Dossier d’œuvre architecture IA75000044 | Réalisé par
Blanc Brigitte (Rédacteur)
Blanc Brigitte

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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  • étude d'inventaire
résidence d'étudiants dite Fondation des Etats-Unis
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Philippe Ayrault, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cité internationale universitaire de Paris (CIUP)
  • Commune Paris 14e arrondissement
  • Adresse 15 boulevard Jourdan
  • Dénominations
    cité universitaire
  • Précision dénomination
    résidence d'étudiants
  • Destinations
    architecture scolaire

La création

Deux comités, l’un aux Etats-Unis, l’autre à Paris,ont conjugué leurs efforts pour faire aboutir le projet de création d’une maison des Etats-Unis à la Cité universitaire.

La première mention d’un tel projet remonte à 1921. En octobre le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts charge l’architecte Jacques Greber, membre de la commission d’étude pour l’élaboration des plans de la Cité universitaire, d’une mission aux Etats-Unis ayant pour objectif la recherche, avec le président de l’American University Union et les présidents des universités américaines intéressées, des moyens de constituer, au sein de la Cité, un groupe d’habitations réservé aux étudiants américains à Paris ; cette mission a lieu du 29 octobre au 2 décembre.

Mais le projet n’a pas de suite immédiate et les premières initiatives concrètes n’apparaissent qu’en 1925 : par lettre du 1er juillet, Nicolas Murray Butler, recteur de Columbia University, H. Carrington Lancaster, directeur de l’American University Union (173, boulevard Saint-Germain, Paris 6e) - organisation qui en France représente les universités américaines –, et M. Babcock, directeur adjoint de la Dotation Carnegie, demandent à réserver à la Cité, jusqu’au 1er janvier 1926, un terrain assez vaste pour y construire une maison de 200 étudiants, de préférence à l’ouest de la Fondation Deutsch de la Meurthe (entre le boulevard Jourdan et l'ancienne rue du Dr-Durand). Le Conseil de l’université, dans sa séance du 11 juillet, accorde l’option demandée, et décide que l’emplacement sera déterminé ultérieurement après entente entre les promoteurs américains et la Fondation nationale.

L’option est prolongée à deux reprises, d’abord jusqu’au 31 juillet, puis jusqu’au 31 décembre 1926 - le nouveau directeur de l’American University Union in Europe, J. D. M. Ford, informant le recteur P. Lapie, dans sa demande de renouvellement du 19 juillet, qu’un comité « chargé de trouver des fonds pour un premier édifice » a été créé et que trois promesses de dons lui sont déjà parvenues pour un total de 11 000 $ sur les 200 000 jugés nécessaires. Le 9 décembre, Mrs A. W. Connett Jr, présidente de ce comité ou Association for an american house in the Cité universitaire of the University of Paris (installée dans les locaux de l’American University Union in Europe) fait savoir au recteur que l’association a « déjà en main un certain capital qui n’est cependant pas suffisant pour la construction » et qu’elle demande donc à prolonger l’option, ce qui lui est accordé pour une nouvelle et dernière période de 6 mois, jusqu’au 31 juillet 1927 – « sous certaines réserves énoncées par la Fondation nationale » (cette décision doit notamment rester une mesure tout à fait exceptionnelle, que d’autres groupements ne pourront pas invoquer pour obtenir la même faveur).

Placé sous la présidence d’honneur de Myron T. Herrick, ambassadeur des Etats-Unis à Paris, et sous la présidence effective de Mrs Connett (également présidente de l’American Women’s Club), le comité se compose des deux directeurs de l’American University Union, Prof. Gary N. Calkings et Docteur Krans, Miss Leet, de l’American University Women’s Club, Junius Morgan, Théodore Rousseau et A. D. Weil. Un de ses membres les plus actifs est Mme Jeanne Seligmann-Lui, secrétaire générale de l’association « L’Accueil aux Etudiants américains » ainsi que de la « Fraternité franco-américaine ».

Ce groupe parisien est le comité auxiliaire d’un groupe new-yorkais, l’American Dormitory at the Cité universitaire, fondé à Noël 1926 sous la présidence du Docteur Homer Gage. Né à Worcester (Massachusetts), ce dernier poursuivit d'abord une carrière médicale, devenant un chirurgien très réputé et occupant après l'entrée en guerre des Etats-Unis un poste de premier plan dans un des plus grands hôpitaux militaires américains. Dès le début des hostilités, les blessés, orphelins et hôpitaux français bénéficièrent de son soutien et de celui de Mabel Gage, très francophile et toujours étroitement associée à l'action philanthropique de son mari : en 1917 fut ainsi fondé le comité de Worcester des Fatherless Children of France. Le décès de leur fils unique, entré à la direction des "Crompton and Knowles Loom Works", fabrique de métiers à tisser fondée par le père de Mme Gage et source de la fortune familiale, transforma la carrière du Dr Gage qui renonça à la médecine pour prendre la tête de l'entreprise Crompton, dont il fit la première des Etats-Unis dans ce secteur d'activité.

Intéressé par son ami Emile Deutsch de la Meurthe au projet de Collège américain dans la Cité universitaire, Homer Gage reprend une idée tombée en sommeil et réunit autour de lui quelques amis décidés à rassembler les 400 000 dollars jugés nécessaires. Ce comité est composé de : A. Lawrence Lowell, président de l’université d’Harvard, Albert Blum et Pierre Cartier, de New York, Russel Tyson, de Chicago, H. P. Faunce, président de Brown University, John H. Finley, éditeur du New York Times, Frank D. Pavey, président de la Fédération de l’Alliance française, Dr William H. Welch et Dr W. S. Thayer, de John Hopkins University, Stephen P. Duggan, directeur de l’Institute of International Education et Murray M. Shoemaker, de Cincinnati. Le trésorier Ridgeley Carter, de la Banque Morgan, est aussi celui du comité parisien (qui doit rassembler 50 000 dollars pour aider le comité de New York). Une grosse partie de la somme est fournie par Homer Gage lui-même et son épouse Mabel (75 000 dollars). Une campagne est menée auprès des universités américaines pour décider chacune d’elles à s’assurer au moins une chambre dans le futur bâtiment (une plaque fixée au mur de la chambre rappellera le nom du fondateur). L’exemple est donné par le Cercle français de Smith College, Northampton, Massachusetts, la plus grande université féminine américaine, qui promet 20 000 dollars pour une série de chambres réservées à ses étudiantes. En mai 1927 H. et M. Gage engagent la firme R. D. Jenkins and Co pour organiser une levée de fonds (les souscriptions reçues à cette date aux Etats-Unis n’atteignant que 87 600 dollars) et font eux-mêmes un nouveau don de 50 000 dollars pour stimuler la collecte (sous réserve que la totalité des 400 000 $ soit atteinte). La Cie Jenkins organise la campagne en ciblant trois types de donateurs : villes, universités et particuliers.

Le 9 avril 1927, l’acte de fondation est signé par Homer Gage au nom du comité, qui s’engage à remettre à l’université de Paris un immeuble permettant de loger 220 étudiants environ, ainsi qu’une somme de 25 000 francs. Le 12 juillet, le recteur, agissant en vertu d’un décret présidentiel du 28 juin 1927, accepte définitivement cette donation. La pose de la première pierre le 30 avril 1928 a une influence immédiate sur la collecte. En octobre, le montant total atteint à Paris est un peu supérieur à 62 000 $, et dès le mois de mai celui des Etats-Unis dépasse les 300 000 $. En raison de la crise économique mondiale, les derniers 100 000 $ sont difficiles à trouver, mais en novembre 1929, la totalité des fonds nécessaires est réunie.

Le bâtiment

Dès la fin de l’année 1926, l’architecte Leprince-Ringuet a établi un avant-projet (correspondant à un bâtiment de 200 chambres, capacité jugée insuffisante pour la parcelle envisagée : 6000 m2 situés sur le bastion 81, à proximité de l’aqueduc et de la Fondation Deutsch de la Meurthe). La superficie est ramenée à 4503 m2 puis, par l’arrêté rectoral, à 4900, 54 m2, servitudes d’allées comprises, soit une augmentation de 500 m2 rendue possible par le tracé définitif de la voie ferrée souterraine projetée par la Compagnie des chemins de fer du PO. L'emplacement finalement affecté à la fondation, à côté de la Fondation Biermans, se situe en effet juste à l'est du tunnel de la ligne de Sceaux. Les plans définitifs sont remis au recteur le 17 juillet 1927, la demande de permis de construire est déposée le 5 septembre 1927 et la pose de la première pierre a lieu le 1er mai 1928, en présence notamment de Myron T. Herrick, ambassadeur des Etats-Unis, Aristide Briand, ministre des Affaires étrangères, Raymond Poincaré, président du Conseil, ainsi que des maréchaux Joffre et Foch. Le bâtiment, qui comporte 258 chambres d’étudiants, est inauguré le 28 avril 1930 et reçoit ses premiers résidents le 7 mai. Le 1er mars 1930, Leprince-Ringuet a remis à André Honnorat un plan du jardin, exécuté par l’entreprise P. Jacquet (architecte paysagiste, Parcs et jardins du roi Léopold II, 18 rue d’Aubervilliers, 19e ), qui sera chargé ensuite des jardinets des fondations indochinoise et néerlandaise. Le coût total de la construction est évalué à 8 900 000 francs, sur lesquels près de 75% ont été donnés par Mr et Mrs Gage (qui constituent aussi un fonds d’aide ou endowment fund d’une dotation initiale de 119 758 francs). Parmi les 19 universités américaines ayant fondé une chambre figurent les universités d’Harvard, de Yale, Princeton, Columbia, du Wisconsin, de Californie, ainsi que Dartmouth College et l’Institut polytechnique de Worcester.

Le 3 février 1932, le recteur est autorisé à accepter le legs de 50 000 $ fait par Mrs Harriett Hale Wooley, destiné à payer le loyer et l’entretien de 10 chambres occupées par autant de boursiers de sa fondation, choisis parmi des étudiants en médecine, de jeunes musiciens exécutants ou compositeurs et de jeunes artistes. Un autre legs, celui de Mrs Conkling, est destiné à la constitution d’une bibliothèque ; près de 500 volumes sont offerts par divers donateurs et la bibliothèque, qui reçoit aussi de nombreux journaux et revues, compte 2673 volumes en décembre 1927.

Le directeur M. Lowrie a su solliciter les bienfaiteurs et obtenir des dons importants : le Dr et Mrs Gage meublent le hall, Mrs Tower offre des fauteuils et un grand canapé de cuir pour la salle des fêtes, etc. Un matériel de scène démontable, offert par M. et Mme Gage, permet de transformer la salle des fêtes en un véritable théâtre. Autre don des mêmes bienfaiteurs, le percement de la nouvelle entrée sur le jardin fait suite à l’ouverture de la Maison internationale.

La seconde guerre mondiale

Le 10 septembre 1939 les étudiants et la majorité du personnel ont quitté la maison ; celle-ci échappe à l’occupation allemande jusqu’en décembre 1941. A partir du 28 août 1944 elle est réquisitionnée par l’armée américaine. Sous la direction du Major Frazer, de l'université Columbia, le TWCA (centre d’études de l’armée américaine) y installe ses services jusqu’en avril 1946 (la réquisition est levée le 25 mars). Le matériel qu'il laisse sur place et ayant servi à ses étudiants doit « permettre l’occupation immédiate de la maison par 250 étudiants français et boursiers du gouvernement français ». Ce matériel a été vendu à la Cité universitaire par l’intermédiaire du ministère de l’Education nationale « pour une somme globale de 300 000 francs de beaucoup inférieure à [sa] valeur réelle ». A la demande du recteur, Leprince-Ringuet établit les états de dégradations et de pertes pour évaluer les dégâts subis par la Fondation. L’indemnité de privation de jouissance allouée au titre de l’occupation allemande s’élève à la somme de 652 500 frs par an pour l’immeuble, et à 280 000 pour le mobilier (sommes qui doivent selon l’architecte être majorées de 50% pour tenir compte de la dépréciation de la monnaie). Sur la base d’indemnités fixées à 652 500 F (immeuble) et 514 000 F (mobilier) par an, l’indemnité américaine, pour 560 jours d’occupation (y compris le Centre d’études) ressort à 1 001 000 francs au titre immobilier.

De 1946 à 1948 un gros effort est fait pour nettoyer et remettre la maison en état, avec l’aide des dommages de guerre et des dons qui se sont élevés à 8 300 000 francs. De grands travaux sont encore nécessaires, et les plus urgents sont exécutés en 1954-1955. « L’architecte des Frères Rockefeller qui a visité la maison a estimé à 51 millions la dépense à engager pour réparer, repeindre et aménager la maison. » Un don de ces hommes d’affaires permet de couvrir les frais d’une partie des réparations.

Le 2 mai 1961, tout le rez-de-chaussée du bâtiment est dévasté « par la déflagration provoquée par une charge de plastic beaucoup plus importante que celle qu’ont eu coutume jusqu’ici d’utiliser les activistes ». Cet attentat (qui a entraîné la disparition des fresques du vestibule) n’a pas été revendiqué.

Des travaux de rénovation ont lieu en 1995. La remise à neuf du grand salon s'accompagne d'une restauration des fresques longtemps cachées par une épaisse tapisserie.

  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Leprince-Ringuet Pierre
      Leprince-Ringuet Pierre

      Pierre Leprince-Ringuet (15 avenue de Villars, 7e) est diplômé de l'Ecole centrale des Arts et Manufactures et de l'Ecole des beaux arts de Paris, où il a été élève de Victor Laloux (à partir de 1899). Il est second grand prix de Rome d'architecture. Après la première guerre mondiale, il est chargé de la reconstruction de Cambrai. A Paris, il édifie entre autres, pour l'Ecole centrale, la Maison des élèves (1929), des laboratoires et le Monument aux morts, ainsi que la Maison des Mines et des Ponts et Chaussées, en 1932. Pour la Cité internationale, Il réalise également un projet (resté sans suite) de Maison de l'Ecole centrale.

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      architecte attribution par source
    • Auteur :
      La Montagne Saint-Hubert Robert
      La Montagne Saint-Hubert Robert

      R. La Montagne Saint-Hubert a été notamment professeur de fresque à l’Institut d’art de Chicago et à l’Ecole américaine des beaux arts d’été de Fontainebleau.

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      peintre signature

L'architecture

Le bâtiment est situé à cheval sur les murs des anciennes fortifications et la consolidation du sous-sol (formé d'anciennes carrières sur presque toute la surface construite) a nécessité le creusement de 19 puits de 9 m de profondeur. La surface construite est de 1774 m au rez-de-chaussée et de 1524 m2 aux étages. Sa forme générale est celle d'un U dont la concavité est tournée vers le sud.

L'architecture n'évoque pas le caractère américain et ne se rattache à aucune tradition nationale, modernisme, classicisme Beaux-Arts ou style régionaux tels que Mission, Spanish et Colonial revival. "Conçue pour ne rien épargner pour la solidité et la durée", la fondation répond d'abord au "souci de ne pas faire de luxe superflu" et tout y "est étudié pour le meilleur confort pratique". Haute de 5 étages, elle a l'aspect d'un véritable immeuble rappelant les HBM de la ville de Paris.

A l'extérieur, les murs ont un parement en brique de Bourgogne de ton rose sur une ossature de béton armé et remplissage en brique de Vaugirard, avec chaînes et bandeaux en ciment-pierre. Leur uniformité est rompue par des bow-windows saillants, terminés en balcons avec appui de fer forgé et recouverts par des auvents en béton couverts de tuiles plates de Beauvais comme la toiture de de toute la partie centrale en bordure du boulevard Jourdan. Cette partie centrale abrite des ateliers d'artistes et l'ossature en est entièrement en charpente de béton armé. Tout le reste de la couverture est une terrasse constituée par un double plancher isolant.

La pente assez accentuée du terrain a permis de dégager complètement la façade Est où le sous-sol est de plain-pied avec l'extérieur. En revanche, du côté Ouest, des cours anglaises donnent un bon éclairage à tous les locaux du sous-sol. Du côté sud, le jardin d'agrément (1640 m2) comporte, outre des platebandes gazonnées et fleuries, des corbeilles et portique de rosiers, des haies de fusains et troènes, des massifs de lauriers tins, divers arbres et arbustes, quatre vases et un "talus en pervenches" sur le boulevard Jourdan. La façade nord du bâtiment s'ouvre sur le boulevard par une grande entrée percée de trois portes surmontées de hautes baies cintrées, et précédée d'un perron de Comblanchien - selon une "innovation [jugée] regrettable" par la Fondation nationale car, suivie par d'autres maisons, "elle pourrait rompre l'unité morale de la Cité" (le règlement, dans son article 11, impose de placer l'accès du côté de l'allée intérieure). Au-dessus de l’entrée, un grand fronton couronne l’édifice ; il est orné de sculptures de Marcel Gaumont illustrant la rencontre de l'ancien et du nouveau monde (deux putti brandissent l'un Notre-Dame de Paris, l'autre un gratte-ciel).

La distribution

La surface construite est de 1774 m2 au rez-de-chaussée et de 1524 m2 aux étages. Au-dessus du 2e sous-sol, le sous-sol (dont les murs sont en meulière) est occupé par le restaurant (de plain-pied avec l'extérieur), la cuisine et ses annexes (offices, salle réfrigérée...), la chaufferie, le dépôt des malles, un économat et une lingerie, 6 pièces d'habitation pour le personnel, un appartement de 2 pièces pour le chauffeur et un studio de musique spécialement calfeutré. En 1932, le restaurant, ouvert sur le jardinet, a été orné de fresques par Miss Louise Brann, au-dessus du revêtement de marbre de 1 m 60.

Au rez-de-chaussée, le sol du grand hall d'entrée est revêtu de grès cérame, avec au centre l'écusson des Etats-Unis. Sur les murs, un revêtement en marbre rosé des Ardennes forme l'encadrement des fresques de Jean Robert La Montagne Saint-Hubert (aujourd'hui disparues), offertes par Mme William Forsythe Sherfesee of Ringwood, de New-York. Elles représentent, l'une, "La Fayette contemplant l'Amérique nouvelle avec ses tours", l'autre, "Le général Pershing débarquant en France" en 1917. Ce vestibule comporte la loge du gardien et un casier à lettres pour 300 personnes ainsi que le départ de l'escalier particulier du directeur.

De chaque côté du hall, un dégagement conduit à l'escalier de l'aile est (occupée par les étudiants) et à celui de l'aile ouest (réservé aux étudiantes). Le bâtiment est en effet séparé en deux parties ayant chacune son escalier et ne communiquant entre elles que par le rez-de-chaussée - séparation imposée par la cohabitation des deux sexes.

A fond du hall, trois portes en fer forgé avec glaces et à deux vantaux cintrées donnent sur la salle des fêtes. Les murs de ce grand salon sont recouverts en partie de lambris en chêne qui gainent aussi les grands piliers de 4 m. Ils sont décorés de six grandes fresques sur ciment exécutées par La Montagne Saint-Hubert et illustrant une histoire des arts en France. L'éclairage est assuré, outre les portes-fenêtres, par de grands lustres dessinés spécialement et exécutés en plaques de verre coulé. Le parquet est en chêne (point de Hongrie) et le plafond à caissons en staff. A 3 m au-dessus du sol sur le mur nord se trouve une mezzanine donnant sur la salle par un garde-corps de fer forgé avec inscription votive en lettres métalliques.

A chaque extrémité du grand salon se trouvent de petites salles de réception, l’une décorée et meublée dans le style Louis XVI, portant l’inscription : « Cette pièce a été offerte par The Paris Association for an American House en l’honneur des universitaires américains qui ont donné leur vie pendant la guerre mondiale » ; l’autre est de style Louis XV et est dédiée à Myron T. Herrick, ambassadeur des Etats-Unis en France. Le petit salon Louis XVI, aux parois décorées de moulures et ornements (copies d'époque en staff) sur modèles spécialement créés, à la cheminée de marbre rose aurore et aux trumeaux recouverts de tissu de soie, est réservé aux jeunes fille. Côté jeunes gens, l'aménagement du petit salon Louis XV, avec cheminée en marbre de Rance, est identique à celui des étudiantes et comporte table, canapé, fauteuils, bergères en copie d'époque, recouverts d'étoffes soies et tapisseries.

Dans la bibliothèque, de plan en L, figure l'inscription " Pièce offerte pour renforcer l’amitié entre les étudiants par The Carnegie Endowment for International Peace. Sur le pourtour, des rayonnages en chêne naturel ciré, une grande cheminée décorative en marbre blanc, avec de part et d'autre les portraits de Homer et Mabel Gage signés A. (ou M.) de Coligny (leur pose en décembre 1948 ou janvier 1949 a donné lieu à une cérémonie organisée par l’Université de Paris).

Les chambres d'étudiants

Le nombre de chambres est de 258 selon les plans de l’architecte, 109 pour les étudiants (à l'est), 149 du côté des jeunes filles, ramené à 250 par l’annexion de quelques chambres à l’appartement du concierge et de l’économe, etc. 8 (ou 10) sont des ateliers d’artistes aménagés au 5e étage, avec un petit escalier conduisant à une galerie surélevée de 3 m, où le coin chambre est installé. Le mobilier (chaises, fauteuils, bureaux, tables de chevet) provient de la Maison Fischel, 15 rue de Tanger, Paris ; les lits métalliques à panneaux bois sont fournis par Hermand Kerléadec, 5 passage Charles-Dallery, et les luminaires, dont 266 lampes portatives par « L’électro-matériel », 5 et 7 rue Darboy, Paris. Toutes les chambres, ainsi que les couloirs, sont entièrement peints. Dans chaque section (filles-garçons) et à chaque étage, se trouvent un groupe de deux salles de bains, un groupe de 4 douches, un wc. Tous ces locaux sont carrelés et recouverts de faïence blanche sur 2 m 60 de hauteur. Du côté des jeunes filles, une petite pièce est aménagée en buanderie.

  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    sous-sol, étage de soubassement, rez-de-chaussée, 4 étages carrés, étage en surcroît
  • Couvertures
    • terrasse toit à longs pans
  • Escaliers
  • Techniques
    • sculpture
    • peinture
  • Précision représentations

    Le fronton sculpté par Marcel Gaumont représente le pygargue à tête blanche, emblème des Etats-Unis, encadré d'allégories exprimant la rencontre de l'ancien et du nouveau monde : un gratte-ciel, brandi du côté d'un faisceau de flèches, symbole d ela guerre, par un putto au caractère altier, et Notre-Dame de Paris, portée du côté de la paix, c'est-à-dire du rameau d'olivier, par un autre putto, d'une allure féminine.

  • Protections
    inscrit MH partiellement
  • Précisions sur la protection

    Le grand salon avec son décor et ses fresques a été inscrit monument historique par un arrêté du 10 septembre 2009.

Documents d'archives

  • AJ16/7039-7040 : création, fonctionnement, 1921-1956.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine
  • 20090013/378 : création, divers, 1927-1961.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine
  • 20090013/1137 : legs.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine
  • 20090013/1139 : création, rapports annuels, 1925-1956.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine
  • 20090014/95 : création, mobilier, occupation américaine, dommages de guerre, 1927-1963.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine
  • 20090014/100 -102 : albums de photographies.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine
  • 20090013/170 : dommages de guerre, 1946.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine

Bibliographie

  • Lowrie, Donald A., United States House in the Cité universitaire of the university of Paris, éd. Mazarine, 1950, 134 p.

  • Brigitte Blanc, La Cité internationale universitaire de Paris, de la cité-jardin à la cité-monde, Lieux Dits, 2017, 390 p.

    p.166-169.
  • Lemoine, Bertrand, La Cité internationale universitaire de Paris, Hervas,1990, 120 p.

    p.72-73.
  • Tarsot-Gillery, Sylviane, (dir) et alii, La Cité internationale universitaire de Paris. Architectures paysagées, L'Oeil d'or, 2010, 63 p.

    p.25.
Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Blanc Brigitte
Blanc Brigitte

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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