baroques et chantournées, renforce l’originalité du site et lui confère une identité tout à fait particulière.

La scène du Palace devient un music-hall couru du Tout-Paris où se produisent les artistes les plus en vue et les plus populaires, tels que Maurice Chevalier ou la môme Moineau. Alternant revues et opérettes, les succès s’enchaînent et mêlent productions françaises et américaines. Le public, bigarré, apprécie le large promenoir, lieu de rencontres pour les amours fugaces, qui contribue également à la renommée des lieux. Cependant la concurrence du cinéma pèse lourd tout au long de la décennie 1920 sur le spectacle vivant. Oscar Dufrenne fait donc le choix en 1931 de transformer le Palace en salle obscure. Mais l’embellie est de courte durée. Un drame frappe la direction et fait les gros titres de la presse à scandale. En 1933 Dufrenne est retrouvé assassiné dans son bureau. Sa mort ne sera jamais élucidée et constituera un mystère dont les chansonniers de l’époque se feront l’écho.

Henri Varna reprend seul les rênes de l’établissement en lui redonnant sa vocation initiale de music-hall. Commence alors une longue période chaotique marquée par de nombreuses expériences artistiques, toutes censées redonner leur faste au lieu. Ces tentatives s’accompagnent de rénovations et aménagements qui bouleversent la physionomie de la salle et la dénaturent en partie.

Nouveau coup de théâtre dans les années 1970 : la salle est entièrement rénovée, révélant son décor d’origine exceptionnel, ce qui lui vaut d’être protégée au titre des monuments historiques en 1976 comme « témoin de l’art décoratif des années vingt » pour « son parti architectural, son décor figuré et ses rampes d’escalier[1] ». Transformée ensuite en boîte de nuit, elle devient pendant trente ans le haut lieu des nuits parisiennes et voit défiler les stars du monde entier. Mais cette activité cesse brutalement en 1996. Le Palace s’endort alors pendant dix ans. La salle, trop dégradée, est laissée à l’abandon jusqu’à l’arrivée des frères Vardar, déjà propriétaires de plusieurs salles en France et en Belgique, qui confient à l’architecte François Préchac la restauration du site. Un chantier lourd et minutieux s’engage alors, qui permet de retrouver la structure d’origine du théâtre (parterre en pente douce et balcon à gradins), de restituer les décors et de lui redonner tout son lustre !

[1] Diehl METERTING, « Une salle Arts déco restaurée à l’identique », in Cahiers techniques du bâtiment, 1er avril 2009. URL : https://www.cahiers-techniques-batiment.fr/article/une-salle-arts-deco-restauree-a-l-identique.24199

 

La façade d’origine n’est plus visible, les témoignages photographiques des années 1920 montrent un large auvent en ferronnerie et un petit balcon extérieur aux formes chantournées. Un long vestibule mène à la salle et aux foyers associés. Le foyer du sous-sol est transformé dès 1923 en dancing. La salle, au parterre en pente douce, associe l’expression d’une structure en béton armé et une riche ornementation. Son unique balcon à gradins d'esprit baroque est orné de guirlandes de roses. Le décor principal (restauré) est constitué d'une longue frise sur le thème de la danse. Elle est réalisée sur une toile marouflée courant le long de la salle. Le balcon est également pourvu d'ampoules filant le long de sa structure. Cette installation permet de souligner les lignes courbes de l'architecture, renforçant l'effet de sinuosité, tout en éclairant habilement le parterre. Au sol de magnifiques mosaïques de céramique (espace de circulation et foyer) complètent cette disposition dialoguant avec les très belles ferronneries masquant les bouches d'aération. L'ensemble témoigne du soin et du raffinement souhaités pour cette salle à laquelle une restauration récente a rendu toute sa magnificence. Les sources à disposition n'ont pas permis d'identifier pour l'heure les auteurs des décors.

  • Murs
    • béton béton armé enduit
  • Toits
    zinc en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    2 étages de sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré, comble à surcroît
  • Couvrements
    • voûte de type complexe, en béton armé
    • charpente en béton armé apparente
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit
    • escalier dans-oeuvre : escalier de type complexe
  • Énergies
  • Typologies
    Salle rectangulaire à balcons à gradins (1ère moitié 20e siècle)
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • peinture
    • mosaïque
    • ferronnerie
  • Représentations
    • représentation figurative, sujet mythologique, scène mythologique symbole des arts,
    • représentation figurative, sujet mythologique, figure mythologique
    • ornement architectural, balustre
    • ornement géométrique, arabesque, enroulement, entrelacs, rinceau, rosace, volute
    • ornement végétal, feuillage, fleur, chardon, rose, fruit, pomme de pin
    • ornement figuré, être humain, femme, figure fantastique humaine ou semi-humaine, humain fabuleux, putto
    • ornement animal, paon
    • ornement en forme d'objet, draperie, guirlande, chute, instrument de musique
  • Précision représentations

    Longue frise sur le thème de la danse. Allégorie, cortège de danseuses et d’enfants rappelant l’iconographie des bacchanales.

  • Mesures
    • Nombre de places : 1 500 personnes ((jauge initiale))
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    salle de spectacle, balcon, élévation intérieure, pavement
  • Sites de protection
    site inscrit
  • Protections
    classé MH partiellement, 1976/06/22
  • Précisions sur la protection

    Salle de spectacles avec son décor : classement le 22 juin 1976.

  • Référence MH

Bibliographie

  • « Palace », in RAOULT, ?. Annuaire du théâtre. 1944-1945. Paris : Annuaires néo-techniques, 1945, p. 268-269

Périodiques

  • « Une salle Art déco [Le Palace] restaurée à l'identique », Les Cahiers techniques du bâtiment. Paris, avril 2009, n°287, p.26-28

    Bibliothèque nationale de France, Paris
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2022
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