La salle d’armes Coudurier est un équipement sportif à part. Rien, hormis la plaque apposée et deux épées fixées à gauche de la porte d’entrée, ne permet de soupçonner l’existence de cette salle au sein de la rue Gît-le-Cœur. Situé à proximité de la Seine dans le quartier Saint-Michel, l’espace a ouvert ses portes en 1886, sous le nom de salle Saint-André-des-Arts, au sein d’un immeuble ancien.

Le lieu est une véritable plongée au cœur du XIXe siècle. S’il est encore en usage, il prendrait presque l’apparence d’un musée de l’escrime dans lequel on trouve de nombreux masques de protection, des tableaux de scores, des trophées d’armes et de nombreuses épées, sabres et fleurets en acier, parfois rangés en « bouquet » ou alignés sur des tablettes ceinturant ainsi l’ensemble des deux espaces qui composent la salle d’armes. Au sol, se déroulent sept pistes en lièges de 7 m de long traditionnellement recouvertes de cuir. Les murs sont décorés de peintures, estampes ou documents imprimés et quelques objets anciens, mais aussi de gravures explicatives sur les techniques de ce sport. Même le tapis en cuir, les meubles et la documentation, jusqu’au détail de la corbeille en fer, sont un écho à l’histoire et aux usages de la salle Coudurier. Sa particularité tient cependant dans l’absence de mise en scène, et, au contraire, dans son caractère authentique.

En 1893, la salle a pris le nom d’Alexandre Coudurier (1869-1947), professeur d’escrime dès la fin du XIXe siècle, rattaché à la société l’Epée, qui dispensait des cours d’épée et de gymnastique, puis au cercle Saint-André-des-Arts. Coudurier s’est distingué en formant un important nombre d’élèves à l’escrime ; son enseignement a été, à partir de 1913, poursuivi par son fils Maurice (1896-1986). Aujourd’hui affiliée à la Fédération Française d’Escrime, la plus ancienne salle d’armes de France perpétue sa mission originelle en enseignant l’art de l’escrime sous la direction du maître Jean-Pierre de Pinel de La Taule.