Dossier d’œuvre architecture IA75000313 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, lieux de spectacle 1910-1940
Nouveautés (Paris, 9e arrondissement), théâtre des
Œuvre monographiée
Auteur
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune Paris 9e arrondissement
  • Adresse 24 boulevard Poissonnière
  • Cadastre 2022 AV 29
  • Dénominations
    théâtre
  • Genre
    d'artiste
  • Précision dénomination
    quatrième salle portant la dénomination
  • Destinations
    salle de spectacle

De la fin du second Empire au début du 20e siècle, plusieurs théâtres des Nouveautés se succèdent, changeant d’adresses au gré des aménagements urbains et des propriétaires. Le dernier de la série, sis au 20, boulevard des Italiens, est rasé en 1911 lors du percement de la rue éponyme. Célèbre pour avoir accueilli George Feydeau et ses pièces à succès, le théâtre, quoique détruit, est encore dans toutes les mémoires lorsqu’en 1921 Benoît-Léon Deutsch (1), alors jeune auteur dramatique et futur directeur de théâtres parisiens, décide de lui redonner vie.

Le nouveau théâtre de 500 places est prévu en sous-sol, sous le parterre du cinéma Max Linder, constitué d’une solide dalle de ciment armé. Ses piliers robustes de soutènement laissent envisager l’excavation du terrain et la création d’un espace sécurisé. C’est une opportunité que saisit la direction. Elle confie la réalisation du chantier à Adolphe Thiers (2), qui s’illustrera par la reconstruction du Moulin Rouge quelques années plus tard. La façade principale sur le boulevard, aujourd’hui disparue, donne le ton : « haute et large, un encadrement avec une frise lui fait une grandiose entrée » (3) ; « On croirait pénétrer dans un temple antique. » (4)

Car malgré les contraintes fortes liées à la nature du projet, l’architecte réussit à créer une salle dont l’ampleur et le confort sont salués par la critique. Ce « véritable théâtre avec des loges, des baignoires » (5) dispose d’un « plateau qui aura la dimension des scènes de Paris» (6) : 14 m de large pour 5,35 de profondeur. Il est pourvu, malgré l’absence de machinerie, de jeux de lumière modernes. La salle, destinée bien davantage aux vaudevilles et pièces de boulevard qu’aux grands spectacles, est agrémentée d’un bar-fumoir et d’espaces de circulation agréables : « pas d’exiguïté mais de superbes dégagements » (7).

Le Directoire inspire l’équipe pour la décoration, qui a « tenu à en respecter scrupuleusement le style, et les peintures, avec leur chauds coloris, les meubles, les appliques électriques, sont bien en rapport avec cette époque » (8). Le staff laisse place à la peinture décorative, apanage du cabaret. La décoratrice Alice Courtois, qui commence alors à être reconnue pour ses aménagements de restaurants, réinterprète ici les motifs à l’Antique. Les saynètes sont surmontées de frise à métopes, dont la stylisation annonce les prémices de l’Art déco. Ces décors dont « le rouge pompéien alternant avec l’or des panneaux peints produit un effet incomparable » (9) demeurent sans équivalent. Préservés, ils ont résisté au passage du temps et font l’originalité des Nouveautés, théâtre parisien atypique et unique en son genre.

(1) Le Fonds Deutsch (Léon-Benoît) est conservé au département des Arts et Spectacles de la BNF, sous la cote 4-COL-26

(2) Un premier projet est soumis par l’architecte à la société « La Générale du cinéma » en janvier 1920. Voir MIDANT, Jean-Paul, « Le théâtre des Nouveautés », « Paris est une fête », Défense et illustration de l'architecture du spectacle, Paris : DRAC, 1989-1990, p. 129

(3) Une autre issue est ouverte sur la Cité Bergère.

(4) DELINI, Jules, « La journée des surprises au Nouveautés hier », Comoedia, 18 avril 1921

(5) DELINI, Jules, « Une visite au futur théâtre des Nouveautés, Comoedia, 6 janvier 1921

(6) Ibid.

(7) DELINI, Jules, « Ce que sera le futur théâtre des Nouveautés, Comoedia, 15 février 1921

(8) Ibid.

