• enquête thématique régionale, Architectures du sport en Ile-de-France
Stade Bauer
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune Saint-Ouen-sur-Seine
  • Adresse rue du Docteur-Bauer
  • Cadastre 2023 AG 92Informations d'accès en transport en commun : Bus 166, 255 Audonienne - Michelet - Docteur Bauer / Bus 85 - Eugène Lumeau - Les Ecoles / Métro 13 - Garibaldi

L’histoire du Stade Bauer est intimement liée à celle du Red Star, club omnisport né à Paris en 1897 sous l’impulsion de Modeste et Jules Rimet, Ernest Weber et Charles de Saint-Cyr, rapidement orienté vers la seule pratique du football. De 1898 à 1902, ses matchs se jouent à Meudon puis rue Nélaton à Paris, sur un terrain vague faisant office de terrain de jeu. La construction du Vélodrome d’Hiver à cet emplacement en 1909 pousse le club à chercher un nouveau lieu d’accueil.

Un terrain occupé par des jardins ouvriers, proche de Paris et desservi par le tramway est localisé aux abords de l’usine des Cirages Français à Saint-Ouen. Un tiers de la parcelle est cédé pour l’aménagement d’un terrain de football, inauguré le 23 mars 1911 à l’occasion d’un match France-Angleterre, faisant du lieu l’un des plus anciens stades de France.

Dès la fin de la Première Guerre mondiale, un ambitieux projet de grand stade est mis en œuvre par le Club. Fort de son titre de champion de France en 1921 et probablement appuyé par son ancien président Jules Rimet (devenu président de la Fédération internationale de football) il consiste en l’extension et la modernisation des installations afin d’offrir plus de confort aux joueurs et aux supporters. De véritables tribunes avec vestiaires sont conçues par les architectes André Bocquet et Couson frères en 1922. Ces premiers gradins sont découverts. Derrière les cages, les emplacements les moins chers appelés « populaires » étaient installés sur des buttes de terre. Ces espaces créent une proximité sociale et géographique entre joueurs et supporters contribuant à faire du stade un lieu de ferveur populaire depuis ses origines. Dans cette nouvelle arène baptisée « Stade de Paris », le Red Star confirme sa suprématie en remportant le championnat de France en 1922, 1923 et 1928. En 1924, une rencontre y est organisée lors des Jeux Olympiques de Paris.

Confronté à des difficultés financières, le Club cède son stade à la ville de Saint-Ouen en 1930 pour la somme de 4 800 000 francs. Le nouveau Red Star olympique continue à l’utiliser et renoue avec la victoire en 1942, mais il est également ouvert à d’autres clubs sportifs. De nouveaux aménagements sont effectués par la ville. Les tribunes construites en 1922 sont partiellement couvertes à l’aide de pylônes soutenant une charpente métallique et une couverture de tôle. Elles sont étendues puis doublées par une tribune symétrique réalisée vers 1932. Enfin, vers 1935, une piste d’athlétisme est aménagée à l’emplacement d’une ancienne fosse séparant initialement les gradins et le terrain.

Après la Seconde Guerre mondiale, le lieu est rebaptisé stade Bauer, en hommage à Jean-Claude Bauer, médecin à Saint-Ouen et résistant fusillé au Mont-Valérien en 1942. Les tribunes sont réaménagées en 1947 et leur surface couverte est étendue. Dans cette configuration, la tribune d’honneur est placée au centre de la tribune nord, au-dessus des vestiaires des joueurs et entourée de places en pesage (debout sur les gradins) non couvertes. En face, le centre de la tribune accueille les places en première, entourées des places en seconde. Sur les côtés, les places « populaires » restent les moins onéreuses. En 1965, l’installation de l’éclairage permet de jouer des matchs en nocturne.

Dans les années 1970, les places « populaires » disparaissent au profit de gradins et la tribune nord-est est remplacée par une nouvelle tribune de béton de 7 500 places inaugurée le 16 octobre 1975. Elle comprend de nouveaux vestiaires au rez-de-chaussée et des bureaux pour le Red Star au premier niveau. En 1975 également, la tribune sud-ouest est remplacée par l’immeuble d’habitation en gradins « Planète Z » conçu par l’architecte Jacques Starkier. Donnant directement sur le stade, il fait quasiment office de quatrième tribune.

Au début des années 2000, la vétusté du stade le rend inapte à l’accueil de matchs de Ligue 1 et 2. Un vif débat oppose les partisans de sa rénovation et ceux d’une délocalisation du club vers un nouveau lieu. Le stade, promis à la démolition, est finalement sauvé grâce à la ténacité des supporters très attachés au lieu. En 2021, le stade est racheté à la commune par le promoteur Réalités, lauréat du concours « Inventons la Métropole du Grand Paris » en 2019. Un projet de réhabilitation totale est mis en œuvre, se traduisant par la construction d’une nouvelle tribune de plus de 800 places au pied de l’immeuble Planète Z et par l’inauguration le 12 janvier 2024 d’une nouvelle tribune est de près de 4 800 places le long de la rue du Docteur-Bauer. Inaccessible depuis le début des années 2000, la tribune nord est démolie en 2023 pour laisser place à la « Bauer Box » dont la livraison, ainsi que celle de la nouvelle tribune ouest est prévue en 2025. Conçue par l’Agence SCAU, la « Bauer Box » est un ensemble de bâtiments d’activité commerciale et de logement de près de 30 000 m² intégrant côté stade une tribune, conçue comme une réponse à Planète Z. Modulable, ouverte sur la ville et au service des habitants, elle a pour ambition d’animer le quartier et de créer un lien entre le stade et la population. Les supporters ont été associés aux décisions et ont obtenu du constructeur l’assurance qu’aucun accord de naming ne permettra de renommer le stade ou leur tribune historique, portant le nom de Rino della Negra, ancien joueur du Red Star et membre du groupe Manouchian fusillé en 1944 au Mont-Valérien. À la fin du projet, le stade comptera 10 000 places dans ses quatre tribunes avec possibilité d’extension.

  • Statut de la propriété
    propriété publique

Site JO 1924 ; 3 ; 4

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024
(c) La Manufacture du Patrimoine
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel