• enquête thématique régionale, Architectures du sport en Ile-de-France
Piscine Tournesol, actuellement piscine Raymond-Mulinghausen
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Philippe Ayrault, Région Île-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune Les Lilas
  • Adresse 202 avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny
  • Cadastre 2023 M 75Informations d'accès en transport en commun : Métro 11 - Mairie des Lilas / Bus 318, tillBus - Floréal

Après les mauvaises performances des nageurs français aux Jeux olympiques de Mexico de 1968 et la noyade dramatique de 150 personnes sur le Lac Léman, le président Charles de Gaulle souhaite que l’apprentissage de la natation soit généralisé. Ainsi, dans le cadre de la 3e loi programme, le secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux Sports lance l’opération des « 1000 piscines » afin d’équiper le territoire, sur le modèle de l’opération des « Mille-Clubs ». Afin d’industrialiser la construction de ces piscines, le secrétariat d’Etat organise trois concours d’architecture à partir de 1969 afin de proposer des plans-types économiques aux collectivités. Le premier concours de 1969 est notamment remporté par la piscine Tournesol (Schoeller et Constantinidis) et la piscine Caneton (Charvier, Aigrot, et Charras) dont près de 400 exemplaires ont été construits sur le territoire dans les années 1970. En 1971, le concours dit « Conception-construction » distingue à nouveau la piscine Tournesol mais également quatre nouveaux plans-types : la piscine Iris (Dondel, Lesage et Noir), la piscine Plein-Soleil (Legrand, Rabinel et Debouit), la piscine Plein-Ciel (Charles Le Chevrel) et la piscine Clam (Maillard et Ducamp). Lauréate des deux concours, la piscine Tournesol conçue par l’architecte Bernard Schoeller et l’ingénieur Thémis Constantinidis est construite à plus de 180 reprises sur le territoire national au cours de la décennie, dans un temps record grâce à la préfabrication d’environ 85 % des différentes parties en amont. « Industrielles », il n’en demeure pas moins que ces piscines présentent une architecture audacieuse qui leur vaut un statut d’icône de l’architecture des Trente Glorieuses.

La piscine Tournesol des Lilas s’inscrit dans ce vaste programme national : le permis de construire étant accordé en 1975, elle est édifiée en 1976 sur l’avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny en reprenant les principes et l’architecture du plan-type élaboré par Schoeller. Elle se compose d’une coupole autoporteuse tenue par une charpente métallique de 36 arcs, évoquant une coquille d’oursin. La particularité de cette structure tient dans la possibilité de s’ouvrir partiellement transformant la piscine intérieure en une piscine extérieure par beau temps et permettant son utilisation toute l’année. La piscine des Lilas se distingue aussi par sa couleur : six couleurs de tuiles de plastique sont proposées lors de la conception par l’entreprise Matra-Plastique qui œuvre aux côtés de l’architecte. Un jaune soutenu est choisi pour celle-ci, lui conférant une visibilité particulière dans le paysage urbain. L’éclairage naturel est également privilégié grâce au percement de 126 hublots dans la coque. Le bassin conserve cependant sa forme rectangulaire « traditionnelle », ménageant de larges plages de part et d’autre et, surtout, des locaux techniques et cabines qui sont disposés sous la partie fixe de la coupole, sur l’un des côtés du bassin. Les aménagements intérieurs sont caractéristiques du goût des années 1970, les cabines de déshabillage, la caisse et les espaces techniques étant également conçus en coques de polyester, à l’esthétique jugée « futuriste » par les premiers nageurs.

Victime d’un incendie, la piscine est reconstruite à l’identique en 1983 ; quelques années plus tard, en 1987, elle est renommée la « piscine Raymond-Mulinghausen », du nom du sportif français né en 1920 et mort en 2009 à Bobigny. A l’heure où de nombreuses piscines Tournesol sont démantelées, la piscine des Lilas constitue un témoin crucial de l’histoire de l’architecture sportive et de la société des Trente Glorieuses mais également de l’esthétique des années 1970.

  • Statut de la propriété
    propriété publique

Sélection label ACR 2023 ; 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 6

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024
(c) La Manufacture du Patrimoine
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel