Dossier d’œuvre architecture IA77000937 | Réalisé par
Sol Anne-Laure (Rédacteur)
Sol Anne-Laure

Conservateur du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Ile-de-France.

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Py-Fauvet Constance (Contributeur)
Py-Fauvet Constance

En 2019-2020, stagiaire au service Patrimoine et Inventaire auprès d'Anne Laure Sol. Étudiante en Master 2 Histoire de l'Architecture, Paris I.

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Girard Fanny (Contributeur)
Girard Fanny

Stagiaire au service de l'Inventaire d'Ile-de-France en février 2020

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  • enquête thématique régionale, ateliers d'artistes en Ile-de-France
Maison-atelier de Rosa Bonheur
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Philippe Ayrault, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton aire d'étude de la région Ile-de-France
  • Commune Thomery
  • Adresse 12 rue Rosa Bonheur
  • Adresse 12 rue Rosa Bonheur
  • Précisions

Probablement fondé au milieu du XVe siècle pour servir de rendez-vous de chasse et de demeure à l’officier de Bigre, le château de By fut par la suite la résidence d’Henry de Bye, commandeur de l’ordre de Saint-Jean-de-Latran. Reconstruit au début du XVIIe siècle, il fut ensuite la propriété de Jean Maximilien Leleu et sa femme, puis de leurs neveux messieurs Buron et Gérard. Racheté par Pierre Michelin et sa femme, il fut légué à Louis-Jacques Fabre qui le transmit à son fils Louis Jules Michel Fabre. Ce dernier le vendit pour 50.000 francs à l’artiste Rosa Bonheur le 9 août 1859.

Rosa Bonheur, première femme à acheter un bien immobilier avec le fruit de son travail, fit rénover et moderniser le château, notamment en faisant construire un grand atelier par Jules Saulnier, architecte industriel français auteur du « moulin Saulnier » à Noisiel. Elle prit la décision de s’installer à l’écart de Paris après avoir eu plusieurs ateliers dans le quartier du Luxembourg (rue de l’Ouest, puis rue Madame, et enfin rue d’Assas), afin de se rapprocher de la nature et s’éloigner de l’urbanisation rapide de Paris à cette époque. Elle souhaitait également s’isoler et fuir la foule d’admirateurs et de curieux qui se pressaient dans son atelier de la rue d’Assas. Enfin, la construction d’un atelier à Thomery lui permettait d’avoir plus d’espace pour réaliser ses grandes toiles, mais aussi d’accueillir des animaux sur sa propriété du château de By. Cette demeure de Thomery fut proposée par son ami le comte d’Armaillé, dont les beaux-parents possédaient eux-mêmes le château de La Rivière dans la même commune. Thomery présentait l’avantage d’être une ville prospère et bien desservie. En effet, une gare de fret et de voyageurs avait été installée dès 1857, permettait une liaison régulière avec Paris. Cet avantage permit à Rosa Bonheur de garder une certaine proximité avec Paris. Elle y conserva un pied-à-terre proche de l’école de dessin de la rue Dupuytren dont elle était la directrice (d’abord au n°24 de la vieille rue Hautefeuille puis au n°7 de la rue Gay-Lussac).

Rosa Bonheur emménagea dans le château de By, rénové par Jules Saulnier, le 12 juin 1860. Des années plus tard, en 1898, elle fit appel à l’architecte Alexandre Jacob pour bâtir à By un atelier qu’elle souhaitait partager avec Anna Klumpke. A sa mort en 1899, elle légua sa maison-atelier à Anna Klumpke.

Le château de By fut ensuite transformé en hôpital privé franco-américain pour soldats blessés pendant la guerre de 1914-1918. Durant la Seconde Guerre mondiale, entre 1940 et 1941, il fut occupé par des réfugiés puis des soldats français et allemands, avant d’être le lieu de repli d’un asile de vieillards.

Labellisé « Maison des illustres » en 2011, le château de By a été acquis en 2017 par Katherine Brault. L’atelier a fait l’objet d’une réhabilitation et d’une mise au norme récente, dans le cadre d’un projet culturel, économique et touristique. En 2019, la maison-atelier a été sélectionnée pour percevoir des fonds engendrés par le Loto du Patrimoine pour sa restauration.

