Dossier de présentation du mobilier IM78002670 | Réalisé par
Bussière Roselyne (Rédacteur)
Bussière Roselyne

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Philippe Emmanuelle (Rédacteur)
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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  • inventaire topographique
Le décor des lycées de Mantes, Lycées Saint-Exupéry et Jean Rostand
Auteur
Copyright
  • (c) Philippe Ayrault, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mantes-la-Jolie

Le décor des lycées Saint-Exupéry et Jean Rostand de Mantes-la-Jolie a été réalisé en grande partie dans le cadre de la procédure du 1% artistique, instaurée par le Ministère de l’Éducation nationale en 1951. Il a fait l'objet de deux campagnes de commandes, la première lancée en 1960-1961 par l'architecte Raymond Lopez pour orner la cité scolaire qu'il venait juste de construire et la seconde initiée en 1969 par Rémi Lopez, chargé de terminer le chantier d'agrandissement du lycée technique laissé inachevé au décès de son père (1966). Ces deux campagnes illustrent, sur dix ans, l'évolution des programmes de décoration des établissements scolaires, vers un art prenant de plus en plus en compte sa propre intégration à l'architecture et tendant, à l'aube des années 70, à créer des espaces de détente et des lieux de vie, davantage qu'à exhorter les élèves au respect de valeurs morales.

De la première campagne de commandes ne subsiste plus aujourd'hui qu'une seule œuvre : une ronde-bosse en pierre dure du sculpteur René Andréï (1906-1987), conçue pour le patio d'entrée de l'établissement. Intitulée "La Jeunesse", cette allégorie est représentée sous les traits d'une jeune fille assise en tailleur, embrassant une colombe nichée au creux de ses mains. Par sa robuste morphologie et ses courbes lisses et rondes, cette figure évoque le travail d'Aristide Maillol.

Elle contraste avec le buste de l'aviateur et écrivain Antoine de Saint-Exupéry, aux volumes anguleux et simplifiés, placé dans le même jardin. Ce buste porte la signature, sous son épaule gauche, de Consuelo de Saint-Exupéry (1901-1979), l'épouse de l'artiste, elle-même sculpteur et peintre. Son intégration au décor du lycée n'est pas documentée.

Devant le lycée Saint-Exupéry et dans la cour le séparant du lycée Jean Rostand se trouvent les aménagements réalisés par Rémi Lopez et le sculpteur et mosaïste Charles Gianferrari lors de la seconde campagne de commandes au moment de l'agrandissement du lycée technique (1969). Il s'agit d'un ensemble d'éléments en briques de Vaugirard (gradins formant des motifs circulaires, murs serpentant entre les préaux, bancs), briques pleines et dalles de grès (dallages en forme de coquilles d'escargot) surmontés par des préaux de plan triangulaire. Leur disposition libre sur le terrain permet d'animer un espace sans qualification particulière et d'offrir des points de vues multiples sur les bâtiments qui les enserrent.

Le soubassement du réfectoire du lycée technique est le support de la dernière intervention de Charles Gianferrari au titre du 1% artistique (octobre 1969) : il est orné d'un grand panneau en mosaïque de pierre, marbre et émail, d'une surface d'environ 68 m2. Pensée pour accompagner le cheminement des élèves des ateliers vers le réfectoire, cette frise est formée de motifs géométriques abstraits dont les surfaces différenciées et les couleurs vives contrastent avec un fond très foncé, créant ainsi des effets de profondeur, d'ombres et de lumières. Devant cette composition, l'artiste a aménagé un espace de détente pour les lycéens, à l'aide de plates-formes circulaires jouant à la fois le rôle de bancs et de jardinières intégrées, à l'image de soucoupes posées sur les allées. Elles sont réalisées en béton revêtu de galets de pierre, de briques et de marbre, dans des teintes ocres et chaleureuses invitant à les utiliser.

Le décor du lycée mixte (Saint-Exupéry) et du lycée technique (Jean Rostand) de Mantes-la-Jolie a été en grande partie réalisé dans le cadre de la procédure du 1% artistique, instaurée par le décret du 18 mai 1951 pris par le Ministère de l’Éducation nationale. Selon ce dernier, 1% des sommes consacrées par l’État à chaque construction d'établissement scolaire ou universitaire doit financer la création d'une ou plusieurs œuvres d'art contemporaines étroitement intégrées au programme architectural.

Le 5 janvier 1960, l'architecte Raymond Lopez et son collaborateur Raymond Gravereaux soumettent au Conseil général des Bâtiments de France leurs propositions pour la décoration de la cité scolaire inaugurée sept mois auparavant. Dans la salle d'attente pour les parents et les élèves, ils projettent l'exécution d'une grande fresque sur plâtre de 5,10 m de large x 2,80 m de haut sur le thème de l'Île-de-France, associée, au fond du hall de l'entrée principale, à une fresque sur ciment de plus petites dimensions baptisée "Harmonies". Prévues pour être confiées aux artistes-peintres Yvonne Ernest et Pierre-Luc Rousseau, ces deux œuvres sont abandonnées en raison de leur fragilité supposée et de l'absence de protection efficace pouvant garantir leur pérennité.

Deux autres compositions murales sont néanmoins retenues pour orner le lycée par la Commission d'agrément des artistes, lors de sa séance du 16 décembre 1960 :

- dans la salle de détente des garçons, une fresque sur plâtre d'environ 23m2 ayant pour sujet "La Connaissance du monde", exécutée par le peintre Alexandre Obradovitch.

- au fond de la galerie d'entrée menant à l'externat, une fresque sur ciment intitulée "Nuances", conçue par l'épouse de Raymond Lopez, l'artiste Simone Pillet, qui lui avait déjà été associée pour la mise en couleur du nouveau siège de la Caisse d'allocations familiales (1953-1959) à Paris (15e arrondissement).

Le programme de décoration de l'établissement est complété par un vitrail en dalles de verre colorées d'André-Louis Pierre, destiné au préau des filles et par une ronde-bosse en pierre dure du sculpteur René Andréï,.

De cet ensemble approuvé et commandé en 1961 ne subsiste plus aujourd'hui que la sculpture de René Andréï, placée dans le jardin situé devant les bureaux de l'administration du lycée.

Le buste en pierre de l'aviateur et écrivain Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), qui se trouve face au portique d'entrée, a été acquis dans des circonstances inconnues. Il porte la signature de la femme de Saint-Exupéry, Consuelo, qui a réalisé plusieurs effigies sculptées de son défunt époux à partir de 1950. Peut-être a-t-elle été offerte par cette artiste au lycée lorsque celui-ci a été officiellement baptisé "Saint-Exupéry" en novembre 1960.

Entre 1965 et 1967, le centre d'apprentissage de l'établissement est complété par de nouveaux bâtiments et prend son indépendance en devenant un lycée technique d’État distinct du lycée mixte d'origine. Durant ce chantier, Raymond Lopez décède et c'est son fils Rémi Lopez, également architecte, qui reprend la conduite des travaux. Il est alors chargé de soumettre au Ministère de l’Éducation nationale un programme de décoration au titre du 1% pour requalifier les espaces extérieurs du lycée Saint-Exupéry. Approuvé par le Service de la Création artistique le 31 mars 1969, le projet est confié au sculpteur et mosaïste Charles Gianferrari, membre du collectif de design L’œuf centre d'études (1962), à l'origine de très nombreuses mosaïques monumentales pour habiller des halls d'immeubles ou des équipements publics, à Paris et en région parisienne.

Retenu pour sa "véritable intégration dans l'architecture", le projet de Rémi Lopez et Gianferrari prévoit l'aménagement, devant et derrière le lycée Saint-Exupéry, de préaux couverts de plan triangulaire, ainsi que la création, à l'intérieur et autour de ces préaux, de "murs-écrans" en briques, de gradins, de dallages et de bancs. Les murs sont réalisés en briques de Vaugirard et les dallages en briques pleines non gélives et en dalles de grès de type rustique.

Le 17 octobre 1969, le Service de la Création artistique accepte la candidature de Charles Gianferrari pour exécuter un nouveau projet de 1%, cette fois-ci destiné au lycée technique (actuel lycée Rostand). Il comporte deux volets :

- l'exécution d'un panneau décoratif en mosaïque de pierre, marbre et émail pour le soubassement du réfectoire,

- et l'aménagement du jardin d'accès à celui-ci avec des bancs et des plates-formes de béton circulaires revêtus de galets de pierre, de briques et de marbre.

Les œuvres de Gianferrari issues de ces deux opérations programmées en 1969 sont encore en place.

  • Inscriptions & marques
    • signature, sur l'oeuvre

Documents d'archives

  • Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine. Culture ; Délégation aux arts plastiques ; Sous-direction de la décentralisation et du soutien à la création artistique ; Bureau de la commande artistique ; 1 %. 19880466 / 37. Mantes-la-Jolie, lycée mixte, programme de décoration au titre du 1% artistique, commission du 23 juin 1960.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine : 19880466 / 37
  • Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine. Culture ; Délégation aux arts plastiques ; Sous-direction de la décentralisation et du soutien à la création artistique ; Bureau de la commande artistique ; 1 %. 19880466 / 37. Mantes-la-Jolie, lycées mixte et technique, programme de décoration au titre du 1% artistique, commissions de 1969.

    Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine : 19880466 / 69

Bibliographie

  • BECHY, Hervé (dir.). Art / Lycées - 1951-1993 - Le 1% artistique en Région Île-de-France. Paris, Conseil régional d'Île-de-France, 1994.

    p. 36-37.
  • GAILLARD, Marc. La mosaïque contemporaine : l'Oeuf, centre d'études, années 1960-1990. Paris, Massin, 2007.

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Bussière Roselyne
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Philippe Emmanuelle
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Édifice
Lycées Saint-Exupéry et Jean Rostand

Lycées Saint-Exupéry et Jean Rostand

Commune : Mantes-la-Jolie
Lieu-dit : Gassicourt
Adresse : 8 rue, Marcel Fouque, 66 rue Fernand Bodet