Dossier thématique IM75000273 | Réalisé par ;
Congard Charlotte (Contributeur)
Congard Charlotte

personne ayant travaillé au service de l'inventaire

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique départementale
Verrières religieuses parisiennes du 19e siècle
Copyright
  • (c) Stéphane Asseline, Région Ile-de-France

Dossier non géolocalisé

L’intérêt porté depuis quelques années aux œuvres d’art religieuses du XIXe siècle n’a cessé de croître, pourtant les vitraux parisiens créés entre 1816 et la première guerre mondiale constituaient un patrimoine encore largement méconnu. Un travail d’inventaire a donc été mené à bien, entre 2005 et 2013, au Centre André Chastel par Martine Callias-Bey, ingénieur d'études du Ministère de la Culture et de la Communication, en partenariat avec le service Patrimoines et Inventaire de la Région Ile-de-France. Le résultat de ce travail est ici présenté sous la forme de notices concernant un corpus de 75 édifices pour lesquels les prises de vue ont été réalisées par les photographes de l’Inventaire Île-de-France.

Paris a joué un rôle stratégique dans la redécouverte de la peinture sur verre, dès les premières années du XIXe siècle, grâce aux recherches d’archéologues, de chimistes, de représentants des instances administratives et d’artistes : en témoignent notamment le Christ en croix de l’église Saint-Roch, exécuté en 1816 par Ferdinand Henri Joseph Mortelèque, ou encore les verrières du bijoutier-émailleur Jean Alexandre Pâris à la chapelle de la Sorbonne (1823-1825), tout comme les œuvres des peintres verriers anglais, W. Collins, Warren-White et Ed. Jones pour Saint-Étienne-du-Mont et Sainte-Élisabeth (1825-1828). À ces recherches participèrent également deux grandes manufactures, Sèvres et Choisy-le-Roi, qui mirent leurs compétences au service de la redécouverte du verre de couleur et ouvrirent des ateliers de peinture sur verre, formant ainsi une génération d’artistes capables de doter les églises de nouveaux vitraux. Entre 1840 et 1878, le nombre d’ateliers actifs à Paris et en banlieue passa de 5 à 71. Pour défendre leur métier, les peintres verriers s’organisèrent ensuite en corporation (Claudius Lavergne, 1877), puis en Association des artistes peintres verriers de France (1889) qui devint en 1894 la Chambre syndicale des peintres verriers français, placée sous la présidence d’Édouard Didron et la vice-présidence de Charles Champigneulle, deux artistes dont les œuvres sont largement illustrées dans le corpus présenté ici. D’autres signatures révèlent les interventions de peintres verriers importants des XIXe et XXe siècles, comme celles de l’atelier Gsell, d’Antoine Lusson, d’Émile Hirsch, de Félix Gaudin, de Jacques Gruber ou encore des Mauméjean père et fils. Pour quelques lieux de culte, on note la participation d’artistes étrangers : Carl Geyling, peintre décorateur autrichien à l’église Saint-Joseph artisan, les peintres verriers londoniens James Beckham et Alfred Bell à la cathédrale américaine anglicane Sainte Trinité, ou encore la « Gateshead Stained Glass Co. Ltd » qui exécuta les vitraux de l’église luthérienne évangélique Saint-Jean sur des cartons de James Eadie-Reid.

Les lieux de culte recensés sont peu connus du grand public puisqu’ils correspondent essentiellement à des propriétés privées ou de l’État ainsi qu’à des édifices appartenant à divers cultes. Les plus anciennes verrières de ce corpus sont celles de la chapelle des Augustines du Saint-Cœur de Marie, datées de 1841, et celles des Sœurs du Bon-Secours de Notre-Dame Auxiliatrice, réalisées vers 1843-1844. Elles constituent des exemples pionniers de la redécouverte de la peinture sur verre dont malheureusement les auteurs restent inconnus à ce jour. En regard, se trouvent les célèbres œuvres réalisées, à la même époque, par la Manufacture de Sèvres sur les cartons de Jean-Auguste-Dominique Ingres pour la chapelle Notre-Dame de la Compassion. Pour clore la période étudiée, on peut mettre en parallèle les verrières traditionnelles, dont certaines inspirées de cartons de Raphaël, représentant des figures de saints et de saintes commandées à Louis Chanussot en 1912 pour Saint-Joseph des épinettes avec les vitreries jaunes très simples, ornées d’étoiles de David réalisées par L.-Jacques dit Jac-Galland pour la synagogue Chasseloup-Laubat en 1913.

L’iconographie des verrières reflète l’évolution du contexte religieux, de la liberté concordataire à la loi de Séparation de 1905. Le style néo-médiéval, perçu comme l’art chrétien par excellence, est représenté notamment par Louis Charles Auguste Steinheil et Adolphe Napoléon Didron à la Visitation Sainte-Marie, tandis que l’influence de la Renaissance se fait sentir dans plusieurs verrières, comme par exemple celles de Claudius Lavergne à l’Hôpital Lariboisière. Certaines verrières illustrent l’histoire et la fonction des lieux qui les abritent ; c’est le cas dans la chapelle Notre-Dame de Joye où l’on voit racontée l’histoire des sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve, ou bien encore à Notre-Dame du Bon-Secours où la dévotion envers les œuvres de charité tient la première place. Des thématiques propres à l’évangélisation et à l’enseignement sont mises à l’honneur dans certains collèges : à Sainte-Marie-Fénelon, l’iconographie choisie renvoie à l’œuvre d’évangélisation chère à l’Église romaine, et propose notamment des figures de l’enseignement catholique parisien, tandis qu’à la chapelle Sainte-Geneviève de l’école Gerson, sont développés notamment les thèmes de l’éducation religieuse des enfants, du rôle de la famille, ainsi qu’une évocation des patrons de Paris et de la France. Dans ce dernier cas, les verrières ont été offertes par les élèves de l’école, tout comme ce fut le cas pour un vitrail du lycée Buffon ; partout ailleurs ce sont des donateurs, religieux ou laïcs, qui rappellent par leurs armoiries et parfois même leurs portraits, la générosité qui a permis l’existence de ce patrimoine vitré. L’aperçu qui en est donné ici permet d’apprécier cette quantité impressionnante d’œuvres d’art comme un signe positif d’enrichissement du patrimoine entre le XIXe et le XXe siècle.

Bibliographie sommaire : Nicole Blondel, « Vitraux ou vitres peintes : les réalisations paradoxales de la Manufacture de Sèvres », dans Un patrimoine de lumière 1830-2000. Verrières des Hauts de Seine, Seine Saint-Denis, Val de Marne. Cahiers du Patrimoine, n° 67, 2003, p. 29-33.Chantal Bouchon, « Les porcelainiers et la peinture sur verre (1800-1850) », dans la Revue de la Céramique Sèvres, n°3, 1994, p. 15-24 et 76-78.Hervé Cabezas, « Les sept verrières anglaises commandées par le comte de Chabrol pour deux églises de Paris (1825-1828) et leur influence sur la création française de vitraux », dans le Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, (1998) 1999, p. 235-272.Martine Callias Bey, « Les édifices néogothiques parisiens et leurs verrières : églises et chapelles catholiques », In Situ [En ligne], 11 | 2009, mis en ligne le 24 avril 2012, consulté le 09 janvier 2019. URL : http://journals.openedition.org/insitu/7052 ; DOI : 10.4000/insitu.7052.Laurence de Finance, « L’atelier de peinture sur verre de Choisy le Roi », dans Un patrimoine de lumière 1830-2000. Verrières des Hauts-de-Seine, Seine Saint-Denis, Val-de-Marne. Cahiers du Patrimoine, n°67, 2003, p. 35-39. Michel Hérold et Jean-François Luneau, « À la recherche du vitrail Art nouveau (1889-1914) » dans Le Vitrail. Ve-XXIe siècle, sous la direction de Michel Hérold et Véronique David, Paris, Éditions du patrimoine, 2014, p. 370-407.Jean-François Luneau, « Le vitrail à l’ère industrielle (1830-1914) », dans Le Vitrail. Ve-XXIe siècle, sous la direction de Michel Hérold et Véronique David, Paris, Éditions du patrimoine, 2014, p. 322-351.Élisabeth Pillet, « La redécouverte de la peinture sur verre (1750-1850) », dans Le Vitrail. Ve-XXIe siècle, sous la direction de Michel Hérold et Véronique David, Paris, Éditions du patrimoine, 2014, p. 299-320.Jean Taralon, « De la Révolution à 1920 », dans Le vitrail français, Paris, 1958, p. 273-291.

Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
Congard Charlotte
Congard Charlotte

personne ayant travaillé au service de l'inventaire

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.