Le château de By prend place au sein d’une propriété d’une superficie de 3 hectares et 82 ares environ, close de murs et de palissade et délimitée sur trois côtés par des voies : à l’ouest le chemin des Hurets, au nord la rue de la Gare, et à l’est la rue Rosa bonheur dite avant rue de Chantoiseau.

Avant son acquisition par Rosa Bonheur, le corps principal du château de By semblait semi-double en profondeur et comprenait des caves, un rez-de-chaussée et deux étages, ainsi que des greniers au-dessus. Au rez-de-chaussée se déployaient un vestibule, un grand salon, une chambre à coucher, une salle de bain et des cabinets, une chambre de domestique, une salle à manger, l’office et la cuisine. Le premier étage quant à lui présentait cinq chambres à coucher de différentes couleurs et une chambre de domestique, tandis que le deuxième étage était composé de deux chambres à coucher, un cabinet et une salle de billard. Ce corps principal donnait sur une cour d’honneur fermée d’une grille, l’entrée principale de la demeure donnant sur la rue de Chantoiseau (aujourd’hui rue Rosa Bonheur) par une petite porte de service et une grande grille. La demeure était complétée d’une aile de service latérale, avec un logement de jardinier, de grands greniers, une remise pour plusieurs voitures, deux écuries, une sellerie et, au-dessus, des logements de domestiques. Divers communs, serres et petits corps de bâtiment se déployaient sur le terrain.

L’ordonnance ancienne des façades n’est pas connue, mais les façades actuelles sont composées de briques recouvertes d’enduit blanc, laissées apparentes dans les angles et autour des fenêtres, tandis que les toits sont en ardoise.

Rosa Bonheur fit rénover le domaine et le château de By et ajouta un vaste atelier au-dessus des communs en 1859-1860. Pour ces travaux, elle fit appel à l’architecte industriel français Jules Saulnier, auteur du « moulin Saulnier » à Noisiel, qu’elle avait probablement rencontré dans le quartier du Luxembourg où tous deux avaient leurs ateliers et à qui elle avait déjà fait appel lors de l’acte de vente comme « conseils ». Sa maison-atelier est la plus ancienne création résidentielle de Jules Saulnier encore debout et la mieux conservée.

La nouvelle propriétaire fit également restaurer, par Nathalie Micas, les meubles qu’elle avait acquis en même temps que le château.

De style néo-gothique, l’atelier est construit au-dessus de la remise et de la buanderie. Il présente une structure en bois et brique apparente, avec des croisillons de bois d’origine et un remplissage de briques émaillés. Les briques, de couleurs différentes, forment des motifs sur les façades, créant des semblants de niveaux différents. Les briques utilisées sont de tailles différentes, fines dans les remplissages entre les croisillons, et plus épaisses dans la travée de la fenêtre principale de la façade sur cour.

L’atelier et le reste du château ont fait l’objet de peu de transformations depuis cette rénovation, présentant un aspect proche de celui voulu par Rosa Bonheur.

La propriété présente également un grand parc peuplé de fabriques (pavillon Louis XVI, serre et verrière probablement sorties des ateliers Eiffel, « chambre à raisin », écuries), que Rosa Bonheur fit aménager en ajoutant des cabanes et des enclos pour différentes sortes d’animaux. Elle demanda également à Jules Saulnier de remanier la « chambre à raisin », pavillon en rez-de-chaussée de plan rectangulaire (ancienne chapelle consacrée le 13 juillet 1775, construite par Anne Leleu qui s’y fit enterrer). Appréciant particulièrement le pavillon Louis XVI, petit pavillon hexagonal qu’elle appelait le « kiosque », elle fit restaurer par Nathalie Mucas les décors peints à l’intérieur. La cour d’honneur et le portail ne furent pas modifiés, à l’exception du vantail de la porte piétonne, qui s’apparente à certaines autres menuiseries que Jules Saulnier dessina pour le château de By. La propriété comportait également un grand jardin à l’anglaise aujourd’hui disparu, ainsi qu’un jardin potager et fruitier situé sur une parcelle de l’autre côté de la rue de Chantoiseau qui n’appartient plus au domaine.

En 1898, Rosa Bonheur prit la décision d'installer un système d'éclairage électrique, et de faire construire un second atelier par l'architecte Alexandre Jacob, plus volumineux et plus lumineux, reprochant au premier son exiguïté et l'absence d'une large baie vitrée. Elle donna elle-même les dimensions de ce petit édifice placé dans le jardin, qui devait posséder une large fenêtre et un plafond vitré. Rosa Bonheur souhaitait qu'il serve d'atelier commun à Anna Kumpke et elle-même. Leurs initiales ont été inscrites avec la date du 29 août 1898 sur la première pierre.

  • Murs
    • brique pan de bois brique émaillée
  • Toits
    ardoise
  • Techniques
    • vitrail
  • Représentations
  • Précision représentations

    Le décor intérieur et extérieur de l'atelier a été réalisé par Jules Saulnier, Rosa Bonheur rapportant qu'il avait "inventé les cheminées qui se terminent en mirlitons, des poutrelles façon normande, des briques rouges et blanches entrelacées ; d'un côté, le toit soutient un colombier surmonté d'une girouette portant pompeusement [ses] initiales ; de l'autre, se trouve une terrasse du haut de laquelle on peut observer les étoiles". L’atelier est aussi décoré de vitraux présentant les initiales entremêlées de l’artiste. Les décors peints sur les murs ont été conservé, bien que dégradés, ainsi que le mobilier et la plus grande partie des effets personnels de Rosa Bonheur qui sont restés à leur place.

  • Statut de la propriété
    Propriété de Madame Katherine Brault
  • Intérêt de l'œuvre
    maison d'homme célèbre
  • Précisions sur la protection

    Maison-atelier de Rosa Bonheur de 1860 à sa mort, le château de By a été labellisé "maison des illustres" en 2011 en raison de son intérêt patrimonial remarquable. Il appartient également au site patrimonial remarquable de Thomery, créé le 8 novembre 2013, sous l'appellation "Aire de valorisation de l'architecture et du patrimoine".

Le château de By est la propriété de Katherine Brault depuis 2017. Cette maison-atelier abrite un musée et est au coeur d'un projet culturel, économique et touristique, soutenu par la Région Île-de-France, qui a contribué à hauteur de 200.000 euros à la réhabilitation et à la mise aux normes de l'atelier, dans le cadre du Fonds pour la modernisation et la transition numérique du tourisme. En 2019, elle a également été sélectionnée pour le Loto du Patrimoine

Bibliographie

  • Florent Tesnier, « Jules Saulnier et le domaine de Rosa

    Bonheur à Thomery. Introduction », mars 2017, http://amisderosabonheur.asso.fr/wp-content/uploads/2017/09/Article-FT.pdf

  • Florent Tesnier, « Rosa Bonheur, Jules Saulnier et l’achat du domaine de By à Thomery », 2017, http://amisderosabonheur.asso.fr/wp-content/uploads/2017/09/Article-2017-Achat-By-H04-1.pdf

  • Jules Tesnier, « Rosa Bonheur, Jules Saulnier et le quartier du Luxembourg », 2017, http://amisderosabonheur.asso.fr/wp-content/uploads/2017/09/Article-RB-JS-Luxembourg-avec-illustr-FT.pdf

  • Anna Klumpke, Rosa Bonheur : sa vie, son oeuvre, Paris, Flammarion,1908

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Sol Anne-Laure
Sol Anne-Laure

Conservateur du patrimoine, service Patrimoines et Inventaire, Région Ile-de-France.

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Py-Fauvet Constance
Py-Fauvet Constance

En 2019-2020, stagiaire au service Patrimoine et Inventaire auprès d'Anne Laure Sol. Étudiante en Master 2 Histoire de l'Architecture, Paris I.

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Girard Fanny
Girard Fanny

Stagiaire au service de l'Inventaire d'Ile-de-France en février 2020

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