Le gymnase "Le Central", conçu en 1876 par Paul Alfred Christmann, illustre une adaptation fonctionnelle de l'architecture industrielle aux besoins de l'éducation physique. La structure de la halle rectangulaire d’environ 30 mètres de long sur 14 mètres de large combine bois et métal. Elle est caractéristique des constructions légères et modulables du XIXᵉ siècle. Cette conception permet de répondre aux exigences de luminosité, d’aération, et de flexibilité requises pour les activités sportives.
La halle se distingue par une charpente en bois et des poutres métalliques soutenant un toit à deux pentes recouvert de tuiles et de verrières. Ces dernières apportaient un éclairage naturel optimal, nécessaire pour les exercices physiques en intérieur. La façade orientée à l’est, est agrémentée de décorations sculptées, notamment des panneaux en bois ornés de motifs végétaux stylisés, en forme de lambrequins.
À l’intérieur, le rez-de-chaussée de la halle était initialement constitué d’un sol en terre battue, aménagé pour la pratique des agrès tels que les anneaux, les barres fixes et parallèles ou le cheval d’arçons. Un élément marquant est la galerie périphérique située au premier étage, soutenue par des consoles en bois et reliée par des tirants métalliques. Accessible par un escalier, elle servait à des activités nécessitant de la hauteur, comme la voltige et le trapèze. Elle a ensuite été utilisée comme tribunes pour le public nombreux des matches de boxe. Des traces de cet usage sont perceptibles dans l'usure des plinthes par le frottement répété des chaussures de spectateurs debout venus assister à des spectacles de boxe. Les vestiaires étaient aménagés dans la première travée de l’étage, à proximité des coursives.
Le bâtiment longitudinal adossé au mur mitoyen nord était initialement un atelier de menuiserie (1839-1863). Il a été réutilisé par Christmann comme espace d’hydrothérapie et atelier de fabrication d’équipements de gymnastique. Bien qu’il ait subi de nombreuses modifications au fil du temps, ce bâtiment joue un rôle clé dans l’organisation spatiale du complexe et sert aujourd'hui de couloir d'accès.
À partir de 1884, Christmann fit construire un second bâtiment (aujourd’hui disparu) au centre de la 3e cour de la parcelle. Il était destiné à accueillir des sanitaires modernes et des douches alimentées par un réservoir relié à la halle. Ces installations illustrent l’attention portée par Christmann aux principes hygiénistes, alors en plein essor.
Les transformations ultérieures, notamment lors de son usage comme salle de boxe puis comme école de théâtre, ont en partie modifié l’agencement intérieur tout en conservant les éléments clés de cette architecture, comme la charpente en bois, les galeries périphériques et les ouvertures qui rythment les façades. Aujourd’hui, le bâtiment est l'un des très rares témoins des gymnases privés parisiens du XIXᵉ siècle.