Dossier d’œuvre architecture IA78002195 | Réalisé par
Bussière Roselyne (Rédacteur)
Bussière Roselyne

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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  • inventaire topographique
Hôtel de Mornay
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mantes-la-Jolie
  • Commune Mantes-la-Jolie
  • Adresse 1 rue Baudin
  • Cadastre 2014 AH 514-515
  • Dénominations
    hôtel
  • Appellations
    Hôtel de Mornay

L'hôtel dit de Mornay, en réalité construit par Guillaume Bouret de Beuron, lieutenant général du bailliage de Mantes, est un édifice dont la très grande qualité le rend comparable aux hôtels parisiens du premier quart du 18e siècle.

L’histoire de la construction de l’hôtel de Mornay demeure encore méconnue. Selon la tradition locale, il aurait été construit au 15e siècle et restauré en 1710, date à laquelle il serait devenu le siège du bailliage de Mantes et de Meulan. On peut également rappeler pour mémoire le récit fait par le chroniqueur Chrestien de la visite de Louis XIV et Anne d’Autriche à Mantes en 1646, au cours de laquelle la régente aurait séjourné dans un hôtel particulier de la rue aux Pois - ancien nom de la rue Baudin - qui pourrait être le futur hôtel de Mornay.

L'architecture permet de dater l'édifice des années 1720 et il est certain qu'en 1730 l'hôtel était construit puisque le nouveau grand bailly de Mantes et de Meulan, le prince de Tingry, y descendit lors de sa visite d'installation dans ses fonctions. En effet, l'hôtel était la propriété de Monsieur Bouret de Beuron, lieutenant général représentant le grand bailly à Mantes. En 1748, on sait qu'il est la propriété de Guillaume Bouret, seigneur de Beuron et Malassis et premier président au présidial de Mantes, qui y réside avec sa femme et son fils, Charles-Antoine-Placide Bouret de Beuron (1718-1779), alors lieutenant général du bailliage de Mantes et Meulan. Le contrat de mariage de ce dernier, passé à Paris le 30 juin 1748, nous apprend qu'il reçoit en dot l’hôtel de la rue aux Pois et l'ensemble de son mobilier, à la condition que ses parents conservent leur vie durant la jouissance « de toutte la partie de ladite maison seize rue aux Poids, depuis le grand escalier et en retour jusques sur le jardin de fond en comble du costé de ladite rue aux Poids », les futurs époux étant destinés à habiter la partie symétrique donnant sur la rue de la Boucherie (actuelle rue des Arigots).

L’hôtel de la rue aux Pois demeure propriété de la famille Bouret de Beuron jusqu’en 1779, date du décès de Charles-Antoine-Placide Bouret de Beuron, qui laisse comme seule héritière sa fille unique, épouse du comte Anne-René de Mornay, seigneur de La Rivière. L'appellation hôtel de Mornay est donc très tardive.

Le 25 avril 1819, leur fils, le comte Ange-René-Marie-Charles de Mornay, vend la propriété à Jeanne-Thérèse de Meaux, supérieure de la communauté des Bénédictines de Bray et Villarceaux, qui a dû quitter son prieuré à la Révolution. D’après les délibérations du conseil municipal de Mantes, l’hôtel est alors inoccupé depuis près de quinze ans et porté en non-valeur. L’installation du couvent des Bénédictines dans l’hôtel de Mornay est donc bien accueillie par la municipalité. Les religieuses y établissent un pensionnat de jeunes filles, très vite à l’étroit dans l’ancien hôtel particulier. Des travaux d’agrandissement, permis par l’acquisition à la veuve Pasquier de trois maisons situées sur les parcelles 272, 273 et 274 du cadastre napoléonien, ont lieu entre 1840 et 1842. Une lettre de la prieure au préfet de Seine-et-Oise précise que « d’anciens matériaux » ont été utilisés lors de ces travaux.

En 1870, la communauté occupe donc non seulement l'hôtel de Mornay, mais également une chapelle – aujourd’hui disparue - donnant sur la rue Notre-Dame et bordant la rue des Arigots, un bâtiment de cinq étages lui faisant suite sur la rue des Arigots et enfin un bâtiment contigu ayant deux fenêtres sur la place Saint-Maclou. L’ensemble reste néanmoins trop petit et les Bénédictines quittent la rue aux Pois en 1871 pour le nouveau couvent qu’elles ont fait construire rue du faubourg Saint-Lazare (IA78002220).

À partir de cette date, le devenir de l’hôtel de Mornay, déserté par les religieuses, reste flou pendant une vingtaine d'années. D'après Henri Clérisse, il aurait été occupé par un marchand de toile en gros. En 1888, à la suite de la laïcisation de leur école rue de la Sangle, les Frères des Écoles chrétiennes s’installent à leur tour dans l'hôtel et y ouvrent une école privée pour garçons. Devenue école paroissiale Saint-Louis, l’école semble perdurer jusqu’à la fin du 20e siècle, puisque sa présence est encore attestée en 1977.

En 1999, l’évêché, propriétaire du bâtiment, le vend à une société privée qui y aménage plusieurs appartements.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 18e siècle

L'hôtel dont le plan est en U présente la particularité d'avoir le jardin dans le prolongement de la cour et non pas à l'arrière du bâtiment principal, selon le schéma en vigueur à l'époque classique de l'hôtel entre cour et jardin. Il occupe toute la largeur de l'îlot, entre la rue Baudin (ancienne rue aux Pois) et la rue des Arigots. L'accès se fait par une porte cochère donnant sur la rue Baudin sur laquelle la façade est plus soignée, notamment le portail d'accès. La façade sur la rue des Arigots a perdu son enduit lisse et à de ce fait un caractère plus rustique qui n'est pas d'origine. A l'intérieur de la cour, les deux ailes en vis-à-vis se répondent dans une stricte symétrie : un corps central avec fronton et trois travées de chaque côté. Leurs toits à longs pans sont de faible pente et peu visibles. Le corps principal, quant à lui est beaucoup plus haut avec son étage de comble. Il est dominé par un corps central lui aussi à fronton. La porte se trouve au centre et donne accès à un vestibule d’où part l'escalier d'honneur. De chaque côté des larges portes (dont une est murée) distribuaient les salles de réception. Selon l'inventaire des meubles réalisé en 1748, le rez-de-chaussée comprenait une salle de compagnie, une salle à manger, une grande salle, une petite salle et un cabinet. Dans chaque aile, il y avait une chambre donnant sur le jardin. A l'étage, se trouvait une grande chambre et une petite au dessus de la grande salle, une chambre sur la salle à manger et une chambre sur la salle de compagnie. L'aile de la rue Baudin (qui a un escalier rampe-sur-rampe) avant à l'étage une chambre sur l'office, une chambre sur la porte. Ce vaste bâtiment pouvait donc facilement être partagé entre deux familles. Les éléments sculptés de la façade sont d'une grande qualité (IM78002675), de même que la ferronnerie de l'escalier (IM78002676).

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • calcaire moellon enduit d'imitation
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan régulier en U
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans brisés
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en charpente
  • Techniques
    • sculpture
    • ferronnerie
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    escalier, fronton
  • Protections
    inscrit MH, 1948/01/27
  • Référence MH

Documents d'archives

  • Archives Nationales. MC/ET/XXI/375. Contrat de mariage entre Charles-Antoine-Placide Bouret de Beuron et Geneviève-Adélaïde Taillepied de Plemont, 30 juin 1748.

  • AD Yvelines. 3 E22 871. Acte de notoriété attestant que Charles-Antoine-Placide Bouret de Beuron est décédé le 26 juin 1779 et a laissé comme seule héritière sa fille, 21 septembre 1779.

  • AD Yvelines. J 3211/13. Mantes-la-Jolie, monographie de Paul Aubert, 1923-1945.

  • AD Yvelines. 3 P3 1354. Mantes-la-Jolie, état de sections des propriétés bâties et non bâties, 1811-1812.

    Archives départementales des Yvelines, Montigny-le-Bretonneux : 3 P3 1354
  • AD Yvelines. 3 P3 1351. Mantes-la-Jolie, matrice de la contribution foncière (propriétés bâties), 1813.

    Archives départementales des Yvelines, Montigny-le-Bretonneux : 3 P3 1351.
  • AD Yvelines. 10 Q1 216. Transcription hypothécaire de l'acte par lequel le comte Ange-René-Marie-Charles de Mornay vend à Jeanne-Thérèse de Meaux un hôtel situé 169, rue aux Pois, 12 mai 1819.

  • AD Yvelines. 10 Q1 788. Transcription hypothécaire de l'acte d'échange d'immeubles passé entre Marie-Hortense Brunet et Mélanie Pouligny, déléguée de la communauté des Bénédictines, 10 juin 1870.

  • AD Yvelines. 1 T mono 8/7. Monographie communale de l'instituteur de Mantes-la-Jolie, 1899.

    Archives départementales des Yvelines, Montigny-le-Bretonneux : 1 T mono 8/7
  • AD Yvelines. 1 V 293 (1). Extrait des délibérations du conseil municipal de Mantes approuvant l'installation des Bénédictines dans l'hôtel de la rue aux Pois, 17 avril 1820.

  • AD Yvelines. 1 V 293 (2). Ordonnance royale autorisant les Bénédictines à acheter trois maisons appartenant à la veuve Pasquier, 19 juin 1840.

  • AD Yvelines. 1 V 293 (3). Lettre de Marie-Hortense Brunet, prieure de la communauté des Bénédictines, au préfet de Seine-et-Oise, concernant les travaux d'agrandissement réalisés dans le couvent, 1er octobre 1841.

Bibliographie

  • BOURSELET, Victor, CLERISSE, Henri, Mantes et son arrondissement, Paris, Éditions du temps, 1933.

  • CLERISSE, Henri, Promenades dans Mantes-la-Jolie, Mantes-la-Jolie : Impr. Am. Beaumont, 1939.

  • Lachiver, Marcel, Histoire de Mantes et du Mantois à travers chroniques et mémoires des origines à 1792, Meulan, 1971.

Périodiques

  • AM Mantes-la-Jolie. FOSSE, Édouard, "Le couvent des Bénédictines de Mantes", Le Mantois, n°28, 1977.

    Archives municipales, Mantes-la-Jolie

Annexes

  • État des meubles qui sont à monsieur Bouret de Beuron dans sa maison à Mantes, 30 juin 1748 (AN. MC/ET/XXI/375)
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Bussière Roselyne
Bussière Roselyne

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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