Dossier d’œuvre objet IM75000275 | Réalisé par
Congard Charlotte (Contributeur)
Congard Charlotte

personne ayant travaillé au service de l'inventaire

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  • enquête thématique départementale
Ensemble de 17 verrières - Chapelle Notre-Dame de la Compassion (Chapelle royale Saint-Ferdinand)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Verrières religieuses parisiennes du 19e siècle
  • Commune Paris 17e arrondissement
  • Adresse 2 boulevard Aurelle de Paladines

Une prestigieuse chapelle fut élevée en 1842 à la demande de Louis-Philippe, en mémoire de son fils aîné Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans, tué le 13 juillet 1842 au cours d’un accident de cabriolet boulevard Pershing ; construite à l’emplacement de l’accident, sur un plan en croix grecque dessiné par P. Fontaine, elle fut consacrée le 13 juillet 1843 par Mgr Affre. Pour réaliser le décor intérieur, le roi choisit des artistes familiers du prince décédé, en premier lieu J.-D. Ingres qui en avait fait le portrait en mai 1842, deux mois avant sa mort ; il reçut la commande le 26 juillet 1842 de quinze cartons de vitraux peints à l’huile sur toile, augmentés de deux autres après l’extension de la nef par Fontaine en 1843. Le dessin des bordures et des pinacles revint à Cl.-A. Chenavard et à E. Viollet-le-Duc.

Après l’approbation des cartons et des premiers vitraux par la famille royale, les peintres sur verre de la Manufacture de Sèvres, A. Apoil, A. Béranger, É. Bonnet, J.-F. Régnier, Ch.-L. Rousseau et P.-M. Roussel, F. Bastide purent commencer la fabrication des dix-sept verrières en septembre 1842. Ingres suivit de près le travail, imposant l’emploi de verres teints dans la masse et doublés provenant de Rive-de-Gier (Loire) ou de Bitche (Moselle), qui permettaient la gravure à l’acide de certains détails appartenant aux figures des Saints Louis, Clément, Philippe et Henri ; il vérifiait également avant cuisson l’état des verres peints aux émaux, bleu, rose-mauve, rose (27 couleurs d’émaux étaient disponibles à la manufacture de Sèvres en 1843). Ingres tenait en effet au mélange des deux techniques, ainsi qu’à la coupe des verres selon le dessin des plombs de contour et à la gravure des verres rouge et bleu (manteaux galonnés et fleurdelisés des deux Saints Louis, main de Saint Philippe).

Sur des fonds bleus proposés par L. Robert, alors directeur de l’atelier de peinture sur verre de la manufacture, Ingres a représenté les membres de la famille royale en la personne de leurs saints patrons. Certains sont de véritables portraits : le roi Louis-Philippe en Saint Philippe, Ferdinand d’Orléans en saint Ferdinand, la reine Marie-Amélie en Sainte Amélie et la duchesse d’Orléans, Hélène Van Mecklembourg en Sainte Hélène (d’après un portrait du peintre Winterhalter). Pour l’iconographie des Vertus, Ingres emprunta les cadrages, les attributs et les coloris clairs des figures à la prédelle du retable Baglioni, peint par Raphaël en 1507 (Pinacothèque du Vatican).

Les verrières étant presque terminées en décembre 1842, sous réserve des retouches apportées par Ingres, l’ensemble put être livré et posé en juillet 1843. La reine confia le soin d’en établir la monographie à P. Sudre. De nombreux dessins préparatoires subsistent dans les cabinets des estampes des musées du Louvre, Bonnat à Bayonne, Condé à Chantilly et Ingres à Montauban ; la collection de J.-E. Gatteaux, incendiée en 1871, conservait aussi 75 dessins, dont témoignent les clichés de Marville conservés à la Bibliothèque nationale.

J.-B. Lassus, qui déplorait en 1844 les écarts de certains artistes par rapport au vitrail ancien, nota à propos des vitraux d’Ingres : « Mais, c’est seulement à des artistes d’élite qu’il est permis de se dégager de ces traditions et de déplacer pour ainsi dire le but de la peinture sur verre, en lui imprimant un sentiment très personnel », tandis que Didron les cita en exemple dans le Bulletin monumental de 1853.

Les vitraux et les statues furent déposés et mis à l’abri en 1870 par peur des émeutiers. Inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 15 juin 1925 puis classée le 21 janvier 1929, la chapelle dut déménager du boulevard Pershing à son emplacement actuel en 1968 en raison de la construction du Palais des Congrès ; l’atelier Lorin procéda au démontage des verrières qu’il put entreposer dans la crypte de l’église Saint-Ferdinand des Ternes, en attendant le remontage en 1971. Son successeur, l’Atelier Hermet-Juteau, fut chargé en 2005 de la restauration de la fenêtre de Saint Ferdinand à travers laquelle des « visiteurs » avaient pénétré à l’intérieur de l’édifice au début des années 1960, et qui avait été remplacée provisoirement par une allégorie de la Foi provenant de la chapelle royale de Dreux.

Baies 1 à 6, 9 à 16 (1 lancette, 2,10xL.0,92). Saints protecteurs de la famille impériale, portraiturés sous de petits dais néo-Renaissance : Philippe apôtre, sous les traits du roi Louis-Philippe (il existe une version de sa main droite, peinte en grisaille et jaune d’argent, dans les réserves du Musée national de la céramique de Sèvres), peint par F. Régnier (1) ; Amélie, sous les traits de la reine Marie-Amélie, par E. Bonnet (2) ; Robert de Worms tenant un livre à tranche peinte au « rose à l’or », par Ch.-A. Apoil (3) ; Ferdinand, par E. Bonnet d’après le portrait du jeune duc Ferdinand-Philippe d’Orléans réalisé par J.-D. Ingres en 1842, restauré en 2005 (4) ; Louis, par F. Regnier, sous les traits de Charles V « INGRES INVENIT ET FECIT-MANUFACTURE DE SEVRES 1842 F. REGNIER PINX. » (5) ; Hélène impératrice tenant une grande croix et une tête de Christ doublée d’un chrisme, sous les traits de la jeune duchesse veuve Hélène Van Mecklembourg, par E. Bonnet « INGRES MANUFACTURE DE SEVRES 1842 » (6) ; Charles Borromée en prières, patron de Louise-Marie-Charlotte, reine des Belges, par P.-M. Roussel (9) ; Henri empereur d’Allemagne, par P.-M. Roussel (10) ; Antoine de Padoue, par P.-M. Roussel (11) ; François d’Assise, par A. Béranger (12) ; Rosalie, par A. Béranger « INGRES INVENIT ET FECIT MANUFACTURE DE SEVRES 1842 A. BERANGER PINXT » (13) ; Adélaïde impératrice, patronne de Madame Adélaïde, sœur de Louis-Philippe, par A. Béranger (14) ; Clément évêque d’Alexandrie, par Ch.-A. Apoil, restauré en 2002 (15) ; Raphaël archange, patron du duc de Nemours, par E. Bonnet, daté 1842-1843 (16) ; inscriptions nominatives en latin ; fonds bleus peints de motifs damassés au pochoir ; en bordures, petits quadrifoles peints à l’émail rose sur un fond à l’émail vert et pastilles jaunes. Par J.-D. Ingres et les peintres de la Manufacture ; E.-E. Viollet-le-Duc, Cl.-A. Chenavard (pinacles et bordures), cart., 1842-1843.

Baies 7, 8, 17 (roses, diam. 1,20). Les Vertus : la Charité, par A. Béranger et F. Bastide « INGRES INVENIT ET FECIT A. BERANGER PINX. » (7) ; l’Espérance, par Ch.-A. Apoil, Lacoste et F. Bastide (ornements) « INGRES INVENIT ET FECIT A. APOIL PINX. » (8) ; la Foi, par F. Régnier « INGRES INVENIT ET FECIT » (17) ; filets d’étoiles dorées en bordures ; vitrerie ornementale de complément (croix, palmettes, étoiles). 1842-1843.

  • Catégories
    vitrail
  • Iconographies
    • saint Philippe apôtre
    • Louis-Philippe Ier
    • sainte Amélie
    • Marie-Amélie de Bourbon
    • saint Ferdinand
    • saint Louis
    • Charles V le Sage
    • sainte Hélène
    • saint Charles Borromée
    • saint Henri
    • saint Antoine de Padoue
    • saint François d'Assise
    • sainte Rosalie
    • sainte Adélaïde impératrice
    • saint Clément
    • saint Raphaël archange
    • Vertu théologale
    • Charité
    • Espérance
    • Foi
  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
    propriété d'une association diocésaine
    propriété d'une personne morale, Propriété de la Société civile Immobilière de Dreux
  • Protections
    classé MH, 1929/12/30

Documents d'archives

  • AMNS. Registre Vv 4, f° 290v° et 291 ; Pb21 L3 d18.

  • MAP. ACMH : 1997/018/0038.

  • Diocèse. GNOA 4

  • Diocèse. NDC.

Bibliographie

  • Description très exacte de la chapelle Saint-Ferdinand sous l'invocation de Notre-Dame de la Compassion, élevée à la mémoire de S. A. R. Louis-Ferdinand-Philippe d'Orléans, duc d'Orléans.... Paris : Boucquin, 1843.

  • LASSUS, J.-B. Exposition de l'Industrie. Peinture sur verre. In Annales Archéologiques. Paris, 1844, t. 1, p. 40-44.

    p. 41
  • SUDRE, P. La Chapelle Saint-Ferdinand publiée avec l'autorisation de sa Majesté la Reine. Paris, 1846.

    lithographies couleur
  • Inventaire général des richesses d'art de la France, Monuments civils. Paris : Plon, 1905, t. 7.

    p. 112-113
  • FOUCARD, J. Cartons pour les vitraux des chapelles Saint-Ferdinand à Paris, 1842 et Saint-Louis à Dreux, 1844. In [Exposition. Paris, Petit Palais. 1967-1968]. Ingres. Paris : RMN, 1967, p. 274-281.

    n°201-209
  • CORPUS VITREARUM MEDII AEVI. Les vitraux de la région parisienne, de la Picardie et du Nord Pas-de-Calais. CNRS, 1978

    p. 34
  • GATOUILLAT, F. Les Vitraux d'Ingres. In MUSÉE INGRES. Colloque international (1980 ; Montauban). Ingres et son influence. Montauban : Société des Amis du Musée Ingres, 1980, p. 147-155.

  • [Exposition. Paris, Grand Palais. 1983-1984]. Raphaël et l'art français. Paris : RMN, 1983.

    p. 129 n°127, 128, 129, 312, 313
  • [Exposition. Paris, Grand Palais. 1991]. Un âge d'or des arts décoratifs 1814-1848 : exposition présentée au Grand Palais à Paris du 10 octobre au 30 décembre 1991. Paris : RMN, 1991.

    p. 419, n° 238
  • GATOUILLAT, F. Les vitraux de la chapelle Saint-Ferdinand. In Le mécénat du duc d'Orléans, 1830-1842. Dir. H. Robert. Paris : DAAVP, 1993, p. 158-165

  • BRUNEL, Georges. Dictionnaire des églises de Paris : catholique, orthodoxe, protestant. Paris : Hervas, 1995.

    p. 159-160
  • [Exposition. Paris, Musée du Louvre. 2002]. Ingres, Les cartons de vitraux des collections du Louvre : exposition présentée au Musée du Louvre à Paris, Exposition-dossier du département des Peintures n°62, du 22 mai au 23 septembre 2002. Réd. Foucart J. Paris : Musée du Louvre, 2002.

    p. 80-103

Périodiques

  • PERRAULT-DABOT, A. La renaissance du vitrail à la manufacture nationale de Sèvres. Époque romantique (1827-1854). Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, 1933, t. LX, p. 80-98.

    p. 85 et sq.
  • LUNEAU, J.-F. Modèles et cartons au XIXe siècle : un enseignement pour la connaissance des pratiques anciennes ?. Cahiers de l’École nationale du patrimoine, 1999, n° 4, p. 117-133.

  • FOUCART, J. Saint Raphaël, seul dessin d'Ingres du Musée Condé mais dessin admirable. Le Musée de Condé, Chantilly, décembre 2003, n°60, p. 43-48.

Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Congard Charlotte
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