• enquête thématique régionale, Architectures du sport en Ile-de-France
Palais des sports et stade Auguste Delaune de Saint-Denis
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Jean-Bernard Vialles, Région Île-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton aire d'étude de la région Ile-de-France
  • Commune Saint-Denis
  • Adresse 9 avenue Roger Semat
  • Dénominations
    complexe sportif
  • Genre
    communal

L'ensemble sportif constitué par le palais des sports et le stade Auguste-Delaune constitue une réalisation majeure dans l'œuvre d'André Lurçat (1894-1970) à Saint-Denis. Caractéristiques du style de ce maître du Mouvement moderne dont les réalisations sportives sont pourtant rares, les bâtiments conservent de très nombreuses dispositions d'origine et ont été choisis comme site d'entraînement de tennis de table et de rugby à 7 pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Dès les années 1930, suite au déclassement du Fort de la Double-Couronne qui libère de vastes terrains, la commune de Saint-Denis souhaite se dote d’un parc des sports comprenant un grand stade. Cette volonté s’inscrit dans un contexte de municipalisation des sports alors que cette pratique est traditionnellement gérée par la sphère associative. En effet, les municipalités communistes ont à cœur, dans une ambition de cohésion sociale par le sport et de valorisation de la jeunesse, d’encourager l’éducation physique selon des principes hygiénistes. Si plusieurs terrains de sport sont en effet aménagés dans les années 1930 et 1940, ils restent cependant le plus souvent sommaires. Ce n’est qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale que le projet est véritablement relancé et confié en 1948 à l’architecte André Lurçat, qui réalise également un parc des sports au Blanc-Mesnil. Le programme doit comporter un stade d’honneur pour les compétitions internationales doté d’une tribune, un terrain de rugby, plusieurs terrains d’athlétisme dont deux réservés aux scolaires, de football, de handball, de volleyball, des courts de tennis, des boulodromes et un palais des sports. Ce complexe sportif couvert doit quant à lui accueillir la pratique de la gymnastique, du judo, de la boxe, du tir à l’arc et une grande salle de compétition comprenant 850 places assises.

L’aménagement du parc des sports de Saint-Denis débute par la pose de la première pierre du palais des sports, le 15 février 1959. Alors que le chantier de cette salle couverte est en cours, André Lurçat et son collaborateur Albert Michaut dessinent en 1961 les plans des tribunes des terrains de sport. Dans un premier temps, l’architecte songe à édifier une seule tribune au niveau du stade d’athlétisme puis décide d’en construire deux, une grande pour les pistes d’athlétisme et une petite pour le terrain de rugby. Il imagine également couvrir la tribune par une charpente en bois lamellé-collé mais cette dernière est jugée trop onéreuse et l’architecte émet des doutes quant à la fiabilité de ce matériau sur un tel porte-à-faux, sa mise en œuvre étant encore très rare à l’époque, et opte finalement pour une couverture en béton armé. Ces nombreuses modifications entraînent un retard certain et alors que le palais des sports est inauguré le 21 avril 1962, les travaux des tribunes ne débutent qu’en 1968. Ces dernières sont inaugurées le 27 février 1971 tandis que le parc des sports prend le nom d’Auguste Delaune, secrétaire général de la Fédération sportive et gymnique du travail et membre du Parti communiste français, mort torturé par la Gestapo en 1943.

La composition du palais des sports, tant dans l’articulation des volumes que dans le dessin des façades, est particulièrement représentative du style d’André Lurçat, tenant du Mouvement moderne. L’édifice s’organise autour d’une salle de compétition centrale (20 x 40 m), pouvant accueillir 850 spectateurs sur ses gradins, et de salles annexes dédiées à l’entraînement et à la pratique de sports à destination des clubs et des scolaires. Edifié sur une structure en béton armé et un remplissage en briques creuses, le bâtiment est enduit de ciment à la chaux. Le dessin très net et épuré de ces façades blanches est uniquement interrompu par le décor de céramique Gilson jaune de Naples sur le pavillon d’entrée et les grandes baies en pavés de verre. Si les volumes du palais des sports sont très simples, ordonnés par un principe rationaliste, la conception de la salle centrale est plus complexe. En effet, la salle de compétition devait à l’origine recevoir une couverture de voûtes autoportantes en béton, néanmoins, face au coût de la construction, l’architecte met finalement en œuvre une charpente métallique, permettant également de vastes portées, supportant un faux plafond à double courbe en aluminium ondulé, reflétant la lumière des baies. Sur les murs, l’artiste Pierre Sabatier installe des colombes en métal s’envolant, symbole de la "paix nécessaire à la formation de la jeunesse dans le sport".

Les deux tribunes du parc des sports sont également édifiées en béton armé. Le porte-à-faux de la grande tribune d’athlétisme, de près de 25 m, est particulièrement impressionnant. Il est réalisé grâce à la mise en œuvre de voiles minces de béton armé autoportants avec nervures de raidissement. Fait rare, et extrêmement technique, la sous-face de l’auvent est dotée de percements ronds permettant l’éclairage des gradins. Si ce porte-à-faux constitue un exploit technique, Lurçat répète ce motif à l’envi dans le parc des sports, le reproduisant sur la petite tribune mais également sur les portiques d’entrée. Enfin, signifiant le soin porté aux détails de second œuvre et l’importance de la synthèse des arts, la fille de l’architecte, Catherine-Anne Lurçat réalise à l’entrée du stade une mosaïque polychrome représentant les anneaux olympiques sur un fond de feuilles de laurier, symboles de la victoire sportive.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Périodiques

  • "Palais des sports et stade Auguste Delaune de Saint-Denis", dans La construction moderne, 1964, n°1, pp. 34-42.

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2022