En 1931, la municipalité communiste de Villejuif dirigée par Paul Vaillant-Couturier organise un concours dans le but de créer un ensemble scolaire et sportif, simple mais fonctionnel, moderne mais sans luxe inutile. Le lauréat est André Lurçat (1894-1970), architecte ayant fait ses armes dans l’atelier de Robert Mallet-Stevens. Figure majeure de l’architecture moderne du XXe siècle, chantre de l’architecture fonctionnaliste, mais aussi communiste convaincu, Lurçat signe ici sa première grande commande publique, celle qui lui vaut une renommée internationale. Emblématique des théories esthétiques et sanitaires de l’entre-deux-guerres, le groupe scolaire Karl-Marx devient un modèle pour les établissements éducatifs après la guerre. Inauguré en 1933, il devient alors un véritable manifeste pour le Parti Communiste Français. Les façades et toitures du gymnase sont inscrites au titre des monuments historiques en 1975. Aujourd’hui, le gymnase sert de self-service pour le collège.
Formé par les écoles, le gymnase et le stade, ce complexe s’inscrit dans l’aménagement d’un nouveau quartier de Villejuif, l’avenue Karl-Marx formant l’axe principal autour duquel se déploient les différents bâtiments. Ouverts à la population voisine, le gymnase et le stade sont toutefois reliés aux écoles par un passage souterrain, afin de faciliter l’accès des scolaires. Vaste salle de 288 m², le gymnase abrite également une cabine de projection, permettant d’utiliser la pièce pour des conférences. À chaque extrémité, un escalier mène à la terrasse sur laquelle sont installés des gradins formant une tribune. Cette tribune permet d’assister aux épreuves sportives disputées sur le terrain, mais sert aussi à tenir des meetings face au public installé sur le stade. Grâce à ses volumes cubiques et à ses escaliers logés dans les demi-cylindres situés à chaque extrémité du bâtiment, le gymnase offre une silhouette reconnaissable. Réalisé en béton armé enduit, il se distingue également par ses verrières aux menuiseries métalliques peintes en rouge foncé qui répondent à celles des écoles. Sans décor superflu, l’animation des façades se fait par les décrochements, les courbes et les larges baies, ces dernières permettant de laisser la lumière se déverser largement à l’intérieur.
Avec son gymnase et son stade, le complexe Karl-Marx est l’un des premiers de la banlieue parisienne à offrir des infrastructures sportives répondant aux soucis hygiénistes de l’époque, faisant de la pratique physique l’un des garants de la santé des enfants. Habituellement hors de portée des quartiers défavorisés, ce type de complexe offre un confort matériel et sanitaire inédit, élément majeur de la politique communiste de la municipalité. Manifeste de l’engagement de Lurçat pour la cause de l’éducation populaire, le groupe scolaire Karl-Marx constitue une œuvre essentielle, inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1993.
