Dossier d’œuvre architecture IA92002320 | Réalisé par ;
Philippe Emmanuelle (Rédacteur)
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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  • enquête thématique régionale, Architectures du sport en Ile-de-France
Piscine olympique de Colombes
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton aire d'étude de la région Ile-de-France
  • Commune Colombes
  • Lieu-dit Ile Marante Parc départemental Lagravère
  • Cadastre 2022 BX 145, 155
  • Dénominations
    piscine
  • Genre
    communal
  • Précision dénomination
    Olympique

La piscine olympique de Colombes, réalisée en 1969 par l'architecte Henri Pottier, a été érigée dans la partie centrale du parc de loisirs départemental Pierre-Lagravère, situé sur l'ancienne île de Marante, d'une superficie de 25 hectares, qui a été rattachée à la rive gauche de la Seine afin de faciliter les transports fluviaux et routiers et pour protéger les berges des inondations.

Fermée en 2022 pour une opération de réhabilitation et d'extension de grande ampleur, cette piscine servira de centre d'entraînement aux équipes de natation artistique sélectionnées pour les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Aux deux bassins existants (intérieur et extérieur) sera ajouté un troisième, extérieur et chauffé (bassin nordique). Destinée à devenir un équipement aquatique familial, elle accueillera une nouvelle pataugeoire et deux toboggans et sera complétée par des bureaux administratifs et une salle de musculation. Le bassin principal sera très légèrement agrandi pour atteindre les 50m nécessaires à son homologation et sera revêtu d'un procédé inox, conforme aux normes de la Fédération internationale de Natation et gage de performance pour les athlètes. Un travail sera enfin engagé pour mieux isoler le bâtiment, avec de la fibre de bois. L'accessibilité aux personnes à mobilité réduite sera améliorée.

Selon les précisions apportées par l'article consacré à la construction de la piscine olympique dans la revue Techniques et Architecture de mars 1969, l'équipement est édifié dans la partie centrale du parc départemental, sur l'ancienne île de Marante, dans une zone foncière réservée à la municipalité de Colombes. Elle est implantée le plus possible en aval, de manière à réserver vers l'amont des terrains nécessaires à d'autres activités sportives. Dans le programme initial étaient en effet prévus, en sus de la piscine, des tennis couverts, des terrains de basket-ball, un bassin pour le rowing-club, un restaurant surplombant la darse, une patinoire et des parkings pour 350 à 400 voitures.

Henry Pottier (1912-2000) réalise le bâtiment abritant la piscine composé de trois volumes s'imbriquant les uns dans les autres. Né à Vernon (Eure), cet architecte, qui fréquente les ateliers de Victor Laloux, Charles Lemaresquier et Alfred Audoul à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, en sort diplômé en 1937 et remporte le Premier second Grand Prix de Rome en 1944. Après la Seconde guerre mondiale, il travaille durant dix ans à la reconstruction de sa ville natale et à celle d'Evreux, dont il érige la préfecture et la cité administrative. A partir des années 1960, il concentre son activité sur la région parisienne, où il dresse les plans de nombreux équipements, comme les hôpitaux Béclère (Clamart), Henri-Mondor (Créteil) et celui du Val-de-Grâce (Paris, 5e). Il participe également à des aménagements de plus vaste échelle : en 1959, il s'associe à Raymond Lopez pour concevoir le quartier du Front de Seine (Paris, 15e), marqué par des immeubles de grande hauteur (IGH).

La piscine olympique conçue par Pottier comprend un bassin olympique de 50 x 21 m, avec des plongeoirs dont l'un culminant à 10 m de haut et un bassin d'apprentissage de 25 sur 8 m. Les plages s'ouvrent vers l'extérieur par des panneaux vitrés, qui donnent accès à un solarium. Les gradins entourant les bassins peuvent accueillir 500 à 600 personnes. La particularité est que l'entrée des nageurs s'effectue au niveau supérieur, où se trouvent les caisses et où sont distribués les cabines et des vestiaires-porte-habits. Les sanitaires et les douches sont situés au niveau intermédiaire. Le plongeoir de 10 m est accessible par un ascenseur.

La piscine est inaugurée le 15 février 1969 par Dominique Frelaut, conseiller général des Hauts-de-Seine et maire de Colombes.

En vue aérienne, le plan de la piscine se présente comme l'imbrication de trois triangles de dimensions et d'orientation différentes.

Les murs latéraux de la piscine sont des voiles de béton armé traités avec un coffrage spécial permettant d'obtenir des motifs géométriques en forme de lamelles faisant alterner les reliefs et les creux. Ce travail permet à la lumière de jouer sur les surfaces et d'animer les parois.

La charpente est traitée en profilés métalliques assemblés sur poutrelles et treillis [1], prenant appui en périphérie. La couverture est constituée de bacs d'acier autoportants avec étanchéité multicouche, recouverts d'ardoise.

Un faux-plafond, en lames d'aluminium laqué avec isolant sous enveloppe plastique, contribue à la correction acoustique (il "absorbe" les bruits) et accuse, à l'intérieur, le parti architectural basé sur l'imbrication de triangles en plan et en volume. Ces triangles renforcent à leur jonction la pénétration visuelle des espaces.

L'ensemble des plongeoirs (3, 5 et 10 mètres) sont reliés entre eux par des poutres aux jeux d'échelles et au graphisme élégants qui en font une véritable sculpture [2].

De larges parois vitrées, à l'origine escamotables, ouvrent sur le solarium extérieur. Pottier souhaitait en effet que la nature et le parc attenant soient parties intégrantes du lieu sportif.

Un escalier à deux volées parallèles séparées par une "cheminée" cubique portant la plaque d'inauguration de l'édifice permet d'accéder au niveau de l'entrée, situé en surplomb des bassins.

Les angles aigus des triangles composant l'établissement confèrent une silhouette effilée à la piscine, telle un vaisseau à la proue s'avançant sur l'ancienne île de Marante.

[1] Cette description est largement tirée de l'ouvrage de référence de Marc Gaillard. GAILLARD, Marc, Architecture des sports, 107 réalisations exemplaires. Paris : Édition du Moniteur, 1982, p. 28-29.

[2] Regards croisés : Colombes d'hier et d'aujourd'hui, Saint-Ouen-l'Aumône, éditions du Valhermeil, 2007, p. 93.

  • Murs
    • béton béton armé
    • béton pan de béton armé
  • Toits
    métal en couverture
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public communal
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Bibliographie

  • GAILLARD, Marc. Architecture des sports, 107 réalisations exemplaires. Paris : Édition du Moniteur, 1982.

    p. 28-29.

Périodiques

  • "Piscine Olympique de Colombes" dans Techniques et Architecture, 1969, n°2, pp. 90-91.

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Philippe Emmanuelle
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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