Dossier d’œuvre architecture IA75000041 | Réalisé par
Blanc Brigitte (Rédacteur)
Blanc Brigitte

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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  • étude d'inventaire
résidence d'étudiants dite Fondation Rosa Abreu de Grancher (ex-Maison de Cuba)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Philippe Ayrault, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cité internationale universitaire de Paris (CIUP)
  • Commune Paris 14e arrondissement
  • Adresse 59 A boulevard Jourdan
  • Dénominations
    cité universitaire
  • Précision dénomination
    résidence d'étudiants
  • Destinations
    architecture scolaire

Le projet, 1925-1929

Les premiers projets d’une Maison de Cuba apparaissent dès 1925, à l’instigation de la l’«Association pour le Développement des relations médicales entre la France et les pays alliés ou amis » et de «l’Association médicale franco-cubaine Joachim Albarran». En février, le président de la République de Cuba fait savoir à la première qu'il s’engage à affecter une subvention de 100 000 dollars à une «Maison de l’étudiant cubain» à Paris. En mars de la même année, le Dr José A. Presno (1876-1953), éminent chirurgien, président de l’Académie des Sciences de La Havane, prononce un discours devant cette Académie, dans lequel il vante « la suprématie intellectuelle de la Ville lumière qui justifie la décision prise par les pouvoirs publics de créer, dans la capitale française, une Cité universitaire", et que "Cuba devrait imiter cet exemple".

Deux ans plus tard, en juillet 1927, le docteur Francisco Dominguez avertit André Honnorat, président de la Fondation nationale pour le développement de la Cité universitaire de Paris, que malgré ses efforts, il n’a encore rien obtenu de son gouvernement, et, en novembre de la même année, il ajoute que « la situation de Cuba depuis 4 ans est de pire en pire, mais [qu’il] insiste et [insistera] jusqu’à obtenir le crédit ». Il devient bientôt évident que le gouvernement cubain ne participera pas à la réalisation de ce projet. Au début de 1928, deux particuliers décident alors de le mettre en oeuvre par leurs propres moyens. Il s’agit de Pierre Sanchez Abreu, avocat cubain, et de sa soeur, Rosalia Sanchez Abreu, épouse d’Albert Sancholle-Henraux, président de la Société des Amis du Louvre. Ils désirent en effet créer une fondation en souvenir de leur tante, Rosa-Béatrix Abreu Arencibia (1844-1926), veuve du professeur Jacques-Joseph Grancher (1843-1907). Ce dernier avait été collaborateur et ami de Louis Pasteur, avec qui il avait travaillé sur le vaccin antirabique.

Le premier projet envisagé par Pierre Abreu prévoit un petit pavillon d’une quinzaine de chambres. Mais en février 1928, la Fondation nationale insiste auprès du donateur sur l’impossibilité de faire vivre une fondation aussi modeste, et le nombre de chambres est alors porté à cinquante. Le terrain, proposé dès la fin de l’année, se situe sur le bastion 81, à proximité de la maison des étudiants de l’Indochine. Mais sa superficie - 1 437 m2,50 qui deviennent 1824 l’année suivante - s’avérant trop importante pour une maison de cinquante étudiants, la Fondation nationale propose à Pierre Abreu d’augmenter le nombre de chambres jusqu’à soixante-cinq ou soixante-dix, moyennant une souscription proportionnelle de la part de la Fondation (qui permettrait de loger quinze ou vingt étudiants français).

L’acte de donation signé le 25 février 1929 est approuvé par décret du 26 mai. Pierre Sanchez Abreu et sa soeur s’engagent « faire édifier et meubler dans l’enceinte de la Cité universitaire un immeuble de 50 à 55 chambres évalué à 2, 650 millions et destiné à devenir après achèvement, propriété de l’Université de Paris ». Ils font en outre donation « d’une somme de 350 000 francs, destinée à constituer les ressources nécessaires à l’entretien et à l’exploitation de l’immeuble ». L’Université de Paris, de son côté, s’engage à fournir le terrain et à participer aux dépenses supplémentaires résultant de l’augmentation du nombre de chambres.

Ouverte à tous les étudiants cubains effectuant des études supérieures à Paris et principalement ceux qui, «du fait de leurs origines ou de leurs attaches de famille, ont le plus d’affinités avec les peuples d’Europe», ainsi qu’à des « professeurs, médecins ou savants cubains venant faire à Paris des travaux de recherches », la maison recevra aussi .des étudiants français «dans une proportion qui ne sera jamais inférieure au quart des chambres construites si l’immeuble est édifié sans la participation [de la Fondation nationale], et qui sera d’au moins la moitié si l’immeuble est édifié avec sa participation». Par la suite, la Fondation nationale proposera à Pierre Abreu de s’acquitter du prix des chambres supplémentaires par des fournitures de matériaux, mais en définitive, elle souscrit 20 chambres pour la somme forfaitaire d’un million de francs, ce qui porte le nombre total d'étudiants à 70, et cette participation lui assure la libre disposition, au profit de jeunes gens français, de la moitié des chambres de la Maison cubaine (soit 37). Un conseil d’administration de 8 membres – le recteur, le président de la Fondation nationale, le ministre de Cuba à Paris, le directeur d’une école d’enseignement supérieur, deux personnalités cubaines désignées par le fondateur et Pierre Abreu lui-même – assure, sous le contrôle de l’Université de Paris, la gestion de la maison, dénommée « Université de Paris- Fondation Rosa Abreu de Grancher, en faveur des étudiants cubains ».

Le 1er mars 1930, un arrêté du recteur Charléty attribue définitivement le terrain de 1 824m2, servitudes d’allées comprises, aux fondateurs qui s’engagent à soumettre les plans du futur bâtiment à l’approbation de l’Université de Paris.

La construction, 1929-1932

En juin 1929, l’architecte n’est pas encore nommé et Pierre Abreu lance un concours restreint qui est remporté par Albert Laprade (1883-1978). Celui-ci a pu bénéficier de l’appui de Jean Giraudoux, son ami d’enfance, lié à Rosalia Sanchez Abreu, ou de celui de Claude Nicolas Forestier, qui travaille dans ces mêmes années au plan directeur de La Havane et a participé, avec lui, à l’équipe d’architectes et d’urbanistes recrutée par Lyautey au Maroc avant 1920. L’avant-projet produit fin 1929 est approuvé par l’architecte-conseil de la Cité, Lucien Bechmann, et la demande de permis de construire déposée le 15 mars 1930. Fin 1930, les substructions sont achevées et les murs commencent à sortir de terre. Un an plus tard, la construction et l’aménagement intérieur sont bien avancés, et la Maison de Cuba, occupée dès 1932, est inaugurée le 14 janvier 1933.

De 1932 à 1939, Pierre Abreu s’occupe activement de l’administration de la Fondation et il avait décidé également, dès l’été 1932, d’installer dans la Maison de Cuba divers personnels « afin de faciliter la terminaison de notre bâtiment, la réception des meubles et objets mobiliers, leur installation et le nettoyage à fond de l’immeuble ». Outre les étudiants (70 à l’origine et 72 à partir de 1936), la Maison abrite également 19 personnes faisant partie de la direction et du service. Dans un rapport rédigé en 1942, Laprade indique que la construction a coûté 13 409 000 francs environ.

La seconde guerre mondiale

En 1942, la Maison de Cuba est entièrement occupée par l’armée allemande, mais selon un rapport du mois de février, n’a pas subi de dommages importants et possède encore tout son mobilier intact. En octobre 1944, un nouveau rapport détaille les «dégâts mobiliers à la suite de la réquisition et de l’occupation » de la Fondation et signale que les meubles et les menuiseries ont surtout manqué d’entretien, les dessus de meubles sont tachés ou rayés, les cannages des sièges en mauvais état, etc. Si une partie du petit matériel a disparu, en revanche, la majeure partie du mobilier des chambres est conservée. En ce qui concerne le bâtiment lui-même, les principales dégradations se rencontrent sur la terrasse où les troupes allemandes ont circulé « d’une façon exagérée. Elles y ont même installé des pièces de D.C.A ». Comme la plupart des fondations, la Maison de Cuba est ensuite occupée par l’armée américaine le 28 août 1944.

A partir de 1945, l’ensemble des 72 chambres est révisé sous le direction de Laprade, pour une somme de 4 000F par chambre. La totalité de la literie, du linge et des luminaires doit être rachetée, mais seulement quelques meubles. L’architecte fait également procéder à la révision générale de toute l’installation électrique et sanitaire, de la chaufferie, etc. Les travaux de réfection complète de la toiture-terrasse dont le mauvais état provoque des infiltrations dans les plafonds d’une dizaine de chambres ne sont programmés qu’en 1954. D’autres campagnes de travaux auront lieu entre 1960 et 2000, avec notamment la réfection de la terrasse (1984-1986) et l’aménagement de deux cuisines en 1988 et 1994.

Les années 1970-2010

Un changement de statut intervient dans l’immédiat après-guerre : le conseil d’administration cesse de fonctionner en 1946 et la maison est alors rattachée à la Fondation Nationale qui en assure la gestion. Après la prise de pouvoir par Fidel Castro en 1959, le nouvel ambassadeur tente de faire rétablir le conseil d’administration, mais les successeurs de Pierre Abreu (décédé à La Havane en 1952) craignent que la maison ne « devienne un centre de propagande communiste » : « l’ambassade n’a aucun droit à s’immiscer dans l’administration de la Maison, à s’occuper des admissions, ni à prendre une responsabilité directe dans le choix de la direction». Il s’avère du reste que « l’effectif des étudiants cubains est anti-castriste ».

Cet effectif représente alors à 25% du nombre total des résidents. Cette proportion s’est vraisemblablement modifiée par la suite, puisqu’en juillet 1973 le conseil d’administration de la Cité s’interroge sur « la situation difficile » dans laquelle se trouve la Fondation « du fait d’une concentration trop dense de résidents cubains et aussi du fait que les redevances exigées ne correspondent pas à l’équipement presque luxueux de cette maison ». Le conseil décide alors que les étudiants cubains seront progressivement transférés dans d’autres maisons, « afin qu’ils puissent profiter des avantages du brassage, lequel est essentiel à la vie de la Cité ». De plus, selon lui, la Cité internationale se doit, devant la montée des besoins en ce domaine, d’accueillir des «chercheurs détachés de diverses institutions, professeurs étrangers séjournant à Paris pour des raisons professionnelles ou de recherches, stagiaires de haut niveau », et la Fondation Rosa Abreu de Grancher, « du fait de son équipement à la fois plus luxueux mais aussi plus coûteux que celui des maisons réservées aux seuls étudiants » conviendrait à cette vocation. Malgré les protestations de l’ambassadeur, qui voit dans une telle mesure une contradiction absolue avec l’acte de donation de février 1929, la Fondation nationale décide que « la maison sera dorénavant consacrée à l’accueil des seuls stagiaires susceptibles de payer des redevances plus élevées ». En 1992-1993, la Maison accueille ainsi 90 stagiaires de 33 nationalités avec une dominante de médecins. En 2007, la Cité signe avec l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) une convention de partenariat mettant à disposition de l'AP-HP 150 unités d'hébergement pour les praticiens étrangers en formation. La résidence Abreu de Grancher deviendra alors, après rénovation, la « maison de référence pour l’AP-HP » (avec la Maison des Provinces de France).

En 2009-2011 une rénovation lourde est donc entreprise, sous la conduite de l’architecte Eddy Vahanian, et avec un financement conjoint CIUP-AP-HP. Préservant au maximum l’identité architecturale du lieu, cette réhabilitation associe respect du patrimoine et mise aux normes selon les critères actuels. Après un désamiantage complet du bâtiment, tout est modernisé : accessibilité (4 chambres, soit 5%, sont aménagées en rez-de-jardin), sécurité incendie et économie d’énergie (installation de panneaux solaires thermiques en toiture, isolation par l’intérieur des parois). Le mobilier d’origine (chambres et salon), en acajou, est restauré par l’Atelier Chollet Frères ; la porte du grand salon, oeuvre d’Eugène Printz et les boiseries, par l’ébéniste Luc Tricart.

L'architecture

L’édifice se présente comme un quadrilatère marqué au nord et au sud par deux gros pavillons en avant-corps, haut de cinq niveaux : un rez-de-jardin, un rez-de-chaussée et trois étages, le tout surmonté d’un toit en terrasse. Les façades est et ouest se distinguent par la présence de cours anglaises éclairant le rez-de-jardin, ainsi que par un retrait créant une terrasse au-dessus du rez-de-chaussée. L’ossature générale est en béton armé, les maçonneries ne jouant qu’un rôle de remplissage (murs extérieurs en pierre de Saint-Maximin ou en Vergelé Saint-Wast, perrons en Comblanchien, porte monumentale en Savonnière, encadrements de baies et écussons en Chauvigny, appuis en pierre d’Euville). Un avant-toit saillant bordé d’une rangée de tuiles court tout autour du bâtiment, surmonté d’une balustrade en fer ponctuée de pinacles coiffés de motifs en forme de cloche. Le toit terrasse est en béton armé avec revêtement étanche.

Comme la plupart des fondateurs, Pierre et Rosalia Abreu ont fait le choix d’une construction identitaire, inspirée du style colonial espagnol. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, leur famille a soutenu la cause indépendantiste, aidant à financer la guerre contre la couronne espagnole. Mais après la fin du régime colonial, en 1898, l’île entre dans l’aire d’influence des Etats-Unis, qui ont depuis longtemps des visées annexionnistes. Revendiquer l’héritage espagnol pour mieux s’affranchir de la dépendance à l’égard d’un nouveau « colonisateur », telles pourraient être les motivations des donateurs à adopter l’esthétique des édifices construits au XVIIIe par la monarchie espagnole. Ce sont en effet les témoignages majeurs du pouvoir colonial qui servent de modèle aux façades de la Fondation : la cathédrale de La Havane et les résidences des plus hauts représentants de l’Espagne à Cuba.

Sur la façade d’entrée, la porte, encadrée de deux colonnes doriques réunies par un fronton à volutes, rappelle le portail de la cathédrale de La Havane (1748-1777), l’un des grands symboles de l’île. De même, le fronton curviligne servant de liaison entre les deux avant-corps d’angle est une réplique de celui qui couronne l'église des dominicains à Guanabacoa (quartier de La Havane). Les autres traits distinctifs du bâtiment sont empruntés à l’architecture civile, en particulier aux palais de los Capitanes generales et du Segundo Cabo, résidences des gouverneurs espagnols construites à la fin du XVIIIe siècle sur la Plaza de Armas, siège du pouvoir à Cuba pendant quatre siècles. Certains éléments de leur architecture ont servi de modèles et ont été repris par les demeures élevées au cours du XIXe siècle, telle la balustrade couronnant le toit et ponctuée de bornes ornementales : celle-ci se généralise lorsque les charpentes en bois couvertes de tuiles laissent la place à des terrasses ou azoteas, très appréciées lors des chaudes soirées d’été. Ce motif typique de l’architecture cubaine borde l’auvent qui court tout autour du toit-terrasse de la Fondation. Des deux palais comme de la maison traditionnelle proviennent également les balcons portés par des consoles en fer, séparés ou formant une unité qui s’étend, au premier étage, à toute la largeur des façades est et ouest. Ces balcons, en bois puis en fer, déjà présents sur les maisons cubaines du XVIIe siècle, se développent au siècle suivant et s’allongent en bandes continues, divisées par des grilles de séparation ou guardavecinos qui se retrouvent aussi sur la Fondation. Les baies cintrées du rez-de-chaussée évoquent un autre élément caractéristique du paysage urbain : les portiques, apparus dès le XVIIIe siècle sur le modèle des galeries des patios intérieurs, et que les règlements de construction pour La Havane et son territoire communal obligent, au siècle suivant, à inclure dans toutes les demeures, pour faciliter la circulation des piétons, à l'air et à l'abri du soleil ou des pluies torrentielles. Enfin l’architecte use du même procédé que celui des Provinces de France pour affirmer l’identité du bâtiment : un médaillon aux armes de Cuba, sculpté dans la pierre, est placé sous le fronton courbe de la façade d’entrée, tandis que quatorze médaillons représentant les provinces de l’île ornent les avant-corps et le pavillon sud.

La distribution et l'aménagement intérieur

L’intérieur de la Maison de Cuba, résidence « la plus luxueuse et la plus confortable de la Cité universitaire », donnait une « impression à la fois de richesse, d’exotisme et de bien-être ». Le rez-de-jardin était entièrement dévolu aux services (lingerie, garde-meuble, chaufferie et dans la partie centrale, chambres des domestiques, appartement de l’économe, cuisine, salle du personnel et salle pour les petits déjeuners). Le rez-de-chaussée comprenait, dans le pavillon nord, le hall d’entrée, une partie de l’appartement du directeur du côté est, le bureau du comptable, la loge du concierge sur deux niveaux et l’escalier principal, aux murs et plafonds (comme ceux du grand hall et des couloirs) peints en « pierre avec appareil ». Au-delà du hall, après quelques marches, un long couloir revêtu de boiseries d’acajou dessert quelques chambres d’étudiants et aboutit à la grande salle de réunion ou salon-bibliothèque, exposée au sud et qui s’élève sur deux niveaux. « Toute boisée d’acajou de Cuba, d’une noble proportion », il s’y dégage «l’impression de se trouver dans un "Club riche et distingué" où l’on a plaisir de se rencontrer et de vivre ». Mobilier et décor cherchent à recréer l'atmosphère d'un intérieur cubain. La porte avec claustras ajourées, réalisée par l’ébéniste Eugène Printz,est l’équivalent de la mampara, porte-paravent fréquemment utilisée à la fin du XIXe siècle pour compartimenter l’espace ou, tout au moins, établir une barrière visuelle entre les pièces, et exploitée par les artisans comme nouvel élément décoratif. Le mobilier, pour la plupart acheminé de Cuba via Le Havre à bord du vapeur Espagne de la Compagnie générale transatlantique, se compose de sièges à lanières de cuir tressées et de tables en bois d’acajou de différents formats. Sur les murs, des vues colorisées évoquent les paysages de La Havane. A côté du portrait du fondateur, celui de Joachin Albarran y Domínguez, en costume de professeur de la faculté de médecine, rappelle le rôle du milieu médical dans la fondation de la Maison, et au-dessus de la bibliothèque, deux bustes rendent hommage à des personnalités scientifiques : Nicolas José Gutierrez, fondateur de l’Académie des sciences de La Havane et Felipe Poey-Aloy, avocat et naturaliste, créateur du Musée d’histoire naturelle et de l’Académie des sciences médicales. Au grand regret des fondateurs, il manque celui de José Maria de Hérédia – « s’agissant de la plus haute personnalité cubaine, la présence d’une simple gravure ou d’un portrait ne serait pas à la hauteur », mais (donnée par son fils) la tête en bronze de José Marti, qui représente « l’effort des Cubains pour leur indépendance », accueille étudiants et visiteurs dès le hall d’entrée. D’autres œuvres ou documents relatifs à des personnalités cubaines ont rejoint la Maison : buste en terre cuite de Severiano de Heredia, homme politique français d’origine cubaine, ministre des Travaux publics en 1887, exemplaire des poésies complètes de José Maria de Heredia, offert par Manuel Tejedor, chargé d’affaires de Cuba à Paris, etc, tandis que Pierre Abreu fit don d’un buste en marbre de son oncle, le professeur Grancher, à la fin des années 1940.

Les chambres des étudiants

Le premier étage se divise en dix-sept appartements d’étudiants : cinq autour du hall d’accès bénéficiant d’un éclairage zénithal, douze situées le long du grand couloir longitudinal et s’ouvrant du côté est et ouest sur deux terrasses. Les deuxième et troisième étages comprennent six chambres supplémentaires au-dessus de la salle des fêtes. Considérées comme les plus confortables de la Cité, toutes les chambres disposent d’un cabinet de toilette complet avec lavabo, baignoire et W.C. avec l’eau chaude et froide à toute heure, ainsi que d’une entrée avec armoire et penderie, du téléphone et d’une pendule électrique. Des «papiers gais, des rideaux en tissus antisolar et aux couleurs vives » différencient toutes les pièces. Le poste d’économe ayant été supprimé en 1935, le logement qui lui était destiné au rez-de-jardin est transformé l’année suivante en deux chambres d’étudiants, portant le nombre total à soixante-douze.

D’après l’inventaire fourni par Laprade en 1942, cinq modèles de chambre ont créés spécialement pour la Maison de Cuba, chacun composé d’un bureau, d’un lit, d’une commode, d’un miroir, d’une table de chevet, d’un fauteuil et de chaises. Ce mobilier en acajou, fabriqué à La Havane « dans un style colonial espagnol » selon la presse de l’époque, a plus vraisemblablement été exécuté par l’entreprise d’ameublement Mercier frères (100 rue du Faubourg-Saint-Antoine) d’après les dessins de Laprade.

  • Murs
    • béton
    • calcaire
  • Toits
    béton en couverture, tuile
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 3 étages carrés
  • Techniques
    • sculpture
  • Précision représentations

    Ecussons des provinces de Cuba

Documents d'archives

  • 20090013/318 : construction, plans d'origine, 1929-1930.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine
  • 20090013/319 : gestion, finances, 1929-1939.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine
  • 20090013/1037 : création, fonctionnement, 1923-1996.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine
  • 20090014/1-2 : administration générale, budgets, 1960-1990.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine

Bibliographie

  • Agence REA (Recherches Études Appliquées), Étude historique et architecturale de l'ancienne maison de Cuba - Rapport, planches et inventaire des objets mobiliers, 4 vol., avril 2009.

  • Blanc, Brigitte, La Cité internationale universitaire de Paris, de la cité-jardin à la cité-monde, Lieux Dits, 2017, 390 p.

    p.155-157, 340.
  • Lemoine, Bertrand, La Cité internationale universitaire de Paris, Hervas,1990, 120 p.

    p.54-55
  • Tarsot-Gillery, Sylviane, (dir) et alii, La Cité internationale universitaire de Paris. Architectures paysagées, L'Oeil d'or, 2010, 63 p.

    p.15

Périodiques

  • Frédéric, Henry, "Cité Universitaire, La Maison de Cuba", L'Architecture, vol. XLVII, n°3, 15 mars 1934.

  • Margerand, J., "La Maison de Cuba à la Cité universitaire de Paris (Fondation Rosa Abreu de Grancher)", La Construction moderne, 48e année, n°23, 5 mars 1933.

  • Miget, Stéphane, "Rénovation lourde pour l'ancienne maison de Cuba", Le Moniteur, 04/01/2012.

Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Blanc Brigitte
Blanc Brigitte

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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