Dossier d’œuvre architecture IA95000503 | Réalisé par
Sol Anne-Laure (Rédacteur)
Sol Anne-Laure

Conservateur du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Ile-de-France.

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Bréant Lise (Contributeur)
Bréant Lise

Animatrice de l'architecture et du patrimoine, Pays d'art et d'histoire du Vexin Français.

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  • opération ponctuelle
Maison-atelier d'André François
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Philippe Ayrault, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pontoise
  • Commune Grisy-les-Plâtres
  • Adresse rue Robert Machy
  • Cadastre 2018 AD 01 253
  • Précisions
  • Dénominations
    maison
  • Genre
    de peintre, de sculpteur
  • Destinations
    maison

D'après Janine Kotwica, auteur du catalogue et commissaire de l'exposition "André François, l'imagination graphique" à l’École Estienne (8 janvier-15 février 2018), la carrière d'André François est marquée par la variété des expressions et des références, ce qui correspond à l'étendue des centres d'intérêt et des talents de l'artiste. Maitrisant des techniques variées (peinture, sculpture, gravure, sérigraphie, eau-forte, lithographie), André François crée un style unique, fondé sur le recours aux métaphores visuelles et aux calembours, évoluant au fil du temps et délaissant une forme de tendresse drôlatique pour se teindre peu à peu de noirceur grinçante.

L'illustration enfantine représente très tôt un pan considérable de ses activités, puisqu'un de ses premiers albums C'est arrivé à Issy-les-Brioches, réalisé pendant la guerre, parait en 1949, tout comme Little Boy Brown. André François travaille de façon régulière aux États-Unis, en Grande Bretagne et au Canada avec le romancier et poète anglais John Symond, et également avec Ronald Searle et Quentin Blake. D'autres collaborations donnent le jour à des ouvrages en langue anglaise, citons dans le désordre et au hasard The Magic Currant Bun ou Mr Noselighter (1976), non traduits en français.

Proche de Jacques Prévert, André François conçoit avec lui Point du Jour, et en 1952 Lettres des îles Baladar. Il entame en 1953 une collaboration fructueuse avec l'éditeur Robert Delpire, à travers des livres-objets dont Les Larmes de crocodile en 1956. Robert Delpire a également été l'agent d'André François pour de nombreuses campagnes publicitaires (Silexore, Perrier, les In-Trou-ables chaussettes Stemm...) toutes marquées par le refus de l'artiste de faire référence directement au produit commercial qu'il s'agit de vanter. En 1972, André François réalise une célèbre campagne pour le Nouvel Observateur, puis une autre pour le magazine Télérama. Enfin, c'est Robert Delpire qui en 2004 réalise l'exposition L’Épreuve du feu au Centre Pompidou, hommage-rétrospective consacré à la carrière de l'artiste, conçu après l'incendie de son atelier de Grisy et la destruction de très nombreuses œuvres.

Les illustrations pour adultes tiennent également une place très importante dans l’œuvre d'André François, depuis les dessins réalisés pour Jacques le fataliste en 1947 (La Bibliothèque française) à ceux d'Ubu Roi (1957, Club du meilleur livre) jusqu'aux très nombreuses couvertures conçues pour la collection Folio.Son amitié avec le cinéaste Pierre Etaix se matérialise par la création de 4 affiches (1963-Le Soupirant, 1969- Le Grand Amour, 1970- Le Pays de Cocagne, et Yoyo en 1981). Très proche de Vincent Pachès, il crée avec lui une maison d'édition -Savon rouge- au début des années 1990. Tous deux travaillent avec Roman Cieslewicz en 1995 pour le projet Dominos, Dominus, et publient ensemble plusieurs recueils de dessins de presse commentés qui rendent compte des nombreuses contributions d'André François aux dessins de presse.

Parmi celles-ci, citons ses dessins pour la presse anglaise (The Observer, Punch...) et américaines (d'avril 1963 à juillet 1991 André François réalise 55 couvertures pour le New Yorker, aujourd'hui réunies dans plusieurs recueils). Ceux-ci contribuent à donner une dimension internationale à sa carrière qui sera ponctuée de commandes régulières pour des chroniques illustrées, des affiches, des couvertures de magazines prestigieux.

André François (André Farkas, dit François) nait à Temesvar - aujourd'hui Timisoara en Roumanie- le 9 novembre 1915, au sein d'une famille d'origine hongroise.Il fréquente l’École des beaux-arts de Budapest, et s’installe en France à partir de 1934.

A Paris, il suit les cours de Cassandre dans l'école d'arts graphiques que celui-ci vient d'ouvrir rue Férou (et qui fermera en 1935). André François obtient ensuite un contrat chez un entrepreneur qui travaille pour l'Exposition Universelle de 1937. Puis, successivement, il travaille pour les Galeries Lafayettes, où il peint des panneaux publicitaires et réalise des réclames pour un laboratoire pharmaceutique. Enfin, il publie ses premiers dessins de presse.