(9) VALLEE, Edmond, « Un nouveau théâtre à Paris – Le théâtre des Nouveautés », La Rampe, 14 avril 1921, p. 16

  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1921, daté par travaux historiques, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Thiers Adolphe
      Thiers Adolphe

      Matricule de l’École des Beaux-Arts : 4949, surnom à l’atelier « Le Pisso »,

      a tenté l’admission en février et juin 1897,admis en 2ème classe le22 novembre 1897. Adolphe Thiers est élève dans l’atelier de Jean-Louis Pascal[1] (1872-1920) en même temps qu’Henri Sauvage, 1873-1932. Il obtient le Prix Achille Leclère de l’Académie des Beaux-arts 5 mars 1904 et le 3è prix Chenavard le 12 avril 1906.

      Il est diplômé en 1920 (113e promotion)[2]. Il est mentionné comme architecte à Paris 17e dès 1902, Paris 15e entre 1904 et 1909, Paris 7e (en 1912 et 1313).

      Médaille de 3e classe au Salon des Artistes Français en 1904[3].

      Salon des Artistes Français de 1906 : expose « Ensemble décoratif au confluent

      de deux fleuves [4]». Il obtient pour son envoi le prix Palais de Longchamps (Fondation Bartholdi).

      1908 : participe au concours international pour Le Monument de la Réformation à Genève (avec Edmond Fation, architecte à Génève et Auguste Seysses [5], sculpteur à Paris/ devis du monument Post Tenebra Lux)

      1908 : Mission de deux ans pour l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres/ Étude d’églises byzantines.

      Salon des Artistes Français de 1909 : envoi « L’Église des SS.Serge et Bacchus à Constantinople ». Il obtient une médaille de 2e classe et une bourse de voyage[6].

      Salon des Artistes Français de 1910 : expose des séries d’étude d’églises byzantines de Constantinople[7]. Obtient

      la médaille de 1ere classe de la section d’architecture[8]. Obtient le « Prix du Salon » pour ce même envoi[9] (depuis

      16 ans, ce prix n’avait pas été accordé à l’architecture.

      1917 : obtient le prix Bailly de l’Académie des Beaux-Arts pour son ouvrage sur les

      églises de Constantinople[10].

      1920 : réalise une salle de théâtre sous le cinéma Max-Linder (localisé 4 passage du Faubourg-Montmartre, Paris 9e. actuel théâtre des Variétés ?)[11] pour La Générale Cinéma.

      1923. Monument aux morts, boulevard Eurvin, Boulogne sur Mer[12].

      1923. Immeuble d’habitation, 40 rue de Londres, Paris 9e[13].

      1923. Bureaux pour l’agence Havas, Dijon (Côte d’Or)[14].

      1925. Réaménagement du Moulin Rouge, Paris 9e[15].

      1925. Réalisation d’un groupe de 5 hôtels particuliers avec ateliers rue Leconte de L’Isle, Paris 16e[16].

      1925. Est récompensé à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels

      Modernes (groupe I Architecture).

      1926. Demandes en autorisation de bâtir : « 18e arr.-Avenue Junot 30.- Prop., M.Agnaud.- Arch., M.Thiers, 56 rue de Rome._ Hôtel particulier (2 étages). [17]»

      1928-1930. Réalisation, avec les architectes Eugène Colibert et Louis Lembrouck, du casino municipal de Malo

      les Bains (Nord-Pas-de-Calais)[18] [réalisation d’une salle de spectacle et d’un théâtre dans le casino, agrandissement

      du casino[19]].

      1928. Aix en Provence, Villa pour M.Jouve, en collaboration avec H.Duflot, ingénieur et agent Hennebique. Entreprise Pierre Tétaz, concessionnaire Hennebique[20].

      1928. Sanatorium pour la Renaissance sanitaire, château de Villiers-sur-Marne (aujourd’hui Villiers-Saint-Denis, Aisne). Réalisation en collaboration avec les architectes A.Bonnet et Henry Trésal (avec qui il travaille pour Montmartre

      aux Artistes) [21]. Ce projet est commandité par La Renaissance sanitaire. Œuvre des sanatoriums et préventoriums populaires de France. Entreprises : Établissement Boyron ; Maurice Debosque : concessionnaire Hennebique.

      1930. Expose au Salon d’Automne les maquettes du Casino de Malo les Bains et le Sanatorium d’Arnières[22] [23][24]

      1933. Réalisation de la cité Montmartre aux Artistes, 187-189 rue Ordener, Paris 18e,

      en collaboration avec l’architecte Henry Trésal[25].

      1935. Projets pour les fontaines du Trocadéro [26], aménagements réalisés dans le cadre de l’Exposition Universelle de 1937[27]. 1936. Réalisation des bassins, fontaines et jardins en collaboration avec MM. R.-H. Expert et Paul Maître, architecte D.P.L.G[28][29].

      Admis au second concours d’essai du Grand Prix d’Architecture (programme : Une fontaine monumentale).

      Réalisations (AGORHA) :

      Reconstruction du Moulin Rouge en 1924

      Reconstruction des régions libérées en 1918

      Ateliers d’artistes avenue Junot en 1925

      Ateliers d’artistes 187-189 rue Ordener 1930-32

      Constructions particulières.

      [1] Grand prix de Rome en 1866, auteur en 1868 de l’hôtel

      particulier-atelier de William Bougereau rue Notre Dame des Champs et également

      architecte de la Bibliothèque Nationale de France, après Labrouste-réalisation de la salle ovale.

      [2] AGORHA/ Archives nationales [AJ/52/240 ;

      AJ/52/112 ; AJ/52/412]

      [3] L’Architecture, n°24, 4 juin 1904, p. 215-216

      [4] L’Architecture, n°22, 2 juin 1906 p.175

      [5] Groupe des « Toulousains », formés par Falguière

      [6] La Construction Moderne n°36, 4.09.1909, pl.121-122, p.580-581

      [7] Adolphe Thiers, Jean Ebersolt, Les église de Constantinople, Paris, E.Leroux, 1913

      [8] La Construction Moderne n°18, 30.04.1910, p.364-365 et La Construction Moderne n°23, 04.06.1910, p.432

      [9] La Construction Moderne n°26, 25.06.1910, p.468

      [10] L’Architecture n°8, 1917, p.148

      [11] Cité de l’architecture et du patrimoine, IFA, Fonds Lyon, Gustave (1857-1936). 237 IFA

      [12] Étudié par l’Inventaire/ IA00059464

      [13] Cité de l’architecture et du patrimoine, Fonds Bétons

      armés Hennebique (BAH). Subdiv.24 : Paris- De 1922 à 1928.076 IFA. Objet BAH-12-1923-61150

      [14] Cité de l’architecture et du patrimoine, Fonds Richard, Joachim (1869-1960). 081 IFA. Chapitre F. Objet RICJO-F-1923-07

      [15] L’Architecture n°5, 1925, p.63-68. Adolphe Thiers y est mentionné avec les architectes Forest et Nibodeau.

      [16] La Construction Moderne n°46, 15.11.1925, pl.25-28,p.78-81

      [17] L’Architecture n°13, 10 juillet 1926, p.155

      [18] Étudié par l’Inventaire Général IA00076310

      [19] Cité de l’architecture et du patrimoine, IFA, Fonds Bétons armés Hennebique (BAH). Subdiv.31 : Nord-Pas-de-Calais-Avant 1912.076 Ifa/ Objet BAH-17-1904-32917 et Subdiv.33 : Nord-Pas-de-Calais- De 1925 à 1929..076 Ifa/ Objet BAH-17-1927-33118

      [20] Cité de l’architecture et du patrimoine, IFA, Fonds Bétons armés Hennebique (BAH). Subdiv.41 : PACA- A partir de 1920 et n.d.. 076 Ifa/ Objet BAH-21-1928-36060. Villa pour Monsieur Jouve, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). 1928

      [21] Cité de l’architecture et du patrimoine, IFA, Fonds Bétons armés Hennebique (BAH). Subdiv.37 : Picardie- De 1925 à 1930 076 Ifa/ Objet BAH-19-1928-35243. Sanatorium pour La Renaissance sanitaire château de Villiers-sur-Marne (aujourd’hui Villiers-Saint-Denis, Aisne). 1928.

      [22] L’Architecture n°12, 1930, p.445-446

      [23] Architecture d’Aujourd’hui n°2, déc.1930, p.32

      [24] La Construction Moderne n°1, 4 janvier 1931, p.211-212 (reproductions des élévations du sanatorium)

      [25] L’Architecte n°3, 1933, p.39-40 (reproduction des plans, élévations –vues de la façade et photographies).

      [26] Cité de l’architecture et du patrimoine, IFA, Fonds Carlu, Jacques (1890-1976).010 Ifa. Chapitre D. Projets et réalisations en France et en Europe, 1921-1959. Objet CARJA-D-35-3. Exposition internationale de Paris, 1937 et Cité de l’architecture et du patrimoine, IFA, Fonds Expert, Roger-Henri (1882-1955à.296 AA. Chapitre C. Projets. Objet EXPER-C-37. Exposition internationale de Paris, 1937 : jardin et bassin des fontaines du Palais de Chaillot.1937

      [27] L’Architecture n°1, 15 janvier 1935, p. 8-9 et « Exposition de 1937 », Architecture Aujourd’hui n°6, juin 1936, p.84

      [28] La Construction Moderne n°22, 31 mai 1936.

      [29] Architecture d’Aujourd’hui n°5 et 6, juin 1937, pp.110-113.

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      architecte attribution par travaux historiques
    • Auteur : décorateur attribution par travaux historiques
    • Auteur : auteur commanditaire attribution par travaux historiques

Ce théâtre de 500 places, installé en sous-sol, sous le parterre du cinéma Max Linder, présente de larges espaces de circulation, comprenant un bar-fumoir, décorés de saynètes à l'antique surmontées de frises à métopes, sur des fonds clairs ou ocre. La salle offre des loges, des baignoires, et dispose d'un grand plateau de 14 mètres de large pour 5,35 de profondeur. Initialement, ce dernier, quoique sans machinerie, était pourvu de jeux de lumière modernes. Le grand plafond de la salle imite un velum couvert de motifs pompéiens. Cette inspiration se retrouve pour le décor des murs, dont le rouge alterne avec les touches d'or des ornements peints.

  • Murs
    • béton béton armé enduit
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    2 étages de sous-sol
  • Couvrements
    • fausse coupole
  • Couvertures
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour cage ouverte
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en maçonnerie
  • Typologies
    salle à l'italienne (1ère moitié 20e siècle)
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • peinture
    • décor stuqué
  • Représentations
    • représentation figurative, sujet mythologique, scène mythologique
    • représentation figurative, sujet mythologique, figure mythologique, Muse symbole des arts,
    • ornement architectural, ordre antique, ordre colossal, pilastre
    • ornement géométrique, carré, cercle, dent de scie, denticule, palmette, rosace
    • ornement végétal, feuillage, laurier
    • ornement figuré, être humain, enfant, femme, homme, figure fantastique humaine ou semi-humaine, humain fabuleux, putto
    • ornement animal, cerf, cheval, oiseau
    • ornement en forme d'objet, guirlande, chute, instrument de musique, lyre, masque de théâtre
  • Précision représentations

    Entrée formant initialement un portique à l'antique (aujourd'hui disparu).

    Peintures des foyers et de la salle reprenant décors architecturés et scènes mythologiques à l'antique, tout comme les panneaux de stuc.

  • Mesures
    • Nombre de places : 487 personnes ((jauge en 1944))
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    théâtre, élévation intérieure, escalier, plafond, vestibule
  • Sites de protection
    site inscrit
  • Protections

Protection du complexe proposée aux Monuments historiques par Midant dès 1990.

Bibliographie

  • « Théâtre des Nouveautés », in LATOUR, Geneviève et CLAVAL, Florence. Les théâtres de Paris. Paris : action artistique de la ville de Paris, 1991, p. 156-158

    « Théâtre des Nouveautés », in MIDANT, Jean-Paul. « Paris est une fête ». Défense et illustration de l’architecture du spectacle. Paris : Direction régionale des Affaires culturelles d’Ile-de-France, 1990, p. 126-131

    « Théâtre des Nouveautés », in RAOULT, ?. Annuaire du théâtre. 1944-1945. Paris : Annuaires néo-techniques, 1945, p. 260-261

Périodiques

  • DELINI, Jules, « Une visite au futur théâtre des Nouveautés », Comoedia. Paris, 6 janvier 1921

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • DELINI, Jules, « Ce que sera le futur théâtre des Nouveautés », Comoedia. Paris, 15 février 1921

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • DELINI, Jules, « La journée des surprises aux Nouveautés », Comoedia. Paris, 18 avril 1921

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • SASS, Henry, « Théâtre des Nouveautés », La Scène. Paris, 9 avril 1921, p.5

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • VALLEE, Edmond, « Un nouveau théâtre à Paris », La Rampe. Paris, 16 avril 1921, p.16

    Bibliothèque nationale de France, Paris
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel