Dossier d’œuvre architecture IA93001069 | Réalisé par
Philippe Emmanuelle (Rédacteur)
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Mercier Marianne (Rédacteur)
Mercier Marianne

Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques

Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France

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Caroux Hélène (Rédacteur)
Caroux Hélène

Docteure en histoire de l'architecture de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2004 et chercheuse au Bureau du Patrimoine contemporain du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis

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  • enquête thématique régionale
Lycée Paul-Robert
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ile-de-France
  • Commune Les Lilas
  • Adresse 2-4 avenue du Château
  • Cadastre 2020 B 161, 186, 187, 189, 190
  • Dénominations
    lycée
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, cantine, préau

Comme une cité-jardin ? : le lycée Paul-Robert des Lilas

HISTORIQUE ET PROGRAMME

 Décidée par délibération en date du 25 juin 1991 du Conseil régional, la construction de ce lycée polyvalent de 835 places débute un an plus tard, sur une parcelle longiligne mise à disposition par la Ville et d'une surface d'environ 11 000 m². Cette décision fait suite aux demandes répétées de la Mairie, qui souhaite la reconstruction de son lycée professionnel précédemment situé rue Romain Rolland, mais également la création d'un lycée d'enseignement général. Ce dernier a pour vocation, non seulement d’accueillir les lycéens des Lilas, mais également ceux de la commune voisine du Pré-Saint-Gervais. Le choix de retenir en février 1992 Roger Taillibert comme maître d'œuvre fut décidé à l’issue d'un concours restreint de conception-construction avec maintenance de l'établissement pendant 15 ans. Ce concours était ouvert aux groupements constitués par une entreprise générale ou un groupement d'entrepreneurs, un architecte ou un groupement d'architectes et éventuellement un bureau d'études techniques.

Quatre équipes remirent leurs offres en janvier 1992 (PLI-Architecture /SAEP/ PTH-GII ; Michel Herbert/ SOBEA IDF; Loreaux-Morgades/ MIZRAHI SERETE/Montali SA) dont celle de Roger Taillibert associé à la SCGPM (Société de construction générale et de produits manufacturés) et au bureau d'étude TAAA.

Le chantier démarra sans plus tarder, dès août 1992, pour s'achever un an plus tard à la rentrée de septembre 1993. Inauguré le 5 mars 1994 par Michel Giraud, Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, Président du Conseil Régional d'Ile-de-France, et par Jean-Jack Salles, Vice-président du Conseil Régional et maire des Lilas (extrait de la plaque apposée dans le hall), le lycée Paul-Robert est le seul lycée que compte cette ville. 

 L’architecte

 Roger Taillibert est un architecte français (1926-2019) de renommée internationale qui s'est distingué par la construction de nombreux équipements sportifs, dont certains d'envergure (Parc des Princes, Complexe olympique de Montréal, piscine de Deauville...). Auteur également de nombreux établissements scolaires et notamment de CES et CET dans les années 1970, il compte à son actif à partir des années 1980 plusieurs lycées en France (Dreux, Tours, Argenton-sur-Creuse, Vauréal...) qui présentent certaines similitudes avec celui des Lilas (couleur rouge, béton, jardin intérieur). Les laboratoires de Recherche industrielle de Thomson, qu’il construit au même moment à Élancourt, rendent également compte de l’intérêt qu’il porte à la présence d’un jardin intérieur, comme espace de convivialité et de lieu de rencontre.

 

DESCRIPTION

 Implantation sur la parcelle et plan

Le terrain qui est attribué au lycée, légèrement en pente, est situé non loin du centre-ville, et jouxte à ses deux extrémités une cité-jardin (Joseph Dépinay), d’une part et un château d'eau, d’autre part. La parcelle, resserrée en sa partie centrale et limitée en espaces verts, a fortement influencé le plan d'ensemble. Ce dernier est compact et traversé de part en part par un cheminement intérieur en pente douce. L'entrée des élèves, précédée d’un large parvis, a été volontairement placée côté centre-ville (rue du Château) tandis qu’à l’opposé, les logements de fonction furent regroupés dans un bâtiment à R+3 venant ainsi fermer la composition. Entre les deux se répartissent des volumes de formes et de hauteurs différentes pouvant aller du RDC (réfectoire) à R+3 (classes d’enseignement général). Désireux de marquer la présence de ce nouvel équipement dans la ville, la partie avant du bâtiment a été prolongée sur la voie publique. Une allée piétonne longe également le lycée en partie sud, permettant ainsi de relier plus rapidement l’entrée du collège à la partie est de la commune. Enfin, les espaces extérieurs, bien que peu nombreux en raison de l'emprise de la parcelle, ont été aménagés avec de nombreux arbres et complétés par un théâtre de verdure.

 Les façades

 Loin d'être un bâtiment linéaire, ce lycée présente des volumes variés (hall d'entrée semi-circulaire, logements de fonction inscrits dans un triangle, ailes arrondies de part et d'autre du corps central) ponctués de circulations horizontales et verticales clairement identifiables (coursives, escaliers éclairés de pavés de verre). Une unité se dégage de cet ensemble et provient d’un linéaire de façades formant « front à rue » (extrait de l’Analyse architecturale et fonctionnelle, Rapport de la Commission technique, 27 fév. 1992, Arch. Rég. Île-de-France,3W101). Particulièrement visible sur sa façade sud, ce linéaire se caractérise par des fenêtres-bandeaux filant sur toute la longueur et constituées de panneaux préfabriqués en béton avec traitement mixte (désactivé et sablé) et de menuiseries en aluminium anodisé. De couleur rouge, ces dernières participent à l’unité d’ensemble mais également à accentuer la visibilité du lycée dans le paysage urbain. La façade en pointe qui a été prolongée sur l’espace public a été traitée sous la forme d'une pointe, et a été percée d’une « fenêtre » à l’intérieur de laquelle trône la sculpture réalisée dans le cadre du 1% artistique.

 Mode constructif

Les trames générales de 4, 35 m x 9 m sont constituées d'une ossature poteaux/poutres afin d’offrir un maximum de flexibilité dans le sens transversal de distribution des locaux. Les façades et pignons sont formés d’éléments en béton préfabriqué à panneaux non porteurs mis en place par fixation sur ossature poteaux/poutres/planchers. À l’exception du patio qui est couvert d’une charpente en bois lamellé-collé supportant des lanterneaux géométriques à double paroi diffusant largement la lumière naturelle, les autres volumes sont couvertes d'une toiture-terrasse par plancher béton.

 Espaces intérieurs

Bâtiment longiligne, ce lycée est organisé par espaces successifs ayant leurs propres caractéristiques. Le premier, le hall sur une double hauteur et largement éclairé de lumière naturelle, offre dans une certaine mesure un aperçu du vaste atrium situé un peu plus loin. Placé sur la partie la plus large de la parcelle, l'atrium, cœur du lycée et véritable surprise, joue un rôle majeur dans cet établissement. Entre les deux, se trouve l’amphithéâtre, espace fermé mais accessible sans perturber le fonctionnement du lycée et au-dessus de lui, le CDI au contraire largement vitré, domine l'atrium vers lequel il est tourné et l’anime de ses pans vitrés en redans. Point névralgique du lycée, l’atrium est à la fois jardin et place, lieu de convergence et de rencontre. R. Tailllibert a pour cela utilisé la déclivité du terrain, en proposant de larges emmarchements partant du hall supérieur (ouest) vers le rez-de-jardin (est). Autour de cet atrium, sont organisées les salles de détente (nord), le restaurant (sud) et le CDI (est) tandis que deux escaliers donnent accès aux étages supérieurs et notamment aux coursives qui desservent les salles de classe. Il propose ici un projet « conçu à partir du principe hôtelier éclaté sur un hall/atrium, où, après chaque cours, les élèves peuvent se retrouver dans les galeries avec vue panoramique sur l'ensemble du hall » (extrait note de présentation, 24 avril 1992, p, 3). La lumière naturelle, abondante à l’intérieur, comme pour pallier le peu d’espaces extérieurs, est diffusée par de multiples sources et dispositifs : pavés de verre, lanterneaux, cours anglaises. Comme à l’extérieur, on retrouve à l’intérieur ce même emploi de la couleur rouge, utilisé sur les huisseries métalliques, les vantaux ou encore sur les garde-corps.

Dispensant un enseignement polyvalent, les classes ont été organisées par pôle. D'une part, celui de l’enseignement professionnel et tertiaire placé à l’avant du bâtiment au-dessus de l’administration, d’autre part, l'enseignement général, regroupé principalement autour de l'atrium. Cette distinction, si elle répondait à une logique fonctionnelle, pose aujourd’hui des questions, car elle contribue à opposer les deux filières et ne favorise pas la mixité entre les élèves. 

Décor au titre du 1% artistique :

 La volonté de rendre visible l'entrée du lycée vers la ville s'est traduite par l'installation d'une sculpture en acier de près de 10 m de haut à la pointe du bâtiment dans une haute fenêtre aménagée à cet effet. Visible sous plusieurs angles, elle représente une flamme traversant le toit et qui « rassemblera tous les caractères de l'humanisme universel » (commission du 18 mars 1993, Archives Régionales, 957W26). Elle a été réalisée par le sculpteur Grand Prix de Rome Albert Féraud (1921-2008), qui au moment du concours sur ce lycée, vient tout juste d’être élu membre de l'Académie des Beaux-Arts (section sculpture). Il rejoint ainsi R. Taillibert, qui en est membre depuis 1983, en section architecture.

Cette sculpture est représentative de l’intérêt que porte cet artiste pour le fer soudé, l'acier inoxydable mais aussi pour les matériaux de récupération dont il est une des figures marquantes de cette période aux côtés de César et de Guino. À partir des années 1960, son œuvre évolue vers une plus grande abstraction, ce dont témoignent ses monuments sculptures en plein-air, comme la sculpture Signal (1965) pour le centre commercial d'Empalot à Toulouse ou celle sans titre (1968) pour la Faculté de Lettres de Nice. La sculpture qu’il conçoit pour le lycée Paul-Robert est représentative de cette évolution mais aussi de ses recherches sur "la projection, dans l’espace à trois dimensions, de lignes, courbes, volutes et arabesques"... D'après les documents d’archives, cette sculpture, immobile aujourd'hui, avait été conçue pour être animée d'un mouvement rotatif lent. Éclairée, elle devait créer un effet qui se voulait en totale opposition avec le cadre architectural. 

 

 

 

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture, verre en couverture
  • Étages
    2 étages carrés
  • Couvrements
  • Couvertures
    • terrasse
  • Énergies
  • Typologies
    ;
  • Techniques
    • sculpture
  • Statut de la propriété
    propriété de la région, Propriété du Conseil régional d'Île-de-France.
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections

  • Précisions sur la protection

    Label Architecture contemporaine remarquable (ACR) décerné en 2020.

Annexes

  • SOURCES
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Philippe Emmanuelle
Philippe Emmanuelle

Conservateur du patrimoine, Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire.

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Mercier Marianne
Mercier Marianne

Chargée du recensement et de la protection au titre des Monuments historiques

Correspondante du label "Architecture contemporaine remarquable"

Conservation régionale des monuments historiques, DRAC Ile-de-France

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Caroux Hélène
Caroux Hélène

Docteure en histoire de l'architecture de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2004 et chercheuse au Bureau du Patrimoine contemporain du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis

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