Après sa naturalisation en 1939, André François est versé dans la classe 40 mais ne sera pas incorporé en raison de la défaite française. Il épouse au début de la guerre Margaret Edmunds, fille d'un fonctionnaire britannique et le couple se réfugie en zone libre, avec leur fils Pierre (né en 1940) d'abord dans le Lot-et-Garonne,puis à Marseille. A la fin de la guerre,la famille agrandie par la naissance de Katherine en 1941, est installée en Haute-Savoie.

C'est à la fin de l'été 1945 que le couple découvre le village de Grisy-les-Plâtres, et loue à Monsieur Pankhurst la maison de la rue Robert-Machy, dont ils ne deviendront propriétaires qu'en 1954 et dont ils amélioreront peu à peu le confort.

La famille s'installe alors à Grisy, petit village situé sur l'axe reliant Paris à la Manche, appelé Chaussée Jules César.

La maison, qui n'apparaît pas sur le plan d'intendance de 1778, est en revanche présente sur le cadastre de 1830, cet élément plaidant pour une construction dans la première décennie du XIXe siècle, et qui correspond à un moment d'extension pour la commune rurale de Grisy. Devenue chef-lieu de canton en 1830, elle accueille les gardes nationales des 8 villages voisins et est occupé par l’armée prussienne pendant toute la durée du siège de Paris, en 1870. Cette même année, son toponyme est prolongé du nom "Les Plâtres" en 1870 par décision municipale, conséquence de l'importante production locale de plâtre liée à la présence de carrière de gypse. L'activité de Grisy repose sur l'élevage (le village est situé sur la route du marché aux bestiaux de Poissy) et l'agriculture (céréales et betterave fourragère) dont les productions étaient vendues au marché de Pontoise. Le village a également produit jusqu'aux dernières années du XIXe siècle un vin de qualité, comparable à celui d’Argenteuil (Monographie de l'instituteur). A la fin du XIXe siècle, Grisy possédait un bureau de poste et un télégraphe, le chemin de fer d’intérêt local qui reliait, de 1891 à 1948, Valmondois et Marines contournait la butte de Grisy. La commune était donc distante d’environ 1500 m de la gare la plus proche. De nos jours, seule la route permet d’accéder au village, qui a conservé un aspect très préservé, sa population ayant peu évolué depuis 1793 (entre 450 et 650 personnes). Quelques rues rayonnent à partir de l'église Saint-Caprais édifiée au XIIIe siècle (1914/05/09 : classé MH), construite en surplomb du village qui fait aujourd'hui partie du Parc Naturel Régional du Vexin.

Malgré un relatif éloignement avec la capitale, André François va mener jusqu'à sa mort de nombreuses activités à partir de ses ateliers de Grisy (le premier atelier situé au premier étage de la maison est percé d'une verrière à la fin des années 1950, le second de 140m2 au fond du jardin est construit selon les plans de Pierre, son fils architecte, en 1973), jouissant du calme de la maison et de la beauté du paysage qui l'environne.

C'est là qu'il aborde différentes formes d'expressions artistiques, se considérant davantage comme peintre et comme sculpteur, bien qu'il soit surtout connu du grand public pour son apport au monde de l'affiche et ses illustrations pour la jeunesse.

La famille Farkas possède également à partir de 1969 à Auderville dans le Cotentin, une maison qu'elle apprécie beaucoup et où elle effectue de nombreux séjours. André François et son épouse y retrouvent en voisins Prévert et Alexandre Trauner (qui fut un grand décorateur de cinéma, en particulier pour les films de Marcel Carné et de Jacques Prévert).

  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 19e siècle, 4e quart 20e siècle , daté par source, daté par tradition orale

La maison occupée par André François est une grande maison rurale, divisée en deux habitations. Elle est bordée d'autres maisons sensiblement identiques, ce qui confère à toute la voie un aspect très homogène, accentué par l'usage commun d'un enduit clair. Sa façade principale se déploie sur la rue et est percée d'une porte-fenêtre et de cinq fenêtres à volets de bois, les baies du rez-de-chaussées ayant été agrandies à une époque indéterminée. La façade est dépourvue de tout décor, seule une corniche de plâtre moulurée assure une transition avec le toit à longs plans, percé d'une lucarne à bout rabattu. La maison comprend deux étages, et un étage de comble ainsi qu'une cave accessible depuis l'extérieur (coté jardin).

Coté jardin, la façade est prolongée perpendiculairement d'un bâtiment qui comprend au rez-de-chaussée une remise et à l'étage, le premier atelier d'André François, ouvert dans les années 1960, d'une verrière. Le rez-de chaussée du corps principal de la maison comprend une entrée, une cuisine et un espace faisant office de salle à manger et de salon, percé d'une porte fenêtre ouvrant sur le jardin dont les limites sont marquées par deux bornes de pierre. Au delà, un vaste verger ceint de murs de pierre surplombe la plaine du Vexin et abrite le second atelier d'André François, réalisé selon les plans de son fils Pierre en 1974.

Reflet de la personnalité de ses occupants, la maison d'André et Marguerite François, fait partie de cette catégorie de demeures qu'on peut dire"habitées". Son atmosphère nait de l'accumulation des objets que la vie qui y a apportée mais aussi de ce qu'elle révèle des usages de ses habitants, de leur curiosité et de leur don pour l'hospitalité. La maison de Grisy-les-Plâtres, à la fois lieu de vie, lieu de travail et extension de l'univers créatif de l'artiste, porte la trace toujours vivante des moments familiaux et amicaux qu'elle a abrité.

C'est au mur de la salle à manger qu'André François a réalisé une première série de trompe-l’œil. Il y a peint une crédence, sur le rebord de laquelle un morceau de pain et une motte de beurre invitent à un en-cas improvisé. Derrière la porte qui ouvre vers l'entrée, c'est la queue d'une chat roux qui attire le visiteur vers des recoins cachés. Les murs du salon abritent, au milieu des collections de jouets anciens disposés au dessus de l'âtre de la cheminée recouvert de carreaux de Delft, plusieurs rayonnages de livres peints en trompe-l’œil, dont les couvertures mélangent avec humour titres de fantaisies et classiques de la littérature. Favorisant l'illusion, des placards entrebâillés laissent apercevoir tasses à thé, bobine de fils et même un antique téléphone. Au milieu de ce décor poétique, un petit chien peint sous la fenêtre ménagée dans le mur principal semble attendre un visiteur.

Un trompe-l’œil peint en haut de escalier qui mène au premier étage semble ouvrir vers un étage supplémentaire. Créant plus de confusion encore, le chat roux aperçut au rez-de-chaussée est représenté ici, assis sur le pallier. Un couloir conduit, à gauche, vers la chambre qu'occupaient André François et son épouse. Au mur, des dessins d'enfants, des tableaux et des objets, manifestations de son goût pour l'art naïf et la culture populaire. Là encore, peintures et collages se mélangent pour suggérer le rêve : des placards en trompe-l’œil s’entrouvrent pour pour laisser voir des oiseaux aux milieux de feuillages et de fruits placés sur des fonds noirs.

Du côté opposé de la maison, et à l'autre bout du couloir, après la chambre d'enfant et la salle de bain, une autre chambre dispose d'un décor élaboré de trompe-l’œil. Sur le mur principal, au dessus du lit, les arcades d'un palais abandonné, aux réminiscences de peinture métaphysique, abrite des oiseaux exotiques, posés sur des bouteilles vides. Certains se sont échappés du cadre de la peinture et posés aux quatre coins de la pièce.

Cette petite pièce ouvre sur le bâtiment construit perpendiculairement à la maison, et qui ne se trouve pas exactement au même niveau. Quelques marches permettent d'accéder à un espace utilisé comme réserve, puis à l'atelier. La table de travail d'André François est toujours là, face à la verrière largement ouverte sur la campagne, entourée de bibliothèques remplies de maquettes et de projets de travail, .

La maison dispose d'un grenier dans les combles, où sont conservés des oeuvres en 3 dimensions et un grand nombre d'affiches et d'ouvrages.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    maison d'homme célèbre

Documents d'archives

  • section C1, Village. Première feuille, parcelle 297

    Archives départementales du Val d'Oise, Cergy-Pontoise : 3P2517
  • Dossier 2446. Réalisé en 1983 par E.Robin. 18 rue Robert Machy. Maison d'André François. (erreur dans le numéro)

    · Le dossier comporte deux prises de vues de la façade depuis la rue.

    Archives départementales du Val d'Oise, Cergy-Pontoise : Cote 2511W

Bibliographie

  • A.M. Cassandre : œuvres graphiques modernes 1923-1939, Anne-Marie Sauvage (dir.), Paris, Bibliothèque nationale de France, 2005.

  • André François et la publicité. Laurence Perrigault et Léa Martin. Margny-lès-Compiègne, Centre André François, 2018.

  • André François. L'imagination graphique.Janine Kotwica, Camille Scalabre. Catalogue publié à l'occasion de l'exposition organisée à l’École Estienne (Paris) en 2017.

Lien web

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Sol Anne-Laure
Sol Anne-Laure

Conservateur du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Ile-de-France.

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Bréant Lise